Henry Emile Victor Vion, puissant agriculteur qui exploite la ferme du hameau de Leuilly, dépendant de Villers-Faucon, crée en 1871 une première sucrerie de betteraves, sous la raison sociale Vion et Cie. Entre 1884 et 1907, l'établissement bénéficie de 5 millions d'investissement lui permettant de passer de 450 t. de betteraves traitées quotidiennement à 1300 t. et devenir ainsi une des plus importantes sucreries de Picardie à la fin du 19e siècle. Au tournant du siècle, sa capacité atteint même 1600 t. de betteraves par 24 heures, dont 500 t./jour pour lui-même ; le reste provenant des jus des quatre râperies qui lui sont rattachés : Etricourt (300 t./ jour), Lieramont (200 t./ jour), Revalon, commune de Montigny-Hervilly (300 t./ jour), Ronssoy (300 t./ jour). Elle dispose également de plusieurs bascules à Hamelet et Chaulnes.
Dès le 27 août 1914, l'usine est occupée par l'armée allemande. Les bâtiments de l'usine servent tour à tour de scierie puis d'abattoir pour le bétail destiné à l'armée allemande. L'outillage en place fait alors l'objet d'un pillage systématique. Les bâtiments industriels sont dynamités lors du replis de février 1917. A l'issue de la guerre, la sucrerie n'est plus qu'un "amas d'appareil tombés les uns sur les autres et dans un tel désordre qu'il sont inabordables. Pas une partie de l'usine n'a été oubliée par le pillage d'abord, ensuite par la destruction systématique des Allemands. On peut considérer le tout comme hors d'être réutilisé"
La reconstruction de la sucrerie
En 1920, les dégâts subis par la sucrerie sont évalués à 1,5 millions de francs (valeurs 1914) et 22 millions (valeurs 1920). A partir de septembre 1921, le projet de reconstruction est lancé sous la houlette d'une nouvelle société industrielle, fondée à partir des anciennes sucreries Vion de Saint-Emilie, Sagnier de Cartigny et Carpeza d'Hervilly. Ensemble, elles forment la Société Vermandoise de Sucreries (S.V.S.). Dès lors, l'Office de la Reconstitution industrielle (O.R.I.) fixe le montant maximal d'engagement à 53 millions de francs. La réalisation est confiée à la Société Française de Constructions Mécaniques (anciens établissements Cail), installée à Denain, qui est particulièrement expérimentée dans ce domaine.
Dès sa remise en service, la capacité de traitement de la sucrerie est équivalente à ce qu'elle effectuait avant guerre.
Le nouvel établissement industriel fonctionne avec de nouvelles râperies dont celle de Cartigny, construite à l'emplacement de l'ancienne sucrerie.
Ses diverses installations ont été continuellement modernisées jusqu'au début du 4e quart du 20e siècle. La sucrerie de Sainte-Emilie a été reprise en 2012 par le groupe Cristal Union. Elle est l'une des six sucreries de betteraves en activité dans la région picarde.
Productivité
En 1913, la capacité de traitement de la sucrerie est de 1400 t. de betteraves / jour. Elle retrouve cette capacité de 1400 t. de betteraves / jour en 1927.