• inventaire préliminaire, arrière-pays maritime picard
Ferme de Romiotte
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) SMACOPI

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes Ponthieu-Marquenterre - Nouvion
  • Commune Ponthoile
  • Lieu-dit Ferme-de-Romiotte
  • Cadastre 1833 E1 10-18  ; 1984 E1 10-15, 44-46, 473
  • Dénominations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, grange, étable, étable à chevaux, porcherie, remise, charretterie, fournil, logement, colombier, abreuvoir, atelier

Le domaine doit son origine, comme les territoires des alentours, à la formation de bancs de galets, terrains surélevés émergeant des marécages. Les habitations se regroupèrent alors le long des chemins au sommet de la plaine.

"Suivant l´ancienne rive gauche de la Maye contre lesquels se sont amassés des dépôts de galets, on parvient au débouché de la petite vallée de Neuville. Sur la rive gauche de ce débouché, le rivage suit le chemin sur lequel sont bâties toutes les habitations du hameau de Romaine, formant rive droite d´une petite anse. Ce chemin, qui longeait autrefois le bord de mer, se poursuit jusqu´au château de Romiotte sur la rive gauche de l´anse".

L´emplacement de cet écart tient donc à la topographie du lieu.

D´après le site internet de la commune, Romiotte doit l´origine de son nom à celle de Romaine, accompagné du diminutif ICOS : "petit Romaine".

Agache indique la présence de vestiges à la ferme de Romiotte : "en juillet 76, les céréales jaunissantes révèlent une belle ferme indigène, sans doute tardive, à fossés rectilignes multiples et entrée en touche de palmer. Fosses nombreuses, en palimpseste, apparaissent de grands enclos curviligne d´une autre époque". Roger Rodière répertorie la ferme de Romiotte comme "ferme près de Ponthoile, sur le marais ; fief tenu de la seigneurie de Ponthoile". Cet écart a toujours été occupé par une ferme unique. L'auteur mentionne également "un fief à Romiotte à Antoine de Polhoy en 1575" puis "aux ayants-droits du sieur Lyver d'Infré en 1700". Dans une source notariale, il est également fait mention d'un dénommé "Jehan Hauwine, laboureur à Romignote", paroisse de Forestmontier (en 1581) qui, associé à d'autres membres de sa famille, vend "à François des Essars, chevalier, seigneur de Maigneulx, gouverneur de Montreuil "ung fief noble scitué aud. village de Romignotte, tenu en plain hommage de l'abbaye de Forestmontier par plaids de quinzaine, relief de 60 sol parisis, etc.", le chef-lieu dudit fief contenant 7 journaux tenus par ledit J. Hauwine" (Min. not. Montreuil). "Romiotte" figure bien sur la carte de Cassini (1758) sous la forme d'une maison (isolée) selon la légende, située contre la falaise morte. On remarquera, immédiatement à l'est de cette " justice maison", la présence d'un moulin. La "Ferme de Romotte" apparaît également sur une carte du Marquenterre du 18e siècle (A.D. 80 : RL 343) selon un plan en U orienté. Totalement entourée de marais, elle est flanquée au sud d'un verger. Au nord, se situe un logis nommé "Petites Romottes". Sur le cadastre napoléonien, Romiotte est toujours isolée, comme aujourd’hui.

La ferme fut exploitée dès les années 1860 par le sénateur Froment, maire de Ponthoile, jusqu'au début du 20e siècle (il fut enterré dans la chapelle Froment dans le cimetière de Ponthoile). En 1876, elle ne comptait que des domestiques et le propriétaire cultivateur. Le sénateur reconstruisit une partie des bâtiments ainsi que la maison de maître à l´entrée de la propriété (vers 1880). Sa vie politique prit le pas sur sa vie agricole. Il loua sa ferme à un agriculteur et vint s´installer non loin de là dans sa villa de Ponthoile (dans les années 1880). La ferme fut ensuite vendue à la famille Poupart mais 80 hectares appartenaient encore aux Froment qu'ils louaient à des exploitants.

La ferme devint ensuite (au début du 20e siècle) propriété des frères Caudron qui utilisèrent les champs de ce domaine comme terrain d'expériences pour leurs recherches aéronautiques (juin 1908 : construction du premier grand appareil, biplan de 60 m²). Un obélisque de pierre surmonté de deux ailes dit « Stèle des frères Caudron » fut d´ailleurs édifié en souvenir de leur premier vol sur l´avion la Luciole en mai 1938.

