Maison et magasin de commerce Crimet-Rose - Inventaire Général du Patrimoine Culturel

Parmi les quelques commerces de la commune de Fontaine-sur-Somme qui se concentrent essentiellement autour de la place Jeanne-de-Fontaine, cet ensemble architectural constitue, par ses usages et fonctions successives ou combinées, un exemple intéressant de lieu de vie qui s'est développé tout au long du XIXe siècle.

La parcelle et son lotissement progressif ne sont documentés qu'à partir de 1833, date de l'établissement du plan parcellaire de la commune dit plan cadastral napoléonien (AD Somme ; 3 P 13539). La construction la plus ancienne est manifestement celle située au nord-est (parcelle 719) qui à l'époque, appartient à Pascal Boutillier, cabaretier. Elle est voisine de l'habitation située au nord-ouest (parcelle 713) qui appartient à Constant Boutillier, avant d'être revendue à Auguste Papin qui engage sa démolition en 1879. Édouard Crimet, également épicier et charcutier fait l'acquisition de l'ensemble en 1880, sans doute après son mariage avec Marie Paschalies Rose, sa femme, alors épicière. À la place du bâtiment démoli en 1879 il fait construire un atelier en 1881 (AD Somme ; 3 P 328/4).

Ces constructions sont complétées en 1895 par la construction de la maison d'habitation située au sud-est, dont le manteau de cheminée porte le cartouche de cette date ainsi que les initiales CR pour Crimet-Rose. Entièrement attenante au commerce, cette maison devient une sorte de multi-service. En 1911, Édouard Crimet apparaît comme boulanger et Blanche est épicière-cafetière. Ils restent propriétaires jusqu'en 1931, date du décès d'Édouard Crimet. Par la suite, l'ensemble est racheté par André Rabouille, puis par Julien Flasque, boulanger, qui en fait l'acquisition le 1er avril 1951 (archives privées Étienne Belette). Les différentes cartes postales du lieu soulignent la mixité de commerces. Sur l'une d'elles, l'enseigne porte l'inscription "Café / Boulangerie Épicerie Charcuterie / Rabouille-Pécourt", et sur une autre, les noms de "Flasque Hornoy".

Le bâtiment qui abrite la boulangerie ainsi que le four à pain ne sont pas présents sur le plan réalisé par le Commissariat à la Reconstruction immobilière de 1942. Il n'est indiqué ni comme construit, ni comme détruit, ce serait donc une construction d'après-guerre. Enfin, aux premiers usages commerciaux combinés aux fonctions d'habitation, une salle de spectacle a été aménagée dans les années 1935-1938, dans le bâtiment en brique construit en 1881. La vocation commerciale s'est arrêtée au milieu des années 1980 et l'ensemble a été converti en habitation.

L'ensemble, situé au centre du village, réunit plusieurs maisons implantées en front de rue. Il occupe l'extrémité nord-ouest de la place centrale et forme l'angle avec la rue Saint-Martin. Sa façade principale qui donne sur la place Jeanne-de-Fontaine, regarde la mairie. Cette implantation centrale explique la fonction de lieu de vie et de commerce (épicerie, café, boulangerie, hôtel de voyageurs et salle de spectacle) que les bâtiments ont accueilli en même temps que celles d'habitation.

Ces différentes maisons attenantes les une aux autres, dans l'alignement ou en retour, composent aujourd'hui une propriété unique.

Le premier bâtiment, situé au nord-est de la parcelle, est construit en brique avec un étage carré en pan de bois et torchis, recouvert d'un essentage de plaques carrées de fibrociment, disposées en losange. Le mur pignon nord est en pierre de taille calcaire de moyen appareil avec chape de pignon en brique. Cet édifice est couvert d'un toit en ardoise à longs pans et pignons couverts. Le rez-de-chaussée est percé de quatre ouvertures, dont deux portes.

Le deuxième bâtiment attenant au sud, est également construit en brique. Il présente une élévation de trois travées, à un étage carré et comble à surcroît. Chaque niveau est clairement marqué par un cordon et une corniche en pierre calcaire. L'ensemble est couvert d'un toit en tuile plate mécanique, à longs pans avec pignon couvert au nord et découvert au sud. Le mur pignon nord est essenté d'ardoise tandis que l'autre mur pignon qui accueille la cheminée est en brique. Au sommet de la cheminée un cartouche porte les initiales CR encadrant la date de 1895. Un petit bâtiment en appentis lui est accolé au sud.

À l'intérieur de ces deux bâtiments, à droite, la marque d'un ancien pilier de bar est encore visible sur le sol ainsi que sur la poutre du plafond. La partie centrale est marquée par un sol en tomettes rouges avec motifs triangulaires noires qui forment un couloir en partie centrale. De cette pièce, une porte donne accès à une cave voûtée. Sur le mur droit de cette cave, deux baies ouvrent sur l'extérieur. La partie la plus au sud (à gauche) présente des boiseries et une cheminée en marbre. Un escalier tournant en bois amène à l'étage ou plusieurs chambres sont installées ainsi qu'une salle de bain.

À l'ouest de la première construction, prend place une bâtisse en brique couverte de tuile mécanique qui s'élève sur un étage. Dans la continuité à l'ouest, un premier bâtiment en parpaings puis un second en brique sont édifiés. Dans le bâtiment en brique la scène d'une ancienne salle de spectacle est encore présente. Une seconde cave voûtée prend place sous cet édifice.

Un autre bâtiment, construit perpendiculairement aux deux premières, accueille une cuisine et un four à pain. La grande cheminée en brique est visible depuis l'extérieur.

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