Dossier d’œuvre architecture IA60005364 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Le village de Froissy
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Froissy
  • Dénominations
    village

Froissy est le chef-lieu d’un ancien canton de dix-sept communes. Il se situe à la convergence de deux axes (l’un nord-sud (D1001) et l’autre est-ouest (D151)) qui se croisent au carrefour dit des "Quatre Coins" situé au centre du village.

Pourtant au Moyen Âge le village formait un triangle avec, aux angles, trois noyaux d’habitat indépendants : Froissy-le-Moustier (autour de l’église actuelle et à l’emplacement supposé d’un ancien monastère), Provinlieu (qui s’est développé autour d’un manoir seigneurial) et Petit Froissy. Une première église paroissiale se serait trouvée au lieu-dit "Les Vignes", entre Provinlieu et Petit Froissy.

La création de la route Breteuil-Beauvais en 1824 permet le développement économique du village qui compte de très nombreux commerçants le long de cette voie à partir des années 1840. L’arrivée du chemin de fer qui traverse le village soutient ces activités. Toutefois, comme dans les villages voisins, les habitants travaillent essentiellement dans l’agriculture et la petite industrie textile à domicile.

Le carrefour des "Quatre Coins" est très touché par les bombardements de 1940. Les bâtiments détruits sont reconstruits après la guerre et la commune connaît une nouvelle croissance démographique grâce à des programmes de lotissements entrepris à partir des années 1960. Lors du dernier recensement en 2019, Froissy compte 984 habitants répartis dans 478 logements (dont 91,2 % de résidences principales).

Chronologie

 

                Naissance d’une paroisse autour de trois noyaux d’habitats

 

Lors de leurs prospections aériennes réalisées dans les années 1960 et 1970, Roger Agache et François Vasselle repèrent plusieurs villas gallo-romaines sur le territoire communal de Froissy, notamment aux lieux-dits La Plaine, Les Cailloux et Les Franches Terres. Des noyaux d’habitats sont donc bien présents avant le Ve siècle.

La première apparition connue de Froissy dans les sources se trouve dans un acte daté de 1130 du Cartulaire de l’abbaye Saint-Lucien de Beauvais (LAMBERT, 1982). Froissy est alors "Frissiacum", toponyme qui semble formé du nom d’origine germanique "Friso" (LEBÊGUE, 1994). Il peut désigner un domaine appartenant à un chef gallo-romain.

Au sud de l’église actuelle, au lieu-dit Le Calvaire, est indiqué sur le cadastre de 1809 un couvent dont l’origine est incertaine ainsi que l'époque de sa destruction. Sur le plan terrier de 1690, ce lieu était dit Le Buisson Martin Pezier. D’après Louis Graves, des traces de cet établissement monastique appelé Le Moustier (la rue actuelle en rappelle l’existence) étaient toujours visibles dans la première moitié du XIXe siècle. Au XVe siècle, le quartier autour de l’église est appelé Froissy-Le-Moustier, pour le distinguer de Petit Froissy et de Provinlieu (noyau d’habitat autour de l’ancienne forteresse).

Une première église se serait trouvée entre Petit Froissy et Provinlieu, au lieu-dit Les Vignes. Elle semble disparaitre avant le XIIe siècle. L’église actuelle présente en effet des maçonneries en silex qui peuvent être rattachées à la période romane. À cette époque, la paroisse comprend ainsi Provinlieu, Petit Froissy, Maisoncelle (érigée plus tard en paroisse distincte) et Froissy-le-Moustier où se trouvait l’ancien monastère. C’est l’abbaye Saint-Lucien de Beauvais qui était le seigneur le plus important de Froissy. L’église avec ses dîmes et les biens attenants lui sont en effet remis en 1132 par le seigneur du lieu Wibert de Giencourt (GRAVES, 1832). L’église est toutefois reconstruite en 1577, probablement après les destructions causées par les guerres de Cent Ans (les Anglais ont occupé la forteresse de Provinlieu). Entre temps, c’est la chapelle de Provinlieu qui a servi temporairement d’église paroissiale.

