Dossier d’œuvre architecture IA60005446 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Église paroissiale Saint-Léger
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Ansauvillers
  • Adresse Place de la Mairie
  • Cadastre 2020 C 251

À la suite du déplacement du centre du village à la fin du Haut-Moyen-Âge, cette église placée sous le vocable de saint Léger aurait remplacé la chapelle du cimetière actuel comme centre paroissial (abbé Lefébure, 1900). Comme dans d'autres communes du plateau picard (Vendeuil-Caply, Beauvoir, Abbeville-Saint-Lucien) elle est bâtie près du pôle seigneurial et jouxte le château installé entre la rue Henri-Sohier et la rue Saint-Léger.

Le pouillé de la province de Reims mentionne "ecclesia de Ansouvillari" dans la liste des églises du doyenné de Breteuil établie vers 1320. La cure est alors placée sous le patronage de l'évêché de Beauvais. Il est pourtant difficile de reconnaître parmi les maçonneries de l'édifice actuel les traces du début du XIVe siècle en raison des nombreux remaniements et reconstructions que l'église a connus à travers les siècles.

Les éléments maçonnés les plus anciens se trouvent certainement dans les fondations en grès et dans certaines sections des imposants piliers qui soutiennent les grandes arcades brisées entre la nef et le bas-côté et qui pourraient appartenir à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle en raison de leur profil prismatique. Les deux blochets sculptés aux visages de monstre, visibles le long des poutres sablières dentelées de la première travée de la nef sont également des témoignages de cette période.

L'église est agrandie dans le troisième quart du XVIIe siècle (abbé Lefébure, L. Graves) : le chœur et le bas-côté au nord sont reconstruits entre 1668 et 1671. La date de "1668" était autrefois visible sur la voûte près du chœur. Grâce à l'étude des registres de fabrique, l'abbé Lefébure a pu détailler ces travaux. Dans un premier temps, le côté nord est démoli à l'exception du pignon de la chapelle. En 1671 le pilier entre le chœur et la chapelle qui menaçait ruine, est détruit. Un nouveau pilier est érigé et renforcé d'agrafes en fer scellées de plomb. Le grès utilisé pour ces reconstructions est extrait des carrières de Blin et de la Croix sur le Chaussée, près du village. Ces travaux n'ont presque rien coûté à la fabrique car ce sont les villageois qui ont donné les matériaux et servi de main d'œuvre. D'après les registres de fabrique, le principal des travaux "s'est fait gratuitement par les hommes à l'exception de quelques personnes qui n'y ont point travaillé lesquelles ne sont point ici nommées pour leur épargner la honte qu'elles pourraient encourir, de ne s'être point employé courageusement comme les autres, à une œuvre si sainte, et où les femmes, les filles et jusqu'aux enfants, semblaient surpasser leurs forces."

Toutefois, d'après les documents de la série O conservées aux Archives départementales de l'Oise, l'édifice se trouve dans un si mauvais état au début du XIXe siècle que le curé de l'époque, l'abbé Picard, demande l'édification d'une nouvelle église. Sa demande n'obtient aucune suite, probablement en raison du manque de moyens. Des réparations urgentes sont alors menées entre 1827 et 1829 d'après les plans et devis de l'architecte Bellanger : réparations des charpentes, des plafonds, des couvertures et maçonneries du clocher. En 1835, les couvertures, alors en tuile, sont réparées par Louis Vassel, couvreur à Bonvillers (Oise).

Les travaux les plus importants menés au XIXe siècle sont engagés à partir de 1850. Le bas-côté nord et le pignon de la chapelle de la Vierge sont reconstruits et agrandis (un mètre en élévation et un mètre en largeur). Le tympan de l'entrée latérale porte la date de 1850. Les plans et devis sont établis par l'architecte Bellanger, et l'entrepreneur Jean-Baptiste-Ludovic Lesueur est choisi pour les exécuter. Le devis détaille la couverture du bas-côté : "il y aura un plancher horizontal en charpente porté sur quatre poutrelles établies en contrebas. Ce plancher sera revêtu au-dessus d'une aire en terre sur bardeaux en chêne et en-dessous d'un plafond en blanc en bourre à deux couches." Les travaux sont achevées l'année suivante.

En 1864 la fabrique décide la reconstruction et l'agrandissement de la sacristie. Afin de mener ce chantier, le conseil municipal accepte de céder un terrain sur la place des halles aux toiles permettant d'augmenter la surface de la sacristie de deux mètres de long et deux mètres de large (voir plan de situation en ill.). À la suite de cette construction datée de 1866 d'après la date identifiée sur la porte extérieure, le propriétaire monsieur Lavisse - dont les bâtiments jouxtent l'église -, accuse la commune d'avoir coupé une toiture et supprimé une partie d'un pignon qui lui appartient (voir plan de situation réalisé en 1869 en ill.). Refusant les réparations proposées par la commune, il l'attaque en justice.

