Dossier d’œuvre architecture IA60005329 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Le village de Noyers-Saint-Martin
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Noyers-Saint-Martin
  • Lieu-dit
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    croix de chemin, usine de matériel agricole, place, mairie, école, poste, puits, abreuvoir, château d'eau, presbytère

Situé sur un vaste plateau élevé, Noyers-Saint-Martin est la contraction de Noyers et Saint-Martin, deux anciens noyaux d’habitat. Saint-Martin, où se trouvait l’église paroissiale, aurait été détruit à la fin du Moyen Âge. La population se réfugie donc à Noyers et construit une nouvelle église. Peut-être en raison de la peur de nouvelles destructions, le village est en outre connu par la présence de vastes souterrains-refuges comprenant environ 240 cellules.

Tout au long de son histoire, Noyers-Saint-Martin compte plusieurs petites industries : deux tuileries (ouvertes au XVIIIe siècle), trois carrières (XIXe siècle), une fabrique de rubans (premier tiers du XIXe siècle), une huilerie coopérative et l’usine Matrot spécialisée dans la fabrication d’arracheuses de betteraves (milieu du XXe siècle). L’exportation de leurs produits est facilitée par l’ouverture de la ligne de chemin de fer en 1891.

Les bombardements de juin 1940 ont fortement touché le village. Des cafés et habitations sont détruits, l’église et la mairie sont affectées. Un cimetière soviétique créé à proximité du village en 1980 recueille les corps des prisonniers de l’Union Soviétique morts sur le territoire français. 

Si la population a reculé petit à petit depuis les années 1840, c’est après la Seconde Guerre mondiale que la commune connaît sa baisse la plus importante. Il faut attendre les années 1990 pour que la démographie reparte à la hausse et finisse par dépasser son niveau de 1830 pour atteindre 900 habitants en 2020. Le développement de quartiers pavillonnaires a soutenu cette augmentation de la population. D’après les données de l’INSEE, Noyers-Saint-Martin compte 365 logements en 2019 dont 93% de résidences principales.

Chronologie

              

               Moyen-Âge

 

D’après la tradition transmise par Louis Graves (1832), le village se trouvait à l’origine à Saint-Martin, juste à l’ouest de l’ancienne Chaussée de Beauvais (actuelles rue des Sorbiers et rue des Saules). Des prospections aériennes de Roger Agache ont en outre révélé la présence d’un site d’époque romaine.

Noyers ou « Noiers » (première mention dans un document de 1148 extrait du Cartulaire de la maladrerie Saint-Lazare de Beauvais) n’était alors qu’un hameau situé à proximité. Ce nom pourrait renvoyer aux nombreux noyers plantés en ce lieu ou à l’existence de l’une des sources de la Noye au lieu-dit Fossé Jacques Mézières, dans la Vallée de Breteuil au nord du village (Delcure, 2014). En 1187, Arnoul de Saint-Cyr, cède sa dîme de Noyers à l’abbaye de Breteuil. L’abbé devient ainsi collateur de la paroisse (il nomme son curé).

C’était à Saint-Martin que se trouvait l’église paroissiale. Ce village aurait toutefois été brûlé à la fin du Moyen Âge (1300 pour Louis Graves, 1472 lors du passage des troupes de Charles le Téméraire pour Jean-Claude Delcure). Les habitants se réfugient alors à Noyers et construisent une église.

D’après Louis Graves, un ancien château aurait existé à l’emplacement d’un moulin à vent (dont il ne reste plus aucune trace) sur le chemin de Froissy qui passait jusqu’au début du XIXe siècle par la ferme de Troussures. Était-ce l’ancienne forteresse de Saint-Martin ? Il est totalement démoli en 1662.

Deux domaines importants sont situés sur le territoire de Noyers-Saint-Martin : la ferme de Gouy, ancienne possession de l’abbaye de Froidmont, et la ferme de Saint-Lazare qui appartenait à la maladrerie Saint-Lazare de Beauvais. Elles font l’objet d’un dossier spécifique.

