Le village de Bertangles s'est développé le long des axes de communication commandés par un ancien château (disparu) auquel ont succédé un manoir et un nouveau château de plaisance, construit au 18e siècle.
Bertangles est signalé dès le 7e siècle sous le nom de Bagusta. C'est dès le Moyen Age le siège d'une seigneurie qui appartient aux familles Quiéret (15e siècle) puis de Glisy (de 1524 à 1611), dont les armes apparaissent sur la charpente de l'église. La fin du 16e et le début du 17e siècle sont pour le village une période troublée : les Espagnols brûlent le château en 1597. Des souterrains-refuges sont d'ailleurs attestés dans le village. Bertangles connait alors une certaine activité protestante : des réunions de huguenots s'y tiennent vers 1604. En 1611, le domaine de Bertangles passe par mariage aux Clermont-Tonnerre, qui font reconstruire le château au 18e siècle et le choeur de l'église au 19e siècle.
La croissance de la population, au 18e siècle et jusqu´au milieu du 19e siècle, se traduit par l´extension du village, principalement le long de la rue du Moulin et des Carrières. Comme de nombreux villages de l'Amiénois, l'exode rural au profit des centres industriels se traduit par une baisse importante de la population, dans la 2e moitié du 19e siècle.
Liée au mode de relation avec le châtelain, maire du village, la construction d´une salle des fêtes, entre les deux guerres, marque l´introduction de l´architecture des loisirs dans le village, après la création des écoles également encouragée par le comte de Clermont-Tonnerre, au 19e siècle.
A partir de 1970, des lotissements (hors étude), de type poche à desserte interne ou de type filant, établis sur des voies existantes au sud-ouest et à l´est du village. Une nouvelle école, un gymnase et un stade, construits, au sud-ouest du village, constituent les équipements actuels de cette agglomération rurale, qui compte également un camping.
Comme beaucoup d’agglomérations rurales périurbaines, le village de Bertangles conserve sa structure traditionnelle et ses espaces de sociabilité, et notamment, comme c’est aussi le cas à Allonville, la mare principale, qui servait autrefois d’abreuvoir ou encore la place publique, aménagée en mail, sur laquelle a été élevé le monument aux morts. Les croix de chemin, parfois déplacées, marquent encore les limites du village, qui ne possédait pas de “tour de ville”.
Comme le montre notamment le plan de 1918, l’extension du village depuis le début du 19e siècle est faible jusqu’au milieu du 20e siècle, qui inaugure le développement de lotissements périphériques accolés, disposant de réseau de desserte interne. L’accroissement récent de l’agglomération suit un développement plus traditionnel, le long des voies existantes (rues).
La construction de nouveaux équipements publics, au sud du village et à proximité de nouveaux lotissements, s’inscrit dans le déplacement des édifices structurant la vie sociale, qui étaient initialement regroupés autour de l’église et du château. Si la première école, construite en 1838 sur la place publique a disparu depuis bien longtemps, le village conserve deux écoles, celle des filles et la mairie-école aménagée dans une ancienne ferme, vers 1866.
Le bâti ancien a subi de nombreuses transformations mais il constitue encore une ossature visible avec une implantation en fort retrait de la voie. Comme le montre le cadastre napoléonien, en 1810 le bâti comme le parcellaire ont déjà subi de profondes mutations (divisions de propriété). On y découvre que deux ou trois grandes exploitations agricoles (rue de l’Eglise) et principalement des petites propriétés, appartenant pour certaines aux ouvriers du textile (cf. carte).
Le développement du bâti s’est opéré le long des voies de communication avec les agglomérations voisines, en particulier Amiens et Montonvillers, et au niveau des carrefours.
La faible extension du village s’explique par l’exode rural signalé par l’instituteur en 1899. L’activité agricole (environ 33 exploitations agricoles dans le village à la fin du 19e siècle) est peu importante ; l’activité artisanale (coupe du velours) qui occupe principalement les habitants du village ne résistera pas à la concurrence de la coupe mécanique.
La construction de la voie ferrée et celle de la gare (1877), située à mi distance de Bertangles et de Poulainville, n’a pas eu d’effet stimulant sur le développement de l’agglomération.
Le principal moteur de l’évolution du village est ici le château de Bertangles, qui a un rôle stimulant et structurant, puisqu’il impose le développement du village au sud. Contrairement à Allonville, où le château reconstruit au 17e siècle est tourné vers le village, le château de Bertangles est orienté vers la route à laquelle il est relié par une longue et majestueuse avenue. La voie ouverte dans le village constitue un accès secondaire alors que l’accès à l’église s’effectue également depuis la cour des communs. La rue de l’Eglise relie l’édifice à la place du village. La rue du Château, de tracé rectiligne, relie la rue de l’Eglise à l’entrée secondaire du château. L’ouverture de cette rue, qui se substitue à la rue de l’Eglise qui en formait l’accès initial, peut dater du 18e siècle, comme le montre son tracé rectiligne et son absence de dénomination sur le cadastre napoléonien.
Au cours du 19e siècle, ce sont également les propriétaires du château qui sont à l’initiative de la création de plusieurs équipements publics, l’école de filles, comme à Allonville, et en 1925, la salle des fêtes.
Le parcellaire irrégulier du cadastre napoléonien laisse cependant apparaître des lotissements de type filant (rue du Moulin et rue d’Amiens) qui traduisent la croissance de la population, au 18e siècle. Les différentes trames sont l’indice de l’emprise initiale du domaine du château qui s’étendait jusqu’à l’entrée de la rue de l’Eglise.
Comme dans les autres villages étudiés, les années 1830 sont la période de plus forte transformation du bâti.
Au cours du 19e siècle, on observe la construction de dépendances agricoles sur rue ou en retour d’équerre. Le bâti est alors systématiquement orienté sur la voie. L’exemple de quelques maisons de la rue du Moulin, dont la reconstruction apparaît en projet sur le cadastre, montre une augmentation du retrait par rapport à la voie. Plusieurs maisons à étage témoignent également de l’évolution de l’habitat rural sous l’influence des modèles urbains, notamment ceux de la villégiature, comme la maison de la route de Villers-Bocage.