Au début du 20e siècle, l'exploitation comptait 180 hectares de terres. On y comptait vingt employés (qui habitaient Romaine ou Favières) avant la Première Guerre mondiale et onze habitants en 1915. Dans les années 1960, l'exploitation employait quatre permanents et sept saisonniers (aujourd'hui une personne et une seconde à mi-temps). Ils étaient parfois logés sous les combles (qui comportaient quatre petites chambres), accessibles depuis un escalier différent de celui qui desservait la partie habitable des propriétaires. Les employés avaient parfois une exploitation (en moyenne d'une superficie de 10 hectares avec une vache) dont la femme s'occupait. Ils empruntaient le matériel de la ferme afin de s'occuper de la leur.

Les saisonniers polonais et belges (et parfois des journaliers du village) étaient nombreux pour la récolte des betteraves. On y cultivait également le blé, la chicorée, le foin. L´exploitation pratiquait l´élevage de chevaux de travail (25) et de vaches (une centaine). Les bovins, de race mixte, étaient élevés pour le lait et la viande. Les pâtures entouraient alors la propriété à l'est (35 hectares, sans compter celles situées dans les molières). A l´origine, les moutons occupaient une part importante du cheptel de la ferme. Leur élevage complétait celui des chevaux puisqu'ils mangeaient ce que les bovidés ne voulaient pas. Mais les ovins de la baie étaient souvent malades (estongue, ver) : on pratiqua donc davantage l´élevage du mouton de plaine. Une cinquantaine de cochons étaient également engraissés.

D'après le propriétaire, le fournil servait de pièce pour le repas de midi des ouvriers. L'écrémeuse était située dans une pièce à part, servant également de cave et de garde-manger.

Les produits de la ferme (essentiellement betterave et chicorée, le blé servait à l'exploitation) étaient exportés à Rue (vers la cossetterie et la sucrerie) par le chemin de fer via la gare de Romaine.

Le fumier occupait le nord de la cour, devant les étables. Le jardin potager, situé à l'est de l'habitation, d'une superficie de 40 ares, était clos d'un mur. Les légumes étaient utilisés pour nourrir les employés. Une carte postale indique la forme du pigeonnier au début du 20e siècle, qui semble donc avoir été reconstruit à une date inconnue (nous ignorons également la cause de sa destruction) : il était de section octogonale, composé d'une maçonnerie mixte de blocage de galets dans une structure en briques. Les propriétaires du 17e siècle étaient la famille Tingry. Au 19e siècle, le moulin de Ponthoile occupait l'emplacement exact du monument des frères Caudron.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle
    • Principale : 19e siècle