 

               Période moderne (XVIIe et XVIIIe siècles) et XIXe siècle

 

                              Les fiefs de Noyers-Saint-Martin

              

L’étude de deux plans terriers des XVIIe et XVIIIe siècles conservés aux Archives départementales de l’Oise permettent de localiser un ancien manoir seigneurial (aujourd’hui disparu) à l’angle de la rue des Marronniers et de la rue des Cornouillers. Il comprenait plusieurs bâtiments distribués autour d’une cour carrée et était le « chef-lieu » du fief Montier, l’un des fiefs regroupant une partie des terres du finage de Noyers-Saint-Martin. En effet, d’autres existaient comme le fief Jacotin ou le fief Châtellenie (plan terrier levé par le chapitre cathédral de Beauvais, XVIIIe siècle (?)).

 

                              Les souterrains-refuges

 

Noyers-Saint-Martin est connu dans la région pour conserver de remarquables souterrains-refuges découverts en 1750 (Graves, 1832). Leur accès se trouverait près de l’église. En 1847, M. Weil en fait la visite et place leur construction au XVIIe siècle alors que Louis Graves la situe au IXe siècle. Enfin, Albert Delavenne (érudit local auteur d’une histoire de Noyers-Saint-Martin en 1905) les compare à ceux de Bonneuil-les-Eaux et les date de la période de la guerre de Cent Ans (entre le milieu du XIVe et le milieu du XVe siècle).

D’après Louis Graves, ils comprennent 240 cellules disposées le long de trois galeries. Elles sont larges d’un mètre trente et hautes d’un mètre soixante. Plusieurs puits ont été creusés, ce qui laisse penser que cet aménagement avait la vocation d’abri pour les habitants en cas de siège. Les souterrains sont bouchés vers 1880 et il n’a pas été possible de les visiter.  

 

Les activités des habitants jusqu’au début du XXe siècle

 

Dès la période moderne, plusieurs activités industrielles sont présentes dans le village. À la fin du XVIIIe siècle, une tuilerie est établie au Chauffour près du château d’eau et une autre à l’emplacement du "château", au 443 rue des Cytises. Au XIXe siècle, la tuilerie du Chauffour fabrique des pannes industrielles avant de se concentrer uniquement sur la production de briques.

Des carrières sont également en activité au XIXe siècle : la carrière du chemin de la Rivière à proximité des rues des Hêtres et des Marronniers, la carrière au lieu-dit les Larris de Saint-Ladre (nord du village) et la carrière Hainsselin, sur la droite en descendant le chemin de la vallée des Larris. Elle a été bouchée à la fin des années 1960.

Le village comprend également de petits artisans qui travaillent le textile à domicile l’hiver lorsqu’ils ne sont pas occupés par les travaux des champs. Une manufacture de rubans s’installe dans le premier tiers du XIXe siècle (Graves, 1832) et le village compte cinq métiers à boutons de nacre à la fin du XIXe siècle. Jusqu’aux années 1920, une trentaine de femmes fabriquent des brosses pour des grossistes (Delcure, 2014).

Au début du XXe siècle, Noyers-Saint Martin a six cafés, énumérés par Jean-Claude-Delcure. Seul celui de la Place est encore ouvert aujourd’hui (2022). Deux sont détruits par les bombardements de juin 1940 (le café des Quatre Coins à l’emplacement de la mairie actuelle et le café au n°118 rue des Cytises à l’emplacement de la Poste). La rue des Acacias en compte deux au croisement de la rue des Saules (au n°520 et au n°603). Enfin, un autre se situe au n°581 de la rue des Hêtres (au croisement avec le chemin des Prêtres) et le dernier au n°245 de la rue des Bouleaux. Leurs bâtiments existent toujours.

