Dossier d’œuvre architecture IA80010956 | Réalisé par
Montauban Suzelle (Rédacteur)
Montauban Suzelle

Chercheuse associée à l'inventaire pour l'étude du pays d'art et d'histoire Ponthieu baie de Somme. (2023-2026)

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Abelé Céline (Rédacteur)
Abelé Céline

Cheffe de projet du pays d'art et d'histoire Ponthieu baie de Somme

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Fournier Bertrand (Rédacteur)
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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  • inventaire topographique, Pays d'art et d'histoire Ponthieu-baie de Somme
Le hameau de Vieulaines
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) Baie de Somme - Trois Vallées

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération de la Baie de Somme - Gamaches
  • Commune Fontaine-sur-Somme

De la seigneurie à la formation du hameau de Vieulaines

Vieulaines provient étymologiquement de Villaines (1166) qui serait la forme plurielle de l'adjectif féminin du bas-latin villana signifiant "petite exploitation rurale, tenure de paysan" (Inventaire archéologique, service régional de l'archéologie des Hauts-de-France). La première mention du hameau remonte à 1172, reprise ensuite en 1378 dans les Coutumes de Ponthieu. Vieulaines est alors une seigneurie indépendante de Fontaine sur-Somme, qui appartient à la famille de Belloy. Elle consiste "en un manoir, avec sept journaux d'enclos, entourés de fossés, 22 journaux de marais, 13 de bois, 22 de prés, 5 de terre." Le manoir, qui est évoqué ici, est toutefois le fruit d'une reconstruction d'un château qui aurait existé antérieurement et qui aurait été incendié par les Anglais en 1346, lors de la Guerre de Cent Ans. Au cours de cet événement, la chapelle castrale ainsi que les quelques maisons qui existaient à l'époque auraient également été détruites. Après le XIVe siècle, la famille de Belloy de Vieulaines demeure à la tête de la seigneurie jusqu'au début du XVIIe siècle et contribue au développement du hameau. Elle est notamment à l'initiative de la reconstruction de l'église (IA80010958), entre les XVIe et XVIIe siècles.

Mais en 1615 le territoire est vendu à Jacques de May dont le petit-fils, Jean-Baptiste, prend au milieu du XVIIIe siècle la décision de faire reconstruire le château (IA80010959). Malgré une population relativement faible, Vieulaines conserve son indépendance jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Il n'est rattaché à la commune de Fontaine-sur-Somme qu'en 1791 (BOMY, 2014). Toutefois, son éloignement du centre du village incite la municipalité à lui affecter un régisseur (maire délégué) et à le doter d'un certain nombre d'équipements. C'est le cas de l'école primaire (IA80010961) qui existe dès le début du XIXe siècle. Elle est rebâtie en 1883 et demeure en activité jusqu'au milieu des années 1960.

Évolution démographique

Si au XIVe siècle les sources évoquent la présence d'habitations incendiées par les Anglais, elles manquent de précision sur leur nombre exact. Il faut attendre la fin du XVIIe siècle pour avoir les premiers éléments chiffrés spécifiques au hameau. En 1699, on y dénombre 14 feux, ce qui représente environ 50 à 70 habitants. À la fin du XVIIIe siècle, cinq feux supplémentaires y sont construits. Dans la première moitié du XIXe siècle, le nombre d'habitants continue d'augmenter. On dénombre par exemple 157 habitants en 1836 - dont deux marchands de tourbe -, puis 172 habitants pour 44 foyers en 1841. Cependant, la majorité de la population est relativement modeste. En 1841, 30 des 44 foyers sont habités par des manouvriers et en 1851, 22 % des 200 habitants de l'époque sont qualifiés de pauvres ou d'indigents. Le pic de population se situe en 1866, date à laquelle Vieulaines compte 222 habitants répartis dans 58 maisons. Il existe alors trois cafés dans le hameau.

Dans le courant de la seconde moitié du XIXe siècle, le hameau ne cesse de perdre des habitants. Après le pic de 1866, la population décroît rapidement pour ne plus compter que 188 habitants en 1883 et 119 en 1891. Cette chute brutale de près de la moitié de la population en 25 ans s'explique par l'évolution de l'économie locale. Au début du XXe siècle, Vieulaines ne compte plus que 37 maisons bâties et 14 ont déjà été détruites, souvent pour des raisons d'insalubrité.

