Dossier d’œuvre architecture IA80010954 | Réalisé par
Montauban Suzelle (Rédacteur)
Montauban Suzelle

Chercheuse associée à l'inventaire pour l'étude du pays d'art et d'histoire Ponthieu baie de Somme. (2023-2026)

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Fournier Bertrand (Rédacteur)
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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Abelé Céline (Rédacteur)
Abelé Céline

Cheffe de projet du pays d'art et d'histoire Ponthieu baie de Somme

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  • inventaire topographique, Pays d'art et d'histoire Ponthieu-baie de Somme
Le territoire communal de Fontaine-sur-Somme
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) Baie de Somme - Trois Vallées

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération de la Baie de Somme - Gamaches
  • Commune Fontaine-sur-Somme

Sites archéologiques

De nombreuses découvertes archéologiques ont été réalisées à Fontaine-sur-Somme. En 1808, l'épave d'un chaland gallo-romain est découverte sur le sable. En 1811, des patères en bronze, des amphores, des bols (dont l'un avec mufle de lion) et un casque en fer de forme "conique" sont découverts. En 1906, un squelette et un coffret gallo-romain sont mis au jour. De nombreux enclos ont été inventoriés sur le territoire communal. Quelques restes d'habitat gallo-romain ont également été découverts au lieu-dit du Moulin-Ignace ou à celui de Caumont. Au lieu-dit le Camp Rouge, une villa à cour rectangulaire ainsi qu'un petit fanum ont été révélés (inventaire archéologique, Service régional de l'archéologie des Hauts-de-France).

Les premières traces d'occupation remontent à la protohistoire, mais elles sont peu nombreuses (Syndicat d'initiative de Fontaine-sur-Somme, 1974). Plusieurs fouilles archéologiques et des prospections aériennes menées par Roger Agache ont pu mettre en évidence de nombreux sites gallo-romains sur le territoire, essentiellement situés au sud du village actuel, sur les hauteurs des coteaux (le lieu-dit du Camp Rouge est le point culminant du village). L'établissement plus au nord du village et de son hameau actuel les rapproche du lit de la Somme, qui s'étendait auparavant sur 2 km de large.

Fontaine et Vieulaines, deux seigneuries rattachées en 1791

Le village de Fontaine et le hameau de Vieulaines sont deux seigneuries indépendantes jusqu'en 1791. Le village de Fontaine était la possession des seigneurs de Fontaine (première mention en 1090), jusqu'en 1282, date de la signature de la Charte communale. Le hameau de Vieulaines était le fief de la famille de Belloy dès le XIIIe siècle, vendu à la famille de May au début du XVIIe siècle. Malgré cela, ils possèdent une histoire commune due à leur proximité. Ils ont notamment tous deux subi les destructions de la guerre de Cent Ans. Les deux territoires possèdent des activités similaires telles que l'agriculture et l'exploitation des tourbières.

Les activités de la commune : l’exploitation de la tourbe

Fontaine et Vieulaines, comme d’autres communes limitrophes, ont prospéré plusieurs siècles grâce à l’exploitation de la tourbe. Cette industrie a façonné le paysage actuel de la commune. On exploite déjà la tourbe au XIIIe siècle (en atteste la Charte communale du village de Fontaine). Des tourbages exceptionnels permettent de construire mairie, écoles ou presbytère : ils financent deux tiers des projets communaux de Fontaine et un tiers pour Vieulaines (Registres de délibérations communales).

À partir des années 1880, l'industrie de la tourbe à Fontaine ne permet plus de faire face aux dépenses communales. L'Inspecteur des écoles primaires explique dans un questionnaire de 1883 au sujet de la nouvelle école de Vieulaines que "la commune de Fontaine-sur-Somme a tiré jusqu'à ces dernières années d'importantes ressources de ses vastes marais tourbeux. Mais ces sortes de revenus ont considérablement diminué : aujourd'hui, l'usage de la houille se généralisant, l'industrie tourbière périclite ; en outre l'extraction de ce "combustible" est entravée, depuis un certain temps, par des inondations presque permanentes, de sorte que la vente des marais communaux est devenue fort difficile et désavantageuse" (AD Somme, 99 O 1748).

Deux décennies plus tard, en 1905, la municipalité s'inquiète de la baisse du nombre de ses habitants (passé à 650). Elle indique que "la principale industrie du pays qui consiste dans l'exploitation de la tourbe périclite à chaque saison et disparaitra bientôt" (AC Fontaine-sur-Somme, Registres de délibérations communales, 1905).

