Dossier d’œuvre objet IM80000955 | Réalisé par
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • inventaire topographique, Amiens métropole
  • patrimoine funéraire
  • mobilier et objets religieux
Tombeau du coeur de Nicolas de Lannoy et Madeleine de Mutterel
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Amiénois
  • Commune Amiens
  • Adresse Ancienne église conventuelle des Cordeliers , rue des Cordeliers
  • Commune : Amiens,nouvelle église Saint-Rémi
  • Dénominations
    tombeau
  • Appellations
    de Nicolas de Lannoy et Madeleine de Mutterel

Les sources conservées aux archives départementales (série O) indiquent que le tombeau est restauré en 1847 (rétablissement des feuillages des chapiteaux et des pilastres, ornement de la frise de l'enfeu). En 1849, Charles Blanc considère que "ce monument n'est pas assez remarquable" pour bénéficier d'une subvention. Un dessin des frères Duthoit donne une représentation du tombeau au milieu du 19e siècle.

E. Soyez (1895) décrit le tombeau de Nicolas de Lannoy et de Magdeleine de Mutterel, dans son emplacement d´origine, le chœur de l´ancienne église conventuelle de cordeliers, avant son démontage en 1889. Les priants étaient alors tournés vers le maître-autel et la niche basse était fermée par une grille depuis quelques années. E. Soyez attribue ce tombeau du cœur, érigé en 1631, au sculpteur amiénois Nicolas Blasset (cf. annexe). Il mentionne des ornements en bronze doré disparus à la Révolution et souligne la grande importance donnée à l´architecture. R. Rodière (1919) retranscrit une description du tombeau faite en 1763 par Roland de La Platière.

L'épitaphier de Picardie (1925) indique que le tombeau est élevé du vivant des commanditaires, seul le cœur de François de Lannoy y fût porté en 1631.

C. Debrie (1995) indique que le tombeau s´élevait dans le chœur de l´église, largement financée par les membres de la famille de Lannoy, depuis 1484. Une inscription précise que le monument est offert aux religieux cordeliers en 1631. Il s´agit donc d´une œuvre de jeunesse de Nicolas Blasset, dont l´attribution n´est cependant confirmée par aucun document. L´artiste emprunte au modèle des tombeaux royaux (les priants, les transis et les vertus cardinales) pour produire une œuvre restée unique dans le nord de la France, le tombeau à double représentation. Très proche des tombeaux parisiens contemporains pour les priants, il constitue une étape intermédiaire entre Lucas et Baillon. L’œuvre initialement polychrome, pratique également originale dans la production de l'artiste, est la plus aboutie qui soit parvenue jusqu´à nous, "comme les artistes provinciaux qui lui sont contemporains, il se plaît à rechercher le caractère vrai des personnages tant sur la plan physique que psychologique".

Le tombeau d´applique en marbre présente une composition architecturée à deux niveaux. Le registre inférieur à avant-corps, en forme d´enfeu, contient deux statues en marbre blanc. Le fond de la niche est orné d´un bas-relief circulaire en marbre blanc, comme les bas-reliefs rectangulaires des pilastres. Le registre supérieur à trois travées, en forme de retable, contient trois statues et un bas-relief ovale en marbre blanc.

  • Catégories
    sculpture
  • Matériaux
    • marbre, gravé
    • calcaire
  • Précision dimensions

  • Précision représentations

    Registre inférieur : L'enfeu abrite les effigies des défunts en transis ; le bas-relief circulaire représente la résurrection de Lazarre ; les quatre bas-reliefs des pilastres représentent les vertus cardinales. La clef de l´arc est ornée d´une tête d´ange exprimant la douleur. Registre supérieur : La partie supérieure abrite les effigies des défunts en priants ; au centre une figure allégorique (ange de la Renommée, assis prenant appui sur un bouclier aux armes de Nicolas de Lannoy et foulant au pied une tête de mort) ; un bas-relief représentant la Résurrection. Blasons dans deux cartouches à l´arrière-plan (celui de Magdeleine de Mutterel est ceint du cordon de veuve) et au-dessus du fronton (avec collier de l´ordre de Saint-Michel). La corniche est surmontée de têtes de mort et d´urnes funéraires.

