Dossier d’œuvre architecture IA60005395 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Le village de Bonneuil-les-Eaux
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Bonneuil-les-Eaux
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    puits, abreuvoir, mairie, école, presbytère, croix de chemin

"Grande commune à territoire tourmenté" d’après Louis Graves (1843), Bonneuil-les-Eaux est un ancien bourg implanté au bord de l’ancienne voie reliant Paris à Dunkerque. Le village s’est développé au Moyen Âge autour d’une motte castrale (dont il reste toujours les traces au sud de l’église) et d’un prieuré bénédictin placé sous l’autorité de l’abbaye de Breteuil. Un tissage [IA60005399] s'installe dans le village dans la seconde moitié du XIXe siècle.

La commune comprend également le hameau de La Folie, ancien cabaret implanté au bord d’un important axe de circulation. C’est également dans cet écart que se trouve l’entreprise Cornilleau [IA60005400], célèbre fabricant de tables de tennis de table. Enfin, le territoire communal compte une ferme isolée, celle de Montplaisir [IA60005426] à l’est du village, de l’autre côté de la route départementale 1001.

Chronologie

 

                Premières traces d’occupation

 

Dans leurs prospections archéologiques, François Vasselle et Roger Agache ont repéré les traces d’anciennes enceintes protohistoriques et de villas gallo-romaines. Plus d’une douzaine de sites auraient ainsi été identifiés (Delattre, 2020). D’après Louis Graves, un camp romain se trouvait sur la colline de Sire Amont (entre la route départementale et le village).

Le document le plus ancien mentionnant Bonoglum date de 851 : Angilvin, comte d’Amiens obtient la jouissance de la terre de Bonneuil (Lambert, 1987).

 

                Développement au Moyen Âge autour d’un château et d’un prieuré

 

Le village se développe au cours du Moyen Âge : il devient le centre de l’une des quatre châtellenies du comté de Breteuil (avant d’être rattaché au comté de Clermont au XIIe siècle). Un château fort est évoqué à cette époque dans les sources écrites (Graves,1843), mais surtout archéologiques car il est encore possible aujourd’hui de distinguer le profil d’une motte artificielle entourée de fossés au sud de l’église. Une chapelle dédiée à Saint-Jean-Baptiste dominait son sommet. Elle matérialise probablement la présence de l’ancienne chapelle castrale.

Un prieuré bénédictin est fondé entre le milieu du XIe et le début du XIIe siècle par l’abbé de Breteuil, sur des terres données par le seigneur Valéran Ier de Breteuil (Abbé Delettre, 1843). Sous le titre de Saint-Nicolas, le prieuré perdure jusqu’à la fin du XVIIe siècle, époque à laquelle il est réuni au séminaire de Beauvais malgré l’opposition de l’abbaye de Breteuil de laquelle il dépendait. Un plan de l’ancienne route des Flandres (actuelle D1001), dressé au XVIIIe siècle, figure le prieuré et ses jardins implantés contre l’élévation nord de l’église. Les bâtiments sont installés le long des côtés est et ouest d’une large cour rectangulaire au centre de laquelle trône un pigeonnier. Les jardins s’étirent à l’est et au nord. Un verger est planté côté ouest.

Des soubassements de murs en pierre de taille sont encore visibles le long de la rue aux Prêtres. Le portail gothique classé aux Monuments historiques était toujours visible au début des années 2000. L’église avait les fonctions d’édifice paroissial et prieural. Elle possédait un autel pour chaque office. 

À la fin du Moyen Âge, Louis XII dote le bourg d’un marché.

 

                Les épreuves de l’époque moderne

 

En 1575 au cours des guerres de Religion, le prieuré aurait été pillé et détruit par les huguenots. D’après la tradition, les soldats auraient même joué à la "boule" avec les têtes des religieux massacrés (Graves, 1843).

À la fin du XVIIe siècle, la seigneurie de Bonneuil échoit à Marie d’Orléans, duchesse de Nemours. C’est son héritier Henri Louis de Bourbon qui en prend ensuite possession avant qu’elle ne revienne à la fille de celui-ci, épouse du duc de Luynes et de Chevreuse.

En 1668, le bourg connait une épidémie de peste. D’après la tradition, l’évêque de Beauvais, Chouart de Buzenval, apprenant que le curé de Bonneuil a pris la fuite, se déplace en urgence dans le village et prend des mesures de police sanitaire en regroupant les personnes contaminées dans une seule rue, qu’il clôt de barrières (d’où la rue de la Barre). Il transfère également le cimetière qui se trouvait autour de l’église dans le cimetière dit "des pestiférés" au nord du village. Une chapelle dédiée à Saint-Roch est construite en 1733 en souvenir de cette épidémie.

