Dossier d’œuvre architecture IA62002526 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, jardins remarquables
Jardin de Rémy Callot
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général, ADAGP

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération Hénin-Carvin - Carvin
  • Commune Carvin
  • Adresse avenue Montaigne , impasse Boileau , rue de la Gare
  • Cadastre 2010 AL 01 335
  • Dénominations
    jardin
  • Appellations
    Rémy Callot
  • Parties constituantes non étudiées
    logement d'ouvriers

Rémy Callot est né à Oignies le 27 avril 1926 et mort à Carvin le 7 octobre 2001. Durant sa jeunesse, il est accidentellement amputé d’un avant-bras suite à un accident. Adulte, il est employé au bureau d’études des Houillères du bassin du Nord-Pas de Calais et s’installe à Carvin en 1966 dans un baraquement acheté à son employeur après cette cette date.

Autodidacte, il apprend la mosaïque dans un atelier des Houillères et suit des cours d’art proposés par son entreprise. Il acquiert un four et le matériel nécessaire à la confection de céramique et s’adonne au dessin, à la gravure, à la sculpture sur bois et à la réalisation d’objets en céramique (mis au jour après sa mort). Il puise son inspiration dans ses voyages aux quatre coins du monde, dont la Sicile et la Grèce où il découvre des sites réputés pour leurs mosaïques. Très curieux, il se documente aussi dans des livres. Plusieurs thèmes sont évoqués sur les murs d'enceinte de son jardin : les animaux mythologiques, la beauté de la nature, le Moyen-age et l'Egypte ancienne.

Il ne commence à décorer sa palissade (construite par lui-même) et les abords de son domicile qu’après son départ à la retraite, vers 1988-1989. Impasse Boileau la palissade est signée de la main et datée de 20 décembre 1995. Sur un mur de l’habitation, monsieur Callot a réalisé une jardinière présentant cinq guerriers qui porte la signature et la date du 6 juin 1996.

Une première enquête et reportage photographique sont effectués en 2006 par le Service Régional de l'Inventaire alors que le site qui comprend une maison avec jardin risque la destruction. L'’ensemble de l'œuvre mosaïque (les palissades) a finalement été préservée in situ mais le logement est détruit cette même année entrainant la disparition de certaines œuvres comme la jardinière aux "Cinq continents" située rue de la Gare, et et tout ce que conservait la maison et l’atelier renfermant les fours. Deux panneaux représentant un cavalier et une tête de cheval (48cm sur 80cm) sont déplacés rue de la Frète à Carvin lors de la destruction de la maison. Une grille avec deux lions tenant des armoiries a également disparu.

Une exposition intitulée « les mondes de Rémy Callot » présentant l'œuvre céramique et quelques dessins a eu lieu en septembre 2011 au centre Effel à Carvin.

Il est question de construire sur le site un lieu de valorisation de l'œuvre de monsieur Callot.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1995, porte la date
    • 1996, porte la date

Situé à la convergence de la rue de la Gare, de l'avenue Montaigne et de l'impasse Boileau, l’œuvre est constituée d’environ 20 0000 carreaux de mosaïques, très colorés, qui décrivent trois cycles thématiques découpés en 19 panneaux hauts d’environ 1,80m qui se déploient sur une surface de 56m². La technique utilisée est celle de la mosaïque courante dite opus tessellatum à cubes réguliers de 1 à 2cm2. Les tesselles multicolores, dont la taille varie de 0,50 pour les détails à 2 cm pour les fonds, ont été fixées en pose directe sur mortier. R. Callot dessine une esquisse sur le mur avant de poser ses mosaïques. Le bleu et le vert sont majoritairement utilisés.