Fontaine et Vieulaines au XIXe siècle

La population

En 1836, lors de l'élaboration de la matrice des propriétés foncières, le village et le hameau étaient constitués de 332 maisons (pour 1316 habitants, soit environ quatre habitants par foyer), trois maisons bourgeoises, deux moulins et un chaufour (four à chaux). Lors du premier recensement en 1793, la commune comptait 879 habitants. Le pic du nombre d'habitants se situe en 1841 (1367 habitants). Par la suite, la population ne fait que baisser, en particulier dans les années 1870 et 1880 (la commune perd 157 habitants entre 1876 et 1881 par exemple), pour arriver à 759 habitants au début du siècle suivant. Au XIXe siècle, il y a peu d'activités à Fontaine mis à part l'agriculture et l'exploitation de la tourbe. À l'ère industrielle, les populations se rapprochent des endroits où il y a plus d'activité, c'est indubitablement pour cette raison qu'une baisse de la population est observée à partir de 1841.

L'arrivée du chemin de fer

La ligne de chemin de fer Boulogne-sur-Mer-Amiens, dont la construction débute en 1844, traverse le village de Fontaine et le hameau de Vieulaines. Il existe cinq passages à niveau sur la commune, mais pas de halte à l’origine. En 1876, les habitants souhaitent qu’un arrêt soit créé : il faut attendre 1885-1890 pour qu’une gare soit aménagée. Cependant, la création de cette halte n'empêche pas le déclin de la population communale. Cette gare n’est aujourd’hui plus desservie.

Les conflits du XXe siècle

La Première Guerre mondiale

Un monument aux morts (IA80000035) est érigé devant l’église Saint-Riquier (IA80010957) après la Première Guerre mondiale. Il est réalisé par le sculpteur amiénois Albert Roze. Malgré l'absence de zone de conflit à Fontaine-sur-Somme, le pont qui relie la commune à Cocquerel a subi quelques dégâts : le passage régulier des camions et des lourdes charges d'artillerie a écrasé sa culée. D'importants travaux sont donc nécessaires après la guerre.

La Deuxième Guerre mondiale

Fontaine et Vieulaines subissent d’importants dégâts lors de la Seconde Guerre mondiale. En juin 1940, la commune est le centre de combats entre Français et Allemands. Dans un article intitulé Je suis vivant, Roland Dumont relate l’arrivée à Fontaine :

"(…) L’arrivée à Fontaine-sur-Somme fut calme. Notre dragon devait tout d’abord placer son engin, car il pilotait un engin léger chenillé (précurseur du half-track) dans une ferme aujourd’hui disparue, à l’entrée de Fontaine, sur Sorel-en-Vimeu. Puis il effectuait des patrouilles à pied dans le village, cherchant le contact avec les ennemis disséminés à l’opposé du village. Entre-temps, avec ses copains du 3e Régiment, il libérait les bêtes de la ferme, abandonnées par les propriétaires en exode. Des bêtes qui souffraient de faim et de manque de soins : les vaches n’étaient pas traites depuis plusieurs jours. Dès le matin du 5, les Allemands attaquaient. Un trou énorme était formé au carrefour central du village et empêchait l’engin motorisé de passer. Des avions de la Luftwaffe survolaient et mitraillaient les positions françaises. Après des tirs meurtriers et des échanges violents, ordre était donné à Charles Lapierre de rejoindre le PC à Sorel-en-Vimeu. Il prenait donc le chemin reliant ces deux villages, toujours pilonné par ce maudit avion qui passait et repassait en mitraillant."

D’autres précisions sont données sur la destruction de la commune dans le bulletin n°107 du Syndicat d’initiative. Les habitants avaient fui et Fontaine était vide. Les routes avaient été détruites par les troupes françaises pour rendre l’avancée des Allemands plus difficile. Arrivés à Fontaine, les Allemands ont brisé les vitres de maison pour y jeter des plaquettes de phosphore, une partie de la commune est alors incendiée.

Des habitants témoignent également sur les évènements. Lors de son audition en 1948, M. Franchy indique : "En 1940, je n’ai pas évacué Fontaine. Je puis dire que les Allemands ont occupé la commune le 21 ou le 22 mai 1940. Naturellement, je n’ai pas évacué, mais pour ma tranquillité, j’ai été dans l’obligation de me cacher dans les marais, jusqu’au moment de l’offensive du 6 juin 1940, époque où les troupes de 1ère ligne ont quitté les lieux". Ce témoignage est complété par celui de M. Legry : "Il est un fait, la commune a été occupée par les Allemands dès le 22 mai 1940 et cette occupation s’est prolongée assez tardivement, même après l’offensive de juin 1940. Comme déjà indiqué, je crois ajouter, que pendant la période du 22 mai au 6 juin, la commune s’est trouvée dans le théâtre des opérations de guerre, ce dont témoignent encore les ruines" (AD Somme, 1297 W 312).

