Dossier d’œuvre architecture IA59005729 | Réalisé par
Girard Karine (Rédacteur)
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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  • inventaire topographique, Le Quesnoy centre
Ensemble de deux maisons à pignon sur rue
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Pays de Mormal
  • Commune Le Quesnoy
  • Adresse 1-3 place Saint-Michel
  • Cadastre 2024 E 576, 578  ; 1897 E 758, 759  ; 1817 E 600, 601

Les deux maisons ont été construites en même temps et forment un ensemble. Elles partagent la même toiture et la même élévation.

La partie droite de la maison porte la date de 1709. La présence d'une toiture à longs pans et croupes, les encadrements de baies en calcaire en chaîne harpée, les cordons en calcaire qui traversent la façade ou les cartouches baroques dans les pleins de travées entre le second et le troisième niveau, viennent confirmer cette datation.

Les maisons apparaissent déjà bâties sur le cadastre de 1817. La maison n°1 est directement accolée au n°2 rue Théau, mais la n°3 dispose d'une grande cour à l'arrière. Elles appartiennent à des propriétaires différents : un marchand au n°1 et un cabaretier au n°3. C'est toujours le cas en 1897, ainsi que l'indique l'état de section. Celui du n°1 appartient à un notaire qui y habite, et le n°3 est la propriété d'un rentier qui le loue à un cabaretier... il semble donc y avoir eu une continuité de fonction pour cette maison au cours du XIXe siècle !

Cette maison, dont la façade sur le jardin de l'église est également percée de baies, compte 22 fenêtres et/ou portes. Ce nombre de baies s'explique par la prise en compte, en plus de la façade principale, des baies situées sur la façade latérale. Entre 1817 et 1897, elle est complétée d'un grand hangar qui vient empiéter sur la surface de la cour. Il est aujourd'hui disparu et remplacé par des garages.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 18e siècle , (incertitude)
  • Dates
    • 1709, porte la date

L'immeuble occupe tout le côté ouest de la place Saint-Michel. Côté nord, il est séparé de l'hôtel de ville par une petite ruelle, et est mitoyen des immeubles de la rue Théau côté ouest. La vue des immeubles depuis la place de l'église montre que la maison n°3 est plus profonde que sa voisine.

Les deux maisons comptent deux étages carrés et un étage de combles. Bien qu'elles présentent une forme identique (débordante à longs pans avec coyau et croupe couverte en ardoises), les deux parties de la toiture sont séparées par un petit muret. Elle est percée d'une lucarne à guitare à gauche (typique du XVIIIe siècle au Quesnoy) et d'une lucarne jacobine à droite. Côté place de l'église, la toiture est percée d'une lucarne pendante. L'apparition des lucarnes sur les toitures est typique du XVIIIe siècle : elle permet d'apporter de la lumière dans des combles, autrefois éclairés par la (ou les) fenêtre(s) perçant le pignon. La toiture est soutenue par de petits corbeaux en bois en forme de console.

L'immeuble est construit en briques posées en appareil picard, recouvertes d'un badigeon pour la partie gauche. Il n'y a pas de soubassement visible sur les façades avant, mais ce dernier, en moellons de grès, est présent sur la façade latérale place de l'Église. Il a sans doute disparu lors des modifications des façades pour y accueillir des vitrines. L'angle de l'immeuble avec la rue Théau a conservé sa chaine harpée en moellons de calcaire pour les niveaux supérieurs, ainsi que des pilastres avec chapiteaux cubiques au premier niveau. Un peu après l'angle, le mur rue Théau conserve un seul chapiteau qui surmonte une chaine harpée : cette disposition laisse penser qu'une porte était percée dans ce pan de mur.

Au second et troisième niveaux, les façades présentent une organisation en travées. Les baies sont couvertes par un arc segmentaire. Cependant, sur la façade du n°1, elles ont été refaites au XIXe siècle ainsi qu'en atteste la pose des briques de l'arc (alternance de deux briques posées en boutisses debout et d'une panneresse debout ainsi que l'arc s'arrêtant au droit des pieds-droits). Celles du n°3 datent de l'origine de la maison : leur encadrement présente un arc appareillé et des pieds-droits en chaine harpée. Le nez de l'arc est délardé. Tous ces éléments sont typiques du XVIIIe siècle.

