Dossier d’œuvre architecture IA00067103 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • inventaire topographique, canton de Villers-Cotterêts
L'église paroissiale Saint-Pierre de Puiseux-en-Retz
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Soissonnais - Villers-Cotterêts
  • Commune Puiseux-en-Retz
  • Adresse rue de l' Église
  • Cadastre 1987 B2 337

D'après les recherches de Michel Des Lions, la plus ancienne mention connue de Puiseux daterait du 9e siècle, mais on ne sait rien sur une éventuelle vie paroissiale à cette époque. Ghislain Brunel démontre que l'individualisation de la paroisse de Puiseux s'est en réalité effectuée progressivement aux 11e et 12e siècles à partir de celle de Soucy, restituée ou distribuée à l'abbaye Saint-Jean-des-Vignes de Soissons vers 1100 par Hugues de Pierrefonds (1093-1103), évêque du diocèse. En 1100, il est fait mention de l'autel de Soucy et Puiseux, indiquant que le culte est alors commun aux deux localités. La distinction de l'autel de Soucy et de celui de Puiseux est effectuée dans un document de 1110, plaçant ainsi la fondation de la paroisse de Puiseux – et donc la construction de son église – au début du 12e siècle. Enfin, une bulle d'Innocent 2, rédigée en 1139, mentionne l'église de Puiseux et atteste donc l'existence de cet édifice à cette date. Jusqu'à la Révolution, Puiseux va rester une annexe de Soucy, desservie par un religieux de Saint-Jean-des-Vignes moyennant une pension payée par le prieur-curé de Soucy. Il s'agit donc bien, dès l'origine, d'une église paroissiale et non d'une chapelle castrale privée, abandonnée par la suite aux habitants du village, comme on peut le lire dans les monographies communales.

Telle qu'elle se présente actuellement, l'église paroissiale Saint-Pierre paraît postérieure de quelques décennies à la fondation de la paroisse, signe d'une probable reconstruction. L'analyse est toutefois compliquée par les nombreuses interventions qu'a subies la maçonnerie au fil des siècles et par la disparition presque complète du décor porté. La nef, qui communique avec ses bas-côtés par des arcades dont l'arc brisé est formé de deux rangs superposés de claveaux sans aucun décor ou moulure, peut avoir été bâtie à n'importe quel moment du 12e siècle ou au début du 13e siècle. Néanmoins, l'unique chapiteau subsistant, au décor de feuilles très érodé, restreint les possibilités à la fin du 12e siècle ou au début du 13e siècle. À cette époque, les bas-côtés ont la même largeur qu'aujourd'hui ; mais chacun possède une couverture individuelle en appentis, qui dégage les fenêtres hautes de la nef dont on peut encore distinguer le contour au-dessus de chaque arcade. D'après l'apparence de sa corniche, de ses fenêtres ou le profil de ses ogives, le chœur a été au moins partiellement construit dans le premier quart du 13e siècle.

Une campagne de travaux prend place dans la première moitié du 16e siècle, époque à laquelle les bas-côtés sont partiellement reconstruits, surélevés et voûtés d'ogives, ce nouveau couvrement entraînant l'obturation des fenêtres de la nef. Les informations manquent pour les deux siècles suivants. Mais c'est sans doute dans le courant du 18e siècle qu'une sacristie est bâtie contre le chevet - sa présence est mentionnée en 1805 - et que la porte d'entrée perd ses moulures et son éventuel décor à des fins de "modernisation".

L'édifice souffre d'un manque d'entretien pendant la Révolution, car le curé qui dresse l'état de sa paroisse en 1805 signale que la maçonnerie, la charpente et la couverture de son église exigent des réparations. Ce besoin, dû à la vétusté de l'église et à l'humidité du lieu, semble constant tout au long du 19e siècle, ce dont témoigne "l'état des paroisses" dressé par les desservants. Des travaux d'assainissement et des améliorations sont effectués vers le milieu du 19e siècle, comme le rapporte l'abbé Chollet, dans son ouvrage publié en 1853. Parmi ces interventions, figure sans doute le déplacement du cimetière en 1833. Le clocher, qui, à la fin du 18e siècle, abritait trois cloches et était surmonté d'une flèche, est probablement rebâti dans le courant du 19e siècle, sur un plan adapté à une cloche unique.

