Inventaire général du patrimoine culturel - Région Hauts-de-France
| L'Inventaire général du patrimoine culturel de la Région Hauts-de-France

 

 

Fondé en 1964 par André Malraux, ministre de la Culture, l’Inventaire général du patrimoine culturel a pour mission de « recenser, étudier et faire connaître » le patrimoine urbain, architectural, artistique et mobilier de la France, selon les mots même du ministre. Cette compétence a été transférée aux Régions en 2007. 

 

Dans les Hauts-de-France, la documentation scientifique rassemblée depuis plus de 40 ans est publiée sous la forme de dossiers généraux ou individuels qui présentent les édifices ou objets mobiliers étudiés avec textes de synthèse, notices historiques et descriptives, photographies, cartes ou plans, et sources bibliographiques.

Une photothèque et un blog en ligne complètent les données et l’information sur l’actualité du service. 

Partez à la découverte des 14000 dossiers publiés et de leurs 200000 photographies ! Bonne visite !

 

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L´ancien couvent de franciscains ou cordeliers est l´un des établissements des ordres mendiants arrivés à Amiens au 13e siècle. Les Cordeliers s´établissent hors les murs, en 1233 (Hubscher) ou 1244 (Goze, Soyez), sur un terrain cédé par un bourgeois amiénois Jehan Le Mongnier. L´église Saint-André et Saint-Jean, hors les murs, leur servait de lieu de culte. Vers 1300, le couvent est agrandi grâce aux donations de Jehan de Saint-Fuscien, chambellan du Roi, et Robert du Caurel. Construit en 1353 (Goze), il est incendié cinq ans plus tard, lors du siège des Navarrais puis rebâti grâce aux libéralités de Charles V. L´église est reconstruite en 1360 et agrandie en 1484 (Goze, Soyez) ; le cloître est érigé en 1485, à l´initiative d´Adrien de Hénencourt (Goze).

A nouveau dévasté par un incendie en 1585, le couvent est réparé et agrandi après l´acquisition de maisons voisines. Son jardin est aménagé à l´emplacement d´un ancien cimetière de pestiférés agrandi en 1580. Celui de l´Infirmerie est donné en 1530 par l´évêque d´Hébron, Nicolas de la Couture.

Le clocher de milieu, visible sur le dessin des frères Duthoit, datait du 17e siècle.

Le couvent, qui n´abritait déjà plus que 18 religieux en 1700, est presque entièrement démoli durant la Révolution. Les terrains sont lotis, après 1793, date à laquelle est décidée l'ouverture d'une rue dans les terrains de l'ancien couvent. Après avoir abrité le club des Jacobins, l´église est affectée à usage de manège, puis de magasin à fourrage avant d´être rachetée et donnée à la paroisse Saint-Remi par Charlotte Pingré en 1802. Comme l´écrit A. Goze, «on s´est borné à lui donner le plus grand air de propreté sans y exécuter des décors importants ; on a tout peint en tons et appareils de pierre». L´auteur mentionne cependant les décorations intérieures dues aux frères Duthoit (décor néogothique de la chapelle de la Vierge) et à l´artiste amiénois Féragu (décor « dans un style sévère tenant du byzantin » du choeur).

Démoli au début du 19e siècle, le couvent n´est connu que par des représentations tardives (cadastre de 1812) qui permettent difficilement de restituer la disposition des lieux. La description qu´en fait E. Soyez, en 1895, ne concerne que l´église de plan allongé à deux vaisseaux, conservée pour desservir la paroisse Saint-Rémy. Selon le Dictionnaire historique et archéologique de Picardie (1919), elle conservait un portail du 13e siècle.

Selon E. Soyez (1895) l'ancienne église des Cordeliers devient église paroissiale d'abord sous le vocable de Saint-Firmin, en 1797, puis de Saint-Remi, en 1802, remplaçant l'ancienne église désaffectée.

Un dessin des frères Duthoit de 1834, en donne une représentation, vue depuis l'ouest.

La construction de la nouvelle église paroissiale Saint-Remi, à l'emplacement de l'église du couvent des Cordeliers, est envisagée dès 1855, à l'initiative du magistrat Hecquet de Rocquemont, président de la société des antiquaires de Picardie. La reconstruction de l´église est également souhaitée, en 1861 par A. Goze, «car elle manque de solidité, de grandeur pour contenir ses nombreux paroissiens, surtout les jours de fêtes ; enfin, elle n´est pas convenable pour les exercices religieux de la partie la plus riche de la ville d´Amiens». E. Soyez à son tour considère, en 1895, que la destruction de l'édifice "n´excitera que peu de regrets [...] il avait été de plus altéré par des remaniements successifs qui, à l'intérieur plus encore qu'à l'extérieur, avait modifié sa disposition primitive d'une façon peu avantageuse".

La construction de la nouvelle église, sur les plans de l'architecte Paul Louis Delefortrie (doc), commence en 1889, à l´initiative de M. Debeaumont, curé de la paroisse. La première pierre est posée le 16 novembre 1890. Elle est conçue dans le style « noble et pur du 13e siècle », suivant le modèle présumé de l´église Saint-Sulpice de Favières (91), voulu par M. Debeaumont. La tour unique, qui devait s´élever à l´angle des rues Jules-Lardière et des Cordeliers, résulte d´une suggestion de l´architecte amiénois Edmond Douillet. Une polémique s´éleva sur le choix de conserver une église orientée, ouvrant sur la petite rue Jules-Lardière suivant le voeu de M. Debeaumont, et non sur la rue de la République.

Le manque de ressources la laissera inachevée, seuls le choeur et le transept ont été construits et agrandis d´une sacristie, en 1929, sur les plans des architectes A. Pruvost et P. Philippe.

Chevet et sacristie de la nouvelle église.