Dossier d’œuvre architecture IA80001222 | Réalisé par
Justome Elisabeth
Justome Elisabeth

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie de 2002 à 2006, en charge du recensement du patrimoine balnéaire de la côte picarde.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • patrimoine de la villégiature, La Côte picarde
La station balnéaire de Brighton à Cayeux-sur-mer
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de la Somme
  • (c) SMACOPI
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Trois Vallées - Saint-Valery-sur-Somme
  • Commune Cayeux-sur-Mer
  • Lieu-dit Brighton
  • Dénominations
    écart, lotissement, station balnéaire
  • Parties constituantes non étudiées
    hôtel de voyageurs, phare

Vers 1831, le cadastre napoléonien désigne l'actuel écart de Brighton sous le nom de 'Galeries d'Amont', situé en section F1 [fig. 1], témoignant de la présence de galets. Le phare qui figure sur ce plan a disparu depuis longtemps. Il s'agit d'un édifice mis en service le 1er décembre 1835, puis reconstruit en 1886. Haut de 28 mètres il était entouré, au rez-de-chaussée, par un corps de bâtiment rectangulaire abritant le logement du gardien [fig. 21]. Cet édifice est accompagné d'un poste sémaphorique, ouvert à la télégraphie publique [fig. 22]. Détruit au cours de la Seconde Guerre mondiale par l'armée d'occupation allemande, il est reconstruit en 1950. A la fin du 19e siècle, une plage longeait encore les actuelles rue du Général-Leclerc et route Blanche. Progressivement envahie par les galets, elle s'ensable depuis les années 1910 et fait reculer le trait de côte, de façon que le phare se trouve progressivement éloigné de celle-ci. A la fin du 19e siècle, face au succès de la station de Cayeux, un groupe d'investisseurs se lance dans l'aménagement de ces Galeries-d'Amont, attirés par la présence d'un bois de pins planté par l'Etat depuis les années 1850, très rare sur cette côte balayée par les vents où le galet et le sable ne permettent pas les plantations. Par ailleurs, la présence du phare, souvent dessiné par les artistes de passage, est un symbole fort du site. Une partie des terrains occupés par le lotissement était à l'origine propriété d'un certain Flandrin, avoué à Abbeville, puis vers 1878 (déclaration cadastrale) passent dans les mains de Gellé-Flandrin, notaire à Abbeville. Vers 1882 (imposition cadastrale en 1885), une partie des terres est rachetée par la Société du New-Brighton, dont le siège social est à Londres (source : matrices cadastrales des propriétés non bâties). Cette Société est créée vers 1882, par des fondateurs d'origine anglaise. Parmi ceux-si, John William Willis Bund demeurant à Londres (15 Old Square, Lincoln´s Inn), est président de la cour criminelle dans le Worcestershire et président du 'Conseil Général'. La société mise en place est composée de 5000 actions de 500 francs (source : A. Huguet dans un guide touristique de 1929), afin de lotir 130 hectares de terrains (70 sont à bâtir et 60 sont destinés à la promenade dans le bois). Le prix minimum des lots serait de 2 francs le mètre carré (source : H. Moisand). En référence à la station anglaise, le site est baptisé « Nouveau Brighton ». Une seconde société, française, dont les statuts sont signés en 1883 (source : registres des assemblées générales), est concomitamment fondée à Paris (boulevard des Capucines) : parmi les membres, monsieur Le Comte de la Chapelle est commun aux deux sociétés,

