Dossier d’œuvre architecture IA59005617 | Réalisé par
Fournier Bertrand (Rédacteur)
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
Ramette Jean-Marc (Rédacteur)
Ramette Jean-Marc

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • patrimoine industriel, Empreintes industrielles - patrimoine textile de l'Avesnois-Thiérache
Filature et tissage de laine peignée Théophile Legrand, puis Les fils de Théophile Legrand, puis tissage et usine de construction mécanique Adrien Legrand & Cie, actuellement entrepôt industriel de la communauté d'Emmaüs
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) Écomusée de l’Avesnois Fourmies-Trélon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes des Trois Rivières - Hirson
  • Hydrographies Rivière de Glageon
  • Commune Glageon
  • Adresse 2 rue du Moulin
  • Cadastre 2023 0B 73 à 75, 83 à 94  ; 1823 A2 203, 204, 205  ; 1885 B1 66 à 86, 123, 127, 131 à 133, 138, 141, 142, 146, 147, 150, 151 Propriétés de Léon Legrand d'après le tableau indicatif du cadastre de 1885 (AD Nord ; P35/649)
  • Dénominations
    filature, usine de construction mécanique, tissage
  • Précision dénomination
    filature de laine, tissage de laine
  • Appellations
    Théophile Legrand, Les fils de Théophile Legrand, Adrien Legrand & Cie
  • Destinations
    entrepôt industriel
  • Parties constituantes non étudiées
    logement de contremaître, logement d'ouvriers, cheminée d'usine, salle des machines, atelier de fabrication, atelier de conditionnement, bureau

Sous l'Ancien Régime, le site est d'abord occupé par un moulin à grains, dit à "écoudre l'épeautre", appartenant en 1809 à la famille d'Aremberg de Bruxelles (Moulins en Avesnois au fil de l'eau). Durant la première moitié du XIXe siècle, les sources ne permettent toutefois pas de connaître l'évolution du site.

Le moulin est repris en 1864 par la société des Établissements Legrand de Glageon, fondés par Théophile Legrand, au moment où celui-ci cède ses usines fourmisiennes, dont la filature du Malakoff (IA59005487) à ses fils (Le Monde illustré, 1921, p. 84). À l'instar de sa première usine installée à Fourmies en 1825, Théophile Legrand transforme l'ancien moulin en filature et utilise l'énergie hydraulique pour actionner des métiers à filer (Moulins en Avesnois au fil de l'eau). Le plan réalisé d'après l'état plus tardif de 1920 présente bien encore cette ancienne filature (n°4) alimentée par un conduit d'amenée de la rivière qui passe sous le bâtiment.

En 1870, la filature est complétée d'une unité de tissage mécanique érigée côté nord, comme l'atteste le plan cadastral de 1885 (AD Nord ; P 35 / 649). Elle dispose alors d'une centaine de métiers à tisser (Enquête parlementaire sur le régime économique. Industries textiles. t. II : Laine, 1870).

En 1883, la filature est englobée au sein d'une nouvelle société constituée par Marie-Louis-Charles Legrand, manufacturier à Fourmies, Léon-Théophile-Xavier Legrand, Jean-Baptiste-Théophile-Adrien Legrand et Edgar-Théophile-Agnan Legrand. Cette nouvelle société en commandite, constituée le 21 décembre 1883 devant Me Azambre, notaire à Fourmies, est dénommée "Les fils de Théophile Legrand". Elle regroupe alors trois établissements à usage de peignage, de filature de laine et tissage mécanique, situés à Glageon et du tissage de laine dit Malakoff situé à Fourmies (IA59005487).

En 1896, chaque établissement reprend son entité propre. La filature de laine peignée et tissage de Glageon passe sous la direction d'Adrien Legrand & Cie. La société qu'il dirige conserve toutefois l'appellation "Maison Les fils de Théophile Legrand" et dispose alors d'un capital social de 1 250 000 francs.

