Dossier d’œuvre architecture IA60005339 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
L'habitat du village d'Hardivillers
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Hardivillers
  • Dénominations
    maison, ferme, magasin de commerce

Les types d'habitat

Il ressort de l’étude des recensements de population du XIXe siècle que la population d’Hardivillers était tournée vers l’artisanat textile et en particulier vers la confection d’étoffes de laine. Ainsi, le logement ancien le plus fréquent est celui du petit artisan. Le village comptait également quelques fermes. Après la Seconde Guerre mondiale, les activités textiles et agricoles ont reculé et l'habitat pavillonnaire s'est développé.

 

                Une majorité d’ateliers sur rue avec logis en fond de cour : la maison de l’artisan textile

 

Ce type d’habitat se trouvait surtout dans les rues perpendiculaires à l’axe principal, en particulier la rue des Jardins et la rue du Frêne. Il est possible de repérer la maison de l’artisan textile à son organisation comprenant un logis (le plus souvent en fond de cour) et un atelier (appelé boutique) ouvert directement sur la rue. L’archétype de cette forme d’habitat est la maison du serger (n°15 de la rue des Jardins (ill.)), inscrite au titre des monuments historiques en 1992 (PA00114994). La boutique se trouve alignée sur la rue tandis que le logis se tient en fond de cour.

La présence d’une baie allongée ouverte sur la rue évoque l’activité artisanale (n°13 (ill.), n°30 et n°17 de la rue des Jardins). D’après le témoignage d’une habitante, les sergers et plus tard les encarteurs et boutons travaillaient derrière ces fenêtres à glissières leur permettant de profiter de la lumière depuis la rue. Les baies étaient couvertes de papier huilé et non de verre (S. Baticle ; A. Thibault, 1992). L’atelier est parfois aménagé dans le bâtiment sur rue à usage de grange à la manière des fermes picardes traditionnelles (n°3 rue du Frêne (ill.)).

Dans de nombreux cas, l’atelier n’a pas pu être repéré, soit parce qu’il a disparu, soit parce qu’il est relégué en fond de cour. Le logis est alors aligné sur la rue et prolongé ou percé d’une entrée charretière. Ce type d’habitat est fréquent dans la rue Saint-Pierre (n°10, n°12 ou n°19) où se trouvaient d’autres type d’artisans comme le boulanger ou le maréchal-ferrant. Il correspond également à d’anciens commerces.

 

                Les commerces

 

Hardivillers comptait une dizaine de commerces autour de 1900. Ils étaient situés le long de l’axe principal (actuelles rue Saint-Pierre et rue de la Voierie). Ils sont facilement identifiables grâce à leur devanture et/ou à leurs larges baies allongées qui ont parfois été conservées. Dans la rue Saint-Pierre, seul le café "Au bon accueil" est toujours ouvert au n°23 (ill.). Le garage Renault au n°8 est également bien reconnaissable même s’il n’est plus en activité (ill.).

D’autres boutiques aujourd’hui fermées ont pu être relevées dans cette rue (n°9, n°3 (ill.), n°25) et dans la rue de la Voierie (n°12 (ill.), n°14, n°16, n°18).

 

                Fermes picardes et fermes à cour

 

Le nombre de fermes anciennes est moins élevé que dans les autres villages du plateau picard compte tenu du poids de l’artisanat textile à domicile puis de la tabletterie à Hardivillers. Quelques fermes ont toutefois été recensées. Elles sont de deux types : les fermes dites picardes et les fermes à cour.

Les premières se caractérisent par la présence d’une grange alignée sur la rue et percée d’une entrée charretière, ainsi que d’un logis en fond de cour. Elles sont très rares à Hardivillers alors qu’elles atteignent au moins la dizaine dans les villages environnants. Celles qui ont été recensées se situent aux n°1 rue d’En Bas, n°26 (ill.) et n°17 rue de la Voierie, n°41 et n°3 rue du Frêne (ill.).

Les fermes à cour sont le siège des exploitations agricoles les plus importantes et souvent les plus anciennes des villages. Elles s’organisent autour d’une vaste cour autour de laquelle sont distribués les bâtiments agricoles et le logis. L’entrée s’effectue le plus souvent par un portail ouvert sur la rue. Trois ont été recensées. Celle qui se trouve au n°17 de la rue de la Grand Cour (ill.) est installée à l’emplacement de l’ancien domaine agricole du château et intègre dans ses maçonneries des murs en pierre qui appartenaient l’ancienne ferme du château. La seconde ferme à cour se situe au n°2 de la rue d’En Bas et son logis est en face de l’ancienne mare de la Rue Saint-Pierre. Une autre se trouve au cœur du village près de l’ancienne place publique et se remarque par l’ampleur de sa grange comprenant trois grandes portes dont une entrée charretière (n°1 rue de la Voierie, ill). Deux de ses bâtiments ont été détruits après 1960 d’après la comparaison avec le cadastre levé à cette date.

