Dossier d’œuvre architecture IA62005150 | Réalisé par
Girard Karine (Rédacteur)
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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  • patrimoine de la Reconstruction
  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
Place Saint-Pierre, puis place verte, et rue de la clef d'or ou rue du presbytère, actuellement place Sadi-Carnot et rue Jean-Baptiste-Lequette
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Sud-Artois - Bapaume
  • Commune Bapaume
  • Adresse place Sadi-Carnot , anciennement place Saint-Pierre , anciennement place Verte
  • Dénominations
    hôpital, couvent, place, rue
  • Appellations
    Place Verte, Place Saint-Pierre, Place Sadi-Carnot, rue des faneresses, rue des potiers, rue de la clef d'or, rue du presbytère, rue Jean-Baptiste-Lequette
  • Destinations
    place, rue
  • Parties constituantes non étudiées
    stationnement

Histoire de la place jusqu'à la Première guerre mondiale

Entre le 13e et la fin du 18e siècle, toute la surface de la place était occupée par l'hôpital et le couvent Saint Pierre, qui lui a donné son premier nom (Dégardin, 1945). La place est créée dans l'espace libéré par les destructions révolutionnaires. Elle n'est guère plus qu'une rue élargie. Elle présente une forme coudée à son extrémité, qui se rétrécit ensuite pour former une ruelle (rue du presbytère, puis rue Jean-Baptiste-Lequette), occupée par les jardins du couvent. Le cadastre napoléonien de 1829 montre que le côté gauche de la place est aligné.

La place s'est momentanément appelée Place verte car elle était plantée d’arbres. Cette disposition mérite d'être signalée car habituellement, les places à l'intérieur des villes closes ne sont pas plantées d'arbres de haute tige. Ces derniers sont portés sur le cadastre napoléonien, sur lequel figure également un puits banal situé à mi-hauteur de la place, mais ont déjà disparu sur les vues d'avant-guerre... tout comme le puits. La place prend le nom place Saint-Pierre (recensement de 1846) puis de place de Sadi-Carnot en 1895 après l'assassinat de ce dernier à Lyon en 1894.

L'aspect de la place à la veille de la guerre

Les cartes postales du début du 20e siècle montrent que c'est une place commerçante de la ville. Autour de la place les maisons sont essentiellement des maisons de commerce, c'est-à-dire ne disposant pas d'un accès individualisé pour la partie habitation. Elles comptent deux étages - le rez-de-chaussée étant réservé au commerce et l'étage à l'habitation - et deux niveaux de façade. Les bâtiments sont jointifs, alignés à front de rue, couverts par un toit en bâtière généralement percé de lucarnes à croupe et, sauf une exception au bas de la place où le mur pignon est en façade, présentent en façade un mur gouttereau. Il n'y a cependant pas d'harmonisation dans les hauteurs des façades. Les maisons d'habitation, plus nombreuses lorsqu'on va vers le haut de la place, présentent les mêmes dispositions, tout comme celles de la rue Lequette.

Dans le prolongement de la place, la rue Lequette est uniquement bâtie sur son côté droit tandis que tout le gauche est occupé par les jardins installés en lieu et place du couvent des Récollets (construit entre 1615 et 1719 - détruit en 1797). Cette ruelle mène dans la rue Traversine (actuelle rue Gambetta) où elle s'achève, car des maisons sont construites en face du débouché, le dos au rempart ceinturant la ville.

Les étapes de la reconstruction de la place

En 1919, avant que ne commence la reconstruction de la ville, la place a accueilli les baraquements d'un camp de travailleurs chinois employés à la réfection des routes (Dégardin, 1945). Dans la rue Lequette, l'hospice provisoire, qui a fonctionné entre 1920 et l'achèvement de l'hôpital en 1928, a été installé à la place des jardins (Dégardin, 1945).

Le traitement statistique des dossiers de dommages de guerre des particuliers conservés aux AD du Pas-de-Calais (série 10R9) permet de préciser les dates de la Reconstruction, les typologies d'édifices reconstruits et les architectes qui sont intervenus.