Les cordons larmiers et bandeaux qui rythment l'élévation des façades se poursuivent d'un immeuble à l'autre mais présentent des aspects différents : plat en brique pour la partie gauche refaite au XIXe siècle, moulurés en calcaire pour ceux de la partie droite du XVIIIe siècle. Cependant, sur la façade de la rue Théau, les cordons larmiers en brique des deux niveaux supérieurs se poursuivent par un gros boudin identique à celui du troisième niveau de la façade du n°3.

À chaque niveau, les chambranles à cru des baies reposent sur un cordon larmier. Les baies sont surmontées d'une corniche qui court sur toute la largeur de la façade. Elle délimite, avec le cordon larmier du niveau supérieur, un plein de travée qui accueille les cartouches. Sur le côté gauche, ces derniers ont été remplacés par de petits motifs cruciformes affleurés. Côté droit ils portent, entre le second et le troisième niveau, deux cartouches baroques dans le style de ceux inventés par le Rosso pour le château de Fontainebleau, bien que la partie haute du cartouche ressemble à un mufle et pas seulement à des volutes. Ils portent le texte "ANNO" (à gauche) et la date de 1709 (à droite). Dans le bandeau d'attique délimité par la corniche couronnant les baies du troisième niveau et la corniche, deux pierres sculptées de bustes de personnages adossés autour d'une forme ressemblant à un gland sont visibles. L'état d'usure ne permet pas de savoir s'il s'agit d'hommes ou de femmes.

Côté gauche, au milieu du plein de travée entre les deuxième et troisième niveaux et au centre de la façade, se trouve un décor à motif réalisé en calepinage de briques : une bande de briques posées en panneresses de biais est encadrée par deux rangées de briques posées en boutisses debout.

Analyse

L'immeuble est l'un des rares avec une date portée, dont on ne compte que dix-huit exemples intra-muros, dont sept du XVIIIe siècle.

La façade du n°3, particulièrement bien conservée, présente de nombreux éléments caractéristiques de l'architecture quercitaine du début du XVIIIe siècle, qu'il s'agisse de l'association entre l'appareillage de briques posées en appareil picard et un soubassement en grès, de l'entourage des baies avec leur arc appareillé et les pieds-droits en chaine harpée, ou des décors baroquisants dans les pleins de travées. Ces cartouches ou agrafes baroques disparaitront dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, qui revient à un style plus classique.

La maison trouve son alter ego dans celle située n°23, rue Thiers (IA59005764) qui présente la même élévation, le même appareillage de brique, les mêmes encadrements de baies et bandeaux en calcaire traversant la façade et les mêmes cartouches baroquisants dans les pleins de travées.

En revanche, elle est assez différente de celle, pourtant datée de 1707, située 6, rue George-V (IA59005685) : les baies ne sont pas prises dans une travée brugeoise, leur encadrement (arc comme pieds-droits) est appareillé, et bien que dans les deux cas l'arc soit délardé, les baies ne portent pas d'agrafe. Les cartouches sont relativement proches, bien que ceux de la rue George-V ne soient composés que de volutes et portent également dans deux cartouches séparés le mot "ANNO" et la date. Enfin, les décors figuratifs, bien que dans les deux cas situés juste sous la corniche, sont assez différents : assez réalistes et peu nombreux place Saint-Michel, les "masques feuilles" de la rue George-V sont plus décoratifs et se répètent au centre de chaque trumeau.

  • Murs
    • brique maçonnerie badigeon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    2 étages carrés, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • AD Nord. Série P ; sous-série 35 : 35 P 1121. Département du Nord, Arrondissement d'Avesnes, canton de Le Quesnoy est et ouest, Commune du Quesnoy : Section E dite de la ville, tableau indicatif des propriétaires, des propriétés foncières et de leur contenance, 1897 [état de section].

    AD Nord : 35P1121

Documents figurés

  • Ville du Quesnoy - Plan cadastral napoléonien, feuille unique, levé en 1817 : section E, 1ère partie (AD Nord ; P31-761).

    AD Nord : P31-761
  • Le Quesnoy, plan cadastral napoléonien de 1897. Section dite de la ville, en trois feuilles, 2ème feuille (AD Nord ; P31-761).

    AD Nord : P31-761
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Girard Karine
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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