 

                Froissy au XIXe siècle : le développement des activités économiques

 

Froissy devient chef-lieu de canton après la Révolution et le village connait une légère croissance démographique dans la première moitié du XIXe siècle. L’étude des recensements de population permet de constater que le nombre de commerçants est plus important à partir des années 1840. La création de la route Breteuil-Beauvais en 1824 les incite certainement à s’installer le long de cet axe de circulation majeur.

À cette époque, les habitants travaillent surtout dans l’agriculture et la petite industrie textile à domicile. D’après les recensements de population, ils sont paysans ou manouvriers pendant la belle saison et s’attèlent au filage ou au peignage de la laine l’hiver. La rue des Cayenneurs et la rue des Tisserands, créées en 1968, ainsi que la rue des Sergers à Petit Froissy évoquent l’existence de ces ouvriers affairés à filer des chaines de laine (CLAËYS, 2018). Les "faiseurs de bas" sont nombreux à partir des années 1850. Enfin, plusieurs brossiers travaillent dans le village à partir du dernier quart du XIXe siècle.

Deux établissements industriels s’implantent au XIXe siècle à Froissy. D’une part, une briqueterie-panneterie s’installe en 1860 à l’initiative de monsieur Daourt de Campremy, dans le bosquet qui se trouve sur le chemin menant de la route de Crèvecoeur à Petit Froissy (CLAËYS, 2018). D’autre part, une râperie de betteraves est créée sur la route de Noyers à l’est du village. Le jus produit était transporté jusqu’à Bois-Saint-Martin.

L’arrivée du chemin de fer soutient également le développement économique de Froissy en permettant le trafic de voyageurs et de marchandises (import-export). La ligne longe la route de Noyers et la gare est construite dans l’actuelle rue du 8 mai 1945 (le bâtiment se trouve au n°7, à côté de la banque). Elle traverse ensuite le carrefour, dessine un virage vers le nord avant de descendre vers le sud un peu avant le chemin du cimetière.

 

                Les évolutions du XXe siècle : l’impact des deux guerres sur l’activité économique

 

Les cartes postales du premier quart du XXe siècle laissent entrevoir le grand nombre de commerces ouverts dans ce chef-lieu de canton. Autour du carrefour des Quatre Coins se trouvaient l’épicerie "Dhardivillé-Ménard", l’hôtel de la Croix Blanche (magasin Hua), la charcuterie Compère (où se trouve le magasin de la Presse aujourd’hui), le Café de la Gare (actuelle pizzeria), une droguerie, un mécanicien "Deville" rue de Breteuil à l’emplacement de la maison des archers…

Pendant la Première Guerre mondiale, la râperie située sur la route de Noyers fabrique de l’éther pour les munitions. Après la guerre, elle devient fabrique de levure avant d’être transformée en coopérative agricole en 1932. L’ancienne cheminée de l’usine est détruite en 1975 et le reste des bâtiments d’origine est démoli en 2011 (CLAËYS, 2018). D’autre part, la briqueterie entre la route de Crèvecœur et Petit Froissy stoppe son activité dans le premier quart du XXe siècle.

Le carrefour de Froissy (Les Quatre Coins), à l’intersection de deux axes importants (Crèvecœur-Noyers et Breteuil-Beauvais) est lourdement bombardé en 1940. Les bâtiments qui s’y dressaient sont complètement détruits (mairie, poste, magasin Hua, perception, maison Dhardivillé avec épicerie). Des baraquements provisoires sont installés afin d’assurer un logement provisoire aux sinistrés avant la reconstruction de leurs habitations. Celui de la famille Hua est toujours en place en fond de cour (n°1 rue du 8 mai 1945). Les bâtiments détruits dans les environs du carrefour sont reconstruits en brique dans les années 1950 (perception, mairie, poste, magasin Hua).

Les commerces sont de moins en moins nombreux et ils sont beaucoup à fermer à partir des années 1970-1980. En revanche, le village connait une croissance démographique importante, contrairement à ses voisins. De nombreux programmes de lotissements menés depuis la fin des années 1960 ont en effet permis de soutenir l'augmentation de la population.