Au cours de la Première Guerre mondiale, l'usine est entièrement incendiée et le matériel industriel détruit. La filature, connue dès lors sous le nom de Filature du Moulin, est cédée à la Société des Filatures de laines peignées de la Région de Fourmies (SFRF) le 29 décembre 1919 (AD Nord ; 10 R 4435). Les travaux de reconstitution et de reconstruction sont placés sous la direction de l'architecte Henri Lafitte, qui réalise également l'extension du tissage. L'ensemble des travaux est achevé rapidement et permet la remise en route des unités de production le 15 septembre 1920. L'industriel en profite également pour répondre à un besoin local de machines en créant en même temps une unité de construction mécanique, spécialisée dans la fabrication de machines textiles (Bulletin des régions libérées, 22 janvier 1921).

L'usine reste en activité jusqu'en 1980 avant que ses bâtiments n'accueillent la communauté d'Emmaüs à partir de 1984.

Énergie et équipement industriel

En 1809, le moulin à grains (blé) est équipé de deux roues hydrauliques.

En 1870, L'usine comporte un atelier de filature de 5 400 broches renvideurs self-acting et 440 broches à bras dits mule-jennys, soit 5840 broches. Le tissage mécanique dispose quant à lui de 100 métiers à tisser (Enquête parlementaire sur le régime économique. Industries textiles. t. II : Laine, 1870).

En 1899, la filature est dotée de 12 340 broches self-acting et de 302 métiers à tisser (Statistique de la Société industrielle de la Région de Fourmies, 1899). En 1914, l'état des filatures en dénombrait un peu plus (13 100 broches), toutes détruites durant la guerre, avec la machine à vapeur qui les faisait fonctionner.

Effectifs et approche sociale

En 1938, l'établissement emploie 113 ouvriers (ANMT ; 1995 014 144).

 

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle , daté par source
    • Secondaire : 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1864, daté par source
    • 1920, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Lafitte Henri
      Lafitte Henri

      Henri Lafitte est un architecte né en 1888 à Fourmies (Nord) et décédé en 1966 à Mondrepuis (Aisne). De douze à quinze ans, il doit garder le domicile familial pour raison de santé. Il se forme alors précocement à la peinture et à l'architecture au contact de son père (Jean Lafitte, architecte) et de ses frères (Jean-Paul, peintre et Jacques, architecte). Vers 1903, il entre à l'école pratique de Maubeuge où il apprend à travailler le bois et le fer. Il poursuit sa formation à l'École des Beaux-Arts de Paris et obtient son diplôme d'architecte en 1922. Il est systématiquement associé à son frère Jacques jusqu'en 1930 environ. S'ils conçoivent ensemble l'architecture d'un bâtiment, Henri semble en revanche se réserver la conception globale du décor et du mobilier qu'il réalise souvent lui-même (peinture murale, sculpture, sgraffite, ferronnerie d'art, menuiserie, mosaïque...). Après la Seconde guerre mondiale, avec son fils Eric, architecte également, il participe à la reconstruction de Maubeuge sous l'autorité d'André Lurçat.

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      architecte attribution par source

Le site industriel qui s'est développé à partir d'un moulin à grains est implanté au nord du village de Glageon, le long de la rue du Moulin. Il occupe une surface d'1,8 ha, traversé par le rieu des Hameaux également appelé rivière de Glageon. De nombreux bâtiments ont été détruits depuis les années 1980, à l'image de l'atelier de préparation (n°1 du plan de la filature et du tissage mécanique Adrien Legrand, d'après un plan de 1920), du grand atelier de tissage (n°16), dont il ne reste qu'un fragment, ainsi que de la grande filature (n°2), des bureaux (n°19 et 20) ou de la cheminée (n°9) qui ont également été démontés pour aménager de nouvelles voies de circulation, des aires de stationnement, de déchargement ou de tri.