 

               Les évolutions au cours du XXe siècle

 

                              L’arrivée du chemin de fer

 

La construction de la ligne de chemin de fer entre Estrées-Saint-Denis et Froissy en 1891 puis jusqu’à Crèvecœur-le-Grand en 1911 permet de mieux acheminer les marchandises produites mais également d’assurer un meilleur approvisionnement en houille pour le fonctionnement des fours de la briqueterie du Chauffour. La huilerie coopérative créée en 1947 profite également du transport ferroviaire. Une gare est construite à Noyers-Saint-Martin au nord du village (actuelle rue des Prunus). Elle est aujourd’hui habitée par un particulier. Une halte est également proposée au lieu-dit L’Épine, à droite à la sortie vers Froissy, à environ 250 m de la route. Dans la première moitié du XXe siècle, deux femmes ont successivement été cheffes de la gare de Noyers-Saint-Martin. Concurrencée par les voitures et les camions, la ligne Froissy-Crèvecœur ferme en 1961. 

 

                              La marque des conflits mondiaux

 

Si le front de la Première Guerre mondiale se trouve plus à l’est, le village de Noyers-Saint-Martin est tout de même visé par un bombardement en 1918 en raison de la présence d’officiers américains dans une demeure de notable au n°612 de la rue des Acacias. Complètement détruite, la maison est reconstruite vers 1980. Un monument aux morts de la Première Guerre mondiale est érigé en 1920 au chevet de l’église.

Les bombardements survenus en juin 1940 sont plus dévastateurs : l’ensemble des bâtiments situés sur le carrefour des rues des Acacias et des Hêtres sont détruits. De plus, ils emportent la toiture et les vitraux de l’église. Le café "des Quatre Coins" situé sur le carrefour est anéanti. La mairie actuelle est reconstruite à son emplacement dans les années 1980. Au n°468 de la rue des Cytises, il semble que l’habitation soit un ancien baraquement qui offrait un logement provisoire aux sinistrés.

Un cimetière militaire soviétique est implanté sur le territoire de la commune. Il fait l’objet d’un dossier spécifique.

 

                              L’usine Matrot

 

La création de l’usine Matrot en 1957 par les frères Jean-Paul (agriculteur) et Louis (ingénieur) Matrot offre du travail à la population locale tout en contribuant à l’essor économique du territoire. L’entreprise se spécialise dans la fabrication d’arracheuses de betteraves. Les premières sont créées en 1959 dans les bâtiments de la ferme familiale située au n°331 de la rue des Marronniers. En raison de l’exiguïté des bâtiments, des bureaux et de nouveaux ateliers sont ensuite construits dans la rue des Pommiers.

Dans les années 1970 Matrot crée la première automotrice arracheuse-chargeuse de betteraves. Puis des pulvérisateurs sont fabriqués à partir des années 1980. L’entreprise se classe rapidement parmi les leaders européens dans les technologies d’arrachage de betteraves et de pulvérisation des cultures. Les machines étaient exportées en Europe de l’Est depuis la gare de Saint-Just-en-Chaussée.

L’usine est rachetée en 2001 par le groupe EXEL-Industries, spécialisé dans la conception de pulvérisateurs. Le site de Noyers-Saint-Martin est toutefois fermé depuis le confinement sanitaire de 2020. L’ensemble des bâtiments est encore en place (ateliers anciens et nouveaux, bureaux), mais à l’état d’abandon (fin 2022).

 

Évolution de la morphologie et du parcellaire

 

               Une trame et un centre urbains hérités de l’Ancien Régime

 

Aucun plan antérieur au XVIIe siècle n’est conservé. Il n’est donc pas possible de se représenter le village tel qu’il était à l’époque où coexistaient Noyers et Saint-Martin, cette dernière agglomération ayant été détruite à la fin du Moyen Âge. L’image la plus ancienne du village figure sur un plan terrier du XVIIe siècle conservé dans les archives de l’abbaye Saint-Lucien de Beauvais (Archives départementales de l’Oise). La forme actuelle du village et le tracé des rues n’ont pas évolué à l’exception de la sortie ouest vers Froissy. En effet, la route originelle qui passait par Troussures a été déplacée un peu plus au sud (chemin des Quarante Mines aujourd’hui) dans le second quart du XIXe siècle. Ce qui était alors la rue de Troussures se confond aujourd’hui avec une partie de la rue des Noyers, parallèle à la route de Froissy.