La minceur des dossiers de dommages de guerre concernant le premier conflit mondial et conservés aux Archives départementales ne permet pas de connaître l'état de l'église à la fin des hostilités. En revanche, les documents relatifs à la Seconde Guerre mondiale sont plus précis. D'après une enquête portant sur l'état des églises à l'issue du conflit, confortée par le dossier de dommages de guerre, les dégâts provoqués par des explosions ont surtout porté sur la vitrerie et sur la couverture du monument. En outre, le plafond effondré a dû être entièrement refait en août 1942, sous la direction d'Henry Odent, architecte à Crépy-en-Valois.

  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 12e siècle , (détruit)
    • Principale : limite 12e siècle 13e siècle, 1er quart 13e siècle, 1ère moitié 16e siècle
    • Secondaire : 18e siècle , (incertitude)

L'église Saint-Pierre de Puiseux-en-Retz est située au cœur du village, sur un terrain qui occupe, depuis la fin de l'Ancien Régime, l'angle rentrant formé par l'emplacement du dernier château et par celui de sa ferme. L'édifice adopte un plan en croix latine. Il est composé d'une nef de trois travées flanquée de deux collatéraux, d'un chœur suivi d'un sanctuaire, enfin de deux chapelles qui – à l'extrémité orientale des collatéraux – encadrent le chœur et donnent l'illusion d'un transept. La nef communique avec chacun des bas-côtés par trois arcades en arc-brisé séparées par des piliers quadrangulaires. À l'origine, une colonne engagée dans chaque côté des piliers portait les retombées du rouleau inférieur de l'arc. Il n'en subsiste plus qu'une, surmontée d'un chapiteau à feuilles, les autres colonnes ayant été supprimées et leur chapiteau transformé en corbeau. Une sacristie de plan rectangulaire est greffée à l'arrière du chevet plat. Le clocher est posé à cheval sur la nef et le chœur.

L'édifice est bâti en pierre de taille calcaire, de moyen appareil. Le clocher en charpente est protégé par un essentage d'ardoise. La moitié nord de la toiture est recouverte de tuiles mécaniques, et la moitié sud de tuiles plates. Toutefois, la flèche du clocher est couverte en ardoise.

À l'intérieur, la nef est surmontée d'un plafond. Ses deux bas-côtés et le chœur - sanctuaire compris - sont voûtés d'ogives. Les deux chapelles qui encadrent le chœur sont couvertes d'une fausse-voûte en berceau brisé.

Un toit à longs pans et pignons découverts recouvre la totalité du vaisseau central et des deux bas-côtés, dominé par le clocher et sa flèche carrée. Les deux chapelles s'abritent sous un toit à deux pans, à pignon couvert pour la chapelle nord et pignon découvert pour la chapelle sud. Un toit à deux pans et pignon couvert protège la sacristie.

L'église était autrefois environnée par son cimetière, transféré à un autre emplacement en 1833.

  • Murs
    • calcaire moyen appareil
    • bois essentage d'ardoise
  • Toits
    tuile mécanique, tuile plate, ardoise
  • Plans
    plan en croix latine
  • Étages
    3 vaisseaux
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
    • fausse voûte en berceau brisé
  • Couvertures
    • flèche carrée
    • toit à longs pans pignon découvert
    • toit à deux pans pignon couvert
    • noue
  • Techniques
    • sculpture
  • Précision représentations

    Un décor sculpté se remarque uniquement sur un chapiteau de la nef, orné de feuillage, et sur quelques clefs de voûte. Celle du chœur est ornée de feuillage. En revanche, les clefs de voûte du bas-côté sud comportent une étoile à six branches, traitée en relief engagé.

  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série R (Affaires militaires) ; sous-série 11 R (Dommages de guerre) : 11 R 8734 ; Puiseux-en-Retz.

