Dossier d’œuvre architecture IA62005266 | Réalisé par
Tachet Nicolas (Rédacteur)
Tachet Nicolas

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France (2023).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • opération ponctuelle
Ancienne ferme et manoir d'Estracelles
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération de Béthune-Bruay, Artois-Lys Romane - Beuvry
  • Hydrographies La Loisne
  • Commune Beuvry
  • Lieu-dit Le bas Beuvry
  • Adresse 303 Rue de l'Estracelles
  • Cadastre 2023 AS 70
  • Dénominations
    ferme, manoir
  • Appellations
    Manoir de Stracelle, Ferme d'Estrasselle, Manoir de l'Estracelles
  • Destinations
    édifice de l'administration ou de la vie publique, ensemble agricole

Le rapport probatoire de fouille en archéologie programmée de 2015 (Tachet et al. 2015 : pp. 31-120) décrit avec précision l’historique du fief et manoir d’Estracelles, des familles tenantes et de l’évolution du site et des bâtiments jusqu’à nos jours. L’ensemble des faits historiques sont sourcés et nous permettent de rédiger la présente synthèse.

Le fief est mentionné dans les textes d'archives dès le XVe siècle. En 1435, Robert de Nédonchel vend à Monseigneur de Humières le fief "d'Estrasselles" 420 livres (AD Nord ; B 15110). Aucune mention toutefois n'est faite concernant la présence d'un manoir sur ce fief.

La date de construction du premier logis reste à ce jour incertaine (1530 ?). Elle est estimée par les chercheurs à la première moitié du XVIe siècle (BOURGEOIS, 2004 et TACHET et al., 2015 : p. 33). Le fief est alors propriété de la famille Esmenault.

Le fief passe en 1548 à la famille de Croix, suite au mariage d'Isabeau d'Esmenault avec Guillaume II de Croix (TACHET et al., 2015 : p. 37).

La première véritable mention du bâti est issue du centième de Beuvry daté de 1569 (AD Pas-de-Calais ; 2 C 1569/9) qui précise qu’un bail est contracté "entre Monseigneur de Croix, seigneur d’Estracelles et Pierre Le Cygne, laboureur concernant la maison d’Estraxelles de Beuvry", signifiant que le manoir est alors loué à un exploitant agricole. La famille tenante du fief n'habite donc pas la demeure à cette date.

La construction du second logis est attribuée à la famille de Croix en 1629, comme en témoigne le chronographe présent sur le linteau de la porte d'accès à la cave. L’implantation de ce logis prive le logis XVIe siècle d’un certain nombre de travées sur cour. De plus, le mur gouttereau côté cour de ce logis est percé de deux larges ouvertures au rez-de-chaussée et au premier étage qui permettent l’accès au nouveau logis. Cet événement semble confirmer que la famille de Croix occupe à nouveau le manoir et que l'arrentement n'a plus cours. Toutefois, trente-sept ans plus tard, le 26 juin 1666, un contrat d’arrentement* perpétuel est passé entre Charles de Croix, écuyer, seigneur d’Estracelles et Eloy Duchoquet, laboureur, concernant le logis et les terres du fief (TACHET et al., 2015 : p. 39). L’arrentement en 1666 et son renouvellement en 1686 marquent le passage d’un habitat seigneurial originel à un domaine dédié à l’exploitation agricole. Le manoir, loué, reste la propriété de la famille de Croix jusqu'en 1657, date à laquelle Marie-Florence de Croix épouse Jean Charles-François-Philippe du Pont, seigneur de Taigneville.

En 1692, le manoir, toujours arrenté, entre dans la famille Malet de Coupigny suite au mariage de Marie-Josèphe du Pont de Taigneville et de Philippe II Malet de Coupigny (TACHET et al., 2015 : p. 44).

Un document daté du 19 mai 1752 (AD Pas-de-Calais ; cote 4E 42/253) nous apprend que le domaine se compose alors "d'une havottée de terre labourable prise en plus grande pièce actuellement amazé de maison et autres édifices seant à Boeuvry au lieu dit Monchet composant en partie le gros de la seigneurie destrasselle tenant d’un sens au chemin de pied menant de l’eglise de Boeuvry au rietz du Quesnoy d’autre au chemin de Béthune au preolan des deux autres sens au dit seigneur d’estrasselle aux vendage et canon annuel de 9 livres". Ce texte peut potentiellement être mis en relation avec le plan du XVIIIe siècle conservé aux AD du Pas-de-Calais (cote 2 Fi 21, voir illustration).

