La première enceinte fortifiée de la ville pourrait remonter au XIIIe siècle (DRAUX, 1980). Toutefois les ouvrages défensifs, dont fait partie la tour à Diable, seraient quant à eux datés du XVe siècle. En effet, dans le cadre de la guerre de Cent Ans, au cours des conflits opposant Bourguignons et Armagnacs, Orchies est incendiée le 30 avril 1414. C’est semble-t-il à la suite de cette destruction que la ville se dote d’une nouvelle enceinte (PLATEAUX, 1993 et Dossier de classement MH sur POP - voir lien web). Par la suite, les fortifications d’Orchies connaissent plusieurs campagnes importantes de réfection, autorisées par Charles Quint, dont l’édification de tours de guet aux portes de la ville (AUDOLY et al., 2015 : p.282).
Le plan de Deventer de 1545 (BN Espagne - voir lien web) présente une ville sertie d’un rempart continu comprenant sept tours de flanquement circulaire et cinq portes d’accès à la cité. L’enceinte est elle-même enclose d’un fossé de défense en eau situé au droit des remparts, ainsi que par un second fossé périphérique implanté à environ cent mètres du premier. La tour à Diable est ici représentée dans son contexte ancien. Il s’agit d’un ouvrage de flanquement qui protège l’angle ouest de la cité médiévale. Cette vocation se confirme par la présence de différents éléments typologiques (ouvertures de tir, chemin de ronde et tour de guet) ainsi que par les arrachements visibles des anciens murs de remparts qui la sertissait.
Si à l’origine elle est vouée à la défense de la ville, la tour sert également un temps de prison. L’utilisation des salles comme cellules d’incarcération n’a pu faire l'objet d'une enquête archivistique. Cette vocation n'est donc pas datée chronologiquement à ce jour.
Toutefois, la présence d’une porte à guichet quadrillée métallique, au premier niveau de la tour, apporte un indice factuel que viennent appuyer les très nombreuses gravures que l'on observe sur les murs intérieurs (bâtons de compte de jour, noms et dates, etc.). Ces gravures permettent de proposer une datation pour l'utilisation de la tour comme prison au moins lors des XVIIe et XVIIIe siècles (voir annexe).
Un plan révolutionnaire de 1796 (Gallica - voir lien web) représente les fortifications de la ville en l’An IV. La tour est ainsi légendée : « n°8 : Tour du magasin à poudre ». Ce plan signale en outre de nombreux ouvrages de campagne périphériques, aujourd’hui disparus, qui protégeaient la ville (six redoutes, un redent, une lunette, une batterie, épaulements), ainsi que le recensement des anciens bâtiments militaires (deux casernes, deux prisons, une petite écurie, un corps de garde).
Le cadastre napoléonien de 1817 confirme la véracité du plan de Deventer de 1545 et celui de 1796, ainsi que la persistance des éléments fortifiés connus et des fossés en eau.
En 1826, la commune vote la destruction de ses fortifications (PLATEAUX, 1993). Toutefois la tour à Diable et quelques autres éléments de l’enceinte fortifiée ne sont pas démantelés.
Le cadastre de 1874 confirme l'étendue du démantèlement engagé en 1826. Une grande partie des fortifications a disparu et les fossés de défense ont été comblés ou transformés en mare, comme à proximité de la tour à Diable.
Une carte postale, datée d'avant 1914, démontre la persistance d’une section du mur du rempart originel accolé à la tour et la forme octogonale de la toiture principale.
Durant la Première Guerre mondiale, la ville d’Orchies n’échappe pas aux destructions et les bombardements n’épargnent pas la Tour à Diable qui subit d’importants dégâts. Durant la période de reconstruction qui suit, l’élément défensif est protégé au titre des Monuments historiques (POP - voir lien web). Une photographie illustrant le dossier de protection montre l’état des destructions. Les toitures ont disparu et les maçonneries supérieures sont également atteintes.
À la même époque, l’avant de la parcelle est lotie d’une nouvelle maison d’habitation.
Enfin, une photographie de janvier 1931, publiée dans le Bulletin d’histoire et archéologie Flandre, Tournaisis, Cambrésis, Hainaut, Artois de la Société d'études de la province de Cambrai (Gallica - voir lien web) laisse apercevoir très clairement la section du mur de rempart conservé et la nouvelle toiture sous la forme que l’on lui connait aujourd’hui (en poivrière, couverte d’ardoise). Les restaurations sont, semble-t-il, à mettre en lien avec le classement Monument Historiques de 1922. La destruction de la section du mur du rempart n'a pu être datée à ce jour (mais est postérieure à 1931).
Au 20e siècle la tour se situe dans la propriété d’un important semencier d’Orchies, Lucien Deboulonne, et sert de lieu de stockage de sacs de semences (source orale).
En 2022, la tour se situe dans le jardin d’une résidence privée et n'est pas accessible au public.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France (2023).