L'étude détaillée des dossiers de montre que la Reconstruction démarre lentement avec une construction en 1921 et une en 1922. Elle atteint son pic l'année suivante avec quatre constructions puis le rythme chute brutalement. Aucune construction n'a lieu en 1924. Jusqu'en 1929, date de la dernière construction, le rythme oscille entre zéro et deux constructions par an. L'analyse rythme des constructions dans les différentes rues de Bapaume montre que, globalement, toutes suivent un processus identique : montée progressive entre 1920 et 1922, pic en 1923, décroissance rapide en 1924 puis plateau jusqu'en 1929. La reconstruction de la place Carnot s'inscrit danc parfaitement dans ce schéma général. Comme partout, ce sont les bâtiments utiles à la reprise de la vie quotidienne et à la relance de l'activité économique qui sont reconstruits en premier : banque générale du Nord dès 1921 (cette banque avait en charge la gestion d'une partie des dommages de guerre), maisons de commerce à partir de 1922 et maisons d'habitation individuelles à partir de 1923. Une maison à deux unités d'habitation y est édifiée en 1926.

La reconstruction de la rue Lequette dure de 1923 et 1930, la majorité des constructions commençant en 1923. La dernière construction de la rue, à l'angle avec la rue Gambetta, est la salle des fête édifiée entre 1930 et 1931 à la demande de l'association des anciens combattants (dossier de réemploi, AD Pas de Calais, 10R9/115).

Autour de la place, sur les 11 constructions ayant bénéficié de dommages de guerre, cinq sont des maisons de commerce, cinq des maisons d'habitation et la dernière est une banque. A titre de comparaison, le recensement de 1911 (AD Pas-de-Calais, M3595) mentionne 15 constructions, mélangeant commerces (trois, dont une banque), maisons-ateliers (trois) mais surtout maisons d'habitation (neuf). Dans la rue Lequette, on trouve des habitations mais également des services (un notaire et un médecin) et des services publics (poste, école Lawrence) là où avant-guerre il n'y avait que des jardins et quelques maisons d'habitation. Elle acquiert donc à la reconstruction des fonctions urbaines de rue de centre-ville.

Les architectes

Tous les architectes des coopératives de reconstruction de Bapaume sont intervenus dans les reconstructions qui bordent la place et la rue Lequette. On doit une habitation-commerce aux architectes de la coopérative n°2 Clermont et Wigniolle ; deux maisons, deux habitations-commerce et la banque à Bidard architecte de la coopérative n°1 ; et une habitation-commerce et la maison à deux unités d'habitation à Rousseau architecte de la coopérative n°3. Trois constructions sont attribuées à des architectes ayant travaillé hors coopérative.

Les dossiers de remploi conservés aux AD du Pas-de-Calais (série 10R9) montrent que les reconstructions de la rue Lequette sont dues essentiellement à Eugène Bidard (coopérative n°1) et Eugène Rousseau (coopérative n°3).

L'aspect de la place et de la rue reconstruites

La Reconstruction ne modifie pas la place de manière conséquente. La forme générale reste identique mais la surface est un peu augmentée dans la partie haute à la jonction avec la rue Lequette où quelques parcelles sont réalignées côté sud pour être dans la continuité du bas de la place. Les angles coupés côté nord à la jonction avec la rue Briquet-Tailliandier sont plus marqués qu'ils ne l'étaient avant-guerre.

Les fonctions présentes sur la place et leur répartition dans l'espace sont similaires avant et après-guerre, même si la part occupée par les maisons de commerce semble avoir augmenté légèrement au détriment des maisons d'habitation. Les maisons de commerce et services (banque) sont autour de la place tandis que les habitations sont situées sur le côté Nord dans la partie proche de la rue Lequette.

La reconstruction modifie fortement la rue Jean-Baptiste Lequette : elle est désormais bâtie sur ses deux côtés et les deux maisons qui étaient au débouché de la rue ne sont pas reconstruites afin de permettre la création d'une nouvelle rue rejoignant le boulevard des écoles. Cette dernière qui, tout comme le boulevard, est créée sur les anciens glacis, prend le nom de Florian Delcroix (ou Lequette prolongée).

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 18e siècle , (détruit)
    • Principale : 1er quart 20e siècle, 2e quart 20e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Bidard Eugène
      Bidard Eugène

      Architecte diplômé en 1895 de l’École supérieure des Beaux-Arts de Paris.

      Membre de la société civile d’architectes La cité nouvelle fondée en 1919 par Charles Duval et Emmanuel Gonse.

      (Pour plus d'informations sur la carrière d'Eugène Bidard, se reporter à l'annexe "Eugène Bidard, l'architecte de la reconstruction de Bapaume").

