Dossier d’œuvre architecture IA62005184 | Réalisé par
Girard Karine (Rédacteur)
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
  • patrimoine mémoriel
Monument aux morts de la guerre de 1870
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Sud-Artois - Bapaume
  • Commune Bapaume
  • Adresse 17 rue Faubourg d'Arras
  • Dénominations
    monument aux morts
  • Parties constituantes non étudiées
    clôture

La guerre de 1870 est perdue par la France. Mais la bataille de Bapaume, qui a eu lieu les 2 et 3 janvier 1871, est la seule victoire française d'importance au cours de ce conflit. Il était donc d’autant plus nécessaire d'en conserver la mémoire.

Dès la fin de la bataille, les habitants de la ville souhaitent rendre hommage aux soldats morts sur leur sol pour la défense de la patrie. Une souscription publique est lancée, à laquelle participent les habitants, la commune, le conseil général, l’État et de nombreux officiers de réserve et anciens combattants. Elle permet l'érection rapide du monument qui est inauguré dès le 3 janvier 1872 en présence de nombreuses personnalités : préfet, président du conseil général, officiers supérieurs ayant participé à la bataille, évêque d'Arras...(Archéo n° 47 et 75).

En 1895, le nom de quatre officiers s'étant illustrés dans cette bataille (Payen, Lecointe, du Bessol et Derroja) a été donné à des rues de Bapaume.

Une carte postale ancienne montre qu'à l'origine le tertre associait rocaille et fleurs.

A une date inconnue, mais sans doute postérieure à la première guerre mondiale, le monument a fait l'objet d'une première restauration par Louis Cordonnier (1854-1940) et l'entreprise Bouchez-Béru (dont les noms figurent sur des panneaux du monument).

Une seconde restauration a été menée en 2003 avec l'aide de la section arrageoise du Souvenir Français.

  • Dates
    • 1872, daté par travaux historiques

Le monument est érigé dans le cimetière communal, dans un carré réservé, où reposent dans quatre fosses communes (pour les simples soldats) et quelques tombes individuelles (pour les officiers), les soldats des deux camps morts lors de la bataille.

Il se compose d'une grande croix romaine en pierre bleue à fût écoté, dressée au milieu d'un cairn conique. Un muret circulaire également en pierre bleue, rythmé de stèles et de portes-couronnes, entoure le tumulus. Deux des stèles portent des inscriptions relatives aux hommes et au combat, la mention des organismes ayant financé le monument ; les deux autres sont gravées des noms des régiments composant l'Armée du Nord ayant participé à la bataille, qui se poursuit entre chaque écusson sur tout le tour du muret.

Inscription (stèles) : "A la mémoire des troupes de toutes armes ayant pris part à la Bataille de Bapaume - Armée du Nord - Général en chef Genal de Divon FAIDHERBE. Effectif : 35 000 hommes - troupes engagées : 12 003".

Inscription (croix) : "Aux victimes de la bataille de Bapaume les 2 et 3 janvier 1871 / Souvenir des habitants de la ville"

  • Murs
    • calcaire
  • Typologies
    croix monumentale ; enrochement ; guerre de 1870
  • Techniques
  • Représentations
    • couronne végétale, amas de pierres
  • Précision représentations

    La couronne de fleurs au centre de la croix est composée d'immortelles. Cette fleur, qui garde son aspect lorsqu'elle sèche, symbolise à la fois la croyance dans la vie éternelle et la persistance du souvenir et des regrets.

    Les quatre écussons qui rythment le muret rappellent les quatre divisions engagées dans la bataille.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Le monument de Bapaume fait partie des premiers monuments "aux morts" érigés pour commémorer non pas un mort en particulier, généralement un officier avec une brillante carrière, mais la totalité des victimes d'une bataille ou d'une guerre. Cependant, les noms des victimes ne sont encore pas individualisés, ce qui ne sera le cas sur les monuments qu'à partir de la Première Guerre Mondiale, qui est aussi le premier conflit où les simples soldats bénéficient, au même titre que les officiers, d'une tombe individuelle.

Quelques noms apparaissent cependant sur le monument de Bapaume : ceux de officiers Payen, Lecointe, du Bessol et Derroja qui ont eu un rôle important pendant la bataille. Ces noms ont également été donnés à des rues de la ville. Il est amusant de constater qu'aucun d'entre eux n'est mort pendant les deux jours de la bataille ! Derroja et Payen étaient même présents lors de l'inauguration du monument ! Ceci confirme que, plus qu'un monument aux morts, le monument de 1870 est la commémoration d'un fait militaire.

Une autre particularité s'attache à ce monument : l'érection d'un monument commémorant la guerre de 1870 dans un cimetière, traduction habituelle du traité de Francfort signé entre la France et l'Allemagne en 1871 qui impose à chaque belligérant d'assurer l'entretien des sépultures des soldats des deux camps, se fait le plus souvent entre 1880 et 1890. Or le monument de Bapaume est achevé dès 1872. Cette précocité est sans doute due au fait que la bataille a été l'une des rares remportée par la France lors de cette guerre et qu'elle a été, compte-tenu des armements disponibles et du nombre d'hommes engagés, particulièrement meurtrière (plus de 600 morts en deux jours).

Bibliographie

  • DÉGARDIN, Gaston. Rues et monuments de Bapaume. Arras : Presses de l'imprimerie centrale de l'Artois, 1945.

    p. 54-58
  • Archéo - bulletin de la société archéologique et historique de Bapaume et sa région. n° 78, octobre 2005

    n° 47, octobre 1987 et n° 75, janvier 2004.

Documents figurés

  • Bapaume - Monument du souvenir français. J. Kloy, imprimeur-éditeur, Arras. Carte postale vers 1910 (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Girard Karine
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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