Dossier d’œuvre architecture IA60005386 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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Dinh Amaryl (Rédacteur)
Dinh Amaryl

Stagiaire au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (septembre 2023).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Ancien château de Plainville, aujourd'hui maison
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Plainville
  • Adresse 6 rue de l'Église
  • Cadastre 2019 A 279 Cette parcelle est aujourd'hui la seule à conserver des bâtiments. Le mur de clôture en pierre du château sépare encore aujourd'hui les parcelles 58 et 274, tandis que le parc se trouvait dans l'espace qui semble correspondre aux parcelles 58 et 59. Ce sont aujourd'hui des terres agricoles.
  • Dénominations
    château, maison
  • Destinations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    étable à chevaux, étable à vaches, grange

Il ne reste aujourd’hui du château de Plainville que des dépendances, dont certaines parties ont parfois été comparées à Chantilly (les jardins, disparus, ont été dessinés par Le Nôtre). Des personnages illustres comme le numismate et commissaire à la marine Joseph Pellerin en ont été propriétaires.

Origines

D’après Louis Graves (1842), il y avait à Plainville une forteresse médiévale, détruite ou endommagée en 1636 par les Espagnols en même temps que le village et l’église, celle-ci étant alors dans l’enceinte du château. On peut supposer que la chapelle fondée par Mathieu de Trie et confirmée en 1315 par Louis X le Hutin et où s’est fait enterré Charles d’Estourmel en 1618, se rattachait à cette forteresse médiévale. La seigneurie est acquise par Charles de Monchy, maréchal de France, au début du XVIIe siècle. C’est son fils, Georges de Monchy qui va faire construire le château en pierre et brique à l’origine de la renommée de Plainville. Le parc aux larges allées symétriques, planté de chênes, de charmes et de tilleuls aurait été dessiné par André Le Nôtre.

 

Les beaux jours du château de Plainville (de 1664 aux années 1820)

D’après Léon Goudallier, le château construit en 1664 est constitué d’un corps de logis principal précédé d’une terrasse et de deux pavillons. Piédroits, encoignures, pilastres, soubassement et entablement étaient en pierre, tandis que le reste était en brique, avec une couverture d’ardoise. Au sous-sol, se trouvaient de grandes cuisines voûtées : s’il ne reste rien des pavillons, on peut encore descendre dans une partie des souterrains conduisant aux cuisines. Toutes les pièces étaient carrelées, ce qui semble indiquer qu’il s’agissait plutôt d’une résidence d’été, destinée à garder la fraîcheur.

Des noms illustres, étudiés par Sterlin (1872), parmi lesquels le marquis de Feuquières, Jacques de Monceaux d’Auxy, Jean Sabot de Luzan, se succèdent, recevant la propriété par héritage ou par achat. En 1761, Joseph Pellerin acquiert le château. Après avoir fait des études au collège de Navarre et grâce à sa passion pour les langues anciennes, il entre dès 1706 au Ministère de la Marine où en tant que commissaire, il officie sous Pontchartrain, Maurepas et Machault. Il est à l’origine d’une très importante collection numismatique de monnaies antiques, en particulier grecques, qu’il vend en 1776 à Louis XVI et qui constitue désormais une part essentielle du fonds grec conservé à la Bibliothèque nationale de France. Cette vente est motivée par les dépenses considérables pour améliorer son château. Il fait rajouter des dépendances agricoles encore visibles aujourd’hui. Trois longs bâtiments en brique et en pierre, disposés selon un plan symétrique en U, abritaient indistinctement remises et écuries, orangerie et serre chaude, étables à porcs et à vaches, grange avec laiterie rafraîchie par une eau courante, mais aussi buanderie et fruitière en rez-de-chaussée, farinière en mansarde. Leurs murs étaient autrefois percés d’une succession d’arcades en plein cintre en pierre, parfois remplacées par des fenêtres rectangulaires. Joseph Pellerin équipe également son parc d’un système hydraulique complexe. Un pavillon y abritait deux puits particulièrement profonds, un manège mû par un cheval permettant de faire remonter l’eau qui était ensuite acheminée vers un bassin de stockage avant d’arriver aux jardins et au château par des conduites en plomb. Le parc était agrémenté de fontaines et de canaux.

Une gouache de Nicolas Ozanne datée de 1766, reproduite dans l'ouvrage de Philippe Seydoux, permet d'apprécier une vue d'ensemble du domaine et de son parc. Le domaine comprenant un imposant logis domine l'arrière-plan du paysage, occupé au premier plan par une calèche, un groupe de bourgeois en promenade et des paysans gardant leurs vaches.

André-Joseph Bayard, lieutenant général de l’Amirauté du Cap français et chevalier de l’ordre de Saint-Louis achète le château en 1783 à la fille de Joseph Pellerin. Il se réfugie à Maignelay (Oise) pendant la Révolution avant de récupérer ses biens de Plainville. Le préfet Jacques Cambry lui rend visite avant 1803 et évoque une collection de tableaux ainsi qu’une glacière dans le parc, semblable à celles de Chantilly. Elle existe toujours.

Le pavillon qui subsiste aujourd'hui à l’entrée de la cour d’honneur aurait servi de logis de maréchal. François Vasselle (1999) estime qu’il a été construit au XVIIe siècle. Il comportait peut-être un pendant de l’autre côté de l’allée du château, pour accueillir un menuisier. Il aurait perdu sa toiture d’ardoise pendant la Première Guerre mondiale. Deux pavillons nord dans l’enceinte du parc (aujourd’hui disparus) permettaient de surveiller les terres alentour.