Ainsi, le village s’organise dès le XVIIe siècle selon une trame définie par une rue principale qui le traverse d’est en ouest et deux rues perpendiculaires à ce premier axe : à l’ouest l’ancienne Chaussée de Breteuil à Beauvais (actuelles rue des Saules et rue des Sorbiers), à l’est un axe comprenant la rue des Cytises et la rue des Hêtres. Cette dernière est doublée par ce qui était la Grande Rue (aujourd’hui rue des Marronniers), qui passait par le "chef-lieu" du fief de Montier indiqué sur les plans terriers des XVIIe et XVIIIe siècles. L’église se trouve proche de ce manoir seigneurial, sur le carrefour dans la rue des Hêtres près de l’école primaire. Sous l’Ancien Régime, le cœur du village se situe donc autour de ces deux centres (paroissial et seigneurial), dans la Grande Rue (actuelle rue des Marronniers).

Au cours du XIXe siècle, le centre du village reste dans la même zone. En effet, les équipements de la commune s’installent à proximité de l’église : la place publique le long de l’actuelle rue des Acacias, à l’intersection avec l’ancienne Grande Rue ; la mairie-école implantée rue des Hêtres, à côté de l’église.

Après une baisse démographique dans la première moitié du XXe siècle, la population augmente et des programmes de lotissements aboutissent au développement de quartiers pavillonnaires. Ils s’implantent dans la rue des Pins et des Tilleuls avant 1980 puis de nouvelles ramifications dans la rue des Saules permettent le lotissement de nombreuses parcelles autour de nouvelles rues aux noms d’espèces végétales (Hibiscus, Platanes, Noisetiers, Seringuas). Enfin, d’autres maisons sont construites autour de l’ancienne gare, rue des Prunus.

 

               Un parcellaire ancien encore très présent malgré les évolutions du XXe siècle

 

Dans les rues les plus anciennes (rue des Acacias, rue des Bouleaux, rue des Marronniers, rue des Hêtres, rue des Cytises, rue des Sorbiers), le parcellaire actuel reste très fidèle à ce qu’il était au XVIIe siècle. Ainsi, les parcelles prennent la forme de fines lanières étirées, les "trinquettes" en picard. Cette forme de parcellaire est caractéristique des villages de plateau où il convient de concentrer un maximum la zone bâtie pour afin d’organiser l’exploitation des terres labourables.

Ces petites surfaces sont loties de fermes modestes, comprenant le plus souvent une grange alignée sur la rue et un logis en fond de cour. À l’arrière se trouvent potager et verger. Au fond de la parcelle un portillon aménagé dans la clôture permet d’accéder au sentier du tour de ville, ceinture longeant les parcelles habitées, et parallèle à la rue. Déjà visibles sur le plan terrier du XVIIe siècle, plusieurs sentiers du tour de ville sont conservés à Noyers-Saint-Martin, en particulier ceux situés derrière la rue des Acacias (côté nord-est) et celui de la rue des Marronniers (qui relie la rue des Pins à la rue des Cornouilles) en partie fermé.

Le parcellaire régulier en lanière caractéristique de l’habitat ancien disparait peu à peu au cours de la période d’exode rural à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Certaines parcelles sont ainsi remembrées afin d’accueillir des pavillons neufs. Ceux-ci sont également multipliés dans les rues créées lors de la reprise démographique qu’a connue le village dans la seconde moitié du XXe siècle. Les parcelles, régulières, sont plus vastes et plus larges et les pavillons sont construits au centre de celles-ci.

