La statue n'est pas installée dans l'enceinte du lycée, mais dans un petit espace paysagé situé entre la Scarpe canalisée et le lycée.
Elle représente une jeune femme accroupie, les bras croisés reposant sur ses genoux et les mains tombant souplement. La taille est marquée mais le vêtement, sans plissé, tombe jusqu'au sol et ne laisse pas deviner le corps : seuls le bout des pieds et les mains sont visibles. La jeune femme est coiffée d'une longue queue de cheval qui retombe dans le dos. La bouche esquisse un léger sourire et le regard est perdu dans le lointain.
Tout au long de sa carrière, même s'il traite parfois de sujets religieux ou politiques, Albert Bouquillon garde un intérêt pour le nu féminin. Il explore notamment le thème de la figure au repos en variant les postures. Sérénité s'inscrit dans la filiation des recherches artistiques de Bouquillon. Il n'y a pas non plus de rupture par rapport au matériau choisi pour la statue : le bronze utilisé ici est, avec la terre cuite et le plâtre patiné, un des matériaux de prédilection d'Albert Bouquillon.
Le style d'Albert Bouquillon s’inscrit dans les recherches qui émergent à la fin du 19e et au début du 20e siècle, dans le sillage de Bourdelle ou Maillol, et s'éloigne du naturalisme de Rodin : tout en restant dans la figuration, le trait est stylisé, la forme synthétisée, réduite à ses lignes essentielles, les volumes accentués et équilibrés, les visages ne sont pas des portraits. Toutes ces caractéristiques sont présentes dans Sérénité.
Ici, la position générale de la jeune femme, en particulier lorsque l'on regarde la statue de face, rappelle fortement les statues cubes égyptiennes, même si l'une des mains retombe librement dans l'espace libre ente les cuisses et le buste alors que cet espace est plein dans les statues cubes. L'ensemble formé par la frange, la forme du visage avec son nez droit, ses lèvres fines et ses yeux en amande ainsi que le long cou sur des épaules légèrement tombantes fait, quant à lui, penser aux kouroi grecs du 5e siècle avant notre ère.
Selon un article de Christine Gleiny qui aurait été publié dans la revue Arts : "Si Albert Bouquillon décante ou stylise parfois pour atteindre au monumental, il le fait sans outrance, car, pour qu'une œuvre ne soit pas la projection pure et simple de la réalité, il s'agit plus, pour le sculpteur, de lui insuffler une âme que d'avoir recours à de faciles expédients." (voir en ligne : https://monumentsmorts.univ-lille.fr/auteur/219/bouquillonalbert, [consulté le 26/08/2022])
Sérénité fait partie des nombreuses œuvres monumentales d'Albert Bouquillon installées dans l'espace public. Marseille (Monument à Alphonse de Lamartine, 1946), Orléans (Buste de Jean Zay, commande de l'État en 1950 pour le lycée Jean-Pothier) ou encore Paris (Le Porteur de viande, 1991) accueillent ainsi des œuvres de cet artiste. À Douai, on lui doit le décor du conservatoire L'enfant du Pays, un Monument à Marceline Desbordes-Valmore (1957) en pierre dans le square Jemmapes et Jeunesse une statue en bronze (1950) dans le parc Charles-Bertin.
Photographe au service régional de l'Inventaire général du patrimoine culturel.