Dossier d’œuvre architecture IA60005396 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
L'habitat du village de Bonneuil-les-Eaux
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Bonneuil-les-Eaux
  • Dénominations
    maison, ferme, magasin de commerce, demeure, cité ouvrière

Les types d'habitat

                Une majorité de logis sur rue témoignant de la grande présence de commerces et d’artisans

 

Le relevé des formes de bâti aujourd’hui visibles à Bonneuil est à mettre en rapport avec la nature des activités révélées par l’étude des recensements de population. En effet, jusqu’à l’exode rural de la fin du XIXe siècle, Bonneuil est un village d’artisans travaillant la laine (sergers, fileuses, quelques fabricants de bas). Ces artisans avaient le plus souvent leur logis aligné sur la rue avec un atelier à l’intérieur ou dans une pièce située en fond de cour. C’est également à l’arrière que pouvaient se trouver des bâtiments agricoles, cette forme d’habitat étant en effet le siège d’une petite exploitation agricole. 

La forme d’habitat comprenant un logis sur rue à un niveau d’élévation, prolongé d’une entrée charretière, est majoritaire dans les rues du Beau Bois (alignement des n°20 à n°34 par exemple) et d’En Bas (n°20 à n°32). La porte charretière du logis en pans de bois et torchis au n°2 bis de la Place de l'Usine porte une plaque de la Compagnie du Soleil, compagnie d'assurance incendie créée en 1829. Les logis à étage (deux niveaux d’élévation) sont également nombreux surtout pour les anciens commerces avec boutique au rez-de-chaussée et logis au premier étage. La rue de la Ville en compte encore plusieurs, même s’ils ne sont plus en activité (n°6 et n°22). Une ancienne boulangerie se trouvait dans le cabinet des infirmières au n°13 de la rue du Huit Mai.

D’autres logis sur rue à étage étaient la propriété de fabricants ou commerçants plus aisés. L’entrée se fait soit par une porte charretière ou un portail, soit par une porte d’entrée piétonne directement dans le logis sur rue (n°5 et 12 rue de la Ville, n°24 rue d’En Bas, n°3bis et 5 rue du Duc ou n°13 rue de la Barre).

 

                Deux types de fermes

 

                                Les fermes picardes

 

Elles sont le siège des petites et des moyennes exploitations agricoles, tenues par des manouvriers, journaliers ou cultivateurs. C’est la forme de ferme la plus commune sur le plateau picard. Une grange, alignée sur la rue et percée par une entrée charretière, donne accès à la cour au fond de laquelle se trouve le logis. Le format des granges alignées sur la rue varie selon la taille de l’exploitation. Certaines sont modestes (en face du n°4 de la rue aux Prêtres, n°30 de la rue de Ville, n°34 rue d’En Bas) d’autres plus imposantes (n°3 de la rue des Moines). Les portes à engranger le grain directement depuis la rue sont toujours conservées pour certaines d’entre elles.

 

                                Les fermes à cour

 

Elles sont les sièges d’exploitations agricoles aux surfaces importantes détenues par de gros cultivateurs. Les bâtiments agricoles s’organisent autour d’une vaste cour carrée, accessible depuis un portail. Elles ont souvent été reconstruites en brique au cour du XIXe siècle afin d’adapter et d’agrandir les bâtiments. Plusieurs d'entre elles se trouvent en cœur de village, dans la rue du Duc : la ferme qui fait l’angle avec la rue Brûlée (n°1) a été reconstruite en 1951, ou celle qui se trouve en face et dont l’emprise occupe presque un îlot entier.

Dans la rue de l’Église en face de la mairie se trouve également une importante exploitation agricole complètement close de bâtiments. Elle reprend la forme de la ferme picarde mais dans des dimensions beaucoup plus importantes. Une vaste grange est percée d’une entrée charretière et de deux larges ouvertures de chaque côté. Le logis à un étage, reconstruit en brique au début du XXe siècle, se situe en fond de cour, dans l’axe de l’entrée sur rue.

 

                Le développement d’une petite cité ouvrière près de l’usine de velours

 

Dans le contexte de mutations économiques de la fin du XIXe siècle (exode rural, essor de petites usines dans les bourgs, baisse du nombre de petits cultivateurs), des ouvriers s’installent dans des quartiers construits pour les loger près des usines. Une petite cité ouvrière nait avec le développement de l’usine de tissage de velours [IA60005399]. Elle est bâtie à l’entrée de la rue du Moulin Geffroy, à quelques mètres de l’établissement industriel. Elle comprend cinq logements en brique juxtaposés. Ils comptent deux travées (une porte et une fenêtre).

