Dossier d’œuvre architecture IA60005337 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Ferme dite ferme de la Neuve-Rue
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Oursel-Maison
  • Lieu-dit La Neuve-Rue
  • Dénominations
    ferme
  • Appellations
    Ferme de la Neuve-Rue
  • Parties constituantes non étudiées
    grange, sous-sol, écurie, remise agricole, charretterie, pressoir, pigeonnier

Des origines jusqu’à la fin du XIXe siècle

 

Si aujourd’hui le domaine compte deux anciens corps de ferme, celui comprenant le logis avec pigeonnier dans la cour semble le plus important et le plus ancien. La présence de cet édifice signale en effet une origine seigneuriale. De plus, la double cave voûtée en pierre de taille aménagée sous l’ancienne vaste grange pourrait remonter au XVIe siècle. Enfin, une inscription dans un mur en torchis à l’intérieur de cette dernière indique la date de 1771. Un premier domaine important existe donc sous l’Ancien Régime.

D’après les recherches d’Éric Tribout (2011), les premiers éléments connus de cette ferme remontent à la fin du XVIIIe siècle. À cette époque, le domaine appartient à Jean-Baptiste Mesnard et Marie-Thérèse Budin. C’est certainement leur fille et leur beau-fils Joseph Thorel qui reconstruisent le logis de la ferme. En effet, son architecture semble correspondre aux modèles du début du XIXe siècle et la cheminée du salon porte une plaque avec un caducée, Joseph Thorel étant docteur en médecine. Des documents testamentaires établis après la mort de Jean-Baptiste Mesnard en 1820 donnent des indications sur la nature des bâtiments existants à cette époque. Un fournil se trouve alors en face du mur-pignon ouest du logis, dans les bâtiments de service (toujours conservés). Sous le pressoir se trouvent deux caves (toujours en place), l’une côté rue, l’autre côté cour. D’après le recensement de population de 1831, la maison est déjà couverte d'ardoise.

En 1882, Claire Thorel épouse Antonin Ricard, fils d’une famille bourgeoise de Beauvais. Ils résident à la Neuve Rue et emploient trois domestiques et un vacher. À cette époque, la ferme dispose de quarante hectares de prés, tous plantés d’arbres fruitiers et notamment de poiriers.

 

Les évolutions du début du XXe siècle jusqu’à la vente à Louis Mignot

 

Leur fils Emmanuel reprend la ferme dite Château Ricard en 1910 avec son épouse Lucie Monvillez. Le domaine s'étend sur environ quatre-vingt hectares de terres agricoles à cette époque. La façade côté cour de la maison est reconstruite en brique et enduite avec faux-joints en 1925. Toutefois, sa fortune ébranlée par la crise de 1929, le couple vend les terres sans parvenir à trouver un acquéreur pour la maison. Cette dernière conserve sa disposition d’origine. Dans la partie gauche en entrant se trouvent deux salles à manger, une cuisine et une entrée de service ; dans la partie droite, un salon et une salle de jeux. Au premier étage, sept chambres et une salle de bain ont été aménagées. Certaines chambres ont leur propre cabinet. Une cheminée en marbre garnit chaque pièce même si certaines sont fausses. Le chauffage central est installé vers 1930 avec de gros radiateurs en fonte.

Le long bâtiment aligné sur la rue et construit sur deux caves anciennes comprend à cette époque un passage charretier et une entrée de cave aménagée côté cour. Dans son prolongement se tenait la vaste grange avec deux accès (un côté rue, l’autre côté cour) constitués de deux grandes portes charretières. Au milieu de la grange trône le pressoir et le grugeoir (machine pour broyer les pommes) composé d’une auge et d’une roue en bois pour écraser les fruits. Une seconde ouverture permettait d’accéder du pressoir à la cave afin d’y entreposer les tonneaux du cidre fraichement préparé (certains sont toujours stockés dans la cave; voir illustration).

