Dossier d’œuvre architecture IA02010649 | Réalisé par
Barbedor Isabelle (Rédacteur)
Barbedor Isabelle

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022. Responsable de service région Picardie puis Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Riboulleau Christiane (Rédacteur)
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • patrimoine de la Reconstruction, La première Reconstruction
Église paroissiale Saint-Martin
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération du Pays de Laon - Laon-2
  • Commune Monthenault
  • Lieu-dit
  • Adresse rue de Chaumont , rue du Lac
  • Cadastre 2021 AB 113
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Martin

Remarquable exemple d'architecture de la Reconstruction après la Première Guerre mondiale, l'église Saint-Martin a été traitée dans des proportions modestes, si on la compare aux églises de Martigny-Courpierre et de Brancourt-en-Laonnois, œuvres du même architecte, Albert-Paul Müller. Composant avec un budget très modeste, ce dernier a ingénieusement aligné en façade le clocher, le portail au décor traité en méplat et la chapelle des fonts baptismaux pour donner l'illusion d'un édifice de grande taille dont les lignes épurées associent élégamment le béton et la pierre calcaire.

L'église Saint-Martin de Monthenault est détruite, avec le village, au cours de la Première Guerre mondiale. Une fois la paix revenue, la commune adhère d'abord, en février 1922, à la coopérative de Bruyères-et-Montbérault pour la réédification des bâtiments communaux. C'est sans doute en cette occasion que l'architecte Albert-Paul Müller (1889-1965), qui vient d'obtenir son diplôme et s'est installé l'année précédente à Bruyères-et-Montbérault, est sollicité.

La création de la coopérative de reconstruction du diocèse de Soissons est officiellement approuvée le 20 juillet 1922. De nombreuses communes vont rapidement y adhérer pour la reconstruction de leur lieu de culte. Monthenault suit leur exemple le 17 juin 1923 et confie donc la conception de l'édifice à Albert-Paul Müller. Ce dernier propose un premier projet approuvé le 14 novembre 1925. Ce projet est présenté une nouvelle fois le 2 août 1928 après avoir été remanié. Enfin, en janvier 1929, un particulier fait don d'un terrain à la commune, ce qui permet d'implanter l'église au cœur du village.

Le document qui récapitule les frais engagés par la coopérative diocésaine place le début des travaux en 1929 et attribue la réalisation de la maçonnerie à l'entreprise Pouchol, destinataire des trois quarts de la dépense. Les verrières ont été commandées à l'atelier Barillet et les fresques sont l’œuvre d'Eugène Chapleau, artistes souvent associés aux réalisations de Müller. Quant au relief de la façade, il est né de l'imagination, voire du ciseau, d'un sculpteur nommé " Vadens " qu'on pourrait peut-être - mais sans certitude - identifier avec le sculpteur Ernest-Hippolyte Wadens, élève à l'École des Beaux-Arts de Paris entre 1901 et 1910. La date précise de réception du monument n'est pas connue. Le numéro de novembre 1932 du périodique La Construction moderne renferme une photographie extérieure de cette église qui témoigne au moins de l'achèvement du gros œuvre et de la présence des verrières au moment de l'exposition d'art religieux moderne à Rouen (mars-avril 1932). Il restait sans doute encore quelques travaux à terminer car il a fallu attendre le 2 avril 1934 pour que l'église et une cloche soient bénites par Mgr Mennechet, évêque de Soissons.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1929, daté par source, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Müller Paul ou Albert-Paul
      Müller Paul ou Albert-Paul

      Albert-Paul-Muller est né à Remiremont (Vosges) en 1889. Pendant la Grande Guerre, de 1914 à 1917, il travaille comme architecte-voyer intérimaire de la ville de Lure (Haute-Saône). Il est admis en juillet 1917 à l'École des Beaux-Arts de Paris et il obtient son diplôme d'architecte le 8 juin 1921. Il s'installe peu après comme architecte à Bruyères-et-Montbérault (Aisne) avant de s'installer à Laon. Architecte départemental à partir de 1931, il reconstruit de nombreux édifices dans l'Aisne après les deux guerres mondiales. Il est décédé à Laon (Aisne) en 1965. Il a fait l'objet d'une notice biographique dans le Dictionnaire des élèves architectes de l'École des Beaux-Arts de Paris (en ligne).

      Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert-Paul_M%C3%BCller [consulté le 03/05/2023].

