Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.
Chargée de projets et documentaliste à l'Ecomusée de l'Avesnois
- patrimoine industriel, Empreintes industrielles - patrimoine textile de l'Avesnois-Thiérache
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Thibaut PierreThibaut Pierre
Photographe du service régional de l'Inventaire général Hauts-de-France.
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
- (c) Écomusée de l’Avesnois Fourmies-Trélon
Dossier non géolocalisé
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Aires d'étudesCommunauté de communes du Sud Avesnois, Communauté de communes des Trois Rivières, Communauté de communes de la Thiérache du Centre
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Adresse
- Commune : Fourmies
- Commune : Étrœungt
- Commune : Glageon
- Commune : Mondrepuis
- Commune : Sains-Richaumont
- Commune : Trélon
- Commune : Wignehies
I. Contexte institutionnel et objectifs
L'opération d'inventaire du patrimoine industriel textile de la région de Fourmies s'inscrit dans le cadre d'une collaboration avec l'Écomusée de l'Avesnois, porteur du projet intitulé "Empreintes industrielles". Après avoir participé à un premier volet consacré au patrimoine verrier de ce territoire en 2021 et 2022, le Service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la Région Hauts-de-France a souhaité renouveler sa collaboration avec l'Écomusée de l'Avesnois en s'engageant plus fortement dans l'étude du patrimoine textile, second volet du programme "empreintes industrielles" consacré à cette thématique.
L'objectif de l'étude est d'améliorer la connaissance historique et patrimoniale de cette industrie qui a été majeure pour la ville de Fourmies et ses communes environnantes, au point d'occuper la première place au niveau national à la fin du XIXe siècle, devançant même d'autres centres réputés comme Roubaix. Elle a cependant subi aussi les effets de la désindustrialisation et, depuis les années 1950, elle a tendance à disparaître de la mémoire collective. Jusqu'alors, le service de l'Inventaire était intervenu ponctuellement, et parfois même dans l'urgence des démolitions programmées. À Fourmies, l'Écomusée de l'Avesnois, dont la création est directement liée à cette mission de sauvegarde du patrimoine industriel textile. Les deux structures ont souhaité mettre leurs compétences en commun pour améliorer la connaissance des dizaines de peignages, filatures ou tissages de laine qui ont façonné la ville de Fourmies et les communes environnantes.
Le second objectif est d'exploiter les fonds d'archives et les collections dont l’Écomusée est dépositaire et de les valoriser, soit directement par l'établissement culturel, soit indirectement pour les projets d'aménagement du territoire et de d'accompagnement régional dans le cadre de l’accélérateur Rev3 Sambre-Avesnois, ou encore dans le cadre du développement touristique du territoire.
Enfin, dans le but de conserver la mémoire de l'industrie textile tout en apportant un autre regard sur ces édifices parfois en friche, un double regard photographique est développé sur cette opération : l'un, documentaire, mené par le photographe du service de l'Inventaire du patrimoine de la Région Hauts-de-France ; l'autre, artistique et personnel dans le cadre d'une résidence artistique portée l'Écomusée de l'Avesnois.
II. Descriptif de l'opération
A. Délimitation de l'aire d'étude
Le périmètre de l'aire d'étude est défini par les communes dans lesquelles l'industrie textile, et en particulier la filature de laine, a été particulièrement développée. Compte tenu du délai imparti à cette étude (voir ci-dessous), le choix a été de concentrer les moyens sur les communes de Fourmies et Wignehies, qui, à elles seules, concentrent la majeure partie des peignages et des filatures de laine. Cette approche est complétée par l'étude des filatures présentes dans les communes d'Etrœungt, de Glageon, de Mondrepuis, et Trélon. Plus à l'écart, la commune de Sains-Richaumont a été intégrée pour rendre intelligible l'organisation et la structuration d'une autre des grandes filatures de Fourmies : la filature Divry.
Une seconde phase était envisagée sur les communes d'Anor, Avesnelles, Avesnes-sur-Helpe, Felleries, Hirson, La Capelle, Ohain, Sains-du-Nord, Saint-Souplet, Signy-l'Abbaye et Solre-le-Château. Ces différentes communes constituent autant de centres d'activité textile où un établissement au moins a été identifié, lequel ayant été le plus souvent adhérent à la Société des Filatures de laine peignée de la Région de Fourmies, créée en 1919. Faute de moyens humains suffisants à partir du second semestre 2024 et en 2025, cette seconde phase ne pourra être menée dans la continuité de la première phase.