Aujourd’hui, quatre de ces logements ont été regroupés pour n’en former plus que deux. La porte et la cheminée inutilisées ont été supprimées. Un seul conserve sa disposition d’origine.

 

                Les demeures de notable

 

Ancien bourg, Bonneuil comptait une petite population de notables (gros marchands, fabricants de sergers ou cultivateurs importants). D’imposants logis alignés sur la rue sont encore conservés. Ils se composent d’au moins quatre travées ordonnées suivant un rythme régulier et sur au moins deux niveaux. Des ornements placés autour des ouvertures révèlent la richesse du propriétaire. Leurs maçonneries comprennent de la pierre de taille : n°6 de la Petite rue du Beau Bois, n°4 de la rue d’En Bas. La rue de la Ville conserve trois exemples : n°14, la maison en rez-de-chaussée surélevé à l’angle de la rue du Dufour ou encore le n°22 dont les linteaux des ouvertures sont ornés de figures ou de feuilles.

 

Évolutions dans l’emploi des matériaux de construction

 

                Une majorité de constructions en pans de bois et torchis conservées

 

Même si le village a connu de nombreuses destructions à la suite d’une succession d’incendies entre le XVIIIe et le XIXe siècle, les constructions en torchis et pans de bois sont encore nombreuses dans l’habitat ancien conservé. L’alignement de logis dans la rue du Beau Bois est par exemple constitué de constructions en torchis et pans de bois. Si la plupart du temps elles sont protégées par un enduit ou un essentage de planches (logis n°5 de la rue du Duc, grange n°34 de la rue d’En Bas), les pans de bois sont quelquefois laissés apparents (exemples n°6 et 8 de la place de l’Usine).

 

                Des constructions en pierre nombreuses

 

Toutefois, les habitations en pierre sont très nombreuses à Bonneuil. Il y a certainement trois explications principales à cela : la proximité de carrières à moins de 3 km du village en direction de Croissy, la richesse des propriétaires et la destruction du prieuré au début du XIXe siècle qui a mis à disposition une certaine quantité de pierres de taille (le logis en pierre au n°22 de la rue Brûlée portant la date de 1831 a-t-il été bâti dans ce contexte ?). Compte tenu de ces prédispositions, les habitations en pierre sont encore très nombreuses. De remarquables logis se trouvent dans la rue de la Ville : n°14, 16 et le logis du n°1 de la rue Dufour. D’après leur architecture ils semblent dater du XVIIIe siècle, tout comme celui implanté au n°21 de la rue de la Barre qui porte un cartouche indiquant la date de 1761.

La pierre est également un matériau privilégié pour la construction des solins ou des murs coupe-feu (n°5 rue du 8 mai, mur à assises alternées brique et pierre de type "rouge barre" dans l’habitation à l’angle de la rue de la Ville et de la petite rue du Beau Bois). Ces derniers sont pour certains très anciens (XVIIe siècle) d’après certains corbeaux moulurés toujours visibles (par exemple murs-pignons de la grange au n°30 de la rue de la Ville, mur-pignon avec niche au n°8 de la rue d’En Bas).

 

                Peu de constructions en brique

 

Les maisons en brique sont peu nombreuses dans les rues du village de Bonneuil à l’exception de certaines reconstructions, en particulier de fermes à cour (bâtiment agricole daté de 1831 au n°11 rue des Clerfaux, logis en fond de cour du n°2 de la rue du 8 mai, grange datée de 1951 dans la rue du Duc). Une demeure de notable située au n°9 de la rue d’En Bas avec son ordonnancement régulier en travées et ses chambranles en pierre témoigne également de la diffusion de ce matériau à partir du XIXe siècle. Enfin, la petite cité ouvrière a également été construite en brique dans la seconde moitié de cette période.

Ainsi en comparaison de nombreux autres villages de l’Oise picarde, Bonneuil compte peu de constructions en brique. La commune a en revanche conservé un important corpus de constructions en torchis et pans de bois ainsi que de nombreuses habitations en pierre.  

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle, 3e quart 18e siècle
    • Principale : 19e siècle, 2e quart 19e siècle
    • Principale : 20e siècle, 3e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1761, porte la date
    • 1831, porte la date
    • 1951, porte la date
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents figurés

  • Bonneuil-les-Eaux. Cadastre napoléonien, [premier tiers du XIXe siècle] (AD Oise ; Pp 4753).

  • Bonneuil-les-Eaux. Cadastre rénové, 1952 (AD Oise ; 1964 W 21).

  • Bonneuil-les-Eaux. Cadastre rénové, 1978 (AD Oise ; 1964 W 21).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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