À la fin du XVIIIe siècle le domaine est toujours la propriété de la famille Coupigny. En 1794, un document (AD Pas-de-Calais ; cote 4E 42/253 lot 4) révèle la vente par adjudication de matières tourbeuses à la demande de Charles-Constant Coupigny concernant ses terres de Taigneville et d’Estracelles. Les sommes de cette vente sont versées à Charles-Constant Coupigny lui-même (domicilié à Bruxelles, ayant émigré sous la Terreur) par un intermédiaire habitant à Béthune.

Le domaine d'Estracelles est vendu par les héritiers Coupigny le 7 fructidor an XI (24 août 1803). En 1817, un acte de vente notarié fait mention de l’acte de vente originel du domaine de l’Estracelles par les héritiers Malet de Coupigny. Il est alors expliqué qu'à la suite du décès de Charles-Constant Malet de Coupigny, ses héritiers revendent le domaine de l’Estracelles "au profit des créanciers". Les Malet de Coupigny sont donc encore propriétaires de l’Estracelles jusqu’à cette date de 1803. Il n’est fait aucunement mention de la vente des terres de l’ancien fief d’Estracelles comme bien national. Toutefois, l'expression "au profit des créanciers" interroge quant à la raison et à l’identité de ces derniers. Un autre document (Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais,1878, p. 320) indique que "Charles-Constant-François quitte en 1750 sa résidence de Fouquières [aujourd'hui Fouquières-lès-Lens] qu’il vend ensuite avec une partie des terres de son domaine ; ce qui lui en restait à la Révolution fut déclaré bien national (Papiers généalogiques du baron de Hautelocque ; De Marquette, ouvrage cité)". L’Estracelles est vendu par ses héritiers et à une date postérieure aux événements révolutionnaires..

Les propriétaires se succèdent à partir de 1803 et jusqu'en 2010 (TACHET et al., 2015 : pp. 47-49).

24 août 1803 – Anselme François Joseph Somville devient propriétaire du domaine à la suite du rachat de ce dernier aux héritiers Malet de Coupigny. Il vend, en 1817, une partie des terres "aux alentours de l’Estracelles" et met en bail une autre partie de celles-ci, comme le confirment différents actes notariés datés du 2 juin 1817.

1832 – Ignace Somville (meunier) est déclaré propriétaire des parcelles de la ferme d’Estracelles dans la matrice cadastrale (date de création de ladite matrice cadastrale dans le secteur de Beuvry).

1849 - Julien Hurtrel devient propriétaire de la ferme de l’Estracelles le 16 mars 1849. Il fait construire en 1851 un moulin à eau sur la parcelle située en face du manoir, sur le cours de La Loisne.

1852 - Les archives notariales de maitre Richebez, notaire à Béthune, contiennent un acte daté 23 janvier 1852 indiquant un échange de propriété entre Julien Hurtrel (alors propriétaire de l’Estracelles) et Alexandre Hurtrel.

De façon générale, la matrice cadastrale (AD Pas-de-Calais ; 3 P 126/93 - f°931/753) mentionne une succession chronologique des usages des différentes parcelles du manoir. On relève ainsi : " terre, jardin, verger, saussaie, aulnaie, eau, flaque, prés, bâtiment, avenue, brasserie, moulin à eau, moulin à vapeur". Le moulin à eau est transformé en 1856 en moulin à vapeur. En 1862 la brasserie est convertie en remise (la date de création de cette dernière est inconnue à ce jour). En 1868 le moulin à vapeur est déclaré hors service.

La propriété passe en héritage à Louis et Jude Hurtrel vers 1886. On ne sait ce qu’il advient de la propriété jusqu’en 1911.

1911 - Un acte de vente daté 6 janvier 1911, signé chez maître Delehelle, notaire à Beuvry, mentionne l’acquisition par François Berche, cultivateur, de la "ferme de l’Estracelles" auprès de Louis et Jude Hurtrel. La propriété est désignée comme suit : "corps de logis, granges, étables, écuries, dépendances diverses, cour, jardin, pâture et vivier, le tout d’une contenance de un hectare quatre-vingt-quatre ares quarante centiares".

