Étymologie et origines du village

La première mention du village de Cocquerel remonte à 1050 sous le nom de Cokerellum. Il existe deux hypothèses sur l’origine de ce toponyme. La première serait liée à la présence de nombreux moulins à Cocquerel : le nom du village serait un dérivé du picard""kokerel", qui signifie jeune coq, et qui ferait référence au bruit que fait le moulin à vent, proche du cri du coq. La deuxième hypothèse, émise par Albert Dauzat et Charles Rostaing dans leur Dictionnaire étymologique des noms de lieux de France, explique que le nom viendrait du mot cokerel, qui signifiait "élevage de volailles". Quoi qu'il en soit, les deux étymologies soulignent la vocation agricole du village, dont le nom connut de nombreuses autres déclinaisons à travers les siècles : Kokerel, Chocherel, Quoquerel, Cokerel, Coquerelle, et d'autres encore…

Les seigneuries de Cocquerel

Paul Dacheux écrit dans sa Notice historique et géographique (AD Somme ; 2 NUM 74) que la seigneurie était tenue en pairie du roi. Elle était constituée d'une maison seigneuriale, de 105 journaux de terre et de 500 livres de censives. Jusqu’en 1710, le territoire de Cocquerel appartient aux seigneurs de Pont-Rémy. Le premier seigneur mentionné pour le village est Girard de Pont-Rémy en 1160. Les terres passent par alliance à la famille de Baiz (1360) puis à la famille de Waencourt (1380). Elles sont ensuite achetées en 1457 par Jean de Créquy.

Le hameau de Longuet (IA80010983) est quant à lui rattaché à Cocquerel en 1660. Les deux terres partagent alors le même seigneur. De nouveau par mariage, Cocquerel passe aux mains de la famille de la Trémoille (1687). Charles-Louis Bretagne de la Trémoille met en vente vers 1710 les terres de Cocquerel qui sont acquises par François de Calonne pour la somme de 160 000 livres. Les terres sont saisies puis vendues en 1770 à M.L.C. Roulleau. Cocquerel est de nouveau vendu en 1784 à Louis Simon Jules Malot, procureur au Parlement à Paris, pour une somme de 73 340 livres.

Le château de Cocquerel (IA80010985) est ensuite acquis par Pierre Jules du Maisniel de Saveuse, qui semble déjà en être propriétaire en 1834 lorsqu'il procède à la démolition du château primitif, selon l'indication faite dans la Matrice des propriétés foncières (AD Somme : 3 P 200/3). Par mariage, le château est ensuite transmis à la famille Le Mesre de Pas, puis à la famille de Robien.

Développement et structuration du village

Plusieurs traces archéologiques délimitant des enclos ont été repérés sur les coteaux, entre la Somme et la plaine, par l'archéologue Roger Agache. Ils constituent les premières traces d’occupation humaine sur le territoire de Cocquerel, et notamment aux lieux-dits de la Terre Ribaude, Les Groseilliers, Les Quatorze et Les Bucquets.

Le village actuel de Cocquerel suit cette implantation logique et ancienne le long du coteau. Le plan parcellaire du cadastre napoléonien permet de visualiser l’implantation du bâti de la commune en 1812. Ainsi, la rue d’Abbeville et le sud de la commune présentent un bâti beaucoup plus dense. La rue du Bacq, la rue Coquette et la rue des Fontaines (à l’est du château, mais qui n’existe plus aujourd’hui), sont à l'époque beaucoup plus construites qu'aujourd'hui. Cela s'explique par la densité de population beaucoup plus importante en 1812 (500 habitants) qu'aujourd'hui (219 habitants). Depuis 1812, un grand nombre d’édifices construits entre la Somme et la route d’Abbeville ont disparu. Au nord du village, entre la rue de Francières et la route d’Ailly-le-Haut-Clocher, de nouvelles constructions se sont établies : sur le plan de 1812 il n’existait qu’une ferme.

La rue du Bacq amenait auparavant à un bac qui permettait de traverser la Somme pour rejoindre Fontaine. Ce bac a été supprimé en 1883, remplacé par un pont (IA80010980) construit dans les années 1870.

Formes parcellaires et implantation du bâti

Sur le plan parcellaire du cadastre napoléonien, il y a environ 71 fermes à Cocquerel sur 127 propriétés. L’implantation du bâti a donc fortement évolué depuis 1812. L'étude du cadastre napoléonien permet de mieux comprendre l'implantation actuelle du bâti.

Des traces des anciennes formes parcellaires subsistent encore aujourd’hui. Dans la rue d’Abbeville, des petites fermes sont construites sur de longues parcelles étroites, en lanière. L’agencement des différents bâtiments des fermes forme une cour intérieure, souvent rectangulaire, fermée sur la rue soit par la maison d’habitation soit par un bâtiment agricole. Elles sont accolées les unes aux autres et forment (comme on le voit aujourd’hui), un front bâti sur la rue. La même disposition est visible à certains endroits au sud de la commune, dans la rue de Fontaine par exemple. Dans la rue de Baillon-Haut, qui monte à flanc de coteau, le bâti est plus dispersé. Les fermes, principalement construites à l’est de cette rue, présentent des tailles et des formes variées. L’habitat entre la rue d’Abbeville, la rue du Bacq et la rue Coquette est particulièrement dense. Trois fermes proches du château sont de taille plus importante. La partie sud-est du village est marquée par l’implantation du château et de son parc, son propriétaire occupe effectivement un grand nombre de parcelles dans cette zone.