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      architecte, architecte communal attribution par source

La place

La place a une forme trapézoïdale très allongée, qui se rétrécissant de l'Ouest vers l'Est. Totalement ouverte dans sa partie ouest le long de la rue de Péronne, elle s'achève par une patte d'oie formée par la rue Lequette et la rue Briquet-Taillandier qui rejoint la place Faidherbe, sans qu'il y ait de communication visuelle entre les deux places. Depuis la reconstruction, les façades sont alignées des deux côtés de la place. Cette dernière ne bénéficie d'aucun d'aménagement urbain particulier et sert exclusivement à la circulation automobile et au stationnement.

Depuis la reconstruction la place Sadi-Carnot n'a pas connu d'évolution, que ce soit dans les fonctions qu'elle abrite, dans son tracé, ou la densité et la disposition du bâti. La monumentalité de la banque du Nord construite de biais au fond de la place accentue l'effet de rétrécissement initialement dû au parcellaire.

L'aspect de la place a perdu l'uniformité qu'il avait avant guerre : bien que la majorité des maisons de commerce et d'habitation aient deux niveaux, elles présentent de grandes disparités en terme de hauteur de façade, de rythme des ouvertures et de toitures (longs pans à brisis ou droits, lucarnes à croupe ou rampante). Elles ont cependant conservé leur alignement et leur position à front de rue ainsi que l'utilisation majoritaire de la brique comme matériau de construction. Les maisons à pans coupés qui marquent l'entrée de la place sont caractéristiques de la reconstruction après-guerre. L'oriel semi-circulaire couvert par un demi-bulbe présent sur la maison à l'angle droit de la place est le seul exemplaire vu à Bapaume.

La rue Lequette

Hormis l'école Lawrence et la poste, On ne trouve dans la rue Lequette que des maisons d'habitation. En effet, le cabinets de notaire et du médecin ne font pas l'objet de constructions spécifiques. Ces maisons ne présentent pas de traits communs. Les toitures sont très variées, offrant volontiers décrochements, croupes et croupettes, lucarnes rampantes, à croupe ou en pavillon, de même que les aspects des façades qui alternent enduit peint, briques, faux pans de bois (béton et enduit), parement en meulière (un des trois exemples repérés dans Bapaume) ou encore les élévations dont le nombre de niveaux ou la présence d'un étage sous comble sont fonction de chaque de maison. Une des maisons est même en retrait par rapport à la rue, ce qui est exceptionnel dans le centre ville de Bapaume (seul exemple repéré).

Documents d'archives

  • Détail des cotes utilisées :

    - recensement de 1901 : M 4267

    - recensement de 1911 : M 3595

    - recensement de 1921 : M 4285

    - recensement de 1926 : M 4309

    - recensement de 1931 : M 4346

Bibliographie

  • BEDU, Louis (abbé). Histoire de la ville de Bapaume depuis son origine jusqu'à nos jours. Arras : Typographie Rousseau-leroy, 1867. Réédition : Autremencourt : Lorisse, 2004. Collection "Monographies des villes et villages de France".

  • DÉGARDIN, Gaston. Rues et monuments de Bapaume. Arras : Presses de l'imprimerie centrale de l'Artois, 1945.

    p.190
  • ROUSSEL, Olivier. Bapaume et son canton - Mémoire en images. Saint-Cyr-sur Loire : Éditions Alan Sutton 2005.

    p.40

Documents figurés

  • Bapaume - Place Sadi-Carnot. Carte postale, avant 1914 (coll. part.). Vue générale vers l'Est de la place depuis la rue de Péronne.

  • Bapaume. Place Sadi-Carnot. Carte postale, avant 1914 (coll. part.). Vue générale vers l'Ouest de la place et la rue de Péronne.

  • 107. Bapaume. La place Carnot et le Béffroi avant et après la guerre. Imprimerie Bron-Fauchet, Béthune. Carte postale, vers 1918 (coll. part.).

  • 7 - bapaume, Pas de Calais - Place Sadi Carnot - Sadi Carnot place. Edition Hôtel Sheffield, cliché R. Lelong, rue Miraumont, Amiens. Carte postale, vers 1930 (coll. part.). Vue de la partie Est de la place depuis la rue de Péronne.

Date d'enquête 2018 ; Date(s) de rédaction 2019
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Girard Karine
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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