Dossier d’œuvre architecture IA80002958 | Réalisé par
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • inventaire topographique, Amiens métropole
  • patrimoine funéraire
Cimetière communal de Rivery
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération Amiens Métropole - Amiens
  • Commune Rivery
  • Adresse rue Thuillier-Delambre
  • Cadastre 2003 AI 183
  • Dénominations
    cimetière
  • Parties constituantes non étudiées
    clôture, portail, columbarium, borne fontaine, banc public

Bien qu'il présente aujourd'hui des caractéristiques communes à bien des cimetières modernes, l'histoire du cimetière de Rivery constitue un exemple particulièrement intéressant à plusieurs titres.

Comme c'était aussi le cas de Saint-Fuscien, Rivery ne formait plus une paroisse depuis le 17e siècle et ne disposait donc plus d'un cimetière avant la Révolution. Les habitants étaient inhumés dans les cimetières paroissiaux de Camon et de Saint-Pierre d'Amiens.

La création du cimetière en 1818, précoce en milieu rural, résulte de la suppression du cimetière de l'église paroissiale Saint-Pierre d'Amiens et il offre à ce titre un témoignage particulièrement intéressant. D'une part on y observe la juxtaposition de deux cimetières en 1835, avec l'acquisition du terrain mitoyen par le curé de Saint-Pierre et destiné aux habitants du faubourg ; d'autre part, c'est une des dispositions des concessions les plus anciennes en milieu rural (doc. 1). La plan de 1846 montre la haie qui forme la clôture du cimetière et les arbres de tige disposés tous les 5 m le long du chemin y donnant accès et la présence de deux entrées, l'une sans doute réservée aux habitants de Rivery au sud-est, l'autre au nord, route de Corbie, aux habitants du faubourg Saint-Pierre.

Le cimetière de Rivery, initialement aménagé à la périphérie du village, se trouve aujourd'hui en agglomération. Ses extensions (1887, 1924, 1959) attestent de la croissance démographique de l'agglomération qui passe de 243 habitants en 1896 à 3400 aujourd'hui. La présence d'un columbarium, comme à Longueau et dans les cimetières urbains d'Amiens, est un autre indice de la mutation des cimetières de la périphérie des grandes villes. L'aménagement d'un second accès, au sud, pour les convois funéraires, résulte sans doute de l'importance de la circulation automobile dans la rue principale.

Le cimetière de Rivery ne conserve pas de tombeaux à caractère monumental, à l'exception d'un tombeau en forme de chapelle et des tombeaux des familles Lenglet-Deux et Vincque-Leclerc. On signalera également le tombeau du peintre Eugène Buisson, qui présente une typologie tout à fait inhabituelle.

Documents figurés :

Un plan de 1846, conservé aux archives départementales (série O), fait apparaître les sections destinées aux différents types de concessions (doc. 1). Les concessions à perpétuité (couleur verte) occupent la partie la plus ancienne du cimetière où les monuments sont les plus nombreux, au nord se situent les concessions trentenaires (couleur bleue), puis les concessions de quinze ans (couleur grise), enfin à l'ouest, les concessions sans rétribution (couleur blanche).

Un plan de 1887 (doc. 2) montre les premiers agrandissements au sud, puis à l'ouest.

Sources :

Parmi les sources conservées à la bibliothèque municipale d'Amiens (série M), un long rapport, rédigé en 1849 par un habitant du faubourg Saint-Pierre, présente une version de l'histoire du cimetière de Rivery. En 1818, le préfet autorise la création du cimetière à Rivery pour la paroisse Saint-Pierre. La commune, ne disposant pas des ressources nécessaires, passe un accord avec la fabrique de Saint-Pierre qui se charge des frais d'établissement et d'entretien en échange de la perception des droits sur les inhumations à perpétuité, les habitants de Rivery étant exemptés de cette taxe. En 1835, le cimetière est devenu trop petit et le père Dauthuille, curé de Saint-Pierre, achète en son nom un terrain contigu ; les deux cimetières sont réunis par une même clôture (haie), aux frais de la fabrique qui rembourse l'achat du terrain au père Dauthuille, toujours en possession de l'acte de propriété. En 1846, quelques familles du faubourg Saint-Pierre y ont acquis des concessions à perpétuité. La commune de Rivery veut alors récupérer la totalité du cimetière. Un arrêté municipal du nouveau maire, approuvé par le préfet l'année suivante, impose alors des tarifs exorbitants aux habitants du faubourg Saint-Pierre. Le maire veut également supprimer les distinctions des zones de sépultures pour les autres cultes et les enfants non baptisés, car "tout le cimetière appartient à tous les citoyens". La situation étant devenue très conflictuelle, les deux communautés tentent de parvenir à un accord mais, en 1849, les difficultés viennent du père Dauthuille, toujours légalement propriétaire du terrain ; "des haines maintenant séculaires existent ; des familles (car tout Rivery est parent ou allié avec le faubourg) des familles sont désunies ; des projets de vengeance sont hautement avoués".

