Dossier d’œuvre architecture IA60005245 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
L'habitat du village de Viefvillers
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Viefvillers
  • Dénominations
    ferme, presbytère, maison, magasin de commerce, débit de boissons

Typologies d'habitat

Il est souvent difficile de distinguer les types d'habitat compte tenu de la fréquente polyvalence des activités des habitants au 19e siècle. Une maison de serger ou tisserand prenait souvent la forme d'une ferme. Ainsi, au n°14 route de Rouen, grange et ancien atelier d'artisan (tisserand?) sont alignés sur la rue. À l'issue du recensement de l'habitat de Viefvillers, plusieurs catégories ont toutefois pu être définies, selon les formes et usages des édifices.

Un village constitué principalement de fermes

Les petites et moyennes exploitations agricoles : fermes à granges sur rue, habitat typique du plateau picard

Un front de façades de granges à portes charretières (les "grands portes" picardes) est visible sur le plan d’état-major (milieu du 19e siècle). Cette forme de bâti est typique des villages du plateau picard. Elle correspond à des exploitations agricoles de petite et moyenne taille. La distribution des bâtiments est adaptée aux parcelles étroites, en lanières, comprises entre la rue et le Tour de Ville.

Dans cette forme d'habitat, la grange est alignée sur rue et le logis rejeté en fond de cour. Plusieurs exemples remarquables sont toujours en place (voir par exemple les n°18 (ill.), n°41 (ill.), n°51 (ill.) rue Principale).

Les fermes de grande taille : une prédominance des fermes à cour

Ces fermes sont souvent issues d'un regroupement de parcelles. Les cultivateurs qui y vivaient pouvaient employer de la main d’œuvre extérieure (journaliers, ménagers et ouvriers agricoles) qui habitait surtout dans des fermes plus modestes. À Viefvillers, plusieurs exemples de ce type sont toujours en place aujourd’hui, en particulier le long de la route de Rouen qui compte des cultivateurs dès les recensements de population du début du 19e siècle (ferme au n°6 (ill.)).

La ferme du n°8 (ill.) rue Principale est également ancienne puisqu’elle aurait été rattachée au château de Viefvillers. Ses longs bâtiments de grange et d’étable sur rue en torchis sur pans de bois sont impressionnants. En fond de cour se trouvaient à l’origine deux logis. Aujourd’hui, un seul subsiste. De part et d’autres de la cour étaient disposés d’autres bâtiments agricoles. Si cette forme correspond davantage à celle de la ferme picarde traditionnelle, c'est certainement en raison de l'ancienneté de l'exploitation agricole.

Enfin, deux fermes de cultivateurs, en partie reconstruites au début 20e siècle se trouvent rue Principale. Au n°24 (ill.), le logis a sa façade sur la rue tandis que les bâtiments agricoles sont implantés à l’arrière, autour de la cour.

Ces fermes de taille importante sont souvent implantées aux extrémités du village comme celle qui se trouve à l’extrémité nord du village en direction du Gallet (68 rue Principale). Elles ont souvent été les premières à être reconstruites en brique à partir de la seconde moitié du 19e siècle.

Les maisons d'artisans et de commerçants

Plus spécifique à l’habitat de la vallée de la Selle et de l’ancien canton de Crèvecoeur, cette famille semble davantage correspondre à la maison d’un ancien artisan ou commerçant. Elle est composée d’un logis avec façade sur rue, prolongé par une entrée charretière. Le fait d'avoir son logis directement ouvert sur la rue correspond davantage à des activités artisanales ou commerciales comme des boutiques. Les bâtiments agricoles, utilisés dans le cadre d'activités vivrières, ainsi que divers ateliers et remises, sont relégués en fond de cour. Potager et verger occupent toujours le fond de la parcelle. Des exemples se trouvent au n°12 (ill.) et 14 route de Rouen, aux n°9 (ill.), 22 (ill.) et 61 (ill.) rue Principale. Au n°52, devenu plus tard un café, les crochets permettant de fixer la machine à tisser sont toujours présents dans la pièce principale du logis actuel.

Les matériaux de construction

Une grande permanence du pan de bois torchis

À Viefvillers, nombreuses sont les habitations mises en œuvre en torchis sur pans de bois, matériaux privilégiés des villages du plateau picard. Souvent reconstruites et remaniées en raison de leur fragilité, les maçonneries en torchis sur pans de bois sont difficiles à dater. En revanche, les solins des édifices sont plus pérennes et ceux alternant briques et pierres de taille calcaire remontent pour certains au dernier quart du 18e siècle si l’on s’appuie sur les données des villages environnants (n°10 (ill.), 22 (ill.), 41 (ill.) rue Principale).

La grange sur rue du n°8 rue Principale rend visible les pans de bois. Le logis du n°16 route de Rouen (sur le cadastre de 1933, une grange se trouvait côté rue), présente une structure avec sablières, poteaux et décharges, renforcée par des croix de saint André, peut-être posées lors d’un agrandissement ou remaniement de la structure originelle. Le traitement ornemental de la façade passe parfois par une symétrie stricte, comme celle de l'ancien presbytère (n°51 (ill.) rue Principale). Route de Rouen, le logis sur rue au n°8 (ill.) offre également un bel exemple de mise en œuvre en pans de bois.

Les maçonneries de nombreuses granges sont protégées par des essentages faits de clins de bois, plaqués sur la façade afin de la protéger des intempéries. Rue Principale, le pignon de la grange au n°9 (ill.), ainsi que le pignon sud du n°64 (ill.) offrent de bons exemples. L’enduit au lait de chaud, cachant le colombage, permet également de protéger les maçonneries en torchis (granges sur rue des n°51 (ill.) et 63 (ill.) rue Principale).

Enfin, l’assemblage de poteaux en bois permet un traitement ornemental des façades. La grange du n°41 (ill.) rue Principale fait montre des talents des charpentiers en déployant des motifs de croix de saint André enrichis d’un motif étoilé à quatre branches. L’imposte ajourée au-dessus de la porte piétonne est également ornée d’un treillis de bois. L'entrée piétonne du passage charretier du n°51 (ill.) comporte le même type de traitement.

Une présence non négligeable de la brique

Outre sa présence dans les solins, aux côtés du calcaire, la brique a surtout été employée dans les reconstructions de la fin du 19e siècle et de la première moitié du 20e siècle. En effet, la mise en service du chemin de fer a permis d'acheminer du charbon dans les villages du plateau picard. Les briqueteries locales parviennent à mieux cuire les briques. Ce matériau se retrouve par exemple au n°68 rue Principale, dans les maçonneries de la grange sur rue (rythmée par des ouvertures aveugles surmontées d’arcs en anses de panier) au n°59 (ill.), ou encore au n°18 (ill.) ou pour le logis du n°24 (ill.) (reconstruit dans le premier quart du 20e siècle).

La brique a également été employée pour la construction des murs coupe-feu. En effet, comme les granges en torchis et pans de bois formaient une bande continue, il convenait de les séparer afin d’éviter les propagations d’incendies. Les pignons des granges et entrée charretière sur rue au n°63 (ill.) de la rue Principale offrent un exemple de cette protection avec une légère surélévation des murs par rapport au niveau du toit. Les rampants du pignon du logis de l'ancien presbytère (n°41 rue Principale) sont soulignés par les "couteaux picards", une mise en œuvre typique en forme d’escalier.

Les couvertures : du chaume à l’ardoise

Les recensements de population entre les années 1840 et 1860 renseignent les types de couverture des maisons. En 1841, sur 155 maisons, 139 sont en chaume, contre 14 en ardoises et seulement 2 en tuiles. En 1866, sur les 154 maisons de Viefvillers, 83 sont en chaume, tandis que l’ardoise se répand avec 54 maisons. Le recul du chaume est accéléré par des mesures administratives qui incitent les communes à l’interdire à cause des incendies qu’il provoque. Cela explique que le nombre de toits de chaume soit en baisse au milieu du 19e siècle. L’ardoise le remplace peu à peu et il disparaît complètement au cours du 20e siècle.

En outre, l'ardoise sert également à couvrir une partie des pignons et des façades de plusieurs habitations de Viefvillers, afin de protéger les maçonneries en pan de bois torchis. Rue Principale, tel est le cas du pignon du logis avec façade sur rue au n°4 (ill.).

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 18e siècle , (incertitude)
    • Principale : 1ère moitié 19e siècle, 4e quart 19e siècle
    • Principale : 1er quart 20e siècle
  • Murs
    • torchis pan de bois
    • brique
    • calcaire moellon
    • béton
  • Toits
    ardoise, tuile, tôle ondulée, tuile mécanique
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Crèvecœur, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1836.

    p. 59.

Documents figurés

  • Viefvillers. Cadastre rénové, section A feuille 1, 1933 (AD Oise ; 1964 W 172).

  • Viefvillers. Cadastre rénové, section B feuille 1, 1933 (AD Oise ; 1964 W 172).

  • Viefvillers. Cadastre rénové, section A feuille 1, 1957 (AD Oise ; 1964 W 172).

  • Viefvillers. Cadastre rénové, section B feuille 1, 1957 (AD Oise ; 1964 W 172).

  • Viefvillers (Oise). La rue de Crèvecœur, carte postale, éd. Debray-Bollez, [1er quart du 20e siècle] (coll. part.).

  • Viefvillers (Oise). La Grande rue, carte postale, éd. Debray-Bollez, [1er quart du 20e siècle] (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
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