Dossier d’œuvre objet IM02005576 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • patrimoine de la Reconstruction
  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
Ensemble des peintures monumentales du chœur : le Péché originel, la Rédemption et l'Eucharistie, Ancienne église paroissiale Saint-Martin de Bichancourt
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération Chauny-Tergnier-La Fère - Coucy-le-Château-Auffrique
  • Commune Bichancourt
  • Adresse Église paroissiale Saint-Martin , rue de l'Église , rue du Calvaire
  • Emplacement dans l'édifice murs et voûte du chœur et du sanctuaire
  • Dénominations
    peinture monumentale
  • Titres
    • Péché originel (Le)
    • Rédemption (La)
    • Eucharistie (L')
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

L'église Saint-Martin de Bichancourt est reconstruite entre 1928 et 1931, sur les plans de l'architecte Charles Luciani (1891-1951). Vers août 1930, ce dernier commande au peintre Louis Mazetier (1888-1952) - avec qui il vient de collaborer à Notre-Dame de Chauny - les cartons des verrières et le décor intérieur peint de l'édifice. D'après l'ouvrage d'Yves-Jean Riou consacré à Louis Mazetier, le travail aurait commencé par le chœur à l'automne 1930. Ce décor est achevé en 1931, comme en témoigne la date peinte après la signature de l'artiste, apposée en dessous de la Vierge, au sud du chœur.

L'église est endommagée en mai 1940 par des bombardements qui altèrent le décor. La réparation de l'édifice est entreprise vers 1950. Le bulletin paroissial "Le Soc", édité pour ce secteur, signale en mars 1951 que les voûtes sont restaurées et que les peintres pourront bientôt intervenir. D'après le dossier de dommages de guerre, Louis Mazetier, qui se trouve alors à Toulouse, aurait accepté de restaurer les fresques du monument. Mais on ne sait pour quelles raisons l'artiste-créateur n'a pas été engagé. Le rétablissement du décor a été confié à Frédéric Hémond (1911-2012), ancien apprenti et assistant de Mazetier.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1930, daté par source, daté par travaux historiques
    • 1931, porte la date
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Mazetier Louis
      Mazetier Louis

      Louis Barthélemy Olivier Mazetier est né le 29 octobre 1888 à Saint-Michel-en-l’Herm (Vendée). Dès 1908, il se consacre à l’enseignement primaire. Mais en 1911, il abandonne ce métier et entre à l’école des beaux-arts de Nantes. Il parfait alors sa culture, tant générale que musicale. Puis en 1913, il entre à l’École des beaux-arts de Paris, où il se forme à la peinture dans les ateliers de Raphaël Collin, puis de Fernand Cormon.

      Ayant rencontré Jean Gaudin après la Première Guerre mondiale, il travaille comme cartonnier de vitrail religieux pour le verrier Félix Gaudin et pour son fils Jean. Il se laisse séduire par cette activité et fournit à cet atelier réputé des cartons de vitraux et de mosaïques pour une quarantaine d’églises, de 1920 à 1933.

      S’étant installé à Chauny en 1929, il participe à la restauration et à la reconstruction de nombreuses églises de l’Aisne, s’attaquant à la décoration murale de ces édifices et collaborant avec différents peintres-verriers, dont Pierre Villette de la Société nouvelle artistique et surtout, Marcel Delange. Il produit au cours de la décennie 1930 quelques-unes de ses plus belles verrières dans le département de l’Aisne et atteint le faîte de sa carrière peu avant la Seconde Guerre mondiale.

      Réfugié en Vendée pendant ce nouveau conflit, il destine alors ses créations à plusieurs églises de cette région. Sa carrière rebondit après la guerre, bien qu’en cette période, le décor des églises soit confié aux plus grands artistes contemporains. Il décède à Saint-Fraigne (Charente) le 20 mars 1952.

      Son style particulier et reconnaissable fait souvent appel à des couleurs de verres très denses. Tout aussi originaux sont les sujets religieux traités, souvent inédits, ou les thèmes développés, centrés sur le Bien et le Mal, le Rachat et la Rédemption.