Située entre Ponthoile et Romaine, l´exploitation produit aujourd´hui des légumes. L´élevage ne fait plus partie de l´activité. La ferme est composée de deux habitations : la maison au sud-est de la cour et la maison de maître à l'entrée de la propriété, face à l'allée (orientée à l'ouest). Cette dernière dispose d'une maçonnerie unique de brique. Longue de cinq travées et large de trois, elle se déploie sur un étage et un comble à surcroît. Chaque travée est séparée de sa voisine par une jambe droite saillante et chaque ouverture est surmontée d'un entablement triangulaire en pierre de taille avec clé et corbeaux. Un fronton occupe la base de la toiture à deux pans et croupes en ardoise au sommet des deux murs gouttereaux. La corniche est en pierre de taille moulurée. Le toit à deux pans et croupes est couvert d'ardoises synthétiques. Un cartel, surmontant la porte d'entrée, indique : "Ferme de Romiotte / c'est ici que René et Gaston Caudron / furent élevés et réalisèrent / en 1908 leur premier aéroplane". Le logis sur cour (35 mètres de long), long de six travées, dispose d'une maçonnerie unique de brique. Chaque travée est matérialisée par la présence d'un pilastre saillant. Une bande, également saillante, longe le sommet des ouvertures sur toute la façade sud. Une travée sur deux est surmontée d'un fronton pignon percé d'une fenêtre semi-circulaire. Le toit à deux pans est couvert en ardoise. Le logis dispose de deux caves, l'une à l'est (qui semble avoir été la cave personnelle) et la seconde, à l'ouest (réservée à la conservation des pommes de terre), toutes deux voûtées en brique. L'ensemble des bâtiments agricoles est composé d'une maçonnerie mixte de galets et briques pour les pignons et d'une maçonnerie unique de brique pour les murs gouttereaux. Chaque travée se compose d'une porte flanquée de part et d'autre d'une ouverture semi-circulaire. Dans le prolongement de l'habitation, à l'ouest, se situe l'écurie (15 mètres de long), séparée de la chambre du maître par une lucarne, puis, à l'extrémité, la pièce pour la fabrication du cidre (11 mètres). En retour d'équerre, à l'est, s´étend le bâtiment destiné aux volailles et aux lapins sur 20 mètres de long. A l'est de la cour sont, du nord au sud, les étables à vaches, les étables à cochons et la charreterie (47 mètres de long), ces trois fonctions étant rassemblées dans le même bâtiment. Le centre de l´édifice dispose d'un fronton-pignon ajouré d'une fenêtre facilitant l'engrangement. Le surcroît est percé d'ouvertures rectangulaires. Une partie de la toiture à deux pans en ardoise a été remplacée par de la tôle ondulée. Au sud de la cour, le bâtiment (65 mètres de long) est divisé en plusieurs compartiments, d'est en ouest : le local pour la préparation des légumes, la grange qui servait également de lieu de stockage et enfin, les étables ; le tout est surmonté d'un grenier. Il se compose d'une maçonnerie mixte de brique et de galet, percé, en son centre, d'une porte haute distribuant le couloir servant d'aire de battage. Sur le mur gouttereau nord et les murs pignons, une bande ajourée permet l'aération du local. Chaque porte est augmentée d'une fenêtre haute permettant l'engrangement depuis la cour. Le toit à deux pans est couvert en ardoise. Le pan postérieur est plus long, formant ainsi une extension à l'ouest du bâtiment pour l'abri des machines (à l'origine, étable). Les pignons sont percés de trois ouvertures semi-circulaires placées en triangle. A l'est de la cour (47 mètres), les étables servent aujourd'hui, du sud au nord : de local à tracteurs, d'atelier, d'abri de stockage pour les engrais et les motoculteurs (ces deux dernières pièces abritent une cave que des ouvertures placées dans le solin attestent). Les cinq travées sont chacune composée d'une porte flanquée de deux ouvertures semi-circulaires. Pour ce bâtiment, les murs pignons ainsi que les deux premiers niveaux de maçonnerie ont bénéficié d'un appareillage mixte de silex et brique. Le reste des murs gouttereaux sont en briques seules. Le mur gouttereau oriental est ajouré sur toute sa longueur d'une bande d'ouvertures ajourées. Le toit à deux pans est couvert de tôles ondulées. Le colombier (5 mètres de côté), couvert d'un toit en pavillon en ardoise, et la mare sont au coeur de la cour.

  • Murs
    • brique
    • silex
    • pierre de taille
    • appareil mixte
  • Toits
    ardoise, tôle ondulée
  • Étages
    sous-sol, en rez-de-chaussée, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, comble à surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en pavillon
  • État de conservation
    remanié
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

L'uniformité de la maçonnerie des bâtiments agricoles ainsi que les détails architecturaux (fronton-pignon, briques moulurées aux corniches, fenêtres semi-circulaires) indiquent une seule et même étape de construction et un goût de la recherche esthétique. Certaines ouvertures des bâtiments agricoles ont été modifiées.

Bibliographie

  • AGACHE, Roger. La Somme pré-romaine et romaine d´après les prospections aériennes à basse altitude. Amiens, Société des antiquaires de Picardie, 1978.

    p. 166
  • BACQUET, Gérard. Le Ponthieu. Auxi-le-Château, Gérard Bacquet, 1992.

    p. 38
  • BRUVIER, Freddy. Histoire de Ponthoile. Accès Internet : <URL : http : //www.mairie-ponthoile.fr/histoire1.html>.

  • DALLERY, Francis. Les rivages de la Somme, autrefois, aujourd´hui, demain. Paris, Editions A. et J. Picard et Cie, 1955.

    p. 151, 290
  • RODIERE, Roger. Statistique féodale du baillage de Rue et de quelques villages voisins. Première partie. Communes du canton actuel de Rue. Bulletins de la Société d´Emulation d´Abbeville, 1938-1942, t. XVII.

    p. 409-410

Documents figurés

  • Cadastre napoléonien de la commune de Ponthoile, encre et lavis sur papier, 14 juin 1833 (AD Somme : EDEP 1089).

  • Photographie aérienne en noir et blanc, d'après Roger Agache (archéologue), milieu 20e siècle.

  • Ponthoile - Ferme de Romiotte, carte postale en noir et blanc, d'après M. Proust éditeur, 4 septembre 1913.

  • Ponthoile-Romaine - Grande Ferme, carte postale en noir et blanc, début 20e siècle.

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004
Articulation des dossiers