Configuration du territoire
Périodisation
Les débuts de l'industrie lainière débutent à Fourmies en 1825 et vont connaître une croissance exponentielle après le milieu du XIXe siècle où se développent à la fois un savoir-faire reconnu et un outil de production performant favorisé à la fois par la présence de cours d'eau comme l'Helpe-mineure ou la Marnoise ainsi que par la mise en service de plusieurs lignes ferroviaires qui permettent aux usines d'être approvisionnées en charbon et en matières premières de qualité. La combinaison de ces différents facteurs permet à l'industrie lainière de la région de Fourmies de se hisser au premier rang national de production de fils de laine à la fin du XIXe siècle. Si la ville de Fourmies constitue évidemment le centre de cette industrie - et bénéficie d'une attention particulière dans l'étude -, elle entraine avec elle toutes les autres communes alentour, et notamment celles qui bénéficient de la traversée d'une rivière, utilisée davantage pour le dégraissage des laines que pour la force hydraulique qu'elle pouvait apporter au fonctionnement des machines.
Malheureusement, en parallèle, cette notoriété va attirer une concurrence qui petit à petit va lui être fatale. Dès les dernières décennies du XIXe siècle, les signes de déclin apparaissent avec notamment un travail à façon par la concurrence roubaisienne (qui croît de plus en plus), et un rachat progressif de certains établissements fourmisiens. La Première Guerre mondiale va avoir tendance à accélérer ce phénomène et ce, malgré la création d'un véritable consortium industriel avec la SFRF créée en 1919.
La crise économique des années 1950-1960 portera un coup fatal à l'industrie lainière de la région de Fourmies. Des dizaines de filatures ferment alors leurs portes, laissant autant de sites industriels à l'abandon. Si certains trouvent une reconversion dans d'autres secteurs industriels, à l'image de l'ancienne filature des Douze-apôtres de Fourmies (IA59005718) qui, à partir de 1956 accueille l'usine de matériel électroménager Bendix. D'autres comme la fameuse filature du Malakoff (IA59005487) fondée par Théophile Legrand, sont reprises par les municipalités avant de procéder à leur démolition et les intégrer dans des programmes de rénovation urbaine. Ces phases de transition ont été l'occasion d'une prise de conscience de l'effacement de la mémoire industrielle de tout un territoire. Elle a conduit l'Inventaire du patrimoine à lancer plusieurs opérations d'urgence, en réalisant notamment une couverture photographique des sites avant leur destruction. À la même époque, l'Écomusée de l'industrie textile et de la vie sociale a été créé avec une mission de sauvegarde des archives et d'un certain nombre de machines textiles emblématiques de cette industrie. En 1980, cette structure est installée dans l'ancienne filature Masurel, (IA59005488) dont l'activité s'était arrêtée en 1978.
B. Les enjeux scientifiques
Les problématiques
Bien que partielle, la première phase de cette étude consacrée à l'industrie de la laine dans la région de Fourmies permet d'illustrer et de localiser avec précision les débuts de cette industrie à Fourmies, de suivre son évolution durant plus d'un siècle, d'en apprécier son rayonnement jusqu'à son déclin, voire son effacement du paysage urbain ou sa reconversion.
Les sites industriels sélectionnés soulignent également l'interdépendance des sociétés entre elles, tant dans la spécialisation de leur production que dans leur association capitalistique ou dans leurs nombreuses filiations familiales. Cette solidarité économique poussera les industriels à créer un bureau de mesurage et de conditionnement des laines, dit Condition publique (IA59005624) en 1879, et dans la foulée une école professionnelle de commerce et d'industrie (IA59005624) en 1881. Ces structures, financées par les industriels eux-mêmes, ont été les premières étapes de la fondation de la Société des Filatures de laine de la Région de Fourmies (SFRF) créée en 1919 pour reconstituer le plus rapidement possible l'outil de production et relancer l'industrie lainière afin de limiter les effets de la concurrence d'autres centres lainiers.
Enfin, le dernier axe a été de parvenir à expliciter les interactions des sites de production entre eux, en distinguant les peignages, les filatures et les tissages de laine, mais aussi à relier ces sites de production, parfois détruits, avec les cités ouvrières et les demeures des industriels qui, parfois constituent les derniers éléments visibles de la réussite industrielle textile, à l'image du château de la Marlière (IA59005670), demeure de Théophile Legrand.