D’après les recherches d’Éric Tribout, la ferme comprend une deuxième cour à cette époque. Elle était plutôt destinée à l’élevage des bœufs et des vaches tandis que les écuries se trouvaient dans la première cour. Une charreterie est alignée sur la rue et à côté de l'étable en béton, toujours en place, se trouve un puits.

 

La ferme de la famille Mignot, de 1935 à nos jours

 

En 1935, le domaine est vendu à Louis Mignot, agriculteur, dont la famille est établie à La Neuve Rue. La maison, en mauvais état, n’est pas habitée jusqu’à ce que les Allemands s’y installent à partir de 1940. Éric Tribout rapporte une anecdote : monsieur Mignot vient un jour voir les Allemands leur demander de respecter les lieux. Ces derniers l’enferment alors dans la cave sous le pigeonnier. Il y reste huit jours jusqu’à ce que monsieur Vasselle intercède auprès des Allemands pour le libérer. Monsieur Mignot a ensuite raconté qu’il avait caché des biscuits secs dans les poches de son pardessus en prévision de cet enfermement.

Après la Seconde Guerre mondiale, la maison est temporairement occupée par des sinistrés puis de nouveau habitée à partir du milieu des années 1950. Depuis cette période, la toiture du logis a été refaite, les fenêtres changées mais le décor intérieur conservé. Une ancienne maison qui se trouvait dans la cour secondaire est rasée dans les années 1950 et remplacée par une étable en béton. La mare de la cour principale a disparu. Dans les années 1990, le bâtiment sur le côté ouest de la cour est démoli et reconstruit avec une structure métallique couverte en tôle. Il sert actuellement de silo à grain. Le local des produits phytosanitaires est aménagé à l’endroit où se trouvait le puits. L’ancienne charreterie sert aujourd’hui de lieu de stockage pour le bois. Dans la cour principale, le pigeonnier a été restauré et couvert d’un essentage en ardoise il y a quelques années.

Le domaine est habité par monsieur et madame Tillier, née Mignot. Les terres sont affermées à un agriculteur qui l’exploite toujours.

  • Période(s)
    • Principale : Temps modernes, 16e siècle , daté par travaux historiques , (incertitude)
    • Principale : 3e quart 18e siècle , porte la date
    • Principale : 1er quart 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 1er quart 20e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 4e quart 20e siècle , daté par tradition orale
  • Dates
    • 1771, porte la date

La ferme se trouve dans la partie orientale de la Neuve Rue, alignée sur la rue côté nord. Elle comprend deux corps de ferme juxtaposés et un logis. Un jardin et un pré délimité au nord par le tour de ville se situent à l’arrière du domaine. Un mur en torchis couvert d’une petite toiture en tuile clôt le parc aménagé derrière le logis. Un magnolia remarquable, des rhododendrons, des lauriers du Caucase, des acacias, des sapins rouges ainsi que des ifs l’agrémentent.

Le domaine s’organise en deux cours autour desquelles sont distribués les bâtiments. Pour favoriser la clarté du propos, la cour la plus vaste, comprenant le logis, sera qualifiée de principale, tandis que la seconde, à l’est, sera dite secondaire.

La cour secondaire comprend deux accès : le premier par la cour principale, et le second directement depuis la rue par un portail en métal. Des bâtiments agricoles délimitent la cour. Au sud, côté rue, sont implantés l’ancienne charreterie (bâtiment aujourd’hui dévolu au stockage du bois) et un hangar agricole. La première est en pans de bois et essentée d’ardoise. Ses toits sont à longs pans avec leurs pignons découverts. L’ardoise habille sa toiture. Le second est un bâtiment à structure métallique essenté de tôle. Il est couvert d’un toit en tôle à longs pans avec pignons découverts. En retour et à gauche du portail est disposé le bâtiment de stockage du grain. Ses solins sont en brique tandis que les murs sont constitués d’une structure en pans de bois et d’un essentage de tôle. Son toit en appentis est en tôle également. Deux bâtiments séparés par un mur de clôture et un portail métallique bornent le côté nord de la cour. Celui qui est établi le plus à l’est est un hangar de stockage à structure métallique et à essentage de tôle. Son toit à deux pans avec pignons couverts est en tôle. À droite du portail se trouve un bâtiment agricole à solins en brique et murs en béton (parpaings). Il est surmonté d’un toit à longs pans et pignons couverts en ardoise. Le local à produits phytosanitaires lui est accolé à l’ouest. Il repose sur un solin de brique sur lequel est monté un mur essenté de planches en partie inférieure et enduit en partie supérieure. Son toit est à deux pans et croupe polygonale avec des pignons couverts.