Durant la Première Guerre mondiale, les troupes anglaises occupent ce secteur de l’Artois et investissent le manoir. Un officier anglais en réalise une peinture en 1916. Cette représentation est aujourd’hui connue pour apparaitre sur une carte postale détenue dans les archives privées de monsieur Philippe Decroix (TACHET et al., 2015 : p. 89). Cette illustration est assez fidèle à l'actuelle physionomie du manoir.

Différents propriétaires agriculteurs se succèdent jusqu’à la vente de la ferme en 1961, où une société rachète le site pour en faire un centre d’accueil de jeunes en réinsertion par le travail. Le projet tarde à démarrer et le site, déjà fort endommagé, continue sa rapide dégradation. Il doit sa sauvegarde à son inscription aux Monuments historiques le 18 avril 1966 au titre de ses façades et toitures.

Le site est finalement occupé dès 1972 par un collectif autour de Philippe Decroix dans l'objectif de le sauvegarder et d'en faire un musée de l'agriculture locale. Monsieur Decroix, conservateur délégué des antiquités du Pas-de-Calais, est à l'époque directeur du nouveau musée d'arts et cultures populaires de Béthune et membre du conseil d'administration de l'association qui a œuvré à la création dudit musée.

Philippe Decroix crée en 1974 "l'Association de sauvegarde du manoir de l'Estracelles" qui acquiert le manoir pour 32 600 francs grâce à divers dons et subventions. Une partie des terres du domaine est revendue pour financer les travaux de nettoyage puis de préservation et réhabilitation du site pendant près de vingt ans. Lors des travaux de réhabilitation, un enduit peint de rinceaux et d'oiseaux est découvert au rez-de-chaussée dans la salle principale du logis du XVIIe siècle. Cet enduit, daté du second quart du XVIIe siècle (1630), fait l'objet d'une inscription aux Monuments Historiques au titre des objets le 15 février 1988. Le réduit du logis du XVIe siècle (premier étage) fait également l’objet d’une découverte particulière dans les années 1970. Il s'agit d'une peinture murale qui dispose d’une surface peinte en rouge semblant représenter un fond de chapelle associé à un bâtiment et à un personnage indéterminés. Y est inscrite en cursive noire une formulation religieuse finalisée par les initiales « A.H. » et « 1644 ». La peinture, visible avant l’incendie de 2004, est depuis lors couverte d’une protection de bois. Deux granges du XVIIIe siècle sont installées sur le site entre les années 1973-1975. La grange nord semble provenir d'une ancienne ferme de la commune de Fouquières. C'est à cette période que les tommettes sont installées dans la salle principale du logis XVIIe siècle. La clé de voûte de la porte menant à la salle principale présente encore, dans les années 1990, un blason écartelé où l’on distinguet une croix pattée dans le troisième quart et trois fleurs de lys dans le quatrième (armes de la famille de Croix).

En 1997, l’association fait don du manoir à « l’Association des Amis du musée de Béthune et de l’Estracelles ». Au décès de Philippe Decroix en 1998, le manoir est sauvé de la destruction et accueille un musée qui relate son histoire et un musée de matériels agricoles anciens. L’association s’efforce alors de continuer les travaux et de développer l’animation du site jusqu'à l’incendie de 2004.

Cet incendie ravage l’ensemble porterie-logis dans la nuit du 26 juillet 2004. Les deux peintures murales sont atteintes partiellement. Le conduit de la cheminée centrale et les cloisons sont détruites. Des travaux de consolidation sont immédiatement entrepris avec la réfection de la maçonnerie, des baies, des faitages et cheminées, des charpentes et planchers. Une toiture en tôles recouvre alors l'ensemble. Cet incendie précipite la cession du manoir en 2010 à la Communauté d'agglomération d'Artois Comm. Béthune-Bruay (actuelle Agglomération de Béthune-Bruay, Artois-Lys Romane). Le contrat de cession précise alors l’obligation de lui donner une vocation culturelle et patrimoniale. Des travaux de restauration complémentaire des clos et couverts sont alors entrepris.

