En 1804, le presbytère de la paroisse de Cocquerel était aménagé dans un bâtiment assez éloigné de l’église, qui servait à la fois de maison commune et de presbytère. L'édifice était situé à l’angle de la rue du Bac et de la rue Coquette, comme l'indique le plan parcellaire, dit plan napoléonien, réalisé en 1812 (parcelles 225 et 226). À cette date, le bâtiment fait d’ailleurs l’objet d’une restauration pour un montant de 2025 francs. Il apparait également sur un plan plus tardif de 1869 (AD Somme ; 99 O 1185), exécuté justement dans la cadre d'un projet de construction d’un nouveau presbytère.

Si la municipalité émet le souhait de construire un nouveau presbytère dès 1860, il n’en va pas de même pour les habitants, qui ne cachent pas leur opposition et s’en émeuvent auprès du préfet du département. Selon eux, "la commune est dénuée de ressources, alors que le presbytère actuel est construit dans un lieu fertile et abrité". Ils reconnaissent que l’édifice doit "être restauré urgemment", mais ils redoutent que le prochain édifice soit construit "sur un chemin de grande communication, exposé aux vents du nord, à l'intempérie des saisons […]. Il est même indigne, selon eux, qu’un maire sacrifie les intérêts de la commune à ses propres désirs [...]. Nous protestons donc contre le choix du maire, contre le peu d'intérêt qu'il apporte à la prospérité de la commune qui va être accablée d'un impôt illégal et exorbitant". Face à de telles oppositions, le maire décide d'ajourner ce projet.

Il revient cependant en 1863 par l'intermédiaire de l'évêque d'Amiens qui appelle l'attention du sous-préfet sur l'état de délabrement du presbytère actuel et invite la municipalité à se prononcer sur un nouveau projet (AD Somme ; 99 O 1185). Cette dernière charge alors l'architecte Doselle d'établir ce projet de reconstruction. Pendant ce temps, des travaux d'entretien du presbytère de l'époque ne sont pas engagés et l'édifice continue de se dégrader. Le 9 septembre 1866, le conseil municipal émet le souhait d'acquérir un immeuble "qui pourrait servir de presbytère", situé route d'Abbeville, et appartenant à M. Devauchelle, meunier à Long. Mais les habitants manifestent toujours leur opposition à une telle dépense, estimée à 10 000 francs, et privilégient la restauration de l'édifice actuel. La municipalité charge donc Léopold Dingeon (1838-1890), architecte à Abbeville, de dresser un nouveau devis estimatif des travaux à réaliser (AD Somme : 99 O 1185 : délibération du Conseil municipal du 4 novembre 1866). Dans le cadre de nouveau projet, l'évêché d'Amiens souligne au préfet de la Somme que "le presbytère n'est plus habitable. La pluie pénètre de toutes parts [...] En conséquence, le prêtre, qui y logeait, a donc été retiré sans successeur. Les bons paroissiens souffrent de cette privation. [...] je partage leur peine, mais je ne pourrais nommer un nouveau curé à la paroisse de Cocquerel que tant qu'un logement, provisoire, convenable, serait assuré pour son usage et que de promptes mesures seraient prises pour la reconstruction du presbytère [..]". L'évêché souhaite également que le nouveau presbytère change d'emplacement, l'actuel étant trop éloigné de l'église. Cette décision ne fait pas évoluer la position des habitants qui demeurent toujours opposés à la construction d'un nouveau presbytère en 1867. Le geste d'apaisement vient de l'évêché qui, le 2 décembre 1867, accepte de remettre en place un prêtre à la commune, "à la condition que le Conseil municipal fasse preuve de bonne volonté eu égard au logement du prêtre" (AD Somme ; 99 O 1185). C'est à partir de ce moment que la municipalité décide d'acquérir deux terrains (section C, parcelles 156 et 157 du plan de 1812), situés à seulement 100 m de l'église, et charge l'architecte Léopold Dingeon de dresser les plans d'un nouvel édifice. Ceux-ci sont réalisés le 2 novembre 1868. Ils donnent des indications précises sur la distribution intérieure avec le vestibule central qui dessert la cuisine, un salon au nord et une grande salle à manger au sud. L'escalier central dessert quant à lui le premier étage et ses quatre chambres ainsi qu'un cabinet de toilette.

L'ensemble des travaux, qui incluent le prix d'achat du terrain, est évalué à la somme de 13 000 francs. Le financement en est assuré par la vente de l'ancien presbytère - un don de la famille de Saveuse -, par un impôt extraordinaire, et le secours sur des fonds du département et de l'État.

Après un léger retard occasionné par les modifications demandées par le ministère de la Justice et des Cultes, et un surcoût qui y est associé, le projet est adjugé à M. Carpentier, entrepreneur à Long, le 16 juin 1869. En mai 1870, une imposition supplémentaire est prononcée pour terminer le financement des travaux. Le 7 février 1872, les travaux qui semblent avoir été achevés depuis plusieurs mois déjà, font l'objet d'une réception officielle (AD Somme ; 99 O 1185 : délibération du Conseil municipal du 7 février 1872).