La dernière lettre adressée au maire d'Amiens l'année suivante pour demander à nouveau la création d'un cimetière pour le faubourg Saint-Pierre s'achève par ces mots : "Rivery renferme 128 habitants ; faut-il qu'une si petite commune nous tourmente tant, et jusqu'à quand".

Les sources conservées aux archives départementales (série O) donnent une version des faits légèrement différente. La création du cimetière de la paroisse Saint-Pierre d'Amiens, sur un terrain de 60 m de long sur 12 m de large, "qui a déjà servi de sépulture aux habitants de la commune de Rivery au commencement de la Révolution", a lieu en 1818. Délimité par un fossé et clos d'une haie aménagés aux frais du curé de Saint-Pierre, il se substitue au cimetière du faubourg Saint-Pierre, supprimé. En 1832, M. Decroix obtient la cession d'un terrain en viager pour élever un monument, tel une "petite chapelle", à l'emplacement de la tombe de sa fille.

En 1835, le curé de Saint-Pierre fait l'acquisition d'un terrain mitoyen, qu'il réserve aux habitants d'Amiens.

En 1846, le cimetière est divisé en sections destinées aux différents types de concessions (doc. 1). La commune décide la "plantation d'ornement qui puisse être agréable aux familles".

Un rapport de 1849 dénonce les conditions d'inhumation et préconise son interdiction. Un exposé rédigé la même année donne un historique plus précis des conditions de la création du cimetière. Aucun contrat validé ne légalise l'accord passé entre la fabrique de la paroisse de Saint-Pierre et la commune de Rivery, en 1818. La fabrique a financé les plantations et l'érection du calvaire. Les terrains acquis en 1835 par le père Dauthuille ont également été cédés à la fabrique de Saint-Pierre sans contrat. L'appropriation de la totalité du cimetière par la commune de Rivery est cependant approuvée par arrêté préfectoral, en 1847. En 1851, la commune demande l'expropriation de la partie du cimetière appartenant au chanoine Dauthuille (ancien curé de Saint-Pierre), qui refuse de céder le terrain à la commune.

Le descriptif de travaux effectués en 1851 indique la présence de tilleuls autour du calvaire. Les tarifs des concessions sont modifiés en 1852.

Le cimetière fait l'objet de plusieurs agrandissements au sud, en 1853, puis à l'ouest, en 1887 (doc. 2), en 1924, enfin en 1959. Un dépositoire est construit en 1931, sur les plans de l'architecte J. Blanoy.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 19e siècle, 2e quart 19e siècle, 4e quart 19e siècle, 1er quart 20e siècle, 2e quart 20e siècle, 3e quart 20e siècle
    • Secondaire : 3e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1818, daté par source
    • 1835, daté par source
    • 1853, daté par source
    • 1887, daté par source
    • 1924, daté par source
    • 1931, daté par source
    • 1959, daté par source
  • Auteur(s)

Le cimetière de Rivery est situé en agglomération, dans la rue principale. La parcelle d'angle de forme trapézoïdale, d'une superficie d'environ 16500 m2, est close par une haie. Deux accès ont été aménagés, l'un piéton au nord, l'autre au sud pour les convois. Le cimetière est distribué par un réseau orthogonal d'allées bitumées suivant plusieurs trames. A l'est, se situe le columbarium, isolé par des arbres de tige et des bosquets, qui constituent le seul aménagement végétal du cimetière. L'espace entre les tombes, disposées perpendiculairement aux allées, est recouvert de gravier. Les tombes les plus anciennes sont adossées à la limite nord du cimetière.

Des bancs publics en béton armé sont disposés au nord du cimetière, près de l'entrée où se situe la borne fontaine et le porte-récipient.

Neuf tombeaux (dont 3 étudiés) ont été repérés dans le cimetière.

Caractéristiques des monuments non étudiés :

Datation : 1er quart 20e siècle.

Matériau : marbre belge, granite.

Typologie : chapelle, stèle et soubassement.

Signatures : Denis (entrepreneur).

  • Typologies
    cimetière indépendant (graveyard) de plan régulier ; mutation de la trame
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents d'archives

  • AD Somme. Série O ; 99 O 3231. Rivery. Administration communale (avant 1869).

  • AD Somme. Série O ; 99 O 3232. Rivery. Administration communale (avant 1869).

  • AD Somme. Série O ; 99 O 3233. Rivery. Administration communale (1870-1939).

  • BM Amiens. Série M ; 2 M 17/2. Cimetières d'Amiens.

    Saint-Pierre (1814-1903)

Documents figurés

  • Plan du cimetière du faubourg Saint-Pierre de la ville d'Amiens, lequel sert en même temps à la commune de Rivery, dessin par Cheussey architecte, 10 janvier 1834 (BM Amiens ; 2M 17/2).

  • Commune de Rivery. Plan du cimetière, dessin, [s. d.] (AD Somme ; 99 O 3231).

  • Commune de Rivery. Projet d'agrandissement du cimetière, dessin, [s. d.] (AD Somme ; 99 O 3233).

Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2003
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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