L’agglomération réalise en concertation avec les Monuments Historiques un vaste chantier de réhabilitation du manoir en 2016. Au-delà de travaux d'importance entrepris en vue de rétablir un certain nombre de désordres architecturaux, le chantier voit également le ravalement complet des façades, la dépose de l'ancienne toiture en tôles et son remplacement par une couverture de tuiles plates. La toiture est rythmée par quatre lucarnes surmontant chacune des travées donnant sur cour. L'ensemble des fenêtres est remplacé par des fenêtres à meneaux de bois et de nouvelles portes sont mises en place.

Aujourd'hui (2023), le manoir reste sans usage mais des projets culturels sont évoqués à son propos depuis 2022.

* Glossaire :

Arrentement : l’arrentement était un contrat par lequel une personne donnait à une autre la propriété de quelque immeuble, à condition d’en recevoir annuellement et perpétuellement une prestation soit en nature, soit en argent.

Le manoir est implanté en bordure est du village et se situe sur la frange des anciennes zones marécageuses. Le Rivage de Beuvry s'implante à quelques centaines de mètres à l'est du manoir.

Le bâti se présente actuellement comme un ensemble carré ouvert vers l'est. Il est enserré à l'ouest et au sud par d’anciens fossés bordiers. Le bâti ancien est composé d'une tour porche et des deux logis (XVIe et XVIIe siècles). Il se caractérise par l'utilisation de matériaux et caractéristiques suivants :

- Les soubassements sont en blocs de grès.

- Les murs sont élevés en brique. Le mur du logis du XVIe siècle (donnant sur rue) reçoit un décor de brique surcuites alternées, de couleur noire.

- Les encadrements des portes et les chaînes d'angle sont réalisés en pierre de taille (grès) et reçoivent parfois un traitement stylistique.

- Les fenêtres du manoir disposent d'un encadrement de brique et sont voûtées en anse de panier. Les impostes de baies reçoivent toutes un décor géométrique de briques.

- Les lucarnes des toitures sont en bois et reçoivent des menuiseries à meneaux de bois et de petits vitraux géométriques triangulaires.

- Les deux logis sont couverts de toitures à longs pans et de tuiles plates. Les murs pignons à redents sont découverts et rythment la toiture du manoir.

Un pont-levis en bois permet de franchir le fossé en façade et d’accéder à un passage charretier couvert menant à la cour intérieure. Ce passage est intégré dans une tour porche mais ne dispose pas d’accès direct vers le logis. L’accès aux bâtiments se fait par quatre portes sur cour (cf. infra). Le sol est pavé, le plafond est composé par les poutres et le plancher du premier étage de la tour porche. Trois ouvertures de tir sont observables sur le mur nord et indiquent un premier ensemble défensif présent sur site. Le portail extérieur reçoit un encadrement de blocs de grès voûté en plein cintre. Côté cour, le portail est quant à lui de forme droite avec des piédroits en grès protégés par deux chasse-roues du même matériau. Surmonté par une poutre, le passage est surmonté d'un triplet d'arcatures décoratives en briques, lesquelles sont voûtées en anse de panier. Le premier étage de la porterie est une salle carrée qui dispose de cinq ouvertures de tir donnant vers l'extérieur du manoir (façade et nord), cette fonction défensive lui donne le nom de « coffre ». Le dernier étage sous combles, ancien pigeonnier, reçoit deux boulins rectangulaire en brique soulignés par une base en pierre de taille moulurée. L'accès aux différents étages de la porterie s'effectue par l'escalier de distribution principal du logis du XVIe siècle (cf. infra.).

Le logis actuel, de plan en L, se compose d'un premier bâtiment datant du XVIe siècle qui donne sur la rue et d’un second bâtiment datant du XVIIe siècle, en équerre, qui donne sur les champs. L’ensemble est caractérisé par deux bâtiments simples en profondeur. Le logis du XVIIe siècle dispose d’une circulation latérale avec pièces en enfilades (circulation sud pour le rez-de-chaussée et nord pour le premier étage).

Le logis XVIe siècle (1530 ?)

