Relier le village de Fontaine-sur-Somme à celui de Cocquerel par un pont qui enjambe la Somme est un projet qui ne trouve sa concrétisation que durant le dernier quart du XIXe siècle. Avant cette date, les habitants des deux communes passaient d'une rive à l'autre par un système de bac, dont la rue du même nom (rue du Bacq) à Cocquerel garde le souvenir. Cet équipement fut vraisemblablement utilisé jusqu'en 1883 (AD Somme ; 3 P 200/7).

La perspective et la volonté d'établir une halte ferroviaire (IA80010971) à Fontaine-sur-Somme renforça la pertinence d'une telle construction. La mise en relation des deux éléments est d'ailleurs soulignée par l'emplacement retenu, dans la continuité de la rue Clabaut qui mène à la gare de Fontaine-sur-Somme, et de la rue Coquette à Cocquerel.

Le pont est envisagé en 1874, date à laquelle le conseil municipal de Fontaine-sur-Somme argumente sur le fait que ce pont est "depuis longtemps ardemment désiré par les habitants de toutes les communes appelées à en profiter, le conseil lui trouve la plus grande, comme la plus incontestable utilité". (AC Fontaine-sur-Somme, registre de délibérations du conseil municipal, 1853-1877). Le coût global des travaux est évalué à 34 000 francs, dont 6000 francs à charge des communes. Mais quatre ans après, la question de la répartition du financement n'est toujours pas résolue entre les deux communes. Après d'âpres négociations, la commune de Fontaine-sur-Somme s'engage à verser en 1878 la somme de 4000 francs, soit les deux tiers du coût à charge des communes. Cependant Cocquerel n'est pas en mesure d'honorer complètement sa participation : la commune ne finance que 1000 francs. Le pont est pourtant construit vers 1880. Il s'agit alors d'un pont à structure et tablier métallique avec double pile maçonnée centrale, tel qu'il figure sur plusieurs cartes postales antérieures à la Première Guerre mondiale.

Mais au cours de la Seconde Guerre mondiale, et notamment lors d'un bombardement qui fut perpétré le 1er septembre 1944, le pont est entièrement détruit. Les sources orales soulignent que l'explosion fut d'une telle violence que ses vibrations provoquèrent des dégâts irrémédiables au château de Cocquerel (IA80010985), déjà fragilisé par les bombardements de 1940 (AD Somme ; 7 W 116).

Un nouveau pont en charpente de béton armé est reconstruit au même emplacement vers 1950. L'usage du béton armé permet de supprimer la pile centrale en maçonnerie.