D’après Louis Graves, un ensemble de souterrains se trouve sous la colline de Sire Amont et auraient été découverts en 1776 lorsque, face à la rigueur de l’hiver, les habitants ont pu y trouver refuge. Ce "fort" comprendrait plus de cent cinquante cellules et l’une des allées se terminerait par un autel taillé dans le roc.

Entre 1755 et 1833, Bonneuil a connu six incendies importants (plusieurs dizaines de maisons détruites), contraignant les habitants à reconstruire leurs maisons (Bonneuil-Les-Eaux, 2000). Le chaume est alors interdit pour les nouvelles couvertures à partir des années 1830.  

 

Évolution de la morphologie et du parcellaire

 

                Topographie et état actuel

 

Le village se déploie en plusieurs rues qui s’adaptent à la topographie du territoire. En effet, Bonneuil est implanté dans un vallon où coulait un ancien affluent de la Noye, le ru de Bonneuil. Au sud du village se trouvait une source qui se dirigeait vers l’est et se jetait dans la Noye à Paillart.

Le bâti se répartit principalement le long d’un axe est-ouest reliant le hameau "La Folie" implanté à l’est sur la départementale D1001, à la rue d’Amiens à l’ouest. Cet axe qui s’étire sur environ 1,8 km est composé des rues des Murets, d’En Bas, de la Ville, de Croissy, de l’Église et du Mont Soyer. Des voies nord-sud ramifient cet axe : le quartier du Beau Bois au sud avec sa place, le quartier de l’ancienne usine de velours au sud-est, les rues de la Barre, des Moines et des Clerfaux au nord.

 

                Développements et évolutions de la morphologie de Bonneuil 

 

Le noyau primitif se situe autour de l’église et de la motte castrale. L’implantation du prieuré vers 1100 puis la création d’un marché ont certainement favorisé l’étirement du village au Moyen Âge. Sur la carte de Cassini (1747), Bonneuil est favorablement placé à l’embranchement de deux voies : la rue d’Amiens aujourd’hui, conduisant à Hardivillers d’une part ; le "Chemin de Paris" ou ancienne route des Flandres (aujourd’hui D1001) conduisant à Breteuil d’autre part. Ces deux voies se rejoignent juste au nord du village.

Le plan de l’ancienne route des Flandres dressé au milieu du XVIIIe siècle permet d’appréhender la morphologie de Bonneuil à cette période. Quatre quartiers se détachent : un premier autour du prieuré et de l’ancien château fort ; un second à l’ouest le long du "Chemin d’Amiens" ; un troisième dans la zone du Beau Bois avec sa placette jusqu’à l’ancien "Moulin à Woide" ("guède", ou pastel des teinturiers de couleur bleu foncé) ; et un quatrième, le plus important, autour d’une ancienne place aménagée qui se trouvait à l’emplacement de l’îlot d’habitation compris entre les rues de la Ville, des Moines et du Duc. Ce quartier, au cœur du village, s’organise le long de l’axe principal (rues de la Ville et du Moulin à Woide) et des zones au nord de celui-ci, vers l’ancien cimetière des Pestiférés (aujourd’hui cimetière communal). Enfin, le hameau "La Folie" n’est à cette époque qu’un cabaret installé le long de la route des Flandres pour détendre et divertir les voyageurs.

Ces quatre zones se retrouvent sur le cadastre dit napoléonien, réalisé au début du XIXe siècle.

Les cadastres disponibles pour le XXe siècle datent de 1952 et de 1978. Si la disposition des quartiers reste la même qu’au XIXe siècle, quelques zones évoluent. Ainsi, l’ancien sentier du tour de ville à l’arrière du prieuré donne naissance aux rues de Croissy et du Bois de l’Église qui accueillent des pavillons. De plus, la rue du Prieuré est créée et permet la construction de lotissements. En direction de la route départementale, des logements sont construits dans la rue du Chauffour. Le quartier ouest (rues d’Amiens et du Mont Soyer) connaît un renouvellement et un accroissement du nombre des habitations. Celles-ci sont passées de 267 en 1936 à 364 en 2020 (source INSEE).

 

                Le parcellaire

 

Comme dans les autres villages du plateau picard, le parcellaire est organisé en lanières étroites et étirées, sur lesquelles sont installées les fermes picardes traditionnelles (grange/atelier sur rue et logis en fond de cour). Ce type de parcelle est bien visible sur le plan de l’ancienne route des Flandres au XVIIIe siècle : les terrains à l’arrière des maisons sont délimités par de haies et des rangées d’arbres (pommiers ?), figurés sur le plan. Formant de fines bandes qui s’étirent à l’arrière des habitations, leur tracé suit celui de la rue, le plus souvent sinueux compte tenu de la topographie du