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La résidence du parc de Beauvillé à Amiens, un projet immobilier emblématique des Trente Glorieuses

 

Dans le cadre d’un projet de labellisation Architecture Contemporaine Remarquable, la résidence du Parc de Beauvillé à Amiens a fait l’objet d’une étude au cours du premier semestre 2024. Elle s’est principalement appuyée sur l’importante documentation conservée aux archives d’Amiens Métropole.

DOSSIER COMPLET à retrouver ici : https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/IA80011064

 

 

Les études à la une
Image du jour
Vue générale, façade sur rue.
Lumière sur

Entre 1935 et 1937, cinq crèches, destinées à l'accueil des enfants de dix semaines à quatre ans, sont annexées aux usines Saint Frères. Si ce type d'équipement collectif est présent dans quelques grands centres industriels à la fin du 19e siècle, il reste exceptionnel en milieu rural. Ces crèches sont évidemment destinées à favoriser l'éducation de l'hygiène infantile, mais libèrent également les mères de ces tâches durant la journée qui peuvent ainsi travailler à l'usine. La première crèche Saint Frères est créée en avril 1936 à Flixecourt et la dernière à Abbeville en août 1937. Contrairement aux préceptes hygiénistes en vigueur diffusés grâce aux traités du docteur Chaillou, leur implantation est souvent liée à l'aspect pratique pour les mères qui peuvent déposer leurs enfant en se rendant à l'usine. Ces crèches sont donc situées au sein même des usines comme à Beauval, à Berteaucourt-les-Dames (Harondel) ou à Abbeville, ou alors, à l'extérieur du site industriel, mais à proximité immédiate de l'entrée principale, point de passage obligé des ouvriers, comme à Flixecourt ou à l’Étoile (Moulins-Bleus). A Flixecourt, la crèche était logée dans une partie de l'ancien logement patronal, dit Château Rouge, tandis qu'à L’Étoile, la crèche des Moulins-Bleus était logée dans l'ancien logement de directeur, situé face à l'entrée de l'usine.

A l'intérieur, même s'il ne semble pas que ces crèches d'entreprises aient été soumises à la même vigilence que les crèches publiques soumises à autorisations préfectorales, on retrouve l'application de nombreuses règles édictées par le docteur Chaillou, précisées officiellement dans le décret de 1897 et de l'arrêté du 10 novembre 1923. On y distingue les dortoirs (salle de berceaux et pouponnat), des salles de jeu ou des solariums, très en vigueur à l'époque. En effet, le soleil est considéré à l'époque comme possédant des vertus médicinales qui favorisent l'épanouissement et le développement des enfants. Les vitres des solariums sont même traitées pour laisser passer les rayons ultra-violet.

Chaque crèche est conçue comme un espace médicalisé, placée sous la responsabilité d'une infirmière de la Croix-Rouge qui travaille généralement avec cinq ou sept autres personnes suivant les lieux : une surveillante, deux gardiennes, une cuisinière et une jardinière.

Les crèches ont été fermées après la mise en place des allocations de salaire unique (ASU), qui complétaient et renforçaient, en mars 1941, l'allocation de mère au foyer qui avait été créé en 1938. Ces aides incitèrent de nombreuses ouvrières, mères de jeunes enfants, à rester davantage au foyer. Ainsi après quelques années de fonctionnement, la plupart des bâtiments ayant accueilli ces crèches, ont été démontés rapidement. Seul subsiste l'ancienne crèche des Moulins-Bleus.

Solarium de la crèche de l'usine d'Harondel à Berteaucourt-les-Dames, Jean-Pierre Jacquart (photographe), 1937.