      Pour en savoir plus, consulter : RIOU, Yves-Jean. Louis Mazetier. Poitiers : Éditions C.P.P.P.C., 2015.

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      peintre signature, attribution par source

Un décor peint continu recouvre la totalité des murs et de la voûte du chœur et du sanctuaire. Les scènes des murs nord et sud du chœur, inscrites dans un arc en plein cintre et composées comme des tableaux, se détachent de cet ensemble ornemental.

Le décor est peint a fresco (à fresque) sur un enduit de ciment. La peinture pourrait être du "stic B", peinture qui se dilue à l'eau et s'applique aisément sur ce type de support, bien que Frédéric Hémond, dans une interview, ait précisé que Mazetier fabriquait lui-même certaines couleurs. Les coloris employés sont surtout des couleurs chaudes, sur lesquelles tranchent le blanc et différents bleus.

  • Catégories
    peinture murale
  • Structures
    • en plein cintre
  • Matériaux
    • ciment, support peint, polychrome, fresque
  • Précision dimensions

    Mesures des représentations de la Rédemption et de l'Eucharistie : la = 305.

  • Précision représentations

    Le décor figuré a été destiné aux murs, tandis que la voûte ne dispose que de motifs répétitifs.

    Les trois baies du sanctuaire sont encadrées chacune par deux jeunes chevaliers auréolés, représentés de face. Ils portent sur leur armure et leur cotte de maille, une riche tunique ceinturée et un long manteau. Leurs mains gantées sont posées sur un écu orné d'une croix. Ces six chevaliers, installés au-dessus de vases ou calices ornementaux, pourraient être des anges ou des archanges - comme dans le sanctuaire de l'église Notre-Dame de Chauny -, si l'on accepte de reconnaître des ailes stylisées dans le motif décoratif qui les surmonte. Il pourrait aussi s'agir de saints militaires, chargés de monter la garde au-dessus du maître-autel, de part et d'autre des personnages figurés sur les précédentes verrières.

    En dessous de chaque fenêtre, un médaillon peint renferme un symbole christique ou eucharistique animalier. Au centre, a été placée la représentation traditionnelle de l'Agneau de Dieu, qui maintient de la patte une haute croix d'où flotte l'étendard de la Résurrection. À droite, le pélican mystique, nourrissant ses petits avec ses entrailles et son sang, symbolise le sacrifice du Christ pour le Salut de l'humanité et l'évoque, nourrissant les Hommes avec l'Eucharistie (sa chair et son sang). Enfin, à gauche, un poisson tenant un pain dans sa bouche pourrait représenter le Christ instaurant l'Eucharistie, à moins qu'il ne s'agisse d'une allusion aux deux miracles de la multiplication des pains et des poissons, préfigurations de l'Eucharistie.

    Les parois de la travée du chœur qui précède le sanctuaire ont reçu seulement deux scènes figurées. Au nord, l'iconographie se rapporte au péché originel et à sa rédemption grâce à la naissance du Christ. Dans un tableau en abyme, le serpent, enroulé autour de l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal, s'apprête à déposer dans la main d'Ève le fruit qu'il serre dans ses mâchoires. Adam, qui assiste à la scène, tend lui-aussi la main. Tout autour, le décor paraît consacré à la Nativité (?). En présence de deux anges, dont l'un balance un encensoir et l'autre semble jouer avec une étoile rayonnante, la Vierge et saint Joseph prient, de part et d'autre de l'Enfant Jésus. Pourtant, l'Enfant n'est pas ici un nourrisson dans la crèche, mais un petit enfant qui se tient debout sur une forme arrondie évoquant la Terre. Il écarte les bras dans un geste d'accueil, pourtant comparable à l'attitude d'un crucifié, et ses mains et ses pieds comportent déjà la marque des clous. La colombe du Saint-Esprit plane au-dessus de lui. Dans cette Sainte Famille peu traditionnelle, sans doute faut-il reconnaître une présentation de l'Enfant Jésus Rédempteur, thème déjà abordé dans la peinture du XVIIe siècle.