C. Les modes d'approche
Les recherches documentaires et enquêtes de terrain
Les recherches documentaires ont été effectuées à partir des séries spécifiques des Archives départementales : séries S, M et R, mais aussi des fonds issus des entreprises déposés à l'Écomusée de l'Avesnois, de sa documentation disponible, des archives communales, des collections et des ressources en ligne (Archives départementales du Nord et de l'Aisne, BNF, Bibliothèque numérique de Valenciennes).
L'enquête de terrain a permis de croiser les sources et les éléments cartographiques (notamment les plans de cadastres de 1885 et le plan industriel et commercial de Fourmies et Wignehies de 1898) avec la réalité actuelle des sites industriels repérés et parfois encore existants. Avec parfois aussi l'aide d'habitants ou d'érudits locaux, cette phase a permis de construire et comprendre les liens des sites de production avec les cités ouvrières ou les demeures des industriels.
Restitution : les dossiers
L'entrée principale à cette étude peut s'effectuer par le dossier de synthèse, dit dossier de présentation de l'étude (IA00131838), qui évoque les principales périodes de l'industrie lainière de la région de Fourmies ainsi que sa structuration sociale et économique. Les 42 dossiers individuels issus de la première phase de recherche illustrent la richesse et la complexité des rapports industriels entretenus durant un peu plus d'un siècle, à Fourmies même, mais aussi dans la commune limitrophe de Wignehies et dans quatre autres communes alentour. Ces dossiers concernent aussi bien des sites industriels (dans le sens de lieux de production), disparus ou pas, ainsi que les cités ouvrières ou les demeures d'industriels qui y sont associées.
Parmi ces dossiers, 8 font écho à la sélection élaborée par le projet Empreintes industrielles développée par l'Ecomusée de l'Avesnois et consultable sur le site dédié : https://www.empreintes-industrielles.fr/. Ce site vient compléter les dossiers d'inventaire consultables sur https://inventaire.hautsdefrance.fr/
Le calendrier
L'étude consacrée à l'industrie lainière de la région de Fourmies est programmée sur 15 mois à temps partiel entre octobre 2023 et janvier 2025. La phase de recherche documentaire et dépouillement des archives a été menée en parallèle des campagnes de terrain durant les dix premiers mois. Les cinq derniers mois ont été consacrés à des recherches documentaires d'approfondissement, à la réalisation cartographique et à la rédaction des dossiers. La seconde phase qui était prévue en 2025 ne pourra pas être réalisée, faute de moyens humains suffisants.
III- Les moyens scientifiques et techniques
L'inventaire est conduit selon les normes nationales de l’Inventaire général du patrimoine culturel et dans le respect de ses prescriptions méthodologiques et techniques, sous la supervision du chef de service.
L'étude est conduite par un chercheur chef de projet et responsable d'opération. Il est chargé de de la coordination des équipes, des études de terrain, de la sélection des dossiers et de leur rédaction. Sa mission est évaluée à 50 % ETP. Il est épaulé d'un second chercheur du service de l'Inventaire, dont la fonction est surtout les dépouillements aux Archives départementales du Nord et la saisie des données cartographiques et statistiques. Une chargée d'études documentaires, missionnée pour l’Écomusée de l'Avesnois sur le projet Empreintes industrielles, est également associée - notamment sur les recherches documentaires au centre de ressources documentaires de l’Écomusée ainsi que sur le dépouillement des archives d'entreprises déposées. L'ensemble des dossiers est constitué dans le logiciel Gertrude.
Les prises de vues destinées à l'illustration des dossiers d'inventaire et leur immatriculation sont intégralement réalisées par un photographe du service de l'Inventaire. Un second photographe a réalisé une mission parallèle pour le projet Empreintes industrielles sur 8 sites sélectionnés par l’Écomusée de l'Avesnois.
Les cartes et plans d'édifices sont réalisés par le chercheur dédié à ces aspects ainsi que par le dessinateur-graphiste du service de l'Inventaire.
La relecture des dossiers, préalable à leur diffusion, est assurée par les documentalistes chargées des bases de données iconographiques et textuelles. L'ensemble est relu et validé par le chef du service de l'Inventaire.
La valorisation de l'étude est du ressort de la chargée de mission Valorisation du service de l'Inventaire. Dans le cadre de ses missions définies au sein du projet Empreintes industrielles, l'Écomusée de l'Avesnois valorise les fonds d'archives, les collections iconographiques et le travail du photographe en résidence par le biais d'un site internet dédié et une publication éditée par Invenit.
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