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      architecte attribution par travaux historiques
    • Auteur :
      Chapleau Eugène
      Chapleau Eugène

      Eugène-Jean-Alexandre Chapleau est né en 1882 à Paimbœuf (Loire-Atlantique). Il étudie la peinture à l’École des Beaux-Arts de Paris et s'installe dans la capitale dans les premières années du XXe siècle. La reconstruction des églises dans les régions dévastées par la Première Guerre mondiale lui offre de grandes opportunités pour l'exercice de son art. Il y pratique la peinture murale et surtout la fresque, remise à l'honneur dans l'entre-deux-guerres. Il quitte Paris pour Le Croisic (Loire-Atlantique) pendant la Seconde Guerre mondiale. En cette période de sa vie, il peint surtout des tableaux de chevalet représentant des fleurs et des paysages bretons. Il meurt au Croisic (Loire-Atlantique) en 1969.

      Dans l'Aisne, il a réalisé le décor peint de Martigny-Courpierre (peintures murales et chemin de croix), le chemin de croix et quelques peintures à Monthenault, des peintures murales à Mont-Notre-Dame, le chemin de croix de Guignicourt, le chemin de croix et des peintures à Brancourt-en-Laonnois, le chemin de croix de Bruyères-et-Montbérault. Dans la Somme, on lui doit des peintures dans l'église Saint-Germain-l'Auxerrois de Rollot. (liste non exhaustive)

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      peintre attribution par travaux historiques
    • Auteur :
      Barillet Louis
      Barillet Louis

      Louis-Joseph-Pierre Barillet est un peintre verrier né à Alençon (Orne) en 1880 et mort à Clamart (Hauts-de-Seine) en 1948. Il reçoit une formation de peintre-décorateur puis exerce le métier de peintre-verrier.

      À partir de 1932, son atelier est installé au 15 square Vergennes (Paris XVe arrondissement).

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      peintre-verrier attribution par source, attribution par analyse stylistique
    • Auteur :
      Pouchol
      Pouchol

      Entrepreneur de maçonnerie, actif après la Première Guerre mondiale.

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      entrepreneur de maçonnerie attribution par source
    • Auteur :
      Vadens
      Vadens

      Sculpteur-statuaire attesté vers 1930 à l'église Saint-Martin de Monthenault (Aisne).

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      sculpteur attribution par source

L'église Saint-Martin de Monthenault est bâtie au centre de la commune, sur un terrain triangulaire délimité par deux rues. L'édifice est orienté vers le nord. Il est construit à l'aide d'un appareil mixte de béton et de pierre de taille calcaire. La pierre de taille, recouverte d'un enduit de béton, est employée au niveau du sous-sol du bâtiment. Sur les élévations, elle pourrait n'être qu'un parement.

L'architecte a donné à l'église un plan allongé en forme de T inversé. Derrière une large façade qui masque la modestie du volume intérieur, prend place un narthex qui communique à l'ouest avec la tour du clocher et à l'est avec la chapelle des fonts baptismaux, toutes deux hors-œuvre. Ce narthex est surmonté d'une tribune, accessible par un escalier tournant en béton. Cet espace ouvre sur une nef de trois travées, suivie d'un chœur liturgique à trois pans. Peu après l'entrée du chœur, un large escalier central monte au sanctuaire nettement surélevé. De part et d'autre, deux petits escaliers symétriques descendent vers la sacristie - partiellement souterraine - qui s'étend sous le chœur liturgique. Une porte, ménagée dans l'axe de la sacristie, la relie aussi à l'extérieur.

L'église est couverte d'une voûte elliptique en béton, s'achevant en cul-de-four polygonal sur le sanctuaire. Elle est protégée par un toit à longs pans et à croupe polygonale, en tuiles mécaniques de deux couleurs, borné au sud par le pignon découvert de la façade. Le clocher est coiffé d'une flèche octogonale ajourée en béton.

