Comme souvent, la construction de l'outil de production est antérieure à celle de l'habitation. La reconstruction du premier entrepôt intervient très tôt dans la reconstruction de Bapaume : elle fait partie des 33 immeubles reconstruits en 1921, année qui marque réellement le démarrage de la reconstruction de la ville. M. Bouchez fait également partie des rares propriétaires (environ 1%) qui reconstruisent sans faire appel à un entrepreneur.
Les matériaux de construction des chais et de la maison sont identiques, au moins pour ce qui concerne la structure : briques pour les murs, linteaux des baies en béton, sol en béton... mais la façade principale de la villa bénéficie d'un parement en meulière et le reste des murs est enduit au crépi tyrolien alors que les soubassements des entrepôts et des chais sont enduits en ciment. Les jambages des baies sont en brique nue pour les entrepôts et non recouverts de ciment crépi comme ceux de la villa, et les linteaux des chais sont en fer IPN et non en ciment comme pour la villa. Enfin, aucun des murs des grandes ailes ne bénéficie d'un traitement décoratif, hormis le jeu sur les enduits recouvrant les linteaux et le calepinage de briques blanches au dessus des baies des pavillons.
La villa est construite en style anglo-normand. Ce style, déjà à la mode dans la petite et moyenne bourgeoisie depuis la fin du 19e siècle multiplie les références à l’architecture de villégiature dont il est issu : complexité des volumes de toiture avec multiplication des demi-croupes ; combles à surcroît ; rythme et décor des cheminées sur les toitures en tuiles ; importance des bow-windows ou des loggia et des balcons, l'utilisation de meulière (ou de fausse meulière) pour le parement des mur. On compte à Bapaume quelques exemples de villas, comme la maison du propriétaire de la scierie Lenain-Delcroix, rue de Douai ou la villa construite par Paul Auger pour le même Prosper Bouchez rue du Faubourg de Péronne.
La description de l'activité de l'entreprise en 1942 indique que Prosper Bouchez avait également fait construire des maisons ouvrières pour loger une partie de son personnel qui comptait une cinquantaine d'employés. Le dossier de demande de dommages de guerre conservé aux AD du Pas-de-Calais (10R9/4, dossier n°90) mentionne deux ensembles de deux maisons à deux unités d'habitation confiées à A. Wigniolle en avril 1923, situées rue du faubourg de Péronne et route de Ligy-Thilloy. Ces adresses étant proches de l'entreprise Bouchez, on peut penser qu'il s'agit des maisons destinées à son personnel.
Photographe au service régional de l'Inventaire général du patrimoine culturel.