Dossier d’œuvre architecture IA62005156 | Réalisé par
Girard Karine (Rédacteur)
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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  • patrimoine de la Reconstruction
  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
Maison ouvrière à quatre unités d'habitation propriété de M. Gustave Vasseur-Poquet
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Sud-Artois - Bapaume
  • Commune Bapaume
  • Adresse 20, 22 et 24 rue de la République , 36 rue Gambetta
  • Cadastre 2017 000 AB 01 196 à 200

La chronologie du projet de reconstruction

Le dossier de dommages de guerre conservé aux Archives du Pas-de-calais (10R9/33, dossier 476), apporte de nombreuses informations sur la construction de cet ensemble de quatre habitations réunies sous le même toit, confiée au groupement d’architectes Julien Wirton et Paul Senglet, qui travaillent pour la coopérative n°2 appelée "Groupement d'isolés". Les plans, le devis descriptif et le contrat avec l'entrepreneur sont signés par Senglet, ce qui laisse penser que c'est plus spécifiquement ce dernier qui a pris en charge le projet de construction.

Ainsi que l'indique le récapitulatif des dommages versés, le projet financé remplace un premier projet validé en juin 1926. Le paiement du solde et la clôture administrative ont lieu en avril 1929 pour la partie habitation et en octobre de la même année pour les dépendances et les clôtures entre les cours des maisons. Le montant des travaux et des honoraires d'architecte est de 174 000 francs pour les habitations et de 23 500 francs pour les dépendances, pour la construction desquelles le propriétaire est son propre entrepreneur (rapport du contrôle technique du remploi).

L'ensemble immobilier est édifié rue de la République, "Monsieur Vasseur voulant faire reconstruire quatre maisons d'habitation" (contrat avec l'entrepreneur). L'ensemble initial est visible sur une carte postale ancienne de la rue de la République : c'est une barre de petites maisons basses à un étage réunies sous un toit à longs pans.

Le projet de l’architecte : les plans

Les plans de la nouvelle construction montrent un ensemble de quatre maisons, toutes identiques, et organisées symétriquement par rapport à l'axe central de l'ensemble. Le mur pignon de droite est mitoyen avec l'immeuble suivant, mais la partie gauche, qui donne sur la rue Gambetta, s'achève par un mur pignon libre et plein. Chaque unité d'habitation comprend un sous-sol, un rez-de-chaussée surélevé rendu nécessaire par la déclivité du terrain auquel on accède par une volée de marches, un étage carré et une courrette. Au rez-de-chaussée, ne se trouvent qu'une "salle" sur rue, la cuisine qui donne sur la cour et l'escalier qui mène à l'étage qui, autour d'un petit palier, accueille deux chambres, un cabinet de toilette et l'escalier des combles. Les sanitaires, ainsi qu'une petite buanderie et une petite remise, sont situés au fond de chaque cour. Ces dernières sont séparées par une clôture en béton haute de deux mètres.

Le projet de l’architecte : les élévations

L'élévation est extrêmement simple et correspond à la disposition des pièces : au dessus de la baie un peu plus large marquant la "salle" du rez-de-chaussée se trouve la fenêtre de la chambre. La fenêtre surmontant la porte correspond au cabinet de toilette. L'ensemble est couvert par une toiture à longs pans légèrement débordante percée de quatre petites lucarnes sur chaque versant (deux pour chaque maison) qui éclairent les combles. La façade ne porte aucun décor et seule la forme légèrement cintrée des baies et des linteaux, ainsi que et la présence d'un imposte pour toutes les baies, rompt la monotonie de l'ensemble.

Les matériaux préconisés dans le devis descriptif

Le devis descriptif apporte des indications sur les matériaux mis en œuvre. Le sol du sous-sol est en "béton de cassons de briques hourdé au mortier et damé", l'ensemble des murs est en "briques cuites au four continu", de même que les escaliers de la cave. Le plancher haut de la cave est constitué de voutains de briques sur fer en Ṯ, les plafonds intermédiaires sont en "lattis en chêne", parqueté de sapin. Les cloisons intérieures sont en carreaux de plâtre, enduites en plâtre puis peintes, de même que les plafonds. Le sol du rez-de-chaussée est carrelé, "en rouge et blanc, à damier, posé en diagonale" pour les salles et en "carrelage rouge de Marseille" pour les couloirs et les cuisines. La salle et la chambre sur rue bénéficient d'une "cheminée en marbre, capucines simples". Les fenêtres du rez-de-chaussée sur rue sont équipées de persiennes en fer. Les menuiseries extérieures sont en chêne et celles intérieures en sapin, tout comme les escaliers et la charpente. La couverture est en ardoise de Fumay posée au crochet.

