Dossier d’œuvre objet IM02005317 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
Verrière légendaire (vitrail archéologique, verrière hagiographique) : scènes de l'histoire de saint Crépin et saint Crépinien (baie 8)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de l'Aisne
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
  • Commune Soissons
  • Adresse Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais , place Cardinal-Binet
  • Emplacement dans l'édifice deuxième chapelle sud du déambulatoire, dite chapelle Saint-Paul (baie 8)
  • Dénominations
    verrière
  • Titres
    • Scènes de l'histoire de saint Crépin et saint Crépinien
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Sacré en 1890, Monseigneur Jean-Baptiste Duval forme le dessein de restituer les verrières des deux chapelles qui encadrent la chapelle axiale du déambulatoire. La chapelle Saint-Paul devient alors la destinataire d'un ensemble de trois verrières consacré aux saints évangélisateurs soissonnais Crépin et Crépinien.

Un article, publié en 1858 dans le bulletin de la Société historique locale, signale qu'il subsistait encore à cette époque dans la cathédrale (au moins) trois médaillons du 13e siècle se rapportant à ce récit hagiographique. Malheureusement, l'auteur ne précise pas dans quelle baie étaient présentées ces scènes. Si l'on en croit le baron de Guilhermy, qui décrit avec une grande précision la cathédrale vers le milieu du 19e siècle, plusieurs médaillons à petits sujets servaient de bouche-trou dans les fenêtres hautes du chœur, depuis la restauration qui avait suivi l'explosion d'une poudrière en octobre 1815. En revanche, la chapelle Saint-Paul n'était alors ornée que de fragments et de grands personnages, disproportionnés pour les fenêtres où ils avaient pris place. Aucun médaillon se rapportant à la vie d'un martyr ne participait encore à son vitrage.

Dans le cadre de la restauration de la cathédrale qui occupe la seconde moitié du 19e siècle, trois verrières légendaires sont donc réalisées sur ce thème par le peintre-verrier Félix Gaudin, installé 6 rue de la Grande-Chaumière à Paris, et qui vient de restaurer trois des grandes verrières de l'abside (d'après la documentation concernant les travaux effectués au 19e siècle, et partagée entre les Archives nationales et les Archives diocésaines).

L'artiste, qui doit intégrer dans ses créations les éléments médiévaux préservés, soumissionne le 11 mai 1891. L'ensemble est installé en 1892, comme en témoignent l'inscription portée au bas de la verrière de la baie 4 et des documents d'archives. La composition de la verrière de la baie 8 intègre, dans la partie inférieure, un médaillon original provenant du vitrail médiéval. D'après l'ouvrage consacré à Félix Gaudin par Jean-François Luneau, et d'après les archives de l'atelier, on peut attribuer le dessin des médaillons "modernes" au cartonnier Émile Delalande. En effet, à une exception près, cet artiste est le cartonnier exclusif du peintre-verrier après l'installation de ce dernier à Paris en 1890. Il est en outre spécialisé dans un dessin s'inspirant de l'art médiéval.

Cette verrière subit peu de dégâts au cours de la Première Guerre mondiale, les dommages affectant surtout la surface décorative. Avant de reprendre sa place, elle a profité d'une restauration en 1924 ou 1925, soit par l'atelier de Jean Gaudin (fils de Félix Gaudin), soit par celui d'Emmanuel Daumont-Tournel, qui se partageaient la restauration du vitrage du monument (d'après les archives du service des Monuments historiques).

La verrière prend place dans une baie en forme de lancette, qui s'achève en arc brisé à sa partie supérieure. Comme la verrière 4, elle est composée de neuf registres superposés de panneaux. Elle est formée d'un assemblage de pièces de "verre antique" rehaussées de grisaille, parmi lesquelles se remarquent des pièces de verre rouge hétérogène.

  • Catégories
    vitrail
  • Structures
    • baie libre, rectangulaire vertical, en arc brisé
  • Matériaux
    • verre transparent, soufflé, taillé, peint, grisaille sur verre
    • plomb, réseau
  • Précision dimensions

    Mesures approximatives : h = 780 ; la = 150.

  • Précision représentations

    Cette verrière représente la suite de l'histoire de saint Crépin et saint Crépinien, telle qu'elle a été racontée au 16e siècle par le chartreux allemand Laurent Surius qui a fait la synthèse de récits plus anciens. Elle est consacrée aux divers épisodes du martyre subi par les deux frères. La verrière comporte sept médaillons circulaires figurés, superposés. Ils se détachent sur un fond ornemental de croisillons, de motifs feuillagés et de fleurettes, combinés parfois en rosaces. L'histoire se déroule de bas en haut.

    - Premier médaillon : le préfet Rictiovare commande qu'on lie saint Crépin et saint Crépinien à des meules et qu'on les jette dans l'Aisne. À gauche, Rictiovare, de profil, donne un ordre à un bourreau, dépeint de trois-quarts, qui s'apprête à précipiter saint Crépin dans la rivière. Le saint est représenté torse nu, penché au-dessus de l'eau, et une meule pend à son cou. À l'arrière, un autre bourreau tient saint Crépinien, lui-aussi torse nu et la meule attachée à son cou.