 

Évolution de la morphologie et du parcellaire

 

Les nombreux plans anciens conservés aux Archives Départementales de l’Oise à Beauvais permettent d’appréhender l’évolution de la forme du village et de l’implantation du bâti sur le territoire communal de Froissy. Comme évoqué ci-dessus, le village était en réalité formé de trois noyaux d’habitat indépendants formant un triangle relié par trois voies : l’axe de la rue des Briquetiers et de la rue de la Plaine liait Petit-Froissy à Froissy-le-Moustier (quartier de l’église) ; l’ancien axe continu des rues de l’Église et de Beauvais connectait Froissy-le-Moustier à Provinlieu ; enfin, la ruelle des Archers reliait Provinlieu à la rue des Sergers de Petit Froissy. C’est au lieu-dit Les Vignes le long de cette voie que se dressait la première église paroissiale.

 

                Du XVIIe siècle au début du XIXe siècle : trois noyaux d’habitats indépendants qui fusionnent

 

Le premier document cartographique disponible pour Froissy est un plan terrier daté de 1690 et commandé par l’abbaye Saint-Lucien de Beauvais qui possédait la plupart des terres de Froissy dès le Moyen Âge. Le quartier de l’église paroissiale est nommé Froissy et l’habitat se répartit surtout le long de la rue de la Plaine. Ce chemin mène à Petit Froissy au nord, beaucoup plus peuplé qu’aujourd’hui. Ce quartier comprend une rue principale d’axe est-ouest, ramifiée par un second axe nord-sud. Un habitat dense borde ces deux voies.

Enfin, un chemin conduit de Petit Froissy à Provinlieu (actuelle ruelle des Archers). C’est le seigneur de Rouvroy qui possède la plupart des terres de ce quartier ainsi que le manoir situé dans la partie est. L’habitat est distribué le long de la rue du Château, au bord de l’actuelle rue de Breteuil ainsi que sur la route de Troussures, axe qui est déplacé plus au sud en 1841 (actuelle route départementale 151).

Le cadastre de 1809 permet de constater la croissance démographique qu’a connu le village au cours du XVIIIe siècle puisque l’habitat couvre dorénavant la Grande Rue (rue de l’Église) ainsi que la rue de Beauvais et une partie de la rue du Moulin.

 

                Du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe siècle : la création et le renforcement de l’axe de Clermont-Crèvecœur

 

La route de Clermont à Crèvecœur est créée en 1841 (aujourd’hui départementale 151). Elle reprend en partie l’ancienne route de Francastel à Froissy qui menait à Provinlieu (voir le cadastre de 1809). La route se poursuit en direction de Noyers-Saint-Martin et passe au sud de Troussures. L’ancienne voie menant à cette ferme est dévitalisée. Comme le montre les cartes postales du début du XXe siècle, la création de cette route entraîne le développement de l’habitat autour du carrefour avec l’installation de commerces : hôtel de la Croix Blanche, épicerie et charcuterie.

De plus, l’implantation de la ligne de chemin de fer qui double cet axe étoffe l’habitat autour des Quatre Coins, près de la gare. Parallèlement, Petit Froissy se dépeuple et le nombre de maisons diminue.

 

                L’implantation de lotissements à partir des années 1960

 

Malgré les destructions de 1940, Froissy connait une croissance démographique importante après la Seconde Guerre mondiale. Outre les reconstructions, plusieurs programmes de lotissements sont conduits et entraînent la création de nouvelles rues. Les travaux de Joël Claëys, habitant passionné par l’histoire de son village, éclairent l’émergence de ces nouveaux quartiers résidentiels.

Avec l’arrêt de la ligne de chemin de fer en 1961, des terrains de la route de Crèvecœur sont découpés à l’emplacement de son tracé et les premiers logements sont construits en 1963. Des lotissements sont installés à l’est du village à partir de 1966 dans le cadre de la construction du collège Gérard Philipe. En 1968, plusieurs rues sont percées afin de lotir de nouvelles parcelles à l’est du village : rue de la Chouque ("souche" en picard), rue des Tisserands, impasse des Frênes, rue des Cayenneurs et partie nord de la rue des Blattiers (elle est prolongée au sud pour rejoindre la rue du Moulin en 1986). À l’ouest du village, au sud de l’église, la rue du Clos est créée en 1980. Un foyer pour personnes âgées y est établi.

Froissy se densifie dans sa partie ouest lors de projets lancés dans les années 2000 : la rue des Hallaux avec la construction de onze résidences en 2009 à la place de deux anciennes maisons en ruine ; la rue des Bouviers en 2012, avec la création de nouveaux logements et d’un centre social ; enfin les habitations de la rue du Verger sur le carrefour en 2018 à l’emplacement de la voie de chemin de fer.

