Dossier d’œuvre objet IM02005007 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • patrimoine de la Reconstruction
  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
Ensemble des peintures monumentales de l'église Saint-Martin de Bichancourt, Ancienne église paroissiale Saint-Martin de Bichancourt
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération Chauny-Tergnier-La Fère - Coucy-le-Château-Auffrique
  • Commune Bichancourt
  • Adresse Église paroissiale Saint-Martin , rue de l'Église , rue du Calvaire
  • Emplacement dans l'édifice parois intérieures et voûtes de l'église

L'église Saint-Martin de Bichancourt est reconstruite de 1928 à 1931 sur les plans de l'architecte Charles Luciani (1891-1951), et bénite le 9 août 1931. Vers août 1930, l'architecte commande au peintre Louis Mazetier (1888-1952) - avec qui il vient de collaborer à Notre-Dame de Chauny (Aisne) - les cartons des verrières et le décor intérieur peint de l'édifice. Comme dans l'église de Chauny, les peintures murales vont être de véritables fresques (couleurs appliquées sur un enduit frais), cette technique ayant été redécouverte et pratiquée par de nombreux peintres-décorateurs dans l'entre-deux-guerres. D'après l'ouvrage d'Yves-Jean Riou consacré à Louis Mazetier, le travail aurait commencé par le chœur à l'automne 1930. Ce décor est poursuivi et achevé en 1931, comme en témoigne cette date accompagnant à trois reprises la signature peinte de l'artiste : sous la Vierge - au sud du chœur -, sur la quatorzième station du Chemin de croix et sur la représentation du baptême. On doit à Mazetier la presque totalité des fresques, le jeune Frédéric Hémond, apprenti, n'étant intervenu que pour le chœur. Louis Mazetier s'est néanmoins fait aider par trois autres peintres, dont un nommé Gaston Méli, pour exécuter les décors répétitifs des voûtes.

Pris dans son intégralité, toutes techniques confondues, le décor intérieur de l'église compose un raccourci de la doctrine chrétienne, depuis le péché originel jusqu'au jugement de l'âme et à la résurrection, en passant par les sacrements salvateurs. Néanmoins, les représentations figurées peintes forment plusieurs ensembles, dont l'iconographie est généralement adaptée à l'espace orné et à son usage. Les verrières d'origine, voire le décor sculpté, y participaient, transformant l'intérieur de l'église en œuvre d'art total. Les sujets christiques et eucharistiques sont réservés au chœur. La Sainte Vierge est célébrée dans le bras nord du transept qui abrite son autel. Dans le bras sud du transept où se trouve le confessionnal, des scènes se rapportant à la miséricorde du Christ y voisinent avec une évocation de saint Martin, saint patron de l'église. Outre une partie du chemin de croix, le collatéral nord accueille des images empruntées à l'Ancien Testament, en juxtaposant de nombreuses préfigurations du Christ et de sa Passion. Quant au collatéral sud où se poursuit et s'achève le chemin de croix, il paraît réservé au Nouveau Testament et à la fondation de l’Église chrétienne.

Toutes ces images sont accompagnées de nombreuses citations peintes, empruntées aux Saintes Écritures ou à des chants religieux, habitude que Mazetier va conserver pour ses créations ultérieures. Ces textes légendent parfois parfaitement le sujet traité. Mais en d'autres occasions, par une confusion volontaire, ils laissent planer un doute sur le véritable thème développé ou permettent une double lecture de l'image. Plusieurs des scènes peintes renvoient à différentes sources littéraires ou artistiques conjointes et, par l'introduction de détails anachroniques ou intrigants, obligent l'observateur à une analyse symbolique de ces images. Le programme de ce décor n'est malheureusement pas conservé. Mais sa complexité iconographique est attestée par le texte du programme des peintures murales de la chapelle des fonts baptismaux de l'église de Lavaur (Tarn), où Mazetier va intégrer en 1936-1937 une variante de plusieurs compositions présentes à Bichancourt.

Actuellement, seul le sujet des deux précédentes verrières du transept est connu. C'est néanmoins suffisant pour saisir la complémentarité qui régnait à l'origine entre le décor peint et le décor vitré. Pour qu'aucun des deux ne nuise à l'autre sur le plan esthétique, les verrières avaient été réalisées dans un camaïeu de gris ou gris-bleu agrémenté de touches de couleur, qui ne pouvait rentrer en concurrence avec la chaude tonalité des peintures murales. Dans le bras nord du transept consacré à la Vierge Marie, une Immaculée Conception en vitrail formait le centre du mur, environnée des attributs mystiques de la Vierge, peints à la fresque, recomposant de célèbres gravures diffusées à partir du XVIe siècle. Dans le bras sud, où régnaient plusieurs thématiques, la verrière représentant le Songe de saint Martin formait un ensemble avec les deux médaillons peints qui la cantonnaient et avec le damier de la voûte, semé d'épées.