Il se compose d'un rez-de-chaussée, d'un étage carré et d'un étage de comble. On observe deux travées sur rue et un pignon percé d’une travée centrale. On entre dans ce bâtiment par une unique porte située sur cour. L’encadrement est en grès avec un arc taillé en chanfrein et une voûte en anse de panier à trois sommets. Le milieu de l’arc est orné d’une petite pointe, de sorte que le dessin d’ensemble évoque une parenthèse couchée, d’où le nom "d’arc à accolade". La clé de voûte présente un blason très dégradé sur lequel on perçoit une bande oblique (de dextre à senestre) dont les interprétations anciennes sont à relier à la famille Esmenault. Elle est surmontée d'un larmier en pierre de taille moulurée (de facture du XXe siècle). Une niche en brique surmonte cette porte. Un oculus, situé directement à gauche de la porte, présente une arcature inférieure en briques et supérieure en pierre de taille. Il éclaire une cage d'escalier vide. L'escalier, détruit lors de l'incendie de 2004, distribuait les accès, d'une part vers la salle principale du logis du XVIe siècle, d'autre part vers les étages.

Le rez-de-chaussée du logis du XVIe siècle se compose d'une salle principale. Le sol est ici couvert de tommettes et les plafonds sont constitués des poutres et planchers du premier étage (comme pour l’ensemble des pièces des logis du XVIe et du XVIIe siècle au rez-de-chaussée). Un petit réduit se situe en fond de salle, contre la porterie. Au premier étage on trouve une grande salle similaire à celle du rez-de-chaussée. Un autre réduit, en tout point identique à celui du rez-de-chaussée, se situe également à cet étage. Enfin, le logis se termine par de vastes combles ouverts et jointifs avec les combles du logis du XVIIe siècle, sous une charpente de bois. Le haut du mur pignon reçoit un ensemble de boulins circulaires (entrées pour pigeons) actuellement obturés par des éléments en verre éclairant les combles.

Le second logis XVIIe s. (1629)

Il se compose d'un niveau de cave, d'un rez-de-chaussée, d'un étage carré et d'un étage de comble. On observe trois travées sur champs. Le pignon est, initialement aveugle, est percé de baies (XXe siècle). Le logis dispose de trois entrées distinctes. Une porte donnant accès à la salle principale et deux entrées de services (cuisine et cave). La porte principale et celle permettant d’accéder à la cuisine sont d’un style assez similaire avec la porte principale du logis du XVIe siècle. Elles présentent toutefois une décoration plus élaborée à la base de leurs piédroits (en forme en pointe). La clé de voûte de la porte menant à la salle principale présente un blason bûché. La porte qui mène à la cave est encore différente : si son encadrement est également en grès, son linteau est un monolithe droit qui reçoit un chronographe portant le millésime "1629 " inséré dans un cartouche à motif floral. Ce linteau est supporté par deux corbeaux, des piédroits avec chanfreins et base simple.

La cave du logis du XVIIe siècle est accessible par quelques marches en grès. Le sol est en terre battue et le plafond constitué d'une voûte de briques en plein cintre. De par son site (terres humides et nappes phréatiques), la cave du second logis est semi-enterrée, ce qui a une incidence sur la hauteur de l'arrière-cuisine présente juste au-dessus.

La salle principale dispose également d’un sol en tommettes, une cheminée monumentale (cf. infra "cheminées") et des peintures murales du XVIIe siècle qui sont actuellement recouvertes par une protection en bois (voir historique et lien POP Culture). La circulation interne s'effectue en enfilade par le côté sud et permet tout d'abord d’accéder aux cuisines. Cet espace est équipé d'un large âtre de cheminée disposé sur l'ensemble du mur ouest (cf. infra "cheminées") avec un linteau massif en bois. On retrouve ici la porte d'accès vers la cour et un passage vers l'arrière-cuisine accessible après avoir franchi quelques marches en grès. Cette dernière pièce, de faible hauteur, dispose d'un accès direct à la cave et de quelques fenêtres de faible hauteur. Un oculus surmonte la porte de la cave afin d’apporter la lumière extérieure.

Le premier étage, comme évoqué en introduction, dispose ici d'une circulation inversée, non d'origine. On trouve également dans cette dernière pièce une trémie ouverte qui permet d’accéder aux combles.

Les combles surmontent les deux logis en un espace uni. Elles disposent, côté cour, de quatre lucarnes.

Les cheminées 

Trois conduits de cheminée ponctuent la toiture. Suite à l’incendie de 2004, le corps de la cheminée centrale s’est effondrée. On ne recense aujourd’hui que deux cheminées originelles, légèrement modifiées.

La première est la cheminée monumentale de la salle principale du logis du XVIIe siècle. Les bases des piédroits sont d'origine. Ils reçoivent les mêmes décors en pointe que les portes extérieures. La partie supérieure, récente, reçoit un linteau monolithe en grès.

