Les autels avant la Première Guerre mondiale
L'inventaire des biens de l'église dressé par Bidard pour calculer le montant des dommages de guerre, lequel s'appuie sur un inventaire réalisé en 1906, donne une idée de ce à quoi devaient ressembler ces autels. Tous les deux sont posés sur une seule marche. Celui de droite est consacré au Sacré Cœur. Il est en chêne "peint en blanc avec filets dorés. Tabernacle en bois, retable très ouvragé. [...] Dans la chapelle Saint Joseph, autel semblable à celui de la chapelle du Sacré Cœur". Dégardin (1945) précise que l'autel du Sacré Cœur était surmonté d'une grande statue du Sacré Cœur, décoré de deux reliquaires en cuivre massif à trois clochetons, de deux bustes de Saint Crépin et Saint Marcou, d'une statue de Notre-Dame de Lourdes, et d'un tableau en forme de médaillon représentant le martyre de Saint André. Une statue de Saint Joseph surmontait le tabernacle de l'autel qui lui était consacré.
Les autels reconstruits
Le plan des autels secondaires, de nouveau strictement identiques, est dessiné par Eugène Bidard en octobre 1933. Le budget prévisionnel et le choix du marbrier, Marcel Soille, sont validés le 17 novembre 1933 par le Conseil municipal. Le traité entre Marcel Soille et la coopérative de reconstruction des églises dévastées du Pas-de-Calais est signé le 20 décembre 1933. Les travaux devront être exécutés en trois mois après ordre de commencer pour un budget de 18 700 francs. Le devis descriptif des travaux est établi en janvier 1934 et la réception des travaux a lieu le 5 avril 1934.
Le devis descriptif reste assez vague quant à ce qui est attendu : la marche et le "dallage du palier" sur lesquels l'autel doit être installé sont construits sur maçonnerie "de briques cuites au four continu" et recouverts de marbre de Lunel, l'autel doit être en "pierre d'Euville [calcaire de Meuse] ou similaire", et la porte du tabernacle en bronze.
Les dessins fournis par l'architecte pour accompagner le devis descriptif (AD Pas-de-Calais, 2O609/4) montrent un autel très simple ne comprenant qu'une table soutenue par deux colonnes corinthiennes et un tabernacle encadré par deux colonnettes soutenant un arc en ogive, légèrement plus haut que le retable. Les deux tables encadrant le tabernacle et celle du coffre sous la table sont laissées nues. Seul le tabernacle porte un décor.
Dégardin (1945) nous apprend que les deux autels sont consacrés, comme avant-guerre, à Saint Joseph (à gauche) et au Sacré Cœur (à droite).
Les bancs de communion
Les deux autels sont clôturés par un banc de communion. Cette grille basse surmontée d'une main-courante sépare l'autel de la nef sert d'appui aux fidèles lorsqu'ils s'agenouillent pour recevoir la communion par la bouche. Les bancs de communion des autels latéraux sont réalisés d'après un dessin de Bidard établi dès février 1934 (AD Pas-de-Calais, 10R21/52). Ils associent volutes, quadrilobes et une croix sur chaque vantail.
L'appel d'offre, qui concerne également le banc de communion de l'autel de la chapelle Notre-Dame-de-Pitié, est attribué en juillet 1934 au serrurier d'art Jean Merlot, choisi parmi trois candidats, pour un montant de 5 350 francs (2 400 pour les deux bancs des autels latéraux et 2 950 francs pour celui de la chapelle). Les grilles sont posées en juin 1934. Le marché qui ne figurait pas dans le dossier initial est rédigé après-coup en septembre pour rétablir la conformité administrative du projet et permettre le paiement de l'artisan. Le marché est validé le 3 novembre 1934... le même jour qu'est établi le procès verbal de réception définitive ! Le devis déposé dans le cadre de l'appel d'offre par l'entreprise Bouchez (qui a par ailleurs réalisé le maitre-autel) permet d'en savoir un peu plus sur ces bancs de communion construits "comme le précédent" (c'est à dire celui de la chapelle) en "fer carré pour le bâti et fers de remplissage" de diamètres différents, avec une porte centrale à deux vantaux et main courante en cuivre massif poli pour une hauteur de 70 cm. Seule la longueur change puisqu'elle ne fait que 3,86 m.
L'utilisation du banc de communion a été supprimé après les réformes de Vatican II (1963-65) qui permet de recevoir la communion debout et sur la main. Ceux des autels latéraux, ainsi que celui de l'autel secondaire dans la chapelle Notre-Dame-de-Piété, sont cependant restés en place et sont toujours visibles aujourd'hui.
Chercheur de l'Inventaire général.