Les travaux menés par la suite concernent surtout le clocher. Les toitures, faitages et poinçons sont réparés sur la base des devis d'Alfred Portemer en 1868. De nouveaux travaux sont décidés en 1914 mais, interrompus par la guerre, ils ne sont achevés qu'en 1921 par le couvreur Bled-Lagache à Quincampoix (Oise).

À l'intérieur, un décor peint appliqué sur le lambris la voûte de la nef et sur les entraits de la charpente était encore visible sur les cartes postales du début du XXe siècle (ill.). Seul le médaillon sur la voûte du chœur a été conservé. Il porte l'inscription "1880" et témoigne des travaux de décoration et d'ameublement initié à cette période par l'abbé Ducroquet.

L'église Saint-Léger se situe dans la rue du Bail au cœur de village, séparée de la mairie par la place éponyme. Orientés, son chevet et une partie de son élévation sud s'avancent dans la cour de la propriété contiguë (1 rue Henri-Sohier). Le plan de l'édifice consiste en une nef, un bas-côté au nord et un chœur polygonal. Une sacristie est construite dans le prolongement de l'élévation orientale du bas-côté. Un clocher essenté d'ardoise, couronné d'une flèche carrée, surmonte la première travée mais se trouve légèrement en retrait de la façade occidentale. Soutenu par une structure en charpente, il est accessible depuis une tribune et un escalier en charpente dans-œuvre.

Les maçonneries reposent sur des fondations en grès. Les murs semblent entièrement en grès pour la façade occidentale et l'élévation sud, bien qu'un crépi peint faux joints les dissimule en grande partie. Le chœur, le bas-côté nord et la sacristie sont en brique, chaînés de grès. Des contreforts épaulent l'élévation sud et la façade occidentale. Cette dernière est percée d'une porte bâtarde à deux vantaux inscrite dans un arc en plein cintre épaissi par des voussures et souligné par un larmier. Cette entrée est couronnée d'une croix en fonte inscrite dans une niche en plein cintre. Enfin, le pignon occidental est habillé de trois lancettes aveugles en arc brisé.

L'édifice est par ailleurs éclairé de 15 baies (13 sont des lancettes en arc brisé, deux des quadrilobes). Les toitures de l'église, toutes en ardoise, sont à longs pans et pignon découvert pour la nef et le bas-côté, croupe polygonale pour le chœur, en pavillon pour la sacristie.

À l'intérieur, le couvrement est constitué d'une fausse voûte en berceau brisé pour la nef et d'une fausse voûte polygonale pour le chœur. Les poutres sablières et les entraits sont apparents et leur lambris de couvrement est enduit. Le bas-côté est couvert d'un plafond horizontal. Trois piliers en pierre soutiennent des grandes arcades au tracé brisé. Des lambris de demi-revêtement garnissent les murs de la nef et du bas-côté. Ils couvrent le chœur sur toute sa hauteur.  

  • Murs
    • grès
    • brique
    • essentage d'ardoise
  • Toits
    ardoise
  • Couvrements
    • fausse voûte en berceau brisé
    • lambris de couvrement
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
    • croupe polygonale
    • toit en pavillon
    • flèche carrée
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en charpente
  • Typologies
  • Techniques
    • menuiserie
    • vitrail
    • peinture
    • sculpture
  • Précision représentations

    Un médaillon peint avec des décors rapportés (têtes d'angelots) est visible sur la voûte du chœur : NON NOBIS / SED DOMINI TUO / DA GLORIAM / NON NOBIS DOMINE.

    Dans la première travée sous le clocher, des blochets sculptés représentant des visages monstrueux sont disposés le long de la poutre sablière dentelée.

    Les verrières sont étudiées dans le dossier de présentation du mobilier [IM60001770].

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 26429. Ansauvillers. Église (1817-1931).

Bibliographie

  • ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. Pouillés de la province de Reims, publiés par M. Auguste Longnon. 2 volumes. Paris : Imprimerie nationale ; C. Klincksieck, libraire, 1908.

    p. 492.
  • LEFÉBURE, Abbé. Documents historiques sur le bourg d'Ansauvillers en Beauvaisis. Maisoncelle-Tuilerie : [s. ed.], 1900.

  • VERMAND, Dominique. Églises de l’Oise. Oise picarde. Breteuil, Froissy et Crèvecœur. [Beauvais ] : Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Syndicat Mixte de l’Oise Picarde, 2005.

    p. 7.

Périodiques

  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Breteuil, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1843.

    pp. 37-39.

Documents figurés

  • Ansauvillers (Oise). Intérieur de l'église, carte postale, [s. éd.] (Ansauvillers (Oise), archives communales).

Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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