L'église est endommagée en mai 1940 par des bombardements qui altèrent le décor. La réparation de l'édifice est entreprise vers 1950. Le bulletin paroissial "Le Soc", édité pour ce secteur, signale en mars 1951 que les voûtes sont restaurées et que les peintres pourront bientôt intervenir. D'après le dossier de dommages de guerre, Louis Mazetier, qui se trouve alors à Toulouse, aurait accepté de restaurer les fresques du monument. Mais on ne sait pour quelles raisons l'artiste-créateur n'a pas été engagé. Le rétablissement du décor a été confié à Frédéric Hémond (1911-2012), ancien apprenti et assistant de Mazetier. Des infiltrations d'eaux pluviales au début du XXIe siècle ont gravement détérioré ces fresques.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1930, daté par source, daté par travaux historiques
    • 1931, porte la date
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Mazetier Louis
      Mazetier Louis

      Louis Barthélemy Olivier Mazetier est né le 29 octobre 1888 à Saint-Michel-en-l’Herm (Vendée). Dès 1908, il se consacre à l’enseignement primaire. Mais en 1911, il abandonne ce métier et entre à l’école des beaux-arts de Nantes. Il parfait alors sa culture, tant générale que musicale. Puis en 1913, il entre à l’École des beaux-arts de Paris, où il se forme à la peinture dans les ateliers de Raphaël Collin, puis de Fernand Cormon.

      Ayant rencontré Jean Gaudin après la Première Guerre mondiale, il travaille comme cartonnier de vitrail religieux pour le verrier Félix Gaudin et pour son fils Jean. Il se laisse séduire par cette activité et fournit à cet atelier réputé des cartons de vitraux et de mosaïques pour une quarantaine d’églises, de 1920 à 1933.

      S’étant installé à Chauny en 1929, il participe à la restauration et à la reconstruction de nombreuses églises de l’Aisne, s’attaquant à la décoration murale de ces édifices et collaborant avec différents peintres-verriers, dont Pierre Villette de la Société nouvelle artistique et surtout, Marcel Delange. Il produit au cours de la décennie 1930 quelques-unes de ses plus belles verrières dans le département de l’Aisne et atteint le faîte de sa carrière peu avant la Seconde Guerre mondiale.

      Réfugié en Vendée pendant ce nouveau conflit, il destine alors ses créations à plusieurs églises de cette région. Sa carrière rebondit après la guerre, bien qu’en cette période, le décor des églises soit confié aux plus grands artistes contemporains. Il décède à Saint-Fraigne (Charente) le 20 mars 1952.

      Son style particulier et reconnaissable fait souvent appel à des couleurs de verres très denses. Tout aussi originaux sont les sujets religieux traités, souvent inédits, ou les thèmes développés, centrés sur le Bien et le Mal, le Rachat et la Rédemption.

      Pour en savoir plus, consulter : RIOU, Yves-Jean. Louis Mazetier. Poitiers : Éditions C.P.P.P.C., 2015.

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      peintre signature
    • Auteur :
      Hémond Frédéric
      Hémond Frédéric

      Frédéric Hémond nait à Chauny le 19 décembre 1911. Après avoir travaillé chez un peintre en bâtiment en 1927-1928, il est engagé par Louis Mazetier, avec lequel il va collaborer aux décors de Notre-Dame de Chauny, de Saint-Adrien de Courbevoie et de Saint-Martin de Bichancourt.

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      peintre attribution par source
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    inscrit au titre immeuble, 2018/11/12
  • Précisions sur la protection

    L'église ayant été inscrite au titre des Monuments historiques le 12 novembre 2018, son décor porté bénéficie de la même protection.

  • Référence MH

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série W ; sous-série 968 W (Dommages de guerre de la Seconde Guerre mondiale) : 968 W 1219 (Bichancourt ; église).

    Dossier des dommages de guerre (1939-1945) de l'église de Bichancourt.

Bibliographie

  • Frédéric Hémond : une vie d'artiste. Le point riche. Bulletin de l'Association "Les amis de Louis Mazetier", n° 3, juin 2005, p. 3-20.

  • RIOU, Yves-Jean. Le séjour de Louis Mazetier dans l'Aisne. Le point riche. Bulletin de l'Association "Les amis de Louis Mazetier", n° 2, juin 2004, p. 31-44.

    p. 33-34.
  • RIOU, Yves-Jean. Louis Mazetier. Poitiers : Éditions C.P.P.P.C., 2015.

    p. 197-203.

Périodiques

  • Le Soc. Bulletin du secteur paroissial d'Autreville-Bichancourt-Pierremande.

    Mars 1951, 7e année, n° 3.

Documents figurés

  • Église de Bichancourt (Aisne). - Fresques et vitraux, par L. Mazetier, photographie, par Chevojon, [vers 1932]. In : La Construction moderne, vol. 47, n° 35, 29 mai 1932, p. 578.

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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