Dossier d’œuvre objet IM02005424 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
Statue : Vierge à l'Enfant
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de l'Aisne
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
  • Commune Soissons
  • Adresse Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais , place Cardinal-Binet
  • Emplacement dans l'édifice passage reliant actuellement la sacristie à la chapelle du croisillon sud du transept

La présence d'un socle et d'un dais au-dessus de la porte ouvrant jadis sur l'ancienne grande sacristie, révèlent qu'une statue occupait sans doute cette place dès la fin du 15e siècle, époque de construction du couloir destiné à relier directement le collatéral sud du chœur et cette sacristie. Si tel est bien le cas, rien n'est connu sur cette précédente œuvre, ni son sujet, ni son matériau, ni son auteur, mais il est vraisemblable qu'elle a été détruite par les protestants en 1567-1568, avec bon nombre d'autres témoignages de "l'idolâtrie romaine".

La statue d'albâtre qui y trône actuellement est réputée, dès l'Ancien Régime, avoir été offerte en 1580 par le cardinal Charles Ier de Bourbon (1523-1590), comme le rapporte le chanoine Cabaret. Le donateur, qui est le frère de l'abbesse de Notre-Dame de Soissons, Catherine de Bourbon, est alors archevêque de Rouen et abbé commendataire de l'abbaye soissonnaise Saint-Jean-des-Vignes. Ce don et sa participation pécuniaire à la reconstitution de l'ameublement de la cathédrale sont destinés à effacer en partie les dommages subis lors de l'occupation de la ville par l'armée protestante.

Certaines caractéristiques de l'œuvre ont pu faire hésiter sur l'époque de sa réalisation, et inciter à imaginer cette dernière bien antérieure à la date du don. La frontalité et le hiératisme de la Vierge, l'absence de relation affective entre la Vierge et l'Enfant Jésus, le manteau revenant "en tablier" devant les jambes ou encore l'oiseau que tient l'Enfant, renvoient en effet à des œuvres de la fin du Moyen Âge. Pourtant, le canon allongé du corps de la Vierge, ses épaules étroites, la ceinture fixée immédiatement sous la poitrine haut placée, enfin la nudité de l'Enfant, sont autant de traits qui incitent à dater l'œuvre du 16e siècle. En outre, le visage ovale et majestueux de la Vierge, avec son épaisse chevelure traitée en longues mèches ondulées, trahit une influence de l'art antique, qui est caractéristique de la Renaissance et qui place cette statue, autant dans la lignée des déesses gréco-romaines que dans celle des Vierges médiévales. Une datation vers 1580 est donc plausible, même si l'œuvre présente quelques archaïsmes.

La statue semble avoir toujours occupé cet emplacement au fil des décennies, à l'exception de la période de la Première Guerre mondiale. La Vierge, qui venait d'être classée au début de l'année 1915, a fait partie des œuvres majeures de la cathédrale qui ont passé le reste du conflit à l'abri.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 16e siècle , (incertitude)
  • Dates
    • 1580, daté par travaux historiques
  • Stade de création
    • pièce originale de sculpture
  • Auteur(s)

La statue semble sculptée dans un seul morceau d'albâtre, à l'exception de la main droite qui devait tenir un attribut et était rapportée. L'enfant a peut-être également été sculpté à part avec la main gauche de la Vierge, puis scellé.

  • Catégories
    sculpture
  • Structures
    • revers sculpté, (incertitude),
  • Matériaux
    • albâtre, blanc, en plusieurs éléments taillé, poli
  • Précision dimensions

    h = 97 ; la = 35 ; pr = 20.

  • Iconographies
  • Précision représentations

    La Vierge est assise sur un siège, face à l'observateur, à l'image des anciennes Vierges en majesté. Elle est vêtue d'une chemise et d'une robe serrée par une ceinture juste en dessous de la poitrine. Sur ses épaules, est posé un manteau dont un pan recouvre ses jambes.

    Contrairement à l'habitude, la Vierge ne porte pas de voile et sa couronne repose directement sur le sommet de sa tête. Sa chevelure est artistiquement coiffée en mèches ondulées dont certaines s'échappent sur ses épaules. Une grande tresse enserre sa tête. Elle maintient de son pied gauche le corps d'un dragon, allusion au passage de la Genèse où Dieu maudit le serpent (chapitre 3, verset 15), allusion également à la femme de l'Apocalypse (chapitre 12, versets 1-17). Cette attitude signifie aussi que la Vierge - la nouvelle Ève, comme l'appelle saint Irénée - est née sans être entachée par le péché originel, a donné naissance au Sauveur de l'humanité et est donc à la source du rachat de la Faute. Pour cette raison, elle écrase le symbole du Mal.

    De sa main gauche, la Vierge maintient l'Enfant Jésus assis contre elle. L'Enfant, entièrement nu, joue avec un oiseau dont il écarte les ailes. L'oiseau est lui-aussi symbolique, évocation possible de l'âme humaine que le Christ veut attirer à lui.

  • État de conservation
    • manque
    • traces de peinture
  • Précision état de conservation

    Il manque la main et le poignet droits de la Vierge, ainsi qu'un petit élément à la partie inférieure gauche de la statue. Quelques traces de peinture rouge, dorée et noire, subsistent sur le manteau, la couronne et l'oiseau, indiquant que l'œuvre était peinte à l'origine, au moins partiellement. La statue a été restaurée et nettoyée vers 2005, par l'atelier Giordani, installé à Rouen.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre objet, 1915/01/04
  • Référence MH

Documents d'archives

  • AD Aisne. Sous-série 4 J : 4 J 2 (copie des "Mémoires pour servir à l'histoire de Soissons et du Soissonnais" d'Antoine-Pierre Cabaret, seconde partie).

    p. 335.
  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale, 2 D. Inventaires.

    Inventaire de 1836, n° 38.

Bibliographie

  • BRUNET, Émile. La restauration de la cathédrale de Soissons. Bulletin monumental, 87e volume, 1928.

    p. 89.

Documents figurés

  • Soissons. - Cathédrale. Vierge de l'arrière-sacristie, impr. photoméc., par Étienne Moreau-Nélaton, photographe, vers 1914. In : MOREAU-NÉLATON, Étienne. Les Églises de chez nous. Arrondissement de Soissons. Paris : H. Laurens, 1914, fig. 778.

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2013
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
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Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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