 

Lieux partagés et structurants

 

               Gérer et partager l’eau

 

En raison de la nature sèche et poreuse des sols du plateau picard, l’approvisionnement en eau a toujours constitué un enjeu majeur pour la commune. Le plus ancien point d’eau repéré est un puits figuré sur le plan terrier du XVIIe siècle conservé aux Archives départementales de l’Oise. Encore visible sur le cadastre de 1939 en face du n°355 de la rue des Acacias, il a aujourd’hui disparu tout comme les autres puits maçonnés. D’après Jean-Claude Delcure, certains ne sont pas comblés mais simplement couverts d’une dalle en béton. La Notice Statistique du Département de l’Oise en mentionne pourtant treize en 1902. Deux autres sont visibles sur le cadastre de 1939 : le premier au croisement de la rue des Acacias et de la rue des Saules ; le second à l’intersection du chemin des Pierres et de la rue des Hêtres au sud du village.

Outre les puits, les mares sont des aménagements fondamentaux car elles permettent d’abreuver les troupeaux et constituent des réserves d’eau en cas d’incendie. En 1902, dix sont cités dans la Notice Statistique du département de l’Oise. Dans son ouvrage sur Noyers-Saint-Martin, Jean-Claude Delcure les identifie et les localise toutes. Toutefois, une seule a été repérée dans la rue des Sorbiers (en face du n°101). Elle était asséchée lors du passage en août 2022 mais les murs de soutènement en brique étaient encore visibles.

D’après Jean-Claude Delcure, dans la rue des Acacias se trouvait la mare Monard (à l’entrée de la rue des Hibuscus) et dans la rue des Bouleaux se trouvait la mare du Prêtre (un peu après la mairie, en face du n°90). La mare Basile jouxtait la croix à l’intersection de la rue des Pommiers et de la rue des Cytises. La rue des Marronniers comptait trois mares : la mare Lenoir (derrière l’ancienne école de garçons, aujourd’hui école primaire), la mare Thomas Bedel (en face de la ferme Matrot au n°331) et la mare de la Grande Cour (au croisement de la rue des Pins et des Marronniers). La mare à laine était implantée au croisement de la rue des Pins et de la rue des Charmes. Son nom renvoie au nettoyage de la laine avant de la travailler (peignage et filage). Enfin, la mare Antoine se trouvait rue des Saules, à l’intersection de la rue des Platanes. Le bassin de rétention d’eau de la commune se trouve aujourd’hui juste au sud.

Après la Seconde Guerre mondiale, les communes des zones rurales accèdent peu à peu à l’eau courante. À Noyers-Saint-Martin, la nappe est trouvée à environ soixante mètres de profondeur. Le château d’eau est construit en 1949 au Chauffour et l’eau courante est distribuée aux habitants au début des années 1950.

 

               Les croix de chemin

 

Elles sont implantées par des familles du village en témoignage de piété. Elles sont situées à des croisements de routes ou chemins, au cœur ou aux sorties du village. Dès le Moyen Âge, elles servent de bornes pour en marquer l’entrée. Elles matérialisent également les étapes des processions. La croix la plus ancienne identifiée à Noyers-Saint-Martin est visible sur le plan terrier du XVIIe siècle. Elle se trouvait à l’intersection de la rue des Pommiers et de la rue des Cytises. D’après l’ouvrage d’Albert Delavenne étudié par Jean-Claude Delcure, cette première croix aurait été renversée par les révolutionnaires en 1793. Une nouvelle croix est ensuite érigée au XIXe siècle, bénie en 1854. Elle est remplacée en 1900 grâce à la "piété des habitants" (inscription aujourd’hui disparue). Le Christ en fonte provient des fonderies du Val-d’Osne en Haute-Marne. Le piédestal est restauré une première fois en 1935 puis la croix est refaite en 1948 par Eugène Mattioni, menuisier à la ferme de Troussures. En 1992, elle est de nouveau remplacée par Maurice Larsonnier, couvreur à Noyers-Saint-Martin, tandis que le maçon Raymons Lemmens se charge de refaire les maçonneries. Enfin, une nouvelle croix est taillée en 2015.

