" Les sépultures des familles Godard et Douilliez, réunies par une seule grille, doivent être l´objet d´une remarque toute particulière, à raison de la singularité qui a présidé à leur décoration. La partie du mur comprise dans l´enclos de cette concession a été ornée, si toutefois on peut se servir de ce mot en pareille circonstance, ornée, disons-nous, d´une peinture représentant des arbres et des fleurs ; certes, cette décoration nous paraît être plus propre à celle d´un théâtre, que convenable à un asile funèbre. Et qu´on ne croit pas que cette opinion nous appartienne exclusivement, nous avons entendu l´émettre bien des fois. Si au moins la beauté de l´exécution rachetait la mauvaise application, on excuserait le maintien de cette espèce de peinture, mais c´est qu´elle est vraiment plus que médiocre ; et en présence de l´entretien soigné de ces tombes de familles, et de l´exécution des monuments, qui sont de fort bon goût, on regrette cette anomalie choquante, car, il faut le dire, l´esprit est plutôt réjoui par cette perspective, que pénétré par la pensée mélancolique dont chaque mortel doit être possédé, quand il visite les tombeaux, séjour de l´éternité.
Contre le mur est maçonnée une pierre sépulcrale en forme de borne antique, sur laquelle est l´inscription mortuaire de M. Pierre François Godard, rentier, décédé le 9 mars 1844, à l´âge de 82 ans. A droite, sur le premier plan, s´élève une fort belle colonne en marbre blanc veiné d´Italie. Elle est érigée à la mémoire de Virginie Gabrielle Degand, épouse de M. Douilliez, décédée le 7 septembre 1844, à l´âge de 31 ans. Enfin, derrière cette colonne, on remarque une petite borne antique sur laquelle est gravée, avec le nom d´un petit enfant, une tête d´ange. Un caveau à tiroirs a été construit dans cette enceinte par M. Leroy-Caussin, et les monuments en marbre sortent des ateliers de M. Deventer."
Stéphane C[omte], 1847, p. 202-203.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.