Parmi les éléments qui subsistent figurent les ateliers de l'ancienne filature (n°4). Construits en brique. ils se développent sur huit travées en sheds à charpente métallique apparente rivetée, reposant sur des colonnes de fonte couronnées de chapiteaux. Chaque travée porte la trace d'encadrement de larges fenêtres aveugles au rez-de-chaussée. À l'ouest, la nouvelle filature (n°2) et la salle des renvideurs attenante (n°3) ont certes perdu une partie de leurs espaces, mais la partie qui a été préservée est construite en brique, largement éclairée de fenêtres horizontales cintrées. L'intérieur de l'atelier est à charpente métallique apparente supportant transversalement un plafond en voûtains.

L'ancien grand tissage (n°16) et son extension de 1920 se réduisent aujourd'hui à deux travées couvertes en sheds ; il est segmenté sur une portion de 25 m de long. Les autres ateliers présents sur le site ont également fait l'objet de remaniements importants dans les matériaux de couverture, le plus souvent en tôle galvanisée nervurée, ou dans le percement des ouvertures, à l'image de l'ancien magasin aux laines (n°12).

Le bâtiment jouxtant la salle des générateurs (n°8) est également construit en brique recouverte d'un enduit de ciment. Il comporte un étage distribué par un escalier droit hors-œuvre qui s'appuie au droit de l'élévation.

En dehors du site de production proprement dit, la rue du Moulin accueille à la fois le logement patronal ou de direction, ainsi que plusieurs logements. Face à l'usine, la maison patronale est implantée en retrait de la rue. Construite en brique, elle présente une élévation ordonnancée de trois travées, bâties sur cave, avec un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et comble à surcroît. L'ensemble est couvert d'un toit en ardoise à longs pans et croupes. Les ouvertures à angles supérieurs arrondis ont été remaniées d'un bandeau de ciment en encadrement, à l'exception de l'entrée.

Les logements ouvriers, au nombre de six, groupés deux à deux de type maisons jumelles, sont implantés à l'ouest de la rue du Moulin en retrait de l'alignement de la rue, laissant un petit jardinet à l'avant. Ils sont construits en brique, à un étage de comble coiffé d'une toiture en ardoise, à longs pans et pignons couverts ou avec demi croupes. Chaque unité de logement dispose d'une porte et d'une fenêtre en rez-de-chaussée. Les combles à surcroît sont aveugles en façade et ne sont éclairés que par d'étroites fenêtres rectangulaires dans les pignons. Chaque logement dispose d'un garage adossé à chacun des pignons.

  • Murs
    • brique
  • Toits
    ardoise, tôle galvanisée, verre en couverture
  • Étages
    1 étage carré, comble à surcroît, rez-de-chaussée surélevé
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
    • charpente métallique apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans demi-croupe
    • shed pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit
  • Énergies
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Le présent dossier d'étude a été réalisé en 2024 par le Service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la Région Hauts-de-France, en partenariat avec l'Écomusée de l'Avesnois, dans le cadre du projet Empreintes industrielles. Il a bénéficié de l'aide précieuse et du travail de recherche de monsieur Jean-Yves Tordeux que le service de l'Inventaire remercie chaleureusement.

Documents d'archives

  • Écomusée de l’Avesnois, Fourmies. [non coté]. [Plans, vues, coupes et élévations. Archives de l'usine Adrien Legrand & Cie à Glageon (Nord)], ca 1890-1930.

  • ANMT Roubaix. 1995 014 144 : Syndicat patronal textile de Fourmies et du cambraisis. Enquête et statistiques : liste des établissements par date de création et fermeture, 1926-1939.

Bibliographie

  • FRANCE. Ministère des régions libérées. Bulletin des Régions libérées : reconstitution d'établissements sinistrés [en ligne], 22 janvier 1921.

    p. 82.
  • Statistique du peignage, de la filature et du tissage mécanique dans le rayon de Fourmies. Enquête parlementaire sur le régime économique, industrie textile, t. 2 : laine. Paris, : Imp. du Journal officiel, 1870.