Le décor porté de l'édifice a été confié à la sculpture, au vitrail et à la fresque. La sculpture est centrée sur la façade et consiste en un monumental relief qui entoure et surmonte la porte principale de l'église.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille enduit
    • béton appareil mixte
  • Toits
    tuile mécanique, béton en couverture
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte de type complexe, en béton armé
    • cul-de-four, en béton armé
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe polygonale
    • pignon découvert
    • flèche polygonale
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant suspendu, en maçonnerie
  • Typologies
    Art déco
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
    • vitrail
    • peinture
  • Précision représentations

    La partie supérieure du relief qui orne la façade se rapporte à un événement de la vie de saint Martin, saint patron du lieu. Il s'agit de la messe miraculeuse qui a suivi ce qu'on appelle la "seconde charité" de saint Martin, nouveau don de vêtements à un pauvre, que relate Jacques de Voragine dans La Légende dorée (1261-1266). Le saint, de taille imposante, est représenté de face, vêtu d'une tunique, d'une chasuble, et portant probablement le pallium. Figuré en train de célébrer la liturgie eucharistique, il tient à la main le calice et l'hostie. Au-dessus de sa tête, se trouve le globe lumineux soudainement apparu, symbole de la charité du saint.

    En dessous, sont alignés plusieurs anges à mi-corps, qui forment le premier rang de deux groupes dont on ne voit que les ailes. Tournés vers l'observateur, ils font des gestes de prière ou d'accueil. L'un d'eux, la bouche ouverte, semble prier à voix haute ou chanter, un autre joue de la double flûte, un autre tient un encensoir.

    Enfin, deux groupes au relief plus prononcé encadrent l'entrée de l'église. Ils sont tous deux composés d'un ange qui accompagne et protège une femme. L'une est une jeune mère qui serre contre elle son nourrisson, et l'autre une femme âgée qui s'appuie sur sa canne. Ces deux femmes qui inclinent la tête pourraient tout aussi bien orner un monument aux morts et se rencontrer sur la tombe de l'époux et fils défunt qui s'est sacrifié pour la Patrie. Ici, ces deux survivantes de la guerre se tournent vers le buste du Christ mort sur la croix, qui domine la porte principale, ou s'apprêtent à rentrer dans l'église pour y trouver espérance et consolation.

    Ce relief constitue l'unique décor de la façade, à l'exception d'une juxtaposition de cylindres engagés, placée à la partie inférieure de la façade, et dont l'horizontalité contribue à contrebalancer la verticalité du clocher.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 2001/06/11
  • Référence MH

L'église de Monthenault est caractéristique d'un grand nombre d'églises de cette période, que ce soit par les matériaux employés - intégrant le béton - ou par le plan qui rejette sur les côtés, et à l'entrée de l'édifice, un haut clocher et la chapelle des fonts baptismaux. La voûte parabolique qui recouvre la nef et le chœur s'épanouit également au cours des années 1930, ainsi que les décors peints à la fresque. Il faut néanmoins signaler comme une rareté la situation très surélevée du sanctuaire, qui permet de placer la sacristie sous le chœur, idée déjà exprimée dans l'église de Roupy (Aisne), conçue par les architectes Charavel, Enault et Mélendès, quelques années auparavant. Enfin, le décor sculpté qui recouvre en partie la façade est également l'apanage d'un faible nombre de monuments, parmi lesquels se détachent par exemple l'église de Montbavin (Aisne) - due à l'architecte Henri Laffillée -, ou différentes églises du Cambrésis nées du talent de l'architecte Pierre Leprince-Ringuet.

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série R ; 15 R 1987. Dommages de guerre de la société coopérative de reconstruction des églises du diocèse de Soissons (Première Guerre mondiale).

    AD Aisne : 15R1987
    Projet de liquidation au Compte de la Commune de Monthenault.
  • AMH-DRAC Amiens : dossier de recensement de l'église Saint-Martin de Monthenault (2000).

Bibliographie

  • [Exposition. Laon. 1991]. 300 clochers. Les églises de la Reconstruction. Aisne, années 20-années 30. Réd. Jacqueline Danysz, Béatrice Mobuchon. Laon : Petit Saint-Vincent, 1991.

    (Exposition présentée à Laon, du 9 au 17 novembre 1991).

    p. 12-13.
  • La Vie Diocésaine. Revue hebdomadaire de l'activité catholique dans le Diocèse de Soissons, Laon et Saint-Quentin, publiée sous la direction de Monseigneur l’Évêque.

    t. 5, 1934, n° 13, 31 mars 1934, p. 162.

Documents figurés

  • Exposition d'art religieux moderne à Rouen. Église de Monthenault, impression photomécanique, vers 1932. In La Construction moderne, 27 novembre 1932, vol. 48, n° 9, pl. 34.

Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022. Responsable de service région Picardie puis Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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