    Au sud, les représentations - qui s'écartent de l'iconographie canonique, bien qu'inspirées par les Évangiles - se rapportent à l'Eucharistie, source de Salut et de vie éternelle. Le sujet en abyme semble illustrer le souper à Emmaüs. Le Christ est assis de face derrière une petite table. Il s'apprête à bénir le calice qu'il tient de la main gauche. Il est encadré par deux hommes de profil, nimbés et en prière. Toutefois, le récit évangélique de saint Luc (chapitre 24, versets 18-35) ne mentionne que la bénédiction et la distribution du pain, avant que le Christ ne disparaisse aux yeux des deux disciples qui viennent juste de le reconnaître. Cette image pourrait donc être plutôt une Cène en réduction, les deux hommes auréolés et en prière symbolisant l'ensemble des apôtres que l'artiste n'avait pas ici la place de représenter. Quant au second sujet, il s'agit d'une adaptation du thème de la Messe de saint Grégoire, messe au cours de laquelle avait été prouvée - par une vision - la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. La scène se déroule dans une église, devant un autel préparé pour la messe. Un prêtre tonsuré, revêtu de sa chasuble, est agenouillé devant un Christ en croix. Dans son calice tendu, il recueille un liquide jaillissant du flanc percé du Christ, liquide transparent qui serait donc l'eau et non le sang. La Vierge se tient debout, les mains jointes, à côté du Christ mort. C'est un rappel de sa présence au Golgotha, mais aussi une allusion à sa médiation entre les Hommes et le Christ, et à sa coopération active au Salut de l'humanité. Peut-être faut-il associer à cette scène le souvenir des Noces de Cana, où le Christ a changé l'eau en vin après une intervention de la Vierge Marie. Ce passage de l'Évangile selon saint Jean (chapitre 2, versets 1-11) est en effet considéré comme une annonce de l'Eucharistie (changement du vin en sang du Christ) et de la Passion.

    La voûte est recouverte d'une alternance de deux motifs décoratifs : l'un rappelant l'ocelle de la plume du paon et l'autre consistant en plusieurs traits parallèles. Une croix rayonnante et couronnée surplombe le maître-autel.

  • Inscriptions & marques
    • signature, peint, sur l'oeuvre
    • date, peint, sur l'oeuvre
  • Précision inscriptions

    L'inscription : L MAZETIER 1931, est peinte sous la Vierge qui jouxte le Christ en croix.

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
    • mauvais état
    • oeuvre menacée
  • Précision état de conservation

    Le décor a été restauré après la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, il s'est dégradé depuis. On remarque de nombreuses traces d'humidité et des coulures sur la voûte. La peinture s'abîme et se détache par endroits. Des fentes sont apparues dans le mur sud du chœur.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    inscrit au titre immeuble, 2018/11/12
  • Précisions sur la protection

    L'église ayant été inscrite au titre des Monuments historiques le 12 novembre 2018, son décor porté bénéficie de la même protection.

  • Référence MH

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série W ; sous-série 968 W (Dommages de guerre de la Seconde Guerre mondiale) : 968 W 1219 (Bichancourt ; église).

    Dossier des dommages de guerre (1939-1945) de l'église de Bichancourt.

Bibliographie

  • Frédéric Hémond : une vie d'artiste. Le point riche. Bulletin de l'Association "Les amis de Louis Mazetier", n° 3, juin 2005, p. 3-20.

  • RIOU, Yves-Jean. Louis Mazetier. Poitiers : Éditions C.P.P.P.C., 2015.

    p. 197-199, 202.

Périodiques

  • Le Soc. Bulletin du secteur paroissial d'Autreville-Bichancourt-Pierremande.

    Mars 1951, 7e année, n° 3.
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Édifice
Ancienne église paroissiale Saint-Martin de Bichancourt

Ancienne église paroissiale Saint-Martin de Bichancourt

Commune : Bichancourt
Adresse : rue, de l'Église, rue du Calvaire