Formes du bâti

Le plan parcellaire spécifique au hameau de Vieulaines, établi en 1833, souligne une densité d'habitations relativement importante dans la rue du Marais qui menait aux tourbières. Les fermes et la dizaine d'habitations qu'on y distingue, ont cependant été démolies après leur abandon au début du XXe siècle. Elles ont été remplacées par des maisons de villégiature (IA80010979) construites beaucoup plus tard pour la vue qu'elles avaient sur les étangs formés à partir des anciennes tourbières. Aujourd'hui, 22 maisons sont construites le long de la route d'Abbeville et 34 sur la rue du Bas et la rue Jacques-Pierru.

Quatre d'entre elles semblent être d'anciennes fermes, dont deux sont aujourd'hui partiellement en exploitation. Parmi elles, la ferme Fourdrinier (IA80010964), entièrement détruite durant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que la ferme Jourdain (IA80010962), qui formait l'autre grand ensemble agricole du hameau, ont fait l'objet de reconstruction selon des partis architecturaux radicalement différents.

Activités

En 1785, l’activité des habitants se partage entre le travail du chanvre, utilisé pour la fabrication des ficelles et des cordages, et l'exploitation de la tourbe. Les recensements de population du début du XIXe siècle confirment cette répartition d'une activité partagée entre l'activité textile (29 fileuses en 1851) qui s'exerce à domicile, et les travaux de la terre (manouvriers agricoles, laboureurs, tourbiers). Seuls quelques cultivateurs, comme Jourdain ou Solmon, sont des propriétaires laboureurs. Après les années 1860, la houille qui remplace progressivement la tourbe, ainsi que les inondations fréquentes qui empêchent les habitants d'exploiter les marais (AD Somme ; 99 O 1748), contribuent fortement à une réduction massive du nombre de tourbiers. Ces derniers privilégient un travail en usine, plus régulier et plus rémunérateur, et travaillent plutôt dans l'une des usines textiles de Pont-Rémy (IA80010251). Pour autant, ponctuellement, l'exploitation de la tourbe constitue une source de revenus complémentaire permettant d'aider les indigents et surtout de financer la construction des principaux équipements de la commune (presbytère, écoles...), ainsi que les importants travaux de restauration des deux églises de la commune. Pour chacun de ces travaux, qu'ils soient localisés au village ou au hameau, Vieulaines participait pour un tiers de la dépense. Malgré l'abandon de cette activité tourbière, la trace de son exploitation est restée fortement visible dans le paysage de la commune comme dans celle de la vallée. Il subsiste notamment le marais de Vieulaines au nord du territoire.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine , daté par travaux historiques

Situation

Vieulaines est aujourd'hui un hameau dépendant de la commune de Fontaine-sur-Somme. Il est situé à 1,5 km à l'est du centre bourg du village. L'implantation du bâti du hameau est beaucoup plus lâche que celle du village. Les constructions se concentrent autour du château (IA80010959) et de l'église (IA80010958) à l'ouest, et de l'école (IA80010961) à l'est. Elles s'étendent ensuite sur la rue du Bas qui fait la jonction entre ces deux entités, puis sur la rue du Marais, au nord. La ligne de chemin de fer, qui relie Amiens à Abbeville, passe au sud de la rue du Haut. Les limites du hameau rejoignent le hameau du Catelet qui appartient à la commune de Long. Plusieurs maisons de ce dernier hameau dépendent ainsi administrativement de Fontaine-sur-Somme.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série O ; Sous série 99 : 99 O 1748. Administration communale, Fontaine-sur-Somme. 1870-1939.

  • AMH-DRAC Amiens. Dossier de recensement. Château de Vieulaines. Conservation régionale des Monuments historiques, [1978-1990].

Bibliographie

  • PRAROND, Ernest. Notices historiques, topographiques et archéologiques sur l'arrondissement d'Abbeville. Abbeville : Jeunet, 1854.

  • BOMY, Jean-Pierre. Vieulaines, pour mémoire. [s.d.], 117 p.

Documents figurés

  • Fontaine-sur-Somme, entrée du hameau de Vieulaines, carte postale, [ca 1900] (coll. part).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Syndicat mixte Baie de Somme - Trois Vallées
Montauban Suzelle
Montauban Suzelle

Chercheuse associée à l'inventaire pour l'étude du pays d'art et d'histoire Ponthieu baie de Somme. (2023-2026)

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Abelé Céline
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Fournier Bertrand
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