La maison de la Tourbière, au hameau de Vieulaines, illustre la mise en villégiature de la vallée de la Somme et de ses tourbières. Là où autrefois l'habitat privilégiait les espaces plus hauts ou à flanc de côteau, s'implantent désormais des maisons au milieu des zones humides, au cœur des tourbières, non plus en raison de la proximité des tourbières à exploiter mais en raison de la vue qui est proposée. C'est le cas des deux maisons présentes dans l'actuelle rue du Marais, dont la plus ancienne est "la Tourbière".

En 1833, d'après le plan parcellaire de la commune et du hameau de Vieulaines (AD Somme ; 3 P ), il existait dans la rue du Marais une dizaine de maisons et deux fermes. Ces maisons étaient, le plus souvent, occupées par des ouvriers de la tourbe. Mais avec le déclin de cette activité dans le dernier quart du XIXe siècle, ces maisons implantées en zone marécageuse et parfois décrites comme insalubres, furent progressivement abandonnées avant d'être détruites. Cette tendance est particulièrement manifeste au hameau de Vieulaines [IA80010956] qui perd un tiers de sa population durant la dernière décennie du XIXe siècle. La reconstruction des années 1950 est l'occasion de réinvestir ces espaces délaissés, avec une approche différente.

La maison de la Tourbière est construite entre 1946 et 1952, dans le mouvement de reconstruction du village de Fontaine-sur-Somme [IA80010955]. La fourchette chronologique est déterminée par la comparaison de deux photographies aériennes datant respectivement de 1946, où la maison n'existe pas, et de 1952 où elle est figurée. L'architecte, qui n'est malheureusement pas connu, a conçu une habitation qui, en situant les pièces de vie au premier étage, a clairement privilégié le point de vue. En associant ces points de vue en hauteur aux vastes ouvertures horizontales, il permet à ses occupants de dominer les anciennes tourbières devenues de vastes plans d'eau.

Jusqu'en 1990, la maison de villégiature était occupée par le chirurgien Louis-Gaspard Bergeron, décédé le 23 septembre 1983, et son épouse. Le bien a ensuite été revendu à M. et Mme Massias (acte notarié passé devant Me Raymond Renoult le 28 août 1990). C'est à lui que l'on doit les initiales figurant sur la balustrade, que Régis Hénonin, actuel propriétaire, a complétées, en y apposant également les siennes.