Le cadastre napoléonien, dressé en 1833 et conservé aux archives départementales de la Somme, figure le cimetière autour de l’église. En 1836, suite à l’augmentation de la population, il fait l’objet d’un agrandissement au nord-ouest sur un terrain appartenant à la commune. Saturé, sa translation a lieu en 1894, au sud de la commune sur un terrain d’une contenance de huit ares acheté par la municipalité à Henriette Davergne, rentière pour la somme de 4131 francs, prêtée par le docteur Thorel, médecin du village et membre du conseil municipal.

La translation est précipitée par la saturation du cimetière qui entraîne, en 1892, selon le médecin des épidémies de l’arrondissement d’Abbeville, une endémie de diphtérie, touchant plus de 90 personnes et causant la mort de 20 enfants scolarisés dans l’école voisine. Pour enrayer le phénomène, le préfet, suivant le conseil du médecin des épidémies, ordonne la fermeture de l’école en juillet 1892. Elle ne rouvre ses portes qu’après désinfection totale des locaux à la rentrée d’octobre. Durant cette période, une salle de la maire est transformée en hôpital temporaire. Du fait de cette endémie, on constate 86 décès dans les villages en 1892, soit environ le double des chiffres constatés les années précédentes (41 en 1889 ; 48 en 1890, 36 en 1891). Dans un premier temps favorable à la translation (achat du terrain de mademoiselle Davergne), la municipalité se ravise suite à une pétition hostile au projet signée par de nombreux habitants. En 1893, le projet est finalement réalisé après la mise en demeure du sous-préfet d’Abbeville.

En 1894, trois types de concessions sont mises en place. Les concessions perpétuelles à 30 francs le mètre, les trentenaires à 6 francs le mètre et les temporaires à 3 francs.

En 1897, l’abbé Vion, curé de la paroisse de Feuquières, fait l’achat d’une concession de six mètres et lance auprès des fidèles une souscription pour l’érection d’une croix monumentale d’une hauteur de cinq mètres dont la réalisation est confiée à l’entrepreneur Abbevillois Léon. Dans un contexte de tension électorale, le maire Davergne s’oppose au projet, qu’il juge antirépublicain.

En 1921, la municipalité vote une dépense de 8000 francs pour l’érection d’un monument aux morts dans cimetière. Suite à des différends politiques, un second comité se constitue et érige un deuxième monument aux morts sur un terrain privé près de l’école, rue Ferdinand Buisson. En 1959, celui-ci est démonté à la condition que le monument implanté dans le cimetière trouve une place plus centrale. Pour ce faire, la municipalité acquiert, en 1964, auprès de la famille Duchesne de Lamotte une parcelle de 4, 27 ares situés au carrefour de rues Curie, Pasteur, Sarrail et Buisson, pour le somme de 2700 francs. Le déplacement à lieu en 1967.

Les tombeaux signés proviennent des entreprises de monuments funèbres Fiérain à Abbeville, Carbonnier à Escarbotin et Bouchez-Béru à Arras.