Avant de couvrir les palissades extérieures qui enserrent son jardin, monsieur Callot s’exerce sur des parois qui se trouvent dans son jardin à l’abri des regards. Ces panneaux comptent parmi les plus anciens et représentent des animaux mythologiques, un jeune dragon multicolore réalisé avec carrelage et pièces de mosaïque plus petites pour le fond (179 cm de haut sur 208, 5 cm de large), et une sirène à moitié immergée et soufflant dans une conque constituée de minuscules tesselles, s’épanouit dans un cartouche en forme d’écusson (194cm sur 107cm) garni de fragments de carrelage. Un taureau ocre sur fond blanc posé à même le sol (182cm sur 125cm), une salamandre (de couleur rose sur fond marron, de 115 cm de haut sur 58 cm de large) et deux papillons entourés de fleurs (panneau vertical de 182 cm de haut sur 50 cm de large) animent les cloisons de la véranda menant à l’atelier. Ces surfaces sont réalisées à partir de carrelages cassés ou de tesselles. Pour les encadrements, seuls des débris de carrelage sont utilisés. Un dernier panneau vertical (182cm sur 50cm) présente deux papillons sur fond un panneau présentant un taureau rouge orangé sur fond noir situé sur le sol de l'atelier aujourd'hui détruit (d'environ 182 cm de haut sur 125 cm de large).

R. Callot n’hésite pas à incruster des motifs de céramiques moulés ou sculptés puis peints qu’il colle pour donner du relief à ses panneaux. C’est le cas impasse Boileau, sur les piliers portant la grille, du rapace (21cm sur 19cm) en train de se poser et du petit personnage gaulois armé d’un bouclier et d'une épée indiquant le numéro de voirie (13cm sur 15cm). On en trouve ponctuellement sur les autres panneaux de mosaïque : sur le chambranle de la grille se trouve un écureuil vu de profil, en céramique en train de manger une pomme de pin (hauteur : 16 cm, plus grande largeur 11 cm).

La palissade extérieure est composée d'un total de 19 panneaux de mosaïque couvrant une surface de 56 m2, constitué de huit panneaux situés impasse Boileau et quatre panneaux avenue Montaigne. Rue de la gare se trouve un panneau formé par la paroi de la jardinière (détruite), un panneau avec tête de cheval (déplacé), deux panneaux représentant deux dragons et enfin trois panneaux d'inspiration égyptienne. Les dimensions de la palissade extérieure varient de 163 à 196cm.

Impasse Boileau, la palissade de 8 panneaux est un éloge à la nature sauvage. Un premier pan (139cm sur 190cm) se compose de deux frises superposées. L’une représente un paysage constitué d’une rivière sur fond de chaîne de montagnes enneigées derrière laquelle se lève ou se couche le soleil. Au bord de la rive, presque au centre, s’élève un château fort, bordé de deux sapins. L’édifice, vu de face, comporte des tours circulaires et un pont-levis. Le corps central et la tour droite sont très endommagés. La seconde détaille les cinq membres d’un groupe de cervidés dans leur environnement. Elle porte la signature et la date du 20 décembre 1995. Ces deux scènes semblent être une préfiguration des sept tableaux suivants. Cette frise continue invite à partager la quiétude d’un sous-bois habité par des animaux sylvestres : cerf, biche et faon se reposent loin de la vie des hommes dans un environnement bucolique, sous un ciel clément, entourés d’arbres protecteurs et d’une végétation florissante. Des biches aux cils marqués, avec des billes de verre en guise d’œil, jouissent d’un cadre champêtre constitué de fleurs dont certaines sont incrustées en relief. Non loin coule une rivière bordée d’arbres. Plus loin encore le paysage devient montagnard. Comme dans la première frise, on retrouve un cours d’eau et un château fortifié, installé au pied d’une chaîne montagneuse aux sommets enneigés, derrière laquelle se couche ou se lève le soleil. Dans le ciel azur où vole un oiseau en relief, s’épanouissent des fleurs dont les corolles forment une saillie. Tesselles et incrustations se mêlent. Viennent ensuite un héron, trois rapaces tournoyant dans le ciel en quête de proies qui ne semblent pas troubler un bouquetin tapis près d’un rocher.

Avenue Montaigne, quatre panneaux (de chacun 185cm sur 172cm) décrivent une scène de chevalerie où l’on retrouve des détails très réalistes. Un arbalétrier au repos couvert de cotte de maille, de taille humaine, observe un combat entre chevaliers. La bataille se déroule dans une plaine, sur fond de ciel bleu ; au loin, une chaîne de petites montagnes où un château fort se dresse en surplomb. Puis on assiste au combat de deux cavaliers qui présentent leur lance tandis qu’un troisième s’apprête à l’assaut. Les soldats portent une armure avec éperons et tiennent des boucliers dont deux représentent respectivement un aigle stylisé et un lion (36cm sur 45,50cm). Les détails sont très précis comme le rendu du cheval portant un caparaçon. Certains motifs incrustés sont légèrement en relief : deux chevaliers en armure pieds à terre, un cheval paissant ainsi que le château.