La commune subit des dégâts à hauteur de 53%. Avant 1939, il y avait 194 immeubles à Fontaine-sur-Somme, 49 sont complètement détruits (25% du bâti), 55 sont endommagés (AD Somme, 26 W 838). Des baraques sont installées pour remplacer les bâtiments détruits. La commune fait la demande de 34 baraquements dont 10 logements type "écurie", et une église de 250 places assises. L'église est installée devant la maison sise au 7 rue de Haut, qui sert alors de presbytère (témoignage oral de Mme Hervey). En mars 1942, la municipalité demande également un baraquement pour l'école (1 baraque 5 travées de 3.35) (AD Somme, 26 W 500). Un plan, dressé en 1942 par M. Fisseau du Commissariat technique à la reconstruction immobilière dresse l'état des destructions survenues à Fontaine-sur-Somme lors du conflit de juin 1940. C'est l'est du village de Fontaine qui est atteint ainsi que deux fermes au sud du hameau de Vieulaines.

  • Période(s)
    • Principale : Protohistoire, Gallo-romain, Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine

Territoire de la commune

La commune faisait partie de l'ancien canton d'Hallencourt, elle est aujourd'hui dans le canton de Gamaches. Fontaine-sur-Somme est composée du village de Fontaine et du hameau de Vieulaines à l’est. La frontière est délimitée par le canal de la Somme au nord. Le territoire est limitrophe des communes de Cocquerel et Long au nord, Longpré-les-Corps-Saints à l'est, Sorel-en-Vimeu au sud et Lieucourt et Pont-Remy à l'ouest. Il s'étend sur une superficie de 15 km2. En 2020, la commune comptabilisait 518 habitants dans 347 logements, dont 232 sont des résidences principales (source : Insee). La commune est coupée en deux par une route départementale et une ligne de chemin de fer, ces deux voies de circulation se suivent.

Environnement naturel et paysager

Fontaine-sur-Somme se situe dans la vallée de la Somme.

Le sud de la commune est constitué principalement de terres agricoles. Plusieurs vallées sèches marquent ce territoire, comme la vallée Martias, la vallée Bernival, la vallée de l'église ou encore la vallée Marinette. Des affleurements calcaires sont visibles par endroits. Le sud du territoire possède également plusieurs bois, comme le bois de Quatre Chênes, le bois de Cormont, le bois de Vieulaines ou le bois de Ladre.

Au nord du village et du hameau, le territoire représente l'ancien lit de la Somme, aujourd'hui canalisé. De nombreux étangs et marais s'étendent dans cette zone. Les étangs, appelés "intailles" en picard, ont été façonnés au fil des siècles par l'exploitation de la tourbe (Baie de Somme 3 Vallées, 2020).

La présence importante de l'eau a causé dans l'histoire de nombreuses inondations. Les risques d'inondation touchent la partie au nord de la voie ferrée, à Fontaine et Vieulaines, de manière plus ou moins forte selon les endroits. Depuis le XVIIe siècle (1615), 20 crues ont été comptabilisées sur la commune (Baie de Somme 3 vallées, 2020) ; ces évènements sont évoqués dans les registres de délibérations du XIXe siècle. La municipalité effectue différents aménagements pour essayer d'en diminuer les conséquences. La dernière en date, en 2001, a été particulièrement exceptionnelle : l'eau est montée à 1 m 50 dans la rue Clabaut (qui traverse la vallée d'un coteau à l'autre) le 29 mars 2001 et n'a baissé qu'à partir de fin mai. D'importants travaux ont été entrepris dans la commune après 2001 pour limiter les risques d'inondation.

Documents d'archives

  • AC Fontaine-sur-Somme. Registre de délibérations du Conseil municipal, 1853-1877.

  • AC Fontaine-sur-Somme. Registre de délibérations du Conseil municipal, 1877-1896.

  • AC Fontaine-sur-Somme. Registre de délibérations du Conseil municipal, 1916-1926.

  • AD Somme. Série W ; Sous-série 26 : 26 W 838. Statistique des destructions par communes, [1942-1953].

  • AD Somme. Série W ; Sous-série 26 : 26 W 500. Demande de baraquement pour les sinistrés : compte financier, 1941-1942.

Bibliographie

  • BAIE DE SOMME 3 VALLEES. Atlas paysager et patrimonial, Fontaine sur Somme. Dir. C. de Zélicourt. Abbeville : Baie de Somme 3 Vallées, 2020.

  • BEUCHER, Stéphane. Les Inondations de la vallée de la Somme de 2001, extensions spatiales, aspects historiques, acteurs. [Mémoire de maîtrise]. Paris : Université Paris X, 2004. 160 p.

  • PRAROND, Ernest. Notices historiques, topographiques et archéologiques sur l'arrondissement d'Abbeville. Abbeville : Jeunet, 1854.

Périodiques

  • DUMONT, Roland. Je suis vivant. Le Courrier Picard, 11 juin 1985.

Documents figurés

  • Fontaine-sur-Somme, l'industrie de la tourbe : le moulage, carte postale, édit. Vve Maison Gavois et Chevallier, 1905 (coll. part.).

  • Fontaine-sur-Somme. Le moulin, les ruines, carte postale, Boildieu-Hans éditeur, [s.d.] (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Syndicat mixte Baie de Somme - Trois Vallées
Montauban Suzelle
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