Le bois de pins en place est le principal atout de Brighton : en cette fin de 19e siècle, l´exposition au soleil n´est pas encore à la mode. Au contraire, les baigneurs se protègent de ses rayons, les femmes se cachent sous des ombrelles et des voilettes. La présence d´un bois ne peut que les satisfaire, d´autant plus qu´il est presque providentiel sur ce coin de littoral battu par les vents. De même, on attribue des qualités médicinales à ce bois, qui dégage des effluves balsamiques, combinées à l´air iodé venant du large. A tel point que les promoteurs du site surnomment Brighton 'l'Arcachon du Nord'. Une partie du bois est dédiée à la vente, l'autre est destinée à la promenade. Les spéculateurs comptent sur un arrêt de la voie ferrée arrivée à Cayeux en 1887, près de Brighton, au niveau du bois de pins. Selon Moisand, l'architecte parisien Colibert a été chargé des travaux pour la société du lotissement, et est à la disposition des acheteurs pour leur construire des villas à partir de 7000 francs. En 1883, la Société demande une aide financière à la commune afin de participer aux travaux de réparation qu'elle envisage de faire sur la rue du Phare (actuelle rue du Général-Leclerc), reliant le lotissement au village de Cayeux, entre le Bout-d'Amont et le phare (source : délibération du Conseil municipal, 8 octobre 1883). En 1890, John William Willis Bund demande à la municipalité la possibilité d'établir un chemin de fer Decauville entre la gare et Brighton, sur l'assiette de l'Avenue de la Gare et de la rue du Phare (source : délibération du Conseil municipal, 16 novembre 1890). La demande est réitérée et précisée en 1891 : Bund demande une concession de cinq ans pour l'installation d'une ligne de tramway d'un mètre de large, dont les voitures seraient tirées par des chevaux, fonctionnant uniquement en saison. La municipalité donne alors son accord de principe, sous la condition que la ligne partirait de la place Courbet et non pas de la gare (source : délibération du Conseil municipal, 18 février 1891). Rapidement, un hôtel-casino est construit afin d'héberger et de distraire les premiers visiteurs. A partir de 1898, la Société est autorisée à placer des cabines de bains sur les terrains domaniaux, à condition que celles-ci ne dépassent pas trois mètres de haut et que des espacements de quatre mètres de large soient respectés tous les 20 mètres (source : A.C. Cayeux-sur-Mer, non coté). Des villas sont élevées très rapidement. Mais le site perd peu à peu de son intérêt. Avec l'avancée du trait de côte vers le large, l'accès à la mer devient de plus en plus difficile au cours de l'entre-deux-guerres. En 1917, une forte tempête recouvre une grande partie du site le plus proche de la mer [fig. 20]. De même, l'ensablement de cette zone s'accompagne d'une incursion de plus en plus fréquente des sables dans les rues du lotissement et l'obstruction des accès aux villas. La Seconde Guerre mondiale marque une rupture importante au sein de la station. Le 31 août 1944, le phare est détruit, reconstruit en septembre 1951, sur les plans de Cahon et Barrère, architectes à Saint-Valery-sur-Somme [fig. 32 à 34]. 3600 arbres ont été coupés par les troupes d'occupation, utilisés comme bois de chauffage ou constructions militaires diverses (source : A.D. Somme, 1272 W 379). De nombreuses villas sont détruites par l'armée d'occupation allemande. Certaines sont progressivement reconstruites, mais de nombreuses parcelles demeurent vides.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle, 20e siècle

Brighton est une station balnéaire située au Nord de Cayeux-sur-Mer, ville dont elle dépend. Le développement ex nihilo du lotissement près d'un phare, unique construction du site à la fin du 19e siècle, est à l'origine d'un nouveau quartier, isolé au nord de l'agglomération. Situé près de la mer, il tend peu à peu à s'en éloigner du fait de l'avancée du trait de côte. La station de Brighton est limitée par des voies routières et piétonnes : la RD 102 à l'ouest (actuelles rue du Général-Leclerc et route Blanche, ancienne 'rue du Phare'), la RD 3 au sud-est, et la voie piétonne nommée rue Guillaume-Le-Conquérant au nord. Au sein de cet espace, le coeur de la station se développe près du phare, tandis qu'une extension linéaire est visible le long de la rue du Général-Leclerc, vers le sud. C'est la rue du Télégraphe qui opère une hiérarchie entre ces deux espaces. Seuls le phare et l'ancienne colonie de vacances structurent actuellement la station, à la suite de la destruction d'une grande partie du bâti. Ainsi, le phare marque la limite entre la station et la mer, alors que l'ancienne colonie marque la limite visuelle de l'avenue principale à partir de laquelle s'ordonnent les voies (Avenue Parmentier). En l'absence de plan, nous ne connaissons pas les limites exactes du lotissement. Les textes de l'époque nous apprennent que celui-ci s'étend sur deux kilomètres le long de la plage, ce qui nous laisse penser qu'il comprend l'espace situé entre la sortie de la ville jusqu'au rond-point de la Mollière. Cette absence de plan ne nous permet pas non plus de savoir si les voies actuelles étaient complétées d'un réseau plus dense, non réalisé. Actuellement, le plan de ce lotissement est composé de rues sinueuses dessinant un quart de cercle tourné vers la mer. L'avenue Parmentier occupe une position médiane, perpendiculaire à la mer, autour de laquelle sont ordonnées les voies. A ce réseau cohérent s'ajoute un réseau moins rationnel, situé à l'arrière de l'ancienne colonie de vacances qui limite visuellement le lotissement. Les parcelles, de taille moyenne, permettent une construction en milieu de parcelle. Les destructions de la Seconde Guerre mondiale ont laissé quelques dents creuses, mais les parcelles reconstruites l'ont été de façon identique, même si l'on note quelques regroupements de lots. La majorité des constructions sont des habitations résidentielles. Nous notons aussi la présence de l'ancienne colonie de vacances, dénaturée, et de l'ancien hôtel Ermitage en place, mais dont la fonction a été modifiée. Les villas qui ont traversé le siècle ont subi peu de transformations. Les maisons reconstruites sont souvent de style bungalow à un pan pour les constructions des années 1950-1960, puis inspirées de l'habitat picard pour les plus tardives.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série M ; 4 M 98017/2. Police, casinos (1885-1905).