Rue de la gare, la palissade comprend trois panneaux. Elle est couverte d’une frise consacrée à l’Egypte ancienne reconstituant une scène de chasse qui se passe dans une plaine où dominent le bleu et le vert. Aux extrémités se dressent les reliefs de montagne et un soleil levant ou couchant stylisé. On y voit Pharaon chassant un lion qui vient à sa rencontre. Le roi, escorté d’un chien, se tient debout sur un char et vise l’animal avec son arc. A l’arrière, un serviteur, portant un masque d’Horus, l’évente. Le pharaon porte le pectoral et la couronne de serpent. Au-dessus du lion, dix hiéroglyphes sont dessinés. Sur le pilier d’angle sept petits panneaux (21,50cm sur 12cm) présentent entre autre un pharaon trônant, Anubis, Thot et des hiéroglyphes. Ici les tesselles de mosaïque sont de très petite taille.

Le dragon et le taureau sont des animaux de prédilection pour R. Callot qui les représente plusieurs fois sur sa parcelle ; ici, dans le prolongement de la scène égyptienne, perpendiculairement à celle-ci, donnant sur l'avenue Montaigne, il a réalisé deux énormes dragons, affrontés comme s’ils étaient en train de se défier. Le premier, à l’œil jaune, haut de 162cm sur 198cm de large, plutôt d’inspiration asiatique est traité en ronde bosse et porte un œil jaune ; le second, à la figure plus sympathique d’un gentil dragon, ressemble à celui présent sur la parcelle du jardin (166cm sur 164cm). Plus loin, un tapis de céramique montrant l’ombre d’un taureau noir sur fond ocre est posé à même le sol du trottoir. L’animal représenté, trapu, prêt à l’assaut évoque l’Espagne. Il est le pendant de l’autre taureau qui se trouve toujours dans l’enceinte du jardin.

Dans la continuation des panneaux aux dragons, il existait une grille métallique sur laquelle étaient peints deux lions noirs sur fond blanc tenant des armoiries. Puis l'on trouvait une boîte à lettres, une tête de cheval en céramique sculptée et incrustée de 48 cm de large et 80 cm de haut. Ces trois éléments ont été détruits en même temps que la maison en 2006.

Sur un autre mur de l’habitation, à côté de la porte d'entrée de la maison, monsieur Callot avait réalisé une jardinière dont les parois (241cm sur 36cm) étaient couvertes de tesselles de mosaïque présentant cinq guerriers, debout, de face et vêtu de leur costume typique : un Asiatique portant un bouclier où se dessine un dragon, un guerrier gaulois tenant un bouclier avec coq, un Africain, un Indien, un Maya et un Ecossais en kilt. Tous les guerriers sont armés de lance, épée, couteau ou bouclier. Chaque panneau mesurait 40cm sur 36cm. L’un portait la signature et la date du 6 juin 1996.

  • Murs
    • béton
    • faïence
    • parement
  • Techniques
    • céramique
    • mosaïque
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • GUILLAUME, Elodie. La conservation des mosaïques de Rémy Callot, un habitant - paysagiste. Villeneuve d'Ascq : mémoire de Master 1 d'Histoire de l'art contemporain, sous la direction de Mme Bière, Université de Lille III Charles De Gaulle : juin 2005.

  • KEMPKA, Tiphaine. La découverte du jardin secret de Rémy Callot. In D'étonnants jardins en Nord Pas de Calais. Lyon : Editions Lieux Dits, 2015 (Image du Patrimoine 293).

    p. 32-35
  • NORD-PAS DE CALAIS. Inventaire général du patrimoine culturel. D'étonnants jardins en Nord - Pas de Calais. Réd. Nathalie Van Bost, Christophe Boulanger, Michel Cabal, Laure Chavanne, Savine Faupin, Tiphaine Kempka, Bernard Lassus, Marie Patou, Nicolas Selva ; photogr. Hubert Bouvet. Lyon : Lieux Dits, 2015 (Image du patrimoine 293).

Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général