Dossier d’œuvre architecture IA80009631 | Réalisé par
Fournis Frédéric
Fournis Frédéric

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.

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  • inventaire topographique, Val-de-Nièvre
Le village de Franqueville
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Amiénois - Domart-en-Ponthieu
  • Commune Franqueville
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    croix de chemin, monument aux morts, remise de matériel d'incendie

Introduction

La commune de Franqueville s'étend sur une superficie de 630 hectares pour une population de 167 habitants en 2007 (240 en 1896), ce qui représente une densité de 26,6 habitants au km² (données INSEE).

L'étroit vallon qui traverse la commune est appelé Fossé des eaux sauvages au sud, vers Domart-en-Ponthieu, et Fond de Quin au nord, vers l'ancien hameau de Houdencourt (Fransu). Le plateau qui domine l'agglomération à l'est est bordé par les massifs du bois de Martaineville et du Bois-Vicomte. Sur le plateau ouest, appelé la Plaine, est également planté le Bois-Forte, plus modeste. Au lieu-dit les Vieilles-Carrières, en lisière du bois de Martaineville, un massif d'arbres régulier reprend la forme de l'enclos qui protégeait l'entrée de la muche ou carrière souterraine.

La commune est traversée par la R.D. 130 entre Domart-en-Ponthieu, au sud-est et Fransu, au nord-ouest. Une route secondaire relie par le plateau est, entre les bois de Martaineville et le Bois-Vicomte, le village de Franqueville à celui de Berneuil. La route croise la R.D. 185 menant de Domart-en-Ponthieu à Ribeaucourt, sur laquelle est établi le hameau de Barlette, qui a longtemps appartenu à la commune de Franqueville mais a été rattaché à celle de Ribeaucourt, comme le bois Monsieur-de-Berny qui forme désormais la partie sud du bois de Ribeaucourt. Une route déclassée, suivant le vallon au nord, mène à l'ancien hameau de Houdencourt (Fransu).

En 2000, 4 exploitations agricoles (6 en 1988) regroupaient une superficie agricole utilisée (SAU) de 92 ha (225 ha en 1988), soit une SAU moyenne de 23 ha (38 ha en 1988). En 1988, les surfaces agricoles de la commune représentaient 180 ha de terre labourable et 54 ha de cultures fourragères (39 ha en 2000), dont 202 ha de superficie en fermage (57 ha en 2000) (données AGRESTE). Ces chiffres partiels traduisent une réduction du nombre des exploitations depuis une vingtaine d'années, ainsi que de leur taille moyenne. La superficie en fermage dans la commune a également chuté de plus de 70 % dans la même période.

Historique

L'étymologie du nom de la commune, qui apparaît au début du 15e siècle, indique l'existence d'une charte communale depuis le 13e ou le 14e siècle. La seigneurie de Franqueville, pour sa part, formait une pairie de la châtellenie de Domart. Elle a ensuite appartenu à la famille de Riencourt de 1428 jusqu'à la mort en 1600 de Marguerite, dame de Riencourt et de Franqueville, veuve de Jean d'Audenfort, sieur de Grandvilliers. Cette dernière fait probablement construire le chœur de l'église, qui porte la date de 1576. À la mort en 1644 de sa fille Marguerite d'Audenfort, veuve de Charles de Tiercelin, marquis de Saveuse et gouverneur de la citadelle de Doullens, la seigneurie passe à son petit-fils Geoffroy de Tiercelin, marquis de Brosse et de Sarcus, gentilhomme de la chambre du roi. Elle comprend alors la terre et la maison seigneuriale.

En 1656, Geoffroy de Tiercelin vend le domaine pour 21 000 livres à Jean de Gaude, seigneur de Martainneville et de Saint-Elier, capitaine au régiment de Soyecourt et époux de Marguerite de Croze, héritière de la seigneurie et du domaine de Houdencourt, à Fransu. La même année, les nouveaux seigneurs acquièrent la moitié sud de la forêt de Goyaval des héritiers de Jean Guisain, qui avait acquis en 1634 avec Henri Fleurton, pour 120 000 livres, la seigneurie de Beaumetz et la forêt de Goyaval (1 200 journaux, ainsi que les moulins de Constanville et d'Harondel) à Charles Ier de Gonzague-Nevers. Cette partie de la forêt a pris alors le nom de forêt de Martaineville.

Comme dans toute la partie nord de la France, l'époque troublée des guerres de Religion et de la guerre de Trente Ans, entre le milieu du 16e et le milieu du 17e siècle, a favorisé l'aménagement d'une « muche » (carrière souterraine) pour protéger les biens et les récoltes. Située au lieu-dit les Vieilles-Carrières, en lisière du bois de Martaineville, elle est formée d'une galerie flanquée d'une trentaine de cellules. Aujourd'hui inaccessible, elle a été précisément décrite en 1838 par Bouthors.