Le devis permet de voir que l'architecte a différencié le traitement des différentes faces de l'immeuble : côté cour, les briques sont laissées nues, mais "jointoyées au fer", côté rue "la brique sera lavée, les joints seront déchirés au crochet après teintage (sic) à l'acide", enfin le pignon libre reçoit un enduit au ciment, tout comme le soubassement et les marches côté rue. Les montants des "passages donnant accès aux portes d'entrée sont en briques arrondies".

Les bâtiments annexes

Le projet des petites dépendances édifiées au fond de la cour a été établi par Julien Wirton, architecte associé à Paul Senglet. Le devis spécifique aux constructions de la cour montre que ces dernières sont également élevées en briques. Les buanderies sont fermées par une "vitrine", c'est à dire une partie haute vitrée reposant sur un mur bahut en brique. Le sol est en briques pour les buanderies et remises, mais en béton pour les WC, lesquels sont équipés "d'un siège en briques". L'ensemble est recouvert de "tôle ondulée galvanisée" reposant sur une charpente en sapin, bois qui sert également pour l'ensemble des huisseries.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1929, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Senglet Paul
      Senglet Paul

      Actif pendant la reconstruction de la première guerre mondiale.

      Associé à Julien Wirton, architecte.

      A également travaillé dans la Somme (voir Archives départementales de la Somme, fonds Paul BRUYAS et Paul SENGLET, sous série 40 FI).

      Architecte de l'extension de la villa Berliet à Lyon en 1928 (Dossier IA69000102, Inventaire Rhône-Alpes, dossier réalisé en 1997). Le timbre sur les courriers conservés aux Archives du Pas-de-Calais mentionne que l'architecte est domicilié à Grévilliers, mais l'adresse du siège social du cabinet d'architecte est à Lyon.

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      architecte attribution par source
    • Auteur : architecte attribution par source

Les quatre habitations occupent un ensemble de parcelles contiguës formant un trapèze. Un des grands côtés longe la rue de la République, et le plus grand des petits côtés borde la rue Gambetta. Les deux autres côtés sont ceints par des habitations.

Les habitations forment un L, dont la longue barre constituée par le mur gouttereau est à front de rue, alignée avec les maisons voisines. La petite barre, précédée par un découvert de jardin agrémenté de quelques arbres de haute tige, est en retrait par rapport à la rue dont elle est séparée par un mur bahut paré de fausse meulière et portant une petite rambarde qui enserre toute la parcelle.

Côté rue de la République, l'immeuble présente un rez-de-chaussée surélevé, auquel on accède après une volée de marches par une porte en retrait du droit du mur, et un étage carré. L'ensemble est couvert par une toiture à longs pans légèrement débordante reposant sur une corniche en brique. L'ensemble est construit en briques laissées apparentes, et seuls les soubassements et les linteaux supérieurs des portes et les appuis de fenêtres sont enduits en ciment peint. Les baies de fenêtres ont une forme légèrement cintrée, soulignée par un tore de briques posées en ressaut par rapport au mur. La façade ne présente que trois portes d'entrée.

Le mur pignon est percé d'une baie centrale pour l'étage de combles, de deux baies au premier niveau ainsi qu'au rez-de-chaussée. Le bâtiment est jouxté d'une aile en rez-de-chaussée, parallèle à la rue Gambetta, et perpendiculaire au corps principal. La partie droite de cette extension, sous une toiture en appentis, accueille également la porte d'entrée. Cette partie s'achève, à gauche par un léger avant-corps. A l'angle de la parcelle se trouve une petite construction basse abritant un garage.

A une date inconnue, la partie gauche de l'immeuble a été profondément remaniée : l'habitation n'ouvre plus sur la rue de la République mais sur la rue Gambetta. Cela a entrainé d'importantes transformations dans la structure même de l'immeuble : côté rue de la République, la porte et la baie qui la surmontait ont été supprimées et le pignon côté rue Gambetta a été percé de cinq baies. Ces modifications ont été accompagnées de changements d'aspect sont intervenus : le mur a été recouvert de briques de parement d'une couleur rouge sang de bœuf, les linteaux et la corniche sous le toit ont été repeints en blancs et le soubassement a été recouvert d'un parement en fausse meulière.

