Depuis le Moyen Age, plusieurs fontaines se sont succédé sur cette place. La première d'entre elles, connue par les textes, est réalisée très précisément entre le mois de juin 1492 et la fin de l'année 1493 par Jean Tierselain, religieux du couvent des Célestins de Soissons. Transformée dès 1559, elle est reconstruite sous l'épiscopat d'Henri de Baradat (1626-1660). La fontaine se présente alors sous la forme d'un bassin hexagonal, ayant en son centre une colonne couverte d'un semis de fleurs de lis, supportant une vasque de cinq pieds et demi de diamètre, elle-même couronnée d'un obélisque de trois pieds et demi de hauteur.
En mars 1769, l'évêque de Noyon Charles de Broglie, de retour dans son évêché après une maladie, reçoit un accueil si chaleureux, qu'il décide d'offrir à la ville une nouvelle fontaine. Le travail est confié au sculpteur parisien François Masson, ou Le Masson, (1745-1807), élève de Coustou. Nicolas-Joachim Hebeau, fils d'un fondeur parisien, réalise les éléments de plomb et le maître maçon Eloy Hublat de Noyon, le montage de l'ensemble. Sans doute commencée en 1770, l'œuvre semble être achevée l'année suivante, faisant l'admiration du marquis de Marigny, surintendant des bâtiments du Roi.
Durant la période révolutionnaire, le décor héraldique et iconographie, qui évoque le mariage de Louis XVI et de Marie Antoinette et l'alliance entre la France et l'Autriche, fut brisé et les dédicaces primitives remplacés par la Constitution et la Déclaration des droits le l´homme et du citoyen.
Restaurée par Zacharie Rendu à la fin du 19e siècle, elle est relativement épargnée durant la Première Guerre mondiale, mais privée des quatre figures en plomb, de sept pieds de haut, qui occupaient les angles du piédestal.
Malgré son classement au titre des Monuments historiques, en 1924, la restauration de la fontaine n'est réalisée que très tardivement, après la Seconde Guerre mondiale, entre 1967 et 1979. A cette occasion, de nouvelles inscriptions ont pris place sur le socle.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.