 

Lieux partagés et structurants

 

                Les limites du village : croix de chemin et tour de ville

 

                                Le tour de ville

 

Ce réseau de sentiers séparait la zone habitée de la zone cultivée et ont été aménagés, pour certains dès le Moyen Âge, dans un contexte où il s’agissait de rationaliser et mettre en commun l’exploitation des terres. À Froissy, plusieurs de ces sentiers sont toujours conservés. Les plus anciens à être figurés le sont sur le plan terrier de 1690 dans la partie nord de Petit Froissy. Ils ont disparu aujourd’hui.

Le plan de 1755 représente ces chemins des deux côtés de la rue de Provinlieu. Le côté ouest de la rue (actuelle ruelle des Archers) est toujours conservé. Sur le cadastre de 1809, le tour de ville est parfaitement tracé dans la partie est de la rue de Beauvais. Aujourd’hui parallèle à la nouvelle rue des Blattiers, seule une courte section n’existe plus (entre les n°27 et 35 de la rue de Beauvais). En outre un autre sentier existe au nord de la rue de l’Église. Appelé "sentier de la poste", ce chemin conduit à la place publique et aboutit dans la rue de la Plaine. Bien visible sur le cadastre de 1955 et toujours praticable, il permet également de rejoindre le cimetière à partir de la place publique grâce à un sentier créé en 1913. La ruelle Beauvillers, en face de l'église dans la rue de la Plaine, permettait de rejoindre le tour de ville côté ouest, aujourd'hui disparu (CLAËYS, 2018).

 

                                Les croix de chemin

 

Les recherches de l’Association pour la Connaissance et la Conservation des Calvaires et des Croix du Beauvaisis (ACCCCB) permettent de renseigner l’histoire de ces éléments patrimoniaux présents dans tous les villages du plateau picard.

Dans la plupart des cas, elles sont érigées par des familles du village dans le but de commémorer un parent décédé ou d’afficher leur piété. Elles se trouvent le plus souvent à des intersections ou des sorties de village. Elles occupent des emplacements privilégiés de longue date. À Froissy, deux croix sont figurées sur le plan terrier de 1690. La première se trouve au carrefour de la route de Crèvecœur et de la Plaine/Petit Froissy. Communément nommée "calvaire de la Plaine", elle est remplacée en 1889 par une nouvelle croix érigée par le couple Sagnier-Dhardivillé. Cette dernière est elle-même renouvelée et bénie en 1930. Elle est cédée à la commune en 2012 et restaurée en 2014. 

La seconde croix visible sur le plan de 1690 est située au lieu-dit "Le Calvaire", anciennement nommé "Le Mousker", à l’emplacement de la supposée abbaye médiévale. La croix qui s’y trouve actuellement est toutefois beaucoup plus récente puisqu’elle est bénie en 1930. Nommée "Calvaire Richard", du nom de son ancien propriétaire, elle est restaurée en 1998 par la commune mais appartient à monsieur Liénard dans les années 2000.

Deux croix sont plus récentes. Le "Calvaire Parize" se trouve à la sortie sud du village vers Beauvais, au bord du chemin des Amoureux. Il appartient à monsieur Parize qui l’a acheté en 1987 à la famille Hua qui l’avait elle-même acquise en 1928 de monsieur Devillers. Ce dernier avait hérité de cette croix dans le cadre d’un partage anticipé provenant de sa mère selon un acte de 1882. Cette croix aurait à l’origine été érigée par François Auguste Baticle en 1874. L’inscription visible sur le socle est tirée de la première lamentation du prophète Jérémie, verset 12 : " A. M. D. G. O Vous tous qui passez par ce chemin, considérez et voyez s’il est douleur pareille à la mienne, 1874". Le message suggère que la croix a été installée à la suite de la perte d’un proche.

Le "Calvaire Autiquet", situé à la sortie nord de Froissy, en direction de Breteuil, est construit après 1945 par la famille Autiquet en signe de piété après que tous ses membres soient revenus saufs de la Seconde Guerre mondiale.