 

La destruction du château

En 1820, André-Joseph Bayard n’a pas fini de payer le château et ses revenus s’avèrent insuffisants. Plusieurs contrats de vente sont signés entre 1820 et 1826. Finalement, le château et son parc sont vendus à une association de spéculateurs, la Bande noire (Rançon & Compagnie) qui procèdent à leur destruction en 1833 pour récupérer les matériaux. Les archives (AD Oise, série O) révèlent que les briques de l’ancien château servent à la construction de l’école de Plainville en 1844, tandis que la veuve Rançon, Anastasie Pigory, vend les terrains du domaine. L’église (IA60005383) reconstruite en 1870 sous l’impulsion de l’abbé Sterlin s’implante ainsi dans la continuité de l’allée du château et l’orphelinat qui devait être construit derrière l’église (IA60005385) aurait dû occuper l’emplacement des dépendances et des corps de logis.

Une gravure des frères Duthoit en 1827 reproduite dans un article de François Vasselle (1999) donne à voir le château peu avant sa disparition. Le logis, édifié en brique et souligné par des chaînes de pierre comprend un corps principal flanqué de deux pavillons. Entre ces derniers et le corps principal s'intercale une travée surmontée d'une toiture en accolade. L'élévation du logis compte deux niveaux et un étage de comble percé de lucarnes. Enfin, deux autres pavillons latéraux s'avancent dans la cour.

Les dépendances du château, devenues propriété privée, ont été conservées dans l’ensemble malgré des destructions partielles, par faute d’entretien, ou pour récupérer des matériaux. Les lucarnes en façade - interrompant l’avant-toit qui ponctuaient sur une ancienne carte postale une toiture déjà bien dégradée en ardoise à longs pans avec égout retroussé et demi-croupe sur le pignon -, ont désormais complètement disparu. Les toitures ont été fortement remaniées.

Léon Goudallier (1924) évoque un pressoir et un cellier encore en place à son époque mais qui ne sont plus visibles actuellement. Il y avait également deux mares dans la cour, entourées d’une balustrade en fer forgé supportée par dix-huit bornes de grès : elles ont certes disparu mais on en aperçoit encore le tracé ainsi que certains blocs de pierre.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age , daté par travaux historiques , (incertitude)
    • Principale : 3e quart 17e siècle, 4e quart 18e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 1ère moitié 19e siècle
  • Dates
    • 1664, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

Une partie du mur d’enceinte en pierre qui entourait le parc subsiste encore à l'ouest des dépendances actuellement conservées. Elle a été percée de meurtrières pendant les conflits de 1914-1918. Il reste également une portion du mur en brique et pierre à assises alternées, qui entourait les dépendances, le long de la rue du Chalet. Un mur en pierre et en brique sépare également le château de la ferme.

Les bâtiments des dépendances construits par Joseph Pellerin ont relativement bien résisté au temps. Les larges arcades donnant sur la rue ont toutefois été comblées par des briques. L’emplacement des anciennes fenêtres rectangulaires est encore marqué par la présence de jambes harpées en pierre. Le corps central, dont la porte cochère a été bouchée, présente une disparité dans la toiture : côté cour, une partie est couverte d’ardoise, l’autre de zinc. Côté rue, l’ardoise a été utilisée sur les deux parties mais avec une pose différente : droite et en diagonale. On aperçoit encore les anciennes corniches en pierre au sommet des murs sur la droite du bâtiment central du côté rue. Côté cour, les murs des deux ailes latérales ont été partiellement ou complètement détruits, une portion de la toiture est actuellement en tôle ondulée. Chaque bâtiment comprend deux niveaux d'élévation: un rez-de-chaussée et un fenil ou grenier aménagé. Les toits sont à longs pans et pignons découverts pour le bâtiment ouest, appentis et pignons couverts pour le bâtiment est et longs pans et croupes pour le corps central.

L’actuelle maison des propriétaires du terrain, située à l’ancien emplacement du logis du régisseur du château, est toujours en place. C’est un logis au plan simple, à un seul niveau d’élévation. Les toitures sont à longs pans et croupe.

Les parties souterraines à usage de glacière, par lesquelles on accède grâce à un escalier d’une trentaine de marches dont la moitié inférieure est en pierre, présentent des voûtes en plein cintre en pierre calcaire. Une galerie centrale relie les différents espaces, qui ont été bouchés. On distingue sur les parois des inscriptions datant des deux premières décennies du XXe siècle.

  • Murs
    • brique
    • pierre
  • Toits
    ardoise, tôle ondulée, tuile, zinc en couverture
  • Étages
    rez-de-chaussée, étage de comble
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à longs pans pignon découvert
    • appentis pignon couvert
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Bibliographie

  • CAMBRY, Jacques. Description du département de l'Oise. T. I, Paris, 1803.

    p. 234-241.
  • SEYDOUX, Philippe. Châteaux et gentilhommières en pays de l'Oise. Tome 1 : Beauvaisis, Vexin, pays de Bray, Plateau picard et pays de Clermont. Paris : La Morande, 2010.

    p. 152-155.

Périodiques

  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Breteuil, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1843.

    p. 80.
  • GOUDALLIER, M. L. Notes sur les propriétaires de la terre de Plainville et du Château. Bulletin de la société des antiquaires de Picardie, 1924, T31.

    p. 258-277.
  • VASSELLE François. Châteaux disparus de l’Oise : Hardivillers et PlainvilleMémoires de l’Académie d’Amiens (Sciences, Lettres et Arts). Tome LXXII, 1999.

    p. 117-129.

Documents figurés

  • Plainville (Oise) – Ferme Bizet, Ancienne dépendance du château, carte postale, [s. ed], [1er quart du XXe siècle] (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
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Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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Dinh Amaryl
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Stagiaire au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (septembre 2023).

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