 

                Les logements de la seconde moitié du XXe siècle

 

Les premières habitations à avoir été édifiées après la Seconde Guerre mondiale sont celles qui ont été détruites par les bombardements de juin 1940. Le sud de la rue Saint-Pierre a particulièrement été touché. Un plan de cette zone établi en 1954 souligne les parcelles concernées. Les logements aux n°31, n°37, n°39, n°41, n°45 et n°49 datent ainsi du début des années 1950. L'ancienne ferme du château a en partie été détruite en 1940 et est reconstruite dans les années 1950 (ill.).

À la fin de cette décennie, un projet de lotissements est mené dans la Petite rue du Frêne (ill.). Cinq bâtiments comprenant chacun deux logements sont ainsi édifiés. Chaque habitation s’élève sur deux niveaux et comprend un garage.

Des pavillons s’implantent également à partir des années 1960 dans la partie centrale de la rue du Frêne, ainsi que dans la rue du Tour de Ville ou ponctuellement sur certaines parcelles vides. Toutefois, Hardivillers ne connait pas une expansion pavillonnaire de la même ampleur que celles de Froissy ou Noyers-Saint-Martin.

 

Évolution de l’emploi des matériaux de construction

 

Malgré la proximité des carrières de pierre puis la démolition du château d’Hardivillers dans les années 1820, le nombre de constructions en pierre dans le village n’est pas plus élevé que dans les communes environnantes. Les logements anciens d’Hardivillers sont en effet surtout édifiés en torchis et pans de bois, les matériaux traditionnels du plateau picard. Les exemples sont très nombreux et les façades sont la plupart du temps recouvertes d’un enduit (par exemple aux n°9 de la Rue Saint-Pierre, n°19 de la rue de la Voierie). Certains murs gouttereaux sont doublés d’un essentage de bois afin de les protéger des intempéries (n°10 et n°12 rue de la Voierie, n°6 de la rue du Frêne). Plusieurs logis ont leurs pans de bois apparents, permettant d’apprécier la symétrie de la structure en charpente (n°6 de la rue des Jardins, n°11 de la rue Saint-Pierre, n°4 de la rue des Frênes).

Lorsque la pierre est présente, elle se trouve dans les solins, employée seule (n°10 de la rue de la Montagne) ou avec la brique, aux retombées des poteaux de la structure en pans de bois (n°1 de la rue d’Amiens, n°3 de la rue des Frênes (ill.)). Elle est également associée à la brique en assises alternées dans quelques murs-pignons (n°30 de la rue des Jardins, logis du n°29 de la rue Saint-Pierre). Seul le mur-pignon du logis de la ferme à cour au n°2 de la rue d’En Bas est intégralement en pierre.

La brique n’a pas été diffusée aussi largement que dans les villages environnants à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Il faut attendre la première moitié du XXe siècle pour que quelques maisons et commerces soient édifiés avec ce matériau (n°1 de la rue du Tour de Ville). Les maisons du n°43 de la rue du Frêne et du n°3 de la rue Saint-Pierre sont ornées en façade de frises de céramique colorée. Les bâtiments agricoles des fermes à cour sont également reconstruits en brique (n°2 de la rue d’En Bas et n°17 rue de la Grand Cour dont les bâtiments et le logis datent des années 1950). Enfin, les logements reconstruits après les bombardements de juin 1940 sont élevés avec ce matériau.

Le béton est privilégié à partir des années 1960 à la fois dans les lotissements de la Petite rue du Frêne et dans les pavillons dont la construction est soutenue par la légère reprise démographique depuis les années 1990 (pavillons à l’extrémité est de la rue de la Voierie). 

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

Documents figurés

  • Hardivillers. Cadastre rénové, section AB, feuille unique, 1960, (AD Oise ; 1964 W 78).

  • Hardivillers. Cadastre rénové, section AC, feuille unique, 1960, (AD Oise ; 1964 W 78).

  • Hardivillers. Plan de reconstruction et d'aménagement d'Hardivillers, [années 1950], (AD Oise ; 1514 W 54/2).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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