Jean-François de Gaude acquiert au début du 18e siècle la vicomté de Domart, fief comprenant probablement le Bois-Vicomte, prolongement sud de la forêt de Martaineville. Marie-Thérèse de Gaude, marquise de Boudeville, comtesse de Martainneville et baronne de Cotigny, hérite des domaines familiaux en 1749 et épouse la même année Philippe-Charles Vogt, comte de Hunolstein et d'Ottange, chambellan de Stanislas Leszczynski, roi de Pologne puis duc de Lorraine, et capitaine au régiment royal allemand de cavalerie. Elle transmet dès 1770 à leur second fils Jean-François Léonor Vogt, baron de Hunolstein, futur major au régiment de Chartres-Dragons, les seigneuries de Houdencourt et de Franqueville avec le bois de Goyaval (plus tard bois de Martaineville), les seigneuries de Harondel et de Rouvroy en partie, et la vicomté de Domart. Le baron de Hunolstein épouse en 1784 Victoire de Chérisey, et ce sont probablement leurs armoiries (aujourd'hui bûchées) qui figurent sur le pignon du chœur de l'église.

Franqueville relevait sous l'Ancien Régime de l'élection et du grenier à sel de Doullens, de la prévôté de Saint-Riquier et du bailliage d'Amiens. La paroisse relevait de l'évêché d'Amiens, archidiaconé du Ponthieu et doyenné de Saint-Riquier.

Sous la Restauration, le baron de Hunolstein vend à Jean-Charles de Berny, propriétaire du domaine de Ribeaucourt, la partie nord du bois de Martaineville, qui s'appellera dès lors le bois Monsieur-de-Berny. Le reste du domaine forestier (bois de Martaineville, Bois-Vicomte, Bois-Fortel), d'une superficie de 118 hectares, est transmis en 1832 à sa fille Marie-Thérèse, comtesse de Bryas (état de sections). Cet ensemble, à l'exception du Bois-Fortel, passe en 1866 au petit-fils de cette dernière, Marie-Joseph Henri, comte de Hinnisdal (matrice des propriétés foncières), qui fait construire en 1880 un rendez-vous de chasse en forêt de Martaineville (matrice des propriétés bâties). Ce bâtiment, ainsi que le domaine forestier, deviennent en 1922 la propriété de sa fille Joséphine Marie Thérèse de Hinnisdal, comtesse de Lubersac. À cette époque, plus du tiers est du bois de Martaineville (38 hectares) avait déjà été défriché par les propriétaires pour laisser place à des terres agricoles (matrices des propriétés non-bâties).

À la fin du 19e siècle (monographie communale), 350 hectares de terres étaient cultivés en céréales (soit plus de la moitié des terres agricoles), 45 hectares en graines alimentaires, 22 hectares en pomme de terre, 26 hectares en betterave et racines fourragères. La pomme à cidre connaissait un certain succès, mais la culture du lin et du chanvre était déjà abandonnée. Bien que la commune connaisse un certain exode rural vers les centres industriels de la vallée de la Nièvre, 83 exploitations agricoles se partageaient l'ensemble des terres, dont 32 d'une étendue inférieure à 5 hectares.

Au nord de la commune, la partie nord du bois de Martaineville, appelée bois Monsieur-de-Berny, ainsi que le hameau de Barlette établi à sa lisière est, ont été rattachés en 1953 à la commune de Ribeaucourt.

Le village

Le village forme un long village-rue d'orientation sud-nord, au fond du vallon. L'axe s'achève sur la place, au nord de l'agglomération, où sont implantés l'église et le presbytère et d'où partent les routes de Fransu vers le nord-ouest, et de Berneuil vers le sud-est. Deux croix de chemin sont érigées, l'une au milieu de la rue principale et l'autre, dit calvaire de la Moisson, au nord du village en retrait de la route de Fransu. Un oratoire aujourd'hui dédié à Notre-Dame de Lourdes s'élève en bordure d'un chemin au sud du village.

L'histoire du village n'est pas connue précisément avant le 19e siècle. L'église, entourée du cimetière, semble toujours en avoir marqué le centre, et c'est près d'elle qu'a été aménagée la place. L'emplacement de l'ancienne maison seigneuriale, encore attestée au milieu du 17e siècle, n'a pas été identifié, mais devait se situer à proximité. L'école mixte a été construite en 1837 et le presbytère en 1855. Un bâtiment plus adapté, abritant l'école, le logement de l'instituteur et la mairie, a été construit d'après les plans établis en 1897 par l'architecte départemental Émile Ricquier. Une quinzaine de maisons ont été détruites par un incendie en 1853, et pour la plupart reconstruites dans les années suivantes (matrice des propriétés foncières).

Le bâti et l'habitat

Le nombre total de logements (maisons) était de 69 en 2007, composé de 68 résidences principales et 1 logement vacant. Sur les 59 résidences principales construites avant 2005, 27 (soit 46,6 %) l'ont été avant 1949 (données INSEE). 28 maisons et fermes ont été repérées, dont 4 ont été étudiées.

1836

1851

1872

1881

1906

1911

Nombre de maisons

81

83

78

69

57

70

Nombre de ménages

81

90

80

89

52

48

Nombre d'habitants

460

339

264

233

193

159

Evolution du nombre des maisons et des ménages dans le village de 1836 à 1911

L'implantation de l'habitat est traditionnellement discontinu sur la rue Principale, mais l'habitat ancien tend a être remplacé, ou complété dans les dents creuses, par un habitat contemporain de type pavillonnaire en milieu de parcelle. L'habitat est plus homogène, et plus continu autour de la place.