Une croix toujours visible se trouve à Petit Froissy, au lieu-dit "Le Plachat" (petite place). Une première croix est déjà visible sur le plan terrier de 1772. Une nouvelle, érigée par la famille Defrance grâce à des dons de la population, est bénie en 1882. Elle est restaurée vers 1998 puis en 2014 par la commune.

 

                Gérer et partager l’eau : les équipements hydrauliques

 

Les sols secs et poreux du plateau picard ont fait de l’eau un enjeu primordial pour les populations villageoises. La forme groupée de l’habitat a ainsi permis une mise en commun des ressources en eau grâce à l’aménagement de mares et de puits.

 

                               Les anciennes mares disparues

 

Les mares servent à abreuver les animaux, contenir le ruissellement des eaux de pluie et stocker l’eau en cas d’incendie. Si la Notice Statistique de 1902 en dénombre 12, plus aucune n’existe aujourd’hui. Les deux plus anciennes connues sont visibles sur le plan terrier de 1690. Ce sont celles de Petit Froissy (rue des Calviniers entre les n°8 et n°10) et de la rue de Provinlieu, au croisement de la rue du Château. Bien visible sur les cartes postales du début du XXe siècle, cette dernière est rebouchée en 1956 puis complètement détruite en 1969 en prévision des travaux de redressement de la route nationale (CLAËYS, 2018). Quant à la mare de Petit Froissy, elle est toujours visible sur le cadastre de 1809 mais disparaît sur celui de 1955.

D’après les renseignements fournis par monsieur Claëys, il y avait cinq autres mares dans le village dans la première moitié du XXe siècle. La première, rue de Crèvecœur, au bord du chemin de la mare, dans la partie ouest du parking du carrefour. Elle est creusée en 1910 en remplacement d’une première mare cédée au département pour y établir la ligne de chemin de fer. Elle est comblée en 1956 avec la terre déblayée lors de la construction de la nouvelle gendarmerie à Provinlieu. Une seconde mare se situait dans la rue de Beauvais, à l’angle du sentier dit de la Poste. C’est sur son emplacement qu’un baraquement est édifié après 1940 pour y accueillir provisoirement la poste détruite par les bombardements. Les trois dernières mares se situaient rue de l’Église (en face du côté nord de l’édifice), rue de la Plaine (en face de la ferme au n°9) et rue de Troussures (n°10).

 

                               Les puits communaux

 

Si la Notice statistique de 1902 dénombre quatorze puits, les traces de deux seulement sont observables en 2023. Le premier est celui de Petit Froissy, déjà figuré sur le plan terrier de 1690 sur la placette du hameau. Le second, déjà représenté sur le plan de 1690, est localisé à Provinlieu, en face de la rue du Château, devant la maison dite des archers. Ces deux puits conservent leurs maçonneries, bien que celles-ci soient très remaniées.

Le cadastre de 1955 notifie également la présence d’un puits communal dans la rue de la Plaine, en face du chemin dit de la Plaine (ou Beauvillers, du nom de l’ancien propriétaire de la maison attenante). D’après des cartes postales du début du XXe siècle, il y en avait deux dans la rue de l’église : le premier se trouvait au croisement de la rue de Beauvais et le second entre l’ancienne école de garçons et l’église.

 

                               Le château d’eau

 

Un premier château d’eau est construit en 1933 au bord de la route de Breteuil. Il est démoli en mai 1996. Le château d’eau actuel est construit en 1967.

 

                Les équipements publics

 

Le dossier de la série O concernant la commune de Froissy conservé aux Archives Départementales de l’Oise permet de suivre les projets de construction des différents équipements publics au cours des XIXe et XXe siècles. La documentation réunie par monsieur Claëys éclaire les évolutions du XXe siècle, en particulier à partir des années 1950.

 

                               Le presbytère

 

Un premier presbytère se trouvait à l’emplacement de celui qui s’y trouve aujourd’hui (n°5 rue du Moustier). Il est édifié en 1810 comme en témoigne une lettre de monsieur Valette qui demande le paiement par la commune de matériaux qu’il a fournis pour la construction. Propriétaire de l’ancienne abbaye Saint-Lucien de Beauvais, il semble que les pierres de cet établissement religieux, devenu carrière après la Révolution, aient servi à l’édification du presbytère de Froissy.