  • AD Somme. Série P ; 3 P 182/6. Cayeux-sur-Mer, matrices cadastrales des propriétés non bâties (1835-1913).

    cases 1631 et 1632
  • AD Somme. Série W ; 1272 W 379. Cayeux-sur-Mer, dommages de guerre, immeubles publics (1947-1959).

  • AC Cayeux-sur-Mer. Registre des délibérations du Conseil municipal de Cayeux-sur-Mer (mai 1877 - mai 1894).

    délibérations du 8 octobre 1883, 16 novembre 1890, 18 février 1891
  • AP. Registres des assemblées générales de la Société du Nouveau Brighton, 1883-1912 (coll. part. Jean Estienne).

  • MOISAND, Horace. Guide pratique et indispensable du baigneur et du touriste dans Le Tréport et ses environs. Beauvais : C. Moisand, 1883.

    pp. 289-296

Bibliographie

  • Cayeux d'hier. Vie quotidienne à Cayeux-sur-Mer de 1850 à 1940. Abbeville : Chemins de Traverses, Imprimerie F. Paillard, 1990.

    p. 108
  • ESTIENNE, Jean. La Société du Nouveau Brighton, 1883-1913. Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de Saint-Valery-sur-Somme, 2005, n°26.

    pp. 37-44
  • Le Nouveau Brighton, nouvelle station balnéaire entre Cayeux-sur-Mer, le Hourdel et le Crotoy (Somme), à 4 heures de Paris par le chemin de fer du Nord (16 trains par jour). Paris : Imprimerie Donnadieu, 7 p. (AD Somme ; 4 M 98017/2).

  • MONBORGNE, Jean. Histoire du bourg d'Ault. Luneray : Editions Bertout, 1989.

    p. 171

Documents figurés

  • Cayeux, section F, 1ère feuille, dite de Cayeux, cadastre napoléonien, encre et lavis sur papier, par Daullé et Sannier géomètres, [1831], 1/2500e (Service du cadastre, Abbeville : non coté).

  • Chalets à Brighton, dessin, d'après Gabriel Beunke, vers 1900. In : Le Nouveau Brighton, nouvelle station balnéaire entre Cayeux-sur-Mer, Le Hourdel et Le Crotoy (Somme), à 4 heures de Paris par le chemin de fer du Nord (16 trains par jour). Paris : Imprimerie Donnadieu.

    p. 5
  • Vue d´une partie des chalets de la plage (en bordure de la route qui longe la mer), dessin, d'après Gabriel Beunke, vers 1900. In : Le Nouveau Brighton, nouvelle station balnéaire entre Cayeux-sur-Mer, le Hourdel et le Crotoy (Somme), à 4 heures de Paris par le chemin de fer du Nord (16 trains par jour). Paris : Imprimerie Donnadieu.

    p. 3
  • 308 - Cayeux-sur-Mer, panorama de Brighton, côté Nord, carte postale, par Ollivier photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 117 - Cayeux-sur-Mer. Brighton, vue panoramique, carte postale, par Les Galeries cayolaises éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 116 - Cayeux-sur-Mer. Brighton, vue panoramique, carte postale, par Les Galeries cayolaises éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 115 - Cayeux-sur-Mer. Brighton, le bois de pins, concert en plein air, carte postale, par Les Galeries cayolaises éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 126 - Brighton français par Cayeux-sur-Mer. Cottage anglais, carte postale, par L.L. photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 87 - Cayeux-Brighton. Villa Marie-Louise, carte postale, par L.L. photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 42 - Brighton-Plage. Le Rêve, carte postale, par B.J.C. photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 90 - Cayeux. Rue du Phare, carte postale, par Levy et Neurdein photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • Cayeux-sur-Mer, Brighton (Somme). Avenue de l'Amiral-Courbet, carte postale, par Bergeron photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • Brighton. Villa dans les pins, carte postale, par Becquerelle photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 63 - Cayeux-sur-Mer. Brighton, villas et colonie scolaire, carte postale, par Sélectra éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 122 - Cayeux. Brighton français. Villa la Mouette, carte postale, par L.L. photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 7 - Cayeux-sur-Mer. Rue du Phare, carte postale, par Veuve Bon-Morel éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • Cayeux. Rue du Phare, carte postale, par R.L. photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 129 - Cayeux-sur-Mer. Brighton, Palace Hôtel (ensablé), carte postale, par L.L. photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 11 - Cayeux-sur-Mer. Le Brigton [sic], vue générale, carte postale, par R.L. photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • 431 - Cayeux-sur-Mer. Le phare de Brighton, carte postale, par Gavois photographe éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

Annexes

  • Le Nouveau Brighton
  • Le Nouveau Brighton, nouvelle station balnéaire entre Cayeux-sur-Mer
Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2003
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de la Somme
(c) SMACOPI
Justome Elisabeth
Justome Elisabeth

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie de 2002 à 2006, en charge du recensement du patrimoine balnéaire de la côte picarde.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.