Le village a conservé quelques exemples d'habitat rural en pan de bois et torchis, notamment deux logis de ferme très remaniés dont la charpente porte la date de 1720 (30, rue Principale) et 1760 (16, rue Principale). L'habitat est formé de maisons et d'anciennes petites fermes, le plus souvent avec logis en rez-de-chaussée en fond de cour, et grange sur rue. Deux maisons sont élevées en brique avec la façade ordonnancée à deux niveau caractéristique de l'architecture domestique de la seconde moitié du 19e siècle. Les maisons construites à partir des années 1950 sont de type pavillonnaire en milieu de parcelle.

Activités

Les recensements de population attestent une activité textile dans la village, jusqu'au milieu du 19e siècle. En 1836, il abrite également un marchand de toiles, Pierre Antoine Mathias Bouly.

1836

1851

1872

1881

1906

Fileuse

130

100

Tisserand

7

30

14

13

Marchand

2

Marchand de toiles

1

Tisseuse

1

Les métiers liés au textile entre 1836 et 1881

Les deux moulins à vent (C 174 et C 261) étaient situés sur le plateau au nord-ouest du village, près du chemin de Brucamps à Fransu. Le premier, appartenant à François Riquier, est mentionné comme détruit en 1838, et le second, appartenant à Alexandre Lesueur, est à son tour mentionné comme détruit en 1879 (matrice des propriétés foncières) : comme c'est souvent le cas pour les moulins à vent en bois, ceux de Franqueville ont été détruits et reconstruits plusieurs fois.

De 1886 à 103, la forge située dans la dépendance d'une maison de la place de l’Église (B 261 à 263), appartenant à Joseph Candas, maréchal ferrant, a abrité l'école du village dont les locaux étaient vétustes.

Conclusion

Franqueville est un village-rue qui ne s'est guère étendu depuis le 19e siècle, mais a connu au contraire un certain retrait du bâti. L'activité textile complémentaire, qui occupait plus de 130 fileuses et jusqu'à 30 tisserands, dans la 1ère moitié du 19e siècle, a disparu après 1881.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, Temps modernes, 19e siècle, 20e siècle
  • Sites de protection
    zone naturelle d'intérêt écologique faunistique et floristique

La commune de Franqueville fait partie de la zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type 1 "Massif forestier de Ribeaucourt et de Martaineville et cavité souterraine".

Documents d'archives

  • AD Somme. Série O ; 99 O 1816. Franqueville. Administration communale, avant 1869.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 1817. Franqueville. Administration communale, 1870-1939.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 1818. Franqueville. Administration communale, 1870-1939.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 1819. Franqueville. Administration communale, 1870-1939.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 346/3. Franqueville. Etat de sections.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 346/4. Franqueville. Matrice des propriétés foncières.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 346/6. Franqueville. Matrice des propriétés non-bâties.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 346/7. Franqueville. Matrice des propriétés bâties, 1882.

  • AD Somme. Série M ; 6M 346. Franqueville. Recensements de population.

  • AD Somme. 2 NUM 89. Franqueville. Monographie communale, par Paradis, instituteur, 1897.

Bibliographie

  • BACQUET, Gérard. Le Ponthieu. Auxi-le-Château : Gérard Bacquet, 1992.

    p. 326
  • BOUTHORS, Jean-Louis Alexandre. Cryptes de Picardie. Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, 1838, t. I.

    p. 324-327
  • LEFEVRE, abbé Théodose. Notice historique sur le canton de Bernaville (Somme). Amiens : impr. Yvert et Tellier, 1897.

    p. 40-43.
  • INVENTAIRE GENERAL DU PATRIMOINE CULTUREL. Région PICARDIE. Le Val de Nièvre, un territoire à l'épreuve de l'industrie. Réd. Frédéric Fournis, Bertrand Fournier, et al. ; photogr. Marie-Laure Monnehay-Vulliet, Thierry Lefébure. Lyon : Lieux Dits, 2013. (Images du patrimoine ; 278).

    p. 61

Documents figurés

  • Carte de Cassini. N°23 : Dieppe, gravure à l'eau-forte, Le Roy le Jeune géographe, 1757.

  • Franqueville. Plan cadastral : tableau d'assemblage, dessin à l'encre, à l'aquarelle et au lavis sur papier, Fauvel géomètre, 1835 (AD Somme ; 3 P 1361/1).

  • Franqueville. Plan cadastral : section B2, dessin à l'encre, à l'aquarelle et au lavis sur papier, Fauvel et Mercher géomètres, 1835 (AD Somme ; 3 P 1361/4).

  • Carrière de Franqueville, dessin de Jean-Louis Alexandre Bouthors, lithographie de H. Delaporte à Amiens. In : Cryptes de Picardie, 1838.

    pl. p. 324
  • Franqueville (Somme). Eglise. Carte postale, Paul Lheureux photographe éditeur, début du 20e siècle (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Fournis Frédéric
Fournis Frédéric

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.

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