Ce tableau porte une signature, malheureusement illisible, suivie de la date de 1701. Dans l'état actuel des recherches, l'anonymat de cette œuvre reste difficile à percer. Il s'agit de toute évidence d'une œuvre et d'une composition originales, de très grande qualité, et non d'une copie, même interprétée. Sa grande originalité, le choix d'une œuvre nocturne, montre la connaissance d'exemples picturaux célèbres, alors diffusés par la gravure et de nombreuses copies. Ses possibles sources d'inspiration sont multiples. Son atmosphère générale évoque la composition du peintre Antonio Allegri dit Il Corregio, La Nuit, vers 1529-30 (Dresde, Gemäldegalerie). Cette influence est particulièrement visible dans le groupe et le type de la Vierge à l'Enfant, à l'identique source de lumière éclairant les visages en clair-obscur. On peut de même citer le tableau de Guido Reni, vers 1640, de la Chartreuse de San Martino à Naples. La date de 1701 inciterait à chercher vers les nombreux contemporains ou disciples du peintre romain Carlo Maratta (1625-1713). Le tableau de Guise est d'ailleurs très proche d'une œuvre de celui-ci, également conservée à Dresde, portant le titre de La Sainte Nuit. Le tableau est influencé par la peinture de clair-obscur et les courants caravagesques des écoles nordiques (Flandres ? ou Allemagne ?), dont on peut trouver de semblables compositions nocturnes chez Matthias Stomer, Gerrit van Honthorst, Gerard Seghers ou Wolfgang Heimbach. On ne peut cependant exclure que ce tableau revienne également à un peintre français ou nordique, probablement allemand, ayant pareillement subi ces mêmes influences, ou travaillant en Italie. Le nom d'Ignaz Stern dit Stella peut également être avancé. Ce tableau se rattache à tout un pan de la peinture européenne du 17e siècle qui s'est plu à exploiter la poésie mystérieuse de la nuit d'où semble émerger la lueur du Sauveur de l'Humanité. Le peintre a multiplié les détails pittoresques, créant de superbes morceaux de peinture, tel le motif du panier d'osier rempli d’œufs. Cette œuvre paraît connaître localement au 19e siècle une certaine notoriété puisqu'une copie, de taille réduite et datée de 1851, est conservée dans l'église paroissiale Saint-Michel de Vadencourt (canton de Guise). Le tableau ainsi que son cadre ont fait l'objet d'une restauration et d'un revernissage en 1996-1997.