Les autres croix du village ont une origine plus récente. La seconde croix située dans la rue des Cytises, en face du terrain de football, est financée par la famille Cornette-Gérard et bénie en 1880.

La croix située à l’intersection des routes de Thieux et Montreuil (rue des Érables) est donnée par la famille Macquerez. Elle est déplacée lors de la construction de la route en 1839. Elle se dressait originellement en face de la maison des donateurs.

Deux croix sont implantées le long de l’ancienne voie romaine de Breteuil à Beauvais. La croix de la route de Moimont est érigée grâce à une souscription lancée par la commune en 1873. Renversée par un engin agricole en 2008, une nouvelle croix est érigée grâce à la générosité de monsieur et madame Rade. Plus proche de Reuil, une seconde croix est bénie en 1841 puis une nouvelle en 1873. D’après la tradition locale, un pèlerin de Saint-Jacques aurait trouvé la mort à cet endroit et y serait enterré.

Dans la rue des Sorbiers, près de la ruelle Thomas Pain, une croix est offerte en 1843 par Pierre Pelerin et sa femme Célestine Lenoir afin de remplacer une autre plus ancienne. D’après les travaux de l'association pour la connaissance et la conservation des calvaires et croix du Beauvaisis, une nouvelle croix est érigée par Maurice Larsonnier avec un Christ donné par Jean Philippet. L’ensemble est replacé en 1994. La seconde croix de la rue des Sorbiers est implantée à la sortie du village, en direction de Sainte-Eusoye. Elle est donnée par Benjamin Mahieux et est bénie en 1837.

 

               Les équipements communaux

 

Les recherches de Jean-Claude Delcure réalisées en partie grâce au dépouillement des archives de la série O (Archives départementales de l’Oise) permettent d’éclairer l’histoire des équipements de Noyers-Saint-Martin hérités du XIXe siècle. De nouveaux projets sont menés au XXe siècle afin d’améliorer la qualité de vie des habitants.

 

                              Le presbytère

 

Il semble avoir conservé le même emplacement depuis l’Ancien Régime : en face de l’église, de l’autre côté de la rue des Acacias. En 1814 le curé de Noyers, Augustin Carpentier, donne à la commune la maison presbytérale avec son jardin. Une partie des murs est reconstruite en 1845. La commune construit également une remise pour les pompes à incendie dans son enceinte en 1866.

En 1940, une partie du presbytère est détruite par les bombardements. Des restaurations ont lieu à partir de 1942 sous la direction du maçon Dupuis et du couvreur Élie Delannoy. Elles sont toutefois interrompues l’année suivante faute de moyens suffisants. Depuis que le prêtre ne réside plus à Noyers, il est loué au personnel communal.

  

Les écoles

 

Une école était implantée dans le village avant la Révolution. Décidant d'en installer une nouvelle, les habitants se rendent adjudicataires en 1826 d’une maison située juste au sud du cimetière, dans la parcelle adjacente. Un première mairie-école est établie dans ce bâtiment. L’ensemble des bâtiments est reconstruit et agrandi dans la seconde moitié du XIXe siècle. La mairie est installée dans le bâtiment perpendiculaire à la rue des Hêtres tandis que l’école des garçons prend place dans l’actuel bâtiment de l’école primaire, en retrait de rue et parallèle à elle.

En 1849 une école de filles est créée. Elle est d’abord installée dans une maison à l’emplacement du café Frégnac dans la rue des Hêtres. Puis, en 1857, elle est déplacée dans la rue des Acacias dans une maison achetée à la famille Pain-Girod (aujourd’hui cabinet des infirmiers au n°355).

Dans la seconde moitié du XXe siècle, l’école devient mixte et s’installe dans celle des garçons à côté de l’église. À la fin des années 2000, de nouvelles classes sont construites sur le site.

 

La mairie

 

La mairie est construite en même temps que l’école des garçons dans la seconde moitié du XIXe siècle. Elle se trouve alors contre la clôture sud de l’ancien cimetière, à côté de l’église. Toutefois, les bombardements de juin 1940 la détruisent. Elle est temporairement installée dans un baraquement situé sur la place publique.