La seconde cheminée est celle de la cuisine. Insérée sur toute la largeur du mur, elle dispose d’un manteau en brique et d’un linteau en bois. Âtres et soles de ces deux cheminées sont constitués de tuiles plates disposées de champs (caractéristiques des anciennes cheminées du manoir qui ne conservent que ces éléments originels.).  

Deux granges exogènes

Les deux granges présentes sur site ne sont pas originelles et sont installées dans les années 1970. La première est une grange rectangulaire fermée à pans de bois avec un remplissage de briques, sur soubassement de grès. Elle dispose d’une couverture à longs pans et de coyaux en pannes flamandes. Les pignons couverts sont essentés avec clins de bois. La seconde grange est également rectangulaire mais ouverte côté cour. Elle reçoit un mur de briques sur soubassement de grès côté rue. Les pignons sont couverts à pans de bois remplis de briques. Elle reçoit une couverture à longs pans avec coyaux en pannes flamandes.

  • Murs
    • grès pierre de taille
    • brique
    • calcaire
    • essentage de planches
    • bois pan de bois
    • torchis
  • Toits
    tuile plate, tuile flamande
  • Étages
    2 étages carrés
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Statut de la propriété
    propriété publique, Communauté d'agglomération de Béthune-Bruay Artois Lys Romane.
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 1966

  • Précisions sur la protection

    Façades et toitures (cad. B 136) : inscription par arrêté du 18 avril 1966.

    Classé au titre objet : Peinture monumentale représentant des motifs floraux, des oiseaux et un décor de rinceaux. XVIIe siècle. Classée au titre objet par arrêté du 15 février 1988 (PM62000313).

  • Référence MH

Documents d'archives

  • AD Nord. Série B, Cote 15110. Chambres des comptes de Lille : Recettes particulières : Recette d'Artois. 1435.

  • AD Pas-de-Calais. Série 3 P 126/93 : folio 931/753. Archives notariées. XIXe siècle.

  • AD Pas-de-Calais. Série 4 E 42/253. Archives notariées. XXe siècle.

  • AD Pas-de-Calais. Série 4E 42/253). Acte de vente du manoir d'Estracelles. 19 mai 1752.

  • AD Pas-de-Calais. Série 3 P 126/93 : f°931/753. Matrice cadastrale de la commune de Beuvry. XIXe siècle.

  • AD Pas-de-Calais. Série 2 C. Cote : 1569/9. Centième de Beuvry [en ligne]. 1569.

Bibliographie

  • BOURGEOIS, Albert. Note Historique : Manoir de l'Estracelles [en ligne]. Beuvry : Club d’Histoire, 2004.

  • PAS-DE-CALAIS. Commission départementale des monuments historiques. Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais. [en ligne]. Réd. Daniel Haigneré. Arras : Sueur-Charrey, 1873-1883. Tome 2 : Arrondissement de Béthune, 1878.

    BNF-Gallica
    p. 320
  • FRANCE. Ministère de l'Instruction publique. Dictionnaire topographique du département du Pas-de-Calais : comprenant les noms de lieu anciens et modernes. [en ligne]. Réd. Auguste De Loisne. Paris : Impr. nationale, 1907. Tome 24.

  • DERVILLE, Alain. Histoire de Béthune et de Beuvry. Dunkerque : Westoek Éditions/Éditions des Beffrois, 1986.

  • PAS-DE-CALAIS. Commission départementale des monuments historiques. Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais. [en ligne]. Réd. Daniel Haigneré. Arras : Sueur-Charrey, 1873-1883. Tome 1 : Arrondissement d'Arras, 1873.

  • TACHET N. et alii. Beuvry (Pas-de-Calais). Manoir de l'Estracelles. Rapport probatoire de fouille programmée, année 2014. Artois Comm : Direction de l'Archéologie, 2015.

Documents figurés

  • Plan de la ferme de Stracelle et des terres prairies, bois et flacques en dépendants, 18e siècle (AD Pas-de-Calais ; 2 Fi 21).

  • Levée du plan parcellaire du desséchement des marais de Beuvry le 15 janvier 1863 (Archives communales de Beuvry ; Section D).

    AC Beuvry : non côté
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Tachet Nicolas
Tachet Nicolas

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France (2023).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers