Dossier d’œuvre architecture IA60003154 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Le village de Viefvillers
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Viefvillers
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    puits, croix de chemin, école, mairie, place, débit de boissons, abreuvoir

Village-rue typique à l'image de ses voisins Doméliers ou Le Gallet, Viefvillers était à l'origine constitué de deux quartiers : l'un s'est développé autour de l'église et s'étendait jusqu'au château, au sud ; le second s'est déployé le long de la route menant à Crèvecœur, ancienne voie royale reliant Rouen à La Capelle. L'extension démographique du 19e siècle, actionnée par l'essor de l'industrie textile à domicile qui a profité à tous les villages du plateau picard, a comblé l'espace vide entre ces deux zones. Le village arbore ainsi aujourd'hui une forme en T.

Toutefois, comme pour les autres villages du plateau picard, Viefvillers a connu un fort exode rural à partir de la seconde moitié du 20e siècle, à l'origine d'une baisse démographique. Aujourd’hui, les exploitations agricoles ne sont plus que deux ou trois. Comme de nombreuses autres communes des environs, Viefvillers devient alors un village à vocation exclusivement résidentielle pour une population qui travaille dans les bourgs et villes proches : Crèvecoeur, Breteuil, Beauvais ou Amiens.

Origines

Composé de l'adjectif latin "vetulus" ("vieux"), et du bas latin "villare" ("ferme, hameau"), Viefvillers signifie "le vieux domaine rural". D’après l’analyse de Robert Fossier, les toponymes en "–villers" seraient issus de sites exploités dès le 8e siècle.

La plus ancienne mention textuelle de Viefvillers connue date de 1152. Elle se trouve dans le Cartulaire de l'abbaye de Beaupré sous la forme de Vetus Villaris (E. Lambert, 1982). Sous l’Ancien Régime, Viefvillers était divisé entre les baillages d’Amiens et de Beauvais.

En 1552, Vespasien de Carvoisin, seigneur d’Achy et de Songeons achète la terre et seigneurie de Viefvillers, vendue par Philippe de Miraumont. Son fils Loys hérite de la terre et meurt célibataire après avoir probablement fait bâtir un "hôtel seigneurial" à Viefvillers, mentionné dans l’inventaire de ses biens en 1595. Ce manoir seigneurial se trouvait peut-être à l'emplacement du château connu par des cartes du 18e siècle dont il ne reste aujourd'hui que la ferme et sa grange-étable datable du 17e siècle (voir le dossier correspondant).

Au cours du 19e siècle, plusieurs activités industrielles, dont les traces sont encore visibles, se développent dans le village. Dans son Précis Statistique, daté de 1836, Louis Graves mentionne la présence d’une briqueterie. D’après les recensements de population, son activité s’arrête autour de 1880. Les vestiges d'une briqueterie communale sont en effet toujours présents au sud-ouest du village, au bord de la Route de Rouen. Louis Graves indique également l’existence d’un moulin à vent. Le lieu-dit Bucquet Minot, indiqué dans le quartier du bout d’en bas dans les recensements de population, est associé à la présence d’un meunier jusqu’en 1866. Un moulin aurait donc pu se trouver le long de la grande route Crèvecoeur-Breteuil, un peu à l’écart du village. Un second meunier se trouvait rue du Saulchoy, dans l’actuelle rue du Moulin, qui confirme la présence d’un tel édifice. Il est figuré sur le plan d'état-major (1820-1866). Il était communément appelé "Moulin Eugène" par les habitants, du nom de son dernier propriétaire. Plusieurs pierres de ce moulin se trouvent encore chez ses descendants, dans la rue. Deux autres moulins se trouvaient près du village: l'un était implanté au bord de la route menant à Francastel; l'autre sur la route du Gallet, proche de l'emplacement du château d'eau actuel.

Évolution de la morphologie et du parcellaire

Le village forme un Y pour sa partie nord, en direction de la vallée de la Selle, tandis que sa partie sud rencontre l’ancienne route de Rouen à La Capelle (D930). Comme les communes du Crocq, de Déomliers ou du Gallet, Viefvillers est structuré autour d’une longue rue principale, lui donnant une apparence de village-rue. En l’absence du cadastre napoléonien, le plan d’état-major (1822-1866) est précieux pour appréhender la morphologie passée du village. Si la forme actuelle du village est identique à celle du milieu du 19e siècle, la répartition de l’habitat a évolué. Ainsi, sur le plan d’état-major, il se décompose en deux noyaux de population: l’un au nord, qui s’est développé autour de l’église, son ancien presbytère (n°41 rue Principale) et dans son prolongement, vers Le Gallet; l’autre au sud, le long de la route de Crèvecoeur à Breteuil et autour du château, construit au 17e siècle. Aujourd’hui, ces deux sections sont réunies par une bande continue d’habitations, réparties de manière lâche le long de la rue. En effet, les parcelles vidées des anciennes fermes en torchis sur pans de bois ont accueilli, à partir de la seconde moitié du 20e siècle, des pavillons modernes, nombreux entre la D930 et le château.

Si les deux anciens noyaux du village se sont rejoints dans la seconde moitié du 20e siècle grâce à la construction de pavillons résidentiels, d’une manière générale, l’habitat est plus clairsemé et les parcelles plus importantes aujourd’hui. En effet, l'exode rural et la diminution du nombre d'exploitations agricoles ont entraîné un abandon de nombreuses fermes qui ont peu à peu disparu. Inhabitées, les parcelles ont ainsi pu être regroupées et vendues pour accueillir de nouvelles résidences.

Lieux partagés et structurants

Collecter et partager l'eau

À Viefvillers, comme dans l’ensemble des villages des environs, l’habitat s’est structuré autour des lieux de collectes de l’eau, rare dans les sols poreux et secs du plateau picard. Quelques puits et mares communaux anciens sont toujours en place dans le village. Il y avait 4 mares et 4 puits en 1902 (Notice descriptive et statistique de l'Oise, 1902). Le cadastre de 1933 indique l’emplacement de 5 mares. La première, disparue, se trouvait au niveau du n°13 route de Crèvecoeur à Breteuil. La seconde, rue Principale, se trouve toujours entre les n°2 et 4. Celle en face du château de Viefvillers est encore aujourd’hui à son emplacement d’origine. Derrière elle, un second bassin était situé dans l’ancien parc du château, dont les restes des grilles du portail témoignent de la présence. Une autre mare, disparue, se trouvait à l’emplacement de l’ancienne mairie, au niveau de l’entrée actuelle de l’école primaire. Enfin, une dernière, toujours visible, se trouve à l’angle de la rue du Moulin et de la rue Principale. Elle conserve ses maçonneries et son mur en brique.

En face de cette dernière mare, se trouve un ancien puits, déjà figuré sur le cadastre de 1933. Un second, dont seule la base est encore visible, se trouve au n°17 rue Principale, au bord de la rue.

Limites du village : croix de chemin et tour de ville

Les limites de Viefvillers sont matérialisées grâce à deux types d’aménagements : les croix de chemin et le tour de Ville, sentier arboré délimitant la zone habitée de la zone cultivée.

Les croix de chemin sont le plus souvent situées aux intersections de sentiers, rues et routes, outre celle qui se trouve dans l’enclos de l’ancien cimetière, contre la façade méridionale de l’église. Route de Rouen (D930) deux croix de chemins balisent les limites sud-est et sud-ouest du village. À l’ouest, une croix est implantée à l’endroit où démarre le sentier du Tour de Ville qui passe à côté du cimetière. Entourée d'une clôture en fer, elle a été restaurée en 2007. D'origine privée, elle a été érigé dans la 1ère moitié du 19e siècle. À l’est, une croix est érigée à l’intersection de la D930 et de la D559 entre Francastel et Le Saulchoy. Le nord du village est borné d’une dernière croix, à l’intersection entre la rue Principale et le sentier du Tour de Ville. Elle a été installée par Pierre François Florent Autiquet vers 1850 (Archives de l'association pour la connaissance des croix et calvaires du Beauvaisis). Il se trouvait à l'origine en plein champ et a été déplacé à la suite du remembrement de 1991.

Le tour de ville est particulièrement bien conservé. Son tracé actuel est presque complet et la section ouest présente une remarquable allée ombragée, véritable galerie végétale pour le promeneur. Les sentiers du Tour de Ville ont structuré la morphologie du village en séparant les parcelles en lanières contiguës des habitations, des grandes parcelles cultivées. Il était possible d’accéder à ce sentier par un portillon percé dans la clôture au fond de la parcelle de chaque habitation. Outre des accès à partir des extrémités nord et sud du village, des sentiers au cœur du village permettent de le rejoindre : à l’ouest, celui menant au cimetière ; à l’est celui qui part de l’entrée de l’école, au niveau de l’ancienne mare.

La mairie-école

L'actuelle mairie, implantée juste au nord de l'église, est une construction récente, installée à l'emplacement d'une ancienne ferme. La première mairie est aménagée un peu avant 1900, dans l'ancienne salle de classe. Elle se trouvait à la place des bâtiments alignés sur la rue (n°40 rue Principale). L'école actuelle et l'ancien logement de l'instituteur sont construits autour de 1900 après de multiples signalements par l'inspecteur du mauvais état sanitaire des locaux. Dans leur prolongement, un préau est construit en 1912. Il a récemment été transformé en salle de classe afin de répondre à l'augmentation des effectifs de l'école.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, 8e siècle, 12e siècle , (incertitude)
    • Principale : Temps modernes, 17e siècle
    • Principale : Epoque contemporaine, 19e siècle, 20e siècle, 21e siècle

  • Typologies
    vallée sèche ; village-rue
  • Statut de la propriété
    propriété publique
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à étudier

Documents d'archives

  • AD Oise. Série J ; sous-série 49 J : 49 Jp 13. Viefvillers. Inventaire des croix et calvaires. Archives de l'association pour la connaissance et la conservation des calvaires et croix du Beauvaisis, 2007.

  • AD Oise. Série M ; sous-série 6 M: 6 Mp 735. Viefvillers. Recensements de population (1820 à 1936).

Bibliographie

  • FOSSIER, Robert. La terre et les hommes en Picardie jusqu'à la fin du XIIIe siècle. Paris : Béatrice-Nauwelaerts, 1968.

  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Crèvecœur, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1836.

    p. 59.
  • LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).

    p. 595.
  • Notice descriptive et statistique sur le département de l'Oise. Paris : Imprimerie du service géographique, 1902.

    p. 239.
  • OISE. Archives départementales. Répertoire méthodique détaillé de la sous-série 2 O. Administration communale. Établi par le bureau des archives modernes, archives départementales de l’Oise, 2019.

    p. 1634.

Documents figurés

  • Viefvillers. Cadastre rénové, section A feuille 1, 1933 (AD Oise ; 1964 W 172).

  • Viefvillers. Cadastre rénové, section B feuille 1, 1933 (AD Oise ; 1964 W 172).

  • Viefvillers (Oise). Le Bout d'en bas, le café Descamps et la route de Breteuil, carte postale, A. Proust éditeur, 1912 ou avant (coll. part.).

  • Viefvillers (Oise). Le Bout d'en haut, café Mouqueron, carte postale, A. Proust éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • Viefvillers (Oise). L'école et les écoliers, carte postale, Debray-Bollez éditeur à Crèvecœur, 1er quart du 20e siècle (coll. part.).

Annexes

  • Les activités anciennes des habitants et habitantes de Viefvillers
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général