    - Deuxième médaillon : les deux meules se détachent et les deux saints peuvent gagner sans mal l'autre rive de l'Aisne. Les deux frères, de profil et torse nu, sont représentés en train de sortir de la rivière. Leur regard est tourné vers le ciel et ils s'apprêtent à joindre les mains. Les meules détachées coulent dans la rivière.

    - Troisième médaillon : Rictiovare les fait charger de liens. Les deux saints longent la rivière, torse nu. Un homme tient la corde qui lie les poignets du premier frère, tandis que le second est attaché par les bras et reçoit des coups de pied d'un autre bourreau.

    - Quatrième médaillon : Rictiovare fait fondre du plomb et fait plonger les deux saints dans le métal liquide, mais ils ne souffrent d'aucune brûlure. Rictiovare est représenté debout et de profil, à côté de la cuve remplie de plomb. Les deux saints, entièrement nus, sont debout dans la cuve et prient. Un bourreau, muni d'un gros soufflet, attise le feu sous la cuve.

    - Cinquième médaillon : une goutte de plomb liquide saute aux yeux de Rictiovare et l'aveugle. Les deux saints nus se dressent dans la cuve, sous laquelle s'élèvent de grandes flammes. Des flammèches, qui symbolisent les gouttes de plomb fondu, volent dans les airs. L'une d'elles atteint au visage Rictiovare qui se tenait debout et de face, près de la cuve. L'expression de son visage et son geste traduisent à la fois la surprise et la douleur.

    - Sixième médaillon : Rictiovare demande qu'on prépare un mélange de poix, de suif et d'huile et qu'on y plonge les deux martyrs. Ils prient et un ange les sort de la cuve sans douleur. Le médaillon montre les deux saints, nus, en train de sortir de la cuve. De chaque côté, un ange, représenté de trois-quarts, saisit le poignet d'un des frères pour l'aider à enjamber le rebord.

    Septième et dernier médaillon : de rage, Rictiovare se précipite dans le feu et meurt. Rictiovare, de profil, est représenté penché au-dessus d'un brasier. Un homme debout et de trois-quarts à l'arrière fait un geste d'effroi.

  • Inscriptions & marques
    • inscription donnant l'identité du modèle, peint, sur l'oeuvre, latin
  • Précision inscriptions

    Toutes les inscriptions se détachent en réserve sur un fond noir. Le nom des saints, CRISPINVS CRISPINIANVS, est inscrit dans un bandeau, à la partie haute du premier médaillon inférieur, à droite du deuxième médaillon, et sur le chaudron représenté au cinquième médaillon. Le nom RICTIVS / VARVS est peint à l'arrière d'un personnage du premier médaillon supérieur.

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
    • oeuvre complétée
    • plombs de casse
    • grillage de protection
  • Précision état de conservation

    Seul le médaillon inférieur provient de la verrière originale. La Première Guerre mondiale a peu endommagé cette verrière. Quelques plombs de casse témoignent de la restauration qui a suivi ce conflit.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat

Documents d'archives

  • AN. Série F ; Sous-série F 19 (Cultes) : F 19, carton 7890 (Travaux exécutés dans la cathédrale de Soissons au cours de la période concordataire ; 1887-1893).

    Lettre de l'architecte Gout (9 mai 1891), soumission de Félix Gaudin (11 mai 1891).
  • AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 196. Soissons, cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais, restaurations diverses, restauration de la nef et du déambulatoire (1924-1925).

    Travaux de 1924 : rapport de l'architecte Brunet du 11 juin 1924 et devis.
  • A. Évêché Soissons. Série L (temporel) ; Sous-série 6 L : 6 L Soissons 1823-1903 (Entretien de la cathédrale de Soissons).

    sous-dossier 1874-1892.
  • AP atelier Gaudin : Registre des petits cartons.

    M 01709- M 01714.
  • BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6109 (collection Guilhermy, 16). Description des localités de la France (Soissons).

    folios 256 r°, 257 v°-258 r°.

Bibliographie

  • ANCIEN, Jean. Vitraux de la cathédrale de Soissons. Réédition du livre du 24 juillet 1980. Neuilly-Saint-Front : imprimerie Lévêque, 2006.

    p. 154-162.
  • C. L. Soissons. - Carême de 1892. - Travaux à la Cathédrale. La Semaine religieuse du Diocèse de Soissons et Laon, 1892, n° 14, samedi 2 avril 1892.

    p. 219.
  • FRANCE. Corpus Vitrearum Medii Aevi. Les vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978.

    p. 170.
  • GRODECKI, Louis, BRISAC, Catherine. Le vitrail gothique au XIIIe siècle. Fribourg : Office du Livre, 1984.

    p. 38.
  • LECLERCQ DE LAPRAIRIE, Jules-Henri. Suite à la note sur un vitrail de la cathédrale. Bulletin de la société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 1858, t. 12, 9e séance, lundi 4 novembre 1858.

    p. 168-169.
  • LUNEAU, Jean-François. Félix Gaudin, peintre-verrier et mosaïste (1851-1930). Collection Histoires croisées. Clermont-Ferrand : Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2006.

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
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Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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