La chronologie du projet de reconstruction
Le dossier de dommages de guerre conservé aux Archives du Pas-de-calais (10R9/33, dossier 476), apporte de nombreuses informations sur la construction de cet ensemble de quatre habitations réunies sous le même toit, confiée au groupement d’architectes Julien Wirton et Paul Senglet, qui travaillent pour la coopérative n°2 appelée "Groupement d'isolés". Les plans, le devis descriptif et le contrat avec l'entrepreneur sont signés par Senglet, ce qui laisse penser que c'est plus spécifiquement ce dernier qui a pris en charge le projet de construction.
Ainsi que l'indique le récapitulatif des dommages versés, le projet financé remplace un premier projet validé en juin 1926. Le paiement du solde et la clôture administrative ont lieu en avril 1929 pour la partie habitation et en octobre de la même année pour les dépendances et les clôtures entre les cours des maisons. Le montant des travaux et des honoraires d'architecte est de 174 000 francs pour les habitations et de 23 500 francs pour les dépendances, pour la construction desquelles le propriétaire est son propre entrepreneur (rapport du contrôle technique du remploi).
L'ensemble immobilier est édifié rue de la République, "Monsieur Vasseur voulant faire reconstruire quatre maisons d'habitation" (contrat avec l'entrepreneur). L'ensemble initial est visible sur une carte postale ancienne de la rue de la République : c'est une barre de petites maisons basses à un étage réunies sous un toit à longs pans.
Le projet de l’architecte : les plans
Les plans de la nouvelle construction montrent un ensemble de quatre maisons, toutes identiques, et organisées symétriquement par rapport à l'axe central de l'ensemble. Le mur pignon de droite est mitoyen avec l'immeuble suivant, mais la partie gauche, qui donne sur la rue Gambetta, s'achève par un mur pignon libre et plein. Chaque unité d'habitation comprend un sous-sol, un rez-de-chaussée surélevé rendu nécessaire par la déclivité du terrain auquel on accède par une volée de marches, un étage carré et une courrette. Au rez-de-chaussée, ne se trouvent qu'une "salle" sur rue, la cuisine qui donne sur la cour et l'escalier qui mène à l'étage qui, autour d'un petit palier, accueille deux chambres, un cabinet de toilette et l'escalier des combles. Les sanitaires, ainsi qu'une petite buanderie et une petite remise, sont situés au fond de chaque cour. Ces dernières sont séparées par une clôture en béton haute de deux mètres.
Le projet de l’architecte : les élévations
L'élévation est extrêmement simple et correspond à la disposition des pièces : au dessus de la baie un peu plus large marquant la "salle" du rez-de-chaussée se trouve la fenêtre de la chambre. La fenêtre surmontant la porte correspond au cabinet de toilette. L'ensemble est couvert par une toiture à longs pans légèrement débordante percée de quatre petites lucarnes sur chaque versant (deux pour chaque maison) qui éclairent les combles. La façade ne porte aucun décor et seule la forme légèrement cintrée des baies et des linteaux, ainsi que et la présence d'un imposte pour toutes les baies, rompt la monotonie de l'ensemble.
Les matériaux préconisés dans le devis descriptif
Le devis descriptif apporte des indications sur les matériaux mis en œuvre. Le sol du sous-sol est en "béton de cassons de briques hourdé au mortier et damé", l'ensemble des murs est en "briques cuites au four continu", de même que les escaliers de la cave. Le plancher haut de la cave est constitué de voutains de briques sur fer en Ṯ, les plafonds intermédiaires sont en "lattis en chêne", parqueté de sapin. Les cloisons intérieures sont en carreaux de plâtre, enduites en plâtre puis peintes, de même que les plafonds. Le sol du rez-de-chaussée est carrelé, "en rouge et blanc, à damier, posé en diagonale" pour les salles et en "carrelage rouge de Marseille" pour les couloirs et les cuisines. La salle et la chambre sur rue bénéficient d'une "cheminée en marbre, capucines simples". Les fenêtres du rez-de-chaussée sur rue sont équipées de persiennes en fer. Les menuiseries extérieures sont en chêne et celles intérieures en sapin, tout comme les escaliers et la charpente. La couverture est en ardoise de Fumay posée au crochet.
Le devis permet de voir que l'architecte a différencié le traitement des différentes faces de l'immeuble : côté cour, les briques sont laissées nues, mais "jointoyées au fer", côté rue "la brique sera lavée, les joints seront déchirés au crochet après teintage (sic) à l'acide", enfin le pignon libre reçoit un enduit au ciment, tout comme le soubassement et les marches côté rue. Les montants des "passages donnant accès aux portes d'entrée sont en briques arrondies".
Les bâtiments annexes
Le projet des petites dépendances édifiées au fond de la cour a été établi par Julien Wirton, architecte associé à Paul Senglet. Le devis spécifique aux constructions de la cour montre que ces dernières sont également élevées en briques. Les buanderies sont fermées par une "vitrine", c'est à dire une partie haute vitrée reposant sur un mur bahut en brique. Le sol est en briques pour les buanderies et remises, mais en béton pour les WC, lesquels sont équipés "d'un siège en briques". L'ensemble est recouvert de "tôle ondulée galvanisée" reposant sur une charpente en sapin, bois qui sert également pour l'ensemble des huisseries.
Actif pendant la reconstruction de la première guerre mondiale.
Associé à Julien Wirton, architecte.
A également travaillé dans la Somme (voir Archives départementales de la Somme, fonds Paul BRUYAS et Paul SENGLET, sous série 40 FI).
Architecte de l'extension de la villa Berliet à Lyon en 1928 (Dossier IA69000102, Inventaire Rhône-Alpes, dossier réalisé en 1997). Le timbre sur les courriers conservés aux Archives du Pas-de-Calais mentionne que l'architecte est domicilié à Grévilliers, mais l'adresse du siège social du cabinet d'architecte est à Lyon.