  • Inscriptions & marques
    • épitaphe
    • date
  • Précision inscriptions

    Epitaphe : NICOLAS DE LANNOY / [manque]LER CON[SEILL]ER DU ROY EN SES / CONSEILS DESTAT ET PRIVES / GOVVERNEVR DES VILLES ET / CÔTES DEVAVEC NOBLE DAME / MADGELEINE DE MVTERREL / DAME DE FAVVILLERS SA FEME / LESQUELS VOYEZ YCY RE / PRESENTES AV NATVRE ONT / PAR INTENTION DE PIETTE / ERIGE CE MAVSOLEE OFFERT / AVX RELIGIEVX CORDELIERS / 1631. Inscription [côté gauche] : HVC QVAMVIS PROPERANS MINIMVM TE SISTE VIATOR / ET POSITOS GELIDO IN MARMORE CERNE DVOS / QVANDO DVOS DIXI, TE RESPICE MEQVE, MORATVR / NOS EADEM IN VARIO FVNERE TERRA DVOS / ACCESSI PRIOR, VNA MANENT TE FATA, NEC VSQVAM / QVISQVIS ERIS, TVMVLO LONGIVS IRE POTES. Inscription (côté droit, sous la statue de Madeleine de Mutterel) : PROXIMA SVM FVNCTO CONIVX, VIX CVNCTA MARITO / QVI VIXIT POST HAEC FVNERA, VIVIT AMOR / POST CINERES, EST FLAMMA SVPERNAM PVLVERE AB ISTO / SVRGIT[non lu] ET E MEDIO MARMORE NATA VOLAT / EVGE DECVS NOSTRVM, NEXV IVNGANTVR OLIMPO : CORDA PARI, QVO SVNT PECTORA IVNCTA SOLO. Inscription (sous la statue de François de Lannoy) : HIC IACEO, SED VIVO TAMEN, NAM VITA SVPERSTES / HIC MANET, INQVE IPSO EST MARMORE TOTA SVPER / VITA MANET SVPERIS. ANIMVS QVI VIVIT IN ILLO / ESSE QVIS EXTINCTVM MARMORE POSSE PVTET ? / NEC MODO VIVO MEVM REDIVIVO IN SANGVINE PHOENIX / SIC IACEO, ET VIVO FUNERE, MENTE, MEIS. Inscription : VRNA TEGIT GEMINOS, ERRO, NAMQVE VNVS ET IDEM / HIC IACET VNA PRIVS MENS, FVIT VNVS AMOR / TENTAVIT DVPLICI MORS VIOLENTA TVLIT / QVOSQVE VNOS IVNGEBAT AMOR, QVOSQVE VNA RESOLVIT / MORS VNOS, VNO PULVERE TERRA FOVET.

  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre objet, 1904/05/25
  • Référence MH

Le tombeau du coeur de Nicolas de Lannoy et de Madeleine Mutterel, placé dans le chœur de l´ancienne église des Cordeliers, en 1631, est attribué au sculpteur amiénois Nicolas Blasset (1600-1659). C'est l'un des deux monuments funéraires élevés à la mémoire du couple, qui présente un contraste significatif avec le tombeau (PM60000712) de Daméraucourt (60). Ce dernier, placé dans une crypte, reproduit le modèle de celui de Jean de Lannoy, mort quelques années plus tôt. La forme du tombeau amiénois constitue un savant mélange entre la tradition Renaissance du tombeau et celle, baroque, du retable architecturé, dont on trouve d'autres exemples dans la cathédrale (monument du chanoine Guillaume Lucas). La forme du tombeau est une interprétation modernisée de l´enfeu, de la chapelle seigneuriale ou de la tribune seigneuriale, à laquelle apparaissaient les seigneurs.

Il offre une intéressante illustration de l'utilisation des modèles royaux par la noblesse de province au XVIIe siècle, encore influencée par la tradition humaniste. On peut, en effet, constater l'importance du thème religieux de la Résurrection, avec le parallèle établi entre les deux défunts couchés à demi nus et Lazare sortant de son tombeau, dans l'enfeu, alors que dans la partie haute, la Résurrection du Christ renvoie à l´immortalité également incarnée par le mode de représentation des priants, vivants et assistant éternellement à la messe. Ce procédé n'est plus perceptible depuis le déplacement du tombeau et la modification de la disposition des priants, qui font désormais face au spectateur. Cette éternité s´exprime également dans la représentation des corps nus, représentation fictive puisque les époux ne sont pas morts en même temps, c'est-à-dire que ce qu´on voit n´a pas pu avoir lieu. La représentation des priants est elle aussi riche de sens car le niveau supérieur peut représenter tout autant le passé que l´avenir montrant, non pas ce qu´on été les défunts, mais ce qu´ils sont devenus.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série O ; 99 O 223. Amiens. Eglises avant 1869.

Bibliographie

  • SOYEZ, Edmond. Amiens. Eglises Saint-Leu et Saint-Rémi. La Picardie historique et monumentale. Amiens : Yvert et Tellier, 1895.

  • RODIERE, Roger. "Le voyage de Roland de La Platière en Normandie et en Picardie". Bulletin de la société d'émulation d'Abbeville, 1919.

    p. 176
  • RODIERE, Roger. Epitaphier de Picardie. Mémoires de la société des Antiquaires de Picardie, tome 21. Amiens : Yvert et Tellier. Paris : Picard. 1925.

    p. 337-338
  • DEBRIE, Christine. Nicolas Blasset. Architecte et sculpteur ordinaire du Roi 1600-1659. Nouvelles éditions latines, 1985.

    p. 290-301 ; 427-430

Annexes

  • Annexe.
Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2006
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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