S’agissant d’une propriété privée, l’intérieur actuel des maisons n’a pas été étudié. Il n’est donc pas possible de savoir si la construction s’est faite conformément aux plans de l’architecte, ni si cette dernière a été modifiée par la suite.

  • Murs
    • brique enduit
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan rectangulaire symétrique
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Jardins
    carré de jardin
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Précisions sur la protection

    Il s'agit de logements modestes : les sanitaires sont en fond de cour, il n'y a qu'une seule salle au rez-de-chaussée faisant office de salle à manger et de salon, et deux chambres. Aucun chauffage central n'est prévu alors qu'il commence à se développer dans les maisons plus "riches". L'élévation est sans recherche et aucun décor ne vient adoucir l'austérité de la façade, pas même un jeu avec la mise en œuvre des briques.

    Cependant, l'architecte apporte cependant du soin à quelques détails comme les briques arrondies pour les montants des portes ou le traitement des joints de la façade côté rue, le détail dans la pose des carrelages du rez-de-chaussée, les cheminées en marbre ou la couverture en ardoises, même si ces dernières proviennent d'une carrière locale belge et sont moins renommées que celles d'Angers.

    Il est intéressant de comparer le coût de construction de ces maisons avec celles repérées lors du dépouillement des dossiers de reconstruction conservés aux archives du Pas-de-Calais. Il faut tout d'abord noter que les ensembles de quatre maisons sont assez rares : seulement trois pour 38 ensembles repérés (28 de deux logements, 6 de trois logements et 1 de 6 logements). Le coût moyen d'un logement en "habitat groupé" est de 57 000 francs. Bien qu'étant le plus cher de sa catégorie (190 000 francs, contre 145 000 et 158 000 francs pour les deux autres ensembles de quatre logements repérés), l'ensemble construit par Monsieur Vasseur avec un coût de construction de 47 000 francs par logement se situe donc en dessous de la moyenne. Ceci confirme ce qui se dégageait de l'étude des plans et devis descriptif, à savoir, la modestie de ces logements.

    Monsieur Vasseur est également propriétaire d'une maison avec trois garages au croisement des rues de Péronne et Marcellin-Gaudefroy (Archives de Pas-de-Calais, 10R9/88, dossier 1289). Pour cet ensemble, construit entre mars 1924 et juin 1930 (date de la réception des travaux), donc antérieurement à la construction des maisons rue de la République, Vasseur avait déjà fait appel aux mêmes architectes Wirton et Senglet et était déjà son propre entrepreneur. Les plans, et surtout les élévations, montrent une maison beaucoup plus complexe et travaillée : fronton à volutes sur le pan coupé, toiture à double pente avec lucarnes-pignon, pierre pour les encadrements de baies...

Documents d'archives

  • AD Pas-de-Calais. Série R ; 10R9/33. Dommages de guerre. Secteur de Bapaume. Dossier 476. Gustave Vasseur-Pocquet : habitations et dépendances : devis, marché, fiche de renseignements, conventions d'acompte, état d'avancement des travaux, contrôles du remploi, procès-verbal de constat de conformité au projet de remploi, plans.

    Liste des documents figurés utilisés dans la notice :

    - Propriété de M. Vasseur-Poquet, route de Cambrai à Bapaume : face vue de la route de Cambrai, coupe transversale, plan du sous-sol. Signé par Paul Senglet, architecte, M. Vasseur, propriétaire en mai 1926.

    - Propriété de M. Vasseur-Poquet, route de Cambrai à Bapaume : plans du rez-de-chaussée et du premier étage. Signé par Paul Senglet, architecte, M. Vasseur, propriétaire en mai 1926.

    - Propriété de M. Vasseur à Bapaume : petites dépendances : façades, plan d'ensemble. Signé et daté par Julien Wirton, architecte, M. Vasseur, propriétaire, le 20 septembre 1929.

    Dossier 476. Gustave Vasseur-Pocquet. Habitations et dépendances : devis, marché, fiche de renseignements, conventions d'acompte, état d'avancement des travaux, contrôles du remploi, procès-verbal de constat de conformité au projet de remploi, plans.

Documents figurés

  • Rue de la République. Edition Leblanc, tailleur, 13 place Faidherbe, Bapaume. Carte Postale, avant 1914 (coll. part.). Au fond à gauche : habitation à logements de Monsieur Vasseur.

Annexes

  • Les matériaux de la reconstruction à Bapaume
  • L'habitat collectif à Bapaume à la Reconstruction
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Girard Karine
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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