  • Enquête parlementaire sur le régime économique. Industries textiles. t. II : Laine, 1870.

Périodiques

  • La Reconstitution des régions dévastées : Mines du Nord et du Pas-de-Calais. Maubeuge (1918-1921). Le Monde illustré, Paris, Imprimerie E. Defossés, 15 mars 1921, tome 3.

    p. 84
  • Acte de constitution de société Les fils de Théophile Legrand. Journal de Fourmies, 30 décembre 1883.

  • Acte de constitution de société Adrien Legrand & Cie. Journal de Fourmies, 2 avril 1896.

Documents figurés

  • Glageon, extrait du plan cadastral de 1823, feuille A2 (AD Nord, Série P : 31/710).

  • Plan masse des Établissements Legrand, extrait du plan cadastral de 1885, section B1 (AD Nord. Série P : P 31/710).

  • Plan, coupes et élévations du bâtiment des générateurs de l'usine d'Adrien Legrand & Cie à Glageon (Nord), encre et lavis sur papier, 10 décembre 1891 (Fourmies; Écomusée de l’Avesnois ; non coté).

  • Plan masse des établissements Legrand, extrait du plan cadastral de 1885, section B1 (AD Nord ; P 35 / 649).

  • Plan, coupes et élévations de la salle des machines chez Legrand fils à Glageon par Carels frères, constructeurs à Gand, encre et lavis sur papier, 13 mai 1891 (Fourmies. Écomusée de l’Avesnois ; non coté).

  • Plan, coupes et élévations du bâtiment des générateurs de l'usine d'Adrien Legrand & Cie à Glageon (Nord). Encre et lavis sur papier, 10 décembre 1891 (Fourmies ; Écomusée de l’Avesnois).

  • Plan pour l'agrandissement du tissage d'Adrien Legrand, crayon sur papier, juillet 1914 (Fourmies. Écomusée de l’Avesnois, non coté).

  • Commune de Glageon. Office de reconstitution industrielle. Dossier de dommages de guerre des Etablissements Adrien Legrand, 1919 (AD Nord : 10 R 4435a).

  • Usine Adrien Legrand à Glageon, coupes de l'ancien bâtiment des machines et salle des générateurs, plan bleu, au 1/100e, [vers 1920] (Fourmies. Écomusée de l'Avesnois ; non coté).

  • Plan de reconstruction de l'usine Adrien Legrand & Cie, encre sur calque, 8 janvier 1920 au 1/200e (Fourmies. Écomusée de l’Avesnois ; non coté).

  • Plan, coupe et élévation longitudinale du tissage n° 3, par Dupont, architecte, encre sur calque, 6 mars 1920 (Fourmies. Écomusée de l’Avesnois ; non coté).

  • Coupe du bâti en fonte n°1 d'une machine textile portant les initiales ALC pour Adrien Legrand & Cie, dessin technique à l'encre sur calque, 1920 (Fourmies. Écomusée de l’Avesnois ; non coté).

  • Lettre commerciale à en-tête Adrien Legrand, tissage et atelier de construction de machines et appareils de l'industrie textile à Glageon (Fourmies. Écomusée de l’Avesnois ; n.c.).

  • Coupe d'une brosseuse épetisseuse fabriquée à l'atelier de construction Adrien Legrand & Cie, dessin technique à l'encre sur calque, [ap. 1920] (Fourmies. Écomusée de l’Avesnois ; non coté).

  • Plan légendé pour l'installation de l'éclairage et des moteurs des bâtiments de l'usine Adrien Legrand à Glageon, crayon sur papier, [s.d.] (Fourmies. Écomusée de l’Avesnois ; non coté).

Annexes

  • SFRF :  Société des Filatures de laine peignée de la Région de Fourmies 
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Écomusée de l’Avesnois
Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Ramette Jean-Marc
Ramette Jean-Marc

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.