Il faut attendre 1960 pour qu’elle soit reconstruite à son emplacement actuel, à la place de l’ancien Café des Quatre Coins détruit par un bombardement en 1940.

 

La place publique

 

Elle semble avoir été aménagée dans la seconde moitié du XIXe siècle (elle ne figure pas sur le plan d’état-major). Un baraquement provisoire qui a accueilli la mairie puis à partir de 1960 une salle de classe y est construit après les bombardements de 1940. Il est détruit en 1967.

Les tilleuls plantés à l’origine ont été remplacés par des platanes en 1988.

 

Le bureau de poste

 

Il est établi en 1952 dans la rue des Cytises. Il permet les réceptions et dépôts d’argent, les opérations de caisse d’épargne, le paiement des pensions, les transmissions téléphoniques et télégraphiques et bien sûr la distribution du courrier.

Il est édifié à l’emplacement du café de Lucienne Traullée, bombardé en 1940. Pour financer sa construction, la commune demande aux habitants de lui prêter de l’argent. La Poste est toujours en service aujourd’hui (2022).

 

La salle polyvalente

 

Avant la construction de cette salle des fêtes, la majorité des repas et des commémorations du village se faisait dans les salles des cafés ou bien dans une grande salle chez Marguerite et Gervais Larsonnier (n°11 de la rue des Lilas).

À la fin des années 1970, le souhait d’équiper la commune d’une salle polyvalente est formulé par plusieurs conseillers. Construite en face de l’école dans la rue des Hêtres, elle est inaugurée en 1984.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : Epoque contemporaine
  • Typologies
    plateau

Documents d'archives

  • AD Oise. Série J ; sous-série 49 J : 49 Jp 10. Noyers-Saint-Martin. Inventaire des croix et calvaires. Archives de l'association pour la connaissance et la conservation des calvaires et croix du Beauvaisis, 2007.

    AD Oise : 49Jp10
  • AD Oise. Série M ; sous-série 6 M : 6 Mp 533. Noyers-Saint-Martin. Recensements de population (1820 à 1936).

Bibliographie

  • DELCURE, Jean-Claude. Noyers-Saint-Martin d'hier et d'aujourd'hui. [s. l.] : [s. ed], 2014.

  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Froissy, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1832.

    p. 37-38
  • LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).

    p. 399
  • Notice descriptive et statistique sur le département de l'Oise. Paris : Imprimerie du du service géographique, 1902.

    p. 240
  • DELATTRE, Daniel. Le canton de Saint-Just-en-Chaussée : 84 communes, 84 lieux incontournables. Grandvilliers : éditions Delattre, 2020.

    p. 393

Documents figurés

  • Noyers-Saint-Martin : plan du territoire de Noyers-Saint-Martin indiquant le nom des tenanciers, [17e siècle], (AD Oise ; plan 754/1).

    AD Oise : plan 754/1
  • Noyers-Saint-Martin : plan de la seigneurie de Noyers indiquant le nom des tenanciers, [18e siècle], (AD Oise ; plan 750).

    AD Oise : plan 750
  • Noyers-Saint-Martin : plan de la seigneurie de Noyers indiquant le nom des tenanciers, [18e siècle], (AD Oise ; plan 751).

    AD Oise : plan 751
  • Noyers-Saint-Martin (Oise). Rue de l'Église, carte postale, éd. Peltier à Breteuil, [1er quart du 20e siècle] (coll. part.).

  • Noyers-Saint-Martin (Oise). Place, carte postale, éd. Peltier à Breteuil, [1er quart du 20e siècle] (coll. part.).

  • Noyers-Saint-Martin. Cadastre rénové, section H, feuille 1, 1939, (AD Oise ; 1964 W 129).

    AD Oise : 1964W129
  • Noyers-Saint-Martin. Cadastre rénové, section H, feuille 2, 1939, (AD Oise ; 1964 W 129).

    AD Oise : 1964W129
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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