Cet édifice connait plusieurs réparations et aménagements dans les décennies suivantes : restauration des murs de clôture en 1841, construction d’une porte cochère en brique et pierre d’Hédencourt en 1859 (travaux réalisés par Gabriel Herselin, entrepreneur à Froissy).

Une lettre du curé datée de 1887 signale toutefois son refus de s’installer dans le presbytère qu’il juge trop insalubre. Le conseil municipal décide donc de le rebâtir à son emplacement. Les travaux sont confiés à Ulphi Candillon, entrepreneur à Fransures. Un litige éclate toutefois lorsque la commune refuse de lui verser la somme due pour la reconstruction en raison des nombreuses malfaçons constatées. L’ouvrage est totalement achevé en 1900.

 

 

                               Les écoles

 

                                               L’ancienne école de garçons

 

Au début du XXe siècle, une première école pour garçons se trouve sur la petite placette au croisement des rues de la Plaine et de l’Église. Elle est faite de bois et est couverte de chaume. En 1828, la commune achète un terrain à monsieur Cocu pour agrandir l’école. Une maison est également louée pour y loger l’instituteur.

Toutefois, le bâtiment n’est pas conforme aux règlements imposés par le ministère de l’Instruction publique et la commune formule le projet de construire une nouvelle école. En 1835, une ordonnance royale autorise le conseil municipal à acheter une maison à monsieur Lefranc dont l'emplacement va servir à la construction d’une école et d’une place publique. Il peut également aliéner l’ancienne école qui est vendue à monsieur Marchandin la même année.

En attendant l’exécution des travaux de la nouvelle école, une maison est louée à monsieur Lesueur dans la rue du Château à partir de 1856 car la première école est devenue trop vétuste. L’année précédente en effet, l’instituteur s'est plaint dans une lettre du mauvais état de l’école : "rien ne ferme, ni porte ni fenêtres" ; "dans les temps de tempêtes, nous sommes réellement en danger. Le bâtiment craque de tous côtés" ; "Le plancher est vermoulu. La femme de mon prédécesseur a passé à travers".

Le plan du nouveau projet de l’école est approuvé en 1858. Les travaux sont confiés en 1860 à Philippe Thièble, menuisier à Marseille-en-Beauvaisis, et sont réalisés dans la foulée.

D’autres travaux d’envergure sont exécutés plus tard, à partir de 1913, au fond de la cour de l’école. Il s’agit d’édifier un préau et de reconstruire le bâtiment de décharge, le bûcher, la buanderie, les cabinets d’aisance, les lapinières ainsi que les deux remises (l'une pour la pompe à incendie, l’autre pour le corbillard). Monsieur Montier, architecte à Noyers, réalise les plans tandis que monsieur Martin, entrepreneur à Breteuil, les exécute.

En 1932, l’instituteur de Froissy commande un appareil cinématographique Gaumont type S grâce notamment à des subventions octroyées par le ministère de l’Agriculture.

Le bâtiment de l’ancienne école est toujours en place au n°14 de la rue de l’Église.

 

                                               L’ancienne école de filles

 

Une première école de filles est installée au bord de la rue de Beauvais (actuel n°19) en 1853 après une donation accordée par monsieur et madame Martin à la commune. Celle-ci est toutefois soumise à certaines conditions notamment celle de choisir une institutrice religieuse. En 1876, le conseil municipal décide de construire une nouvelle classe de filles à l’emplacement de l’actuelle qui est jugée trop petite et irrespectueuse des règles d’hygiène imposées par les règlements de l’Instruction publique.

La même année, l’architecte Montier établit le devis et les plans. L’école sera édifiée à douze mètres de la rue, au milieu de la cour. Le bâtiment sera éclairé par six fenêtres et une porte vitrée. Le logement de l’institutrice actuel sera agrandi au moyen de l’ancienne classe. Les latrines et les communs, en bon état, seront conservés. L’ensemble des nouvelles constructions sera élevé en brique. Afin de mettre en œuvre ce projet, la commune achète un terrain attenant à l’école à monsieur Désesquelles en 1877.

Les travaux sont conduits par Henri Gorin, entrepreneur à Froissy. Une réception provisoire des travaux a lieu en 1878.

En 1909, les latrines sont reconstruites. Le plan dressé permet de saisir l’organisation du site. En 1935, un préau est édifié.