La cour principale est plus vaste et comprend le logis de la ferme. Un portail en fer encadré de deux piliers et prolongé par un mur de clôture en brique complète l’entrée. À droite du portail est implantée l’ancienne grange, alignée sur la rue. Elle s’étire sur environ 46 m de long et borde toute la partie sud de la cour. Sur sa partie gauche, elle comprenait une première entrée charretière alignée sur la rue constituée d’une porte à deux battants. Une seconde entrée à deux grands battants perce la partie qui était réservée à la grange. Une porte à engranger permet de rentrer les récoltes directement depuis la rue. Le bâtiment est assis sur un solin en brique renforcé par de grosses pierres de taille. Ses murs en torchis et pans de bois sont essentés de planches sur la première partie de la façade tandis qu’ils sont simplement enduits sur la partie supérieure. Les toits sont à longs pans avec pignons couverts. Ces derniers sont essentés d’ardoise. Ce matériau couvre les toitures. Côté cour, une première partie de ce bâtiment comprenant l’ancienne charreterie est accessible grâce à une porte à deux battants. L’entrée de la cave est installée à côté. L’autre partie de l'édifice, comprenant les anciens pressoir et grange, est complètement ajourée et maintenue par des poteaux. En sous-sol, une vaste cave à trois salles s’étirant sous toute la surface du bâtiment est entièrement voûtée en arc plein cintre avec des pierres de taille calcaire.

Au centre de cette cour trône un pigeonnier. De plan hexagonal, ses maçonneries sont en brique renforcées par des pierres de taille aux chaînages d’angles sur la première partie, tandis que la partie supérieure des murs est en torchis et pans de bois, essentée d’ardoise. Le toit comprend six pans et est couvert d’ardoise. Il se compose d’une cave, d’une étable au rez-de-chaussée et du pigeonnier proprement dit à l’étage. Une échelle tournante permet d’atteindre les quelque 600 boulins en torchis.

Sur le côté est de la cour sont implantées les anciennes écuries. Elles comprennent une partie en appentis servant de garage et le bâtiment lui-même, percé de deux portes battantes et d’une porte simple. Les maçonneries sont en torchis et pans de bois. Le toit en ardoise est constitué de longs pans avec pignons couverts. Ces derniers sont essentés de tôle.

À l’ouest, dans le prolongement du logis et disposés en équerre se trouvent les anciens bâtiments de service. Ils sont maçonnés en torchis et pans de bois et surmontés de toits à longs pans couverts d’ardoise.

Le logis, implanté en fond de cour, est maçonné en brique et enduit avec faux-joints. De forme oblongue, il compte sept travées organisées de façon symétrique autour de l’entrée située dans la quatrième. L’édifice s’élève sur quatre niveaux : un sous-sol, un rez-de-chaussée surrélevé, un étage carré et un étage de comble. L’entrée principale en façade (une entrée de service se trouve dans le mur-pignon ouest) comprend une porte bâtarde accessible depuis deux marches. Chacune des travées restantes comprend deux fenêtres disposées l’une au-dessus de l’autre. Le toit en ardoise est à longs pans et croupes aux pignons.

  • Murs
    • torchis pan de bois
    • brique
    • béton
    • essentage de planches
  • Toits
    ardoise, tôle galvanisée, tuile
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit polygonal
    • toit à deux pans croupe polygonale
    • toit à longs pans pignon découvert
    • toit à deux pans pignon couvert
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • TRIBOUT, Éric. La Ferme de la Neuve Rue. Les Cahiers du petit patrimoine picard, janvier 2011, n°58.

    pp. 28-33
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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