    Dossier de la réparation des dommages subis par l'église et son mobilier au cours de la Seconde Guerre mondiale.
  • AD Aisne. Série T (Enseignement, affaires culturelles, sports) ; Sous-série 13 T : 13 T 375 (MARIN, Désiré Léopold. Commune de Puiseux. Monographie communale. 1er mai 1888, non paginé).

  • AD Aisne. Série T (Enseignement, affaires culturelles, sports) ; Sous-série 13 T : 13 T 376 (Commune de Puiseux. Monographie communale. sd [ca 1884], non paginé).

  • A Évêché Soissons. Série F (discipline diocésaine) ; sous-série 3 F : Questionnaire préparatoire à la visite des paroisses (1805). Archidiaconé de Soissons. Doyenné de Villers-Cotterêts.

    Commune de Puiseux. État de la paroisse de Puiseux.
  • A Évêché Soissons. Série F (discipline diocésaine) ; sous-série 3 F : Questionnaire préparatoire à la visite des paroisses (1890-1896). Diocèse de Soissons, archiprêtré de Soissons, doyenné de Villers-Cotterêts.

    État des annexes ou autres églises desservies par M. le curé de Vivières. Paroisse de Puiseux.
  • A Évêché Soissons : non coté. Enquête sur l´état des églises en 1940-1945.

    Doyenné de Villers-Cotterêts.

Bibliographie

  • BRUNEL, Ghislain. L'implantation des ordres religieux de Prémontré, Cîteaux et Fontevraud dans la région de Villers-Cotterêts au XIIe siècle : une réponse à de nouveaux besoins ? Mémoires de la Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie de l'Aisne, tome XXXII, 1987, p. 197-224.

    p. 201, 203.
  • CHOLLET, abbé François. Un serment mal gardé ou Villers-Cotterêts et ses environs. Villers-Cotterêts : Obry, libraire ; Soissons : Mme Lalance, libraire, 1853.

    p. 154.
  • DES LIONS, Michel. Histoire d'un village : Puiseux-en-Retz. Mémoires de la Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie de l'Aisne, 1984, t. 29, p. 223-240.

    p. 230.
  • HOULLIER, Abbé Pierre. État ecclésiastique et civil du diocèse de Soissons. Compiègne : Bertrand, Imprimeur du Roi ; Paris : Mérigot jeune, Libraire, 1783.

    p. 336-337.
  • LECLERCQ DE LAPRAIRIE, Jules-Henri. Répertoire archéologique de l'arrondissement de Soissons. Canton de Villers-Cotterêts. Bulletin de la société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 1862, t. 16, 9e séance, lundi 6 Octobre 1862, p. 178-203.

    p. 194.
  • LEDOUBLE, abbé Joseph. État religieux ancien et moderne des pays qui forment aujourd'hui le diocèse de Soissons. Soissons : l'auteur, 1880.

    p. 21, 463.
  • MICHAUX, Alexandre. Histoire de Villers-Cotterêts. La ville, le château, la forêt et ses environs. Deuxième édition, augmentée et mise au courant des événements jusqu'en 1885. Paris : Marchal et Billard, libraires-éditeurs, 1886.

    p. 182.
  • MOREAU-NÉLATON, Étienne. Les Églises de chez nous. Arrondissement de Soissons. 3 volumes. Paris : H. Laurens, 1914.

    t. 3, p. 33.

Documents figurés

  • Eglise de Puisieux [sic], dessin au crayon et à l'encre, par Amédée Piette, dessinateur, septembre 1873 (AD Aisne : (cote ancienne) 8 Fi Puiseux 1 ; (nouvelle cote) 8 Fi 1219).

  • PUISEUX. Clocher. Face S.-E., impr. photoméc., par Étienne Moreau-Nélaton, photographe, 2 septembre 1910. In : MOREAU-NÉLATON, Étienne. Les Églises de chez nous. Arrondissement de Soissons. Paris : H. Laurens, 1914, t. 3, fig. 655.

Date(s) d'enquête : 1985; Date(s) de rédaction : 1989, 2018
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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