Les bâtiments de cette ancienne école (logement de l’institutrice et salle de classe) sont toujours en place au n°19 de la rue de Beauvais. Le site côté est se développe pour accueillir le groupe scolaire Le Moustier, dont la construction s’est effectuée en plusieurs étapes (1964, 1969 et 2012 pour la partie récente). Il est accessible depuis la rue des Écoles.

 

                                               Le collège et la maternelle

 

Autour du rond-point des rues des Écoles, des Cayenneurs et des Blattiers se trouvent tous les niveaux scolaires présents à Froissy en tant que chef-lieu de canton : maternelle, primaire et collège.

D’après la documentation recueillie par Joël Claëys (2018), un premier collège Gérard Philipe est édifié en 1968. Il est toutefois détruit en 1988 et reconstruit.

L’école maternelle est construite en 1978.

Gymnase et stades, inaugurés en 1987, complètent ce site scolaire.

 

                                               Le bâtiment de la mairie et de la justice de paix

 

En tant que chef-lieu d’un canton, Froissy était doté d’une justice de paix, juridiction de proximité mise en place en France en 1790 puis supprimée en 1958. Le premier document connu évoquant cette institution à Froissy date de 1833. C’est le bail d’un appartement dans lequel est installée la salle d’audience de la justice de paix. Il se situe au rez-de-chaussée de la maison que les époux Rose-Pellerin font construire au même moment. Le juge de paix dispose également d’une petite écurie dans la cour de la propriété.

Un projet de construction en brique d’une salle de mairie et salle d’audience pour la justice de paix est émis dès 1842. En 1851, monsieur Herselin cède une propriété avec terrain rue de Beauvais afin de le réaliser. Les plans sont établis par l’architecte Auguste Hubaine. La réception définitive des travaux a lieu en 1860.

Ces bâtiments situés au niveau des n°4-n°6 de la rue de Breteuil sont détruits au cours des bombardements de 1940. La mairie est reconstruite au n°2 de la rue. Ce bâtiment est aujourd’hui occupé par une maison de la presse.

La mairie est ensuite déplacée dans le bâtiment qui servait de perception, de l’autre côté du carrefour. La perception est également reconstruite après les bombardements. La mairie se trouve toujours à cet emplacement.

 

                                               La poste

 

Le premier bâtiment de poste se trouvait dans la rue de Beauvais près du carrefour et de l’ancienne mairie. Il est détruit dans les bombardements de 1940. Une poste provisoire est établie dans un baraquement construit à cet effet à l’emplacement d’une ancienne mare dans la rue de Breteuil au bord d’un sentier du tour de ville à l’intersection des rues de Beauvais et de l’Église.

Un nouveau bureau de poste est construit dans les années 1950. Il est toujours à cet emplacement aujourd’hui au n°3 rue de Crèvecœur.

 

                                               La gendarmerie

 

Le vœu de doter Froissy d’une brigade de gendarmerie remonte à 1850 (documentation de monsieur Claëys). La première gendarmerie est ainsi construite en brique l’année suivante dans l’allée des Tilleuls (actuel n°12 rue de Beauvais). Elle est en partie détruite par les bombardements de juin 1940. Dans la cour, il est toujours possible de voir l’ancienne porte de la cellule de prison de la gendarmerie.

Une nouvelle gendarmerie est édifiée en 1958 rue de Breteuil. La terre déblayée lors de sa construction sert à combler la mare de la rue de Crèvecœur.

En raison de problèmes de salubrité, elle est détruite en mars 2000. Un nouveau bâtiment, inauguré la même année, est construit à son emplacement, en retrait de rue. Il est toujours en place aujourd’hui (renseignements de monsieur Claëys).

 

                                               La place publique et la salle des fêtes

 

D’après un plan conservé aux Archives Départementales de l'Oise et daté de 1858 qui décrit le projet de construction de l’école de garçons et de la place publique, la place publique comprenait un jeu de tamis situé sur la partie gauche tandis qu’une longue allée plantée traversait l’étendue comprise entre la rue et le sentier du tour de ville. D’après la documentation de Joël Claëys, les tilleuls toujours en place ont été plantés en 1920.

À l’extrémité de la place, une salle des fêtes abritant également le premier foyer rural du village est construite en 1959. Le cinéma municipal y était installé. Elle est agrandie par la suite.

  • Typologies
    plateau

Documents d'archives

  • AD Oise. Série J ; sous-série 49 J : 49 Jp 9. Froissy. Inventaire des croix et calvaires. Archives de l'association pour la connaissance et la conservation des calvaires et croix du Beauvaisis, 2007.

  • AD Oise. Série M ; sous-série 6 M : 6 Mp 295. Froissy. Recensements de population (1820 à 1936).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 5403. Froissy. Mairie et justice de paix (1818-1937).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 5404. Froissy. Écoles (1831-1935).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 5411. Froissy. Presbytère (1819-1931).

Bibliographie

  • CLAËYS, Joël. Découvrir les rues de Froissy. [s. éd.] : 2018.

  • DELATTRE, Daniel. Le canton de Saint-Just-en-Chaussée : 84 communes, 84 lieux incontournables. Grandvilliers : éditions Delattre, 2020.

    pp. 276-286.
  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Froissy, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1832.

    pp. 29-32.
  • LEBÈGUE, Maurice. Les noms des communes du département de l'Oise. Amiens : Musée de Picardie, 1994.

    p. 100.
  • LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).

    p. 234.
  • Notice descriptive et statistique sur le département de l'Oise. Paris : Imprimerie du du service géographique, 1902.

    p. 240.

Documents figurés

  • Plan du terroir de Froissy relevant de l'abbaye de Saint-Lucien de Beauvais, 1690 (AD Oise ; plan 730).

  • Froissy. Cadastre napoléonien, tableau d'assemblage, 1809 (AD Oise ; EDT 361/1 G 1).

  • Froissy. Cadastre napoléonien, section B, 1809 (AD Oise ; EDT 361/1 G 1).

  • Froissy. Cadastre rénové, section AB, 1955 (AD Oise ; 1964 W 72).

  • Froissy. Cadastre rénové, section AC, 1955 (AD Oise ; 1964 W 72).

  • Froissy. Cadastre rénové, section AD, 1955 (AD Oise ; 1964 W 72).

  • Froissy (Oise). Station-service de la rue de Beauvais, photographie, [années 1970] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Le tambour de ville, carte postale, éd. Dhardivillé, 1914 (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Grande Rue, carte postale, éd. Dhardivillé, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Rue de Breteuil, carte postale, éd. Gueudet, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). École des garçons, carte postale, éd. Dhardivillé, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). La rue de l'Église, carte postale, éd. Dhardivillé, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). La rue de l'Église, carte postale, éd. C. Deville, 1906 (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Rue de Breteuil, carte postale, éd. inconnu, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). La distillerie, carte postale, coll. Dhardivillé, 1916 (coll. part.).

  • Froissy (Oise). La distillerie, carte postale, coll. Dhardivillé, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Rue de l'Église, carte postale, coll. Dhardivillé, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Tambour de ville, carte postale, éd. Deville-Costet, 1909 (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Rue de l'Église, carte postale, coll. Ch. Deville, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). La Plaine, carte postale, éd. Deville-Costet, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). La route de Beauvais, carte postale, coll. Dhardivillé, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Rue de Beauvais, carte postale, coll. Dhardivillé, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Coin de la rue de Moimont, carte postale, éd. Ch. Deville à Froissy, 1905 (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Rue de Breteuil, carte postale, coll. Dhardivillé, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Route de Crèvecœur, photographie, [années 1970] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Rue de la Chouque, photographie, [années 1970] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Hôtel de la Croix Blanche, carte postale, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Les Quatre-Coins, carte postale, coll. Dhardivillé, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Provinlieu (entrée), carte postale, éd. C. Deville, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). La rue de Breteuil, carte postale, coll. Dhardivillé, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Grande Rue, carte postale, coll. Dhardivillé, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Gare, photographie noir et blanc, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Train et ancien Café de la Gare, photographie noir et blanc, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Citerne de refroidissement pour locomotive, carrefour de Froissy, photographie noir et blanc, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Ruines du magasin Hua détruit par les bombardements de 1940, photographie noir et blanc, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Froissy (Oise). Baraquement provisoire du magasin Hua, photographie noir et blanc, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.