Entre 1846 et 1850, le parfumeur parisien Pierre-François Guerlain achète deux terrains afin d'y établir un établissement de bains. En 1846, il avait obtenu la concession d'un terrain communal, plus à l'ouest, dont la position ne lui convenait pas : non seulement la mer était trop éloignée mais les constructions auraient été trop soumises aux vents, au risque d'ensabler l'édifice. Enfin, la proximité et la concurrence des bains Fanthomme n'enchante pas Guerlain (AD Somme ; 99 O 1321). C'est donc plus près du port qu'est établi l'établissement, en 1850 (document d'archives). Le Crotoy d'hier (1988) attribue les plans à l'architecte Rabin. Florentin Lefils en donne une description en 1860 (annexe). Après la mort de Guerlain en 1864, l'établissement de bains est complété d'une première aile dans la cour et devient le Grand Hôtel appartenant à Jean-Baptiste Delant. Le recensement de 1881 indique qu'il y réside avec sa famille, une cuisinière et une femme de chambre ainsi que deux pensionnaires. Au début du 20e siècle, l'hôtel est repris par Emile Borderie (recensement de 1906) et agrandi, puis transformé en hôpital temporaire durant la première guerre mondiale. Une vue des années 1930 montrent un édifice rénové sur des plans attribués à l'architecte Vanhulle, qu'on peut situer vers 1925.
Les cartes postales anciennes montrent qu'à l'origine l'édifice comprend une demeure avec cour antérieure à pavillons encadrant le portail d'accès (rue de l'Eglise) et une vaste terrasse côté mer. Une rampe (au nord) et un escalier (au sud) permet de descendre sur la plage depuis la terrasse. Des abris sont ménagés sous la terrasse.
La demeure est composée d'un corps central à étage carré et étage de comble accosté de deux pavillons en rez-de-chaussée. La demeure présente des façades sur cour et sur mer à trois travées surmontée d'un fronton cintré. Côté mer, le niveau du rez-de-chaussée est précédé d'une véranda formant terrasse à l'étage. Côté cour, deux bow-windows (formant balcon à l'étage) prolongent les travées latérales et encadrent l'entrée principale. Le gros-oeuvre est en pierre et remplissage de brique, couvert d'un toit à longs-pans brisés et pignons découverts.
Un second bâtiment est construit perpendiculairement en limite nord de la parcelle. Il compte deux étages carrés et un étage de comble et présente une façade sur cour à cinq travées. La façade sur cour présente un balcon filant à balustres en maçonnerie. Le bâtiment est flanqué d'une tour côté mer.
Avant la première guerre mondiale, les deux pavillons sont remplacés par des ailes à étage carré et toit terrasse, construites en pans de bois hourdé en briques ; celle du nord reliée au bâtiment secondaire de la cour.
Vers 1925, l'hôtel fait l'objet d'une importante rénovation visant à homogénéiser les différentes étapes de construction. Les frontons sont supprimés et l'ensemble est couvert d'un toit à la Mansart.
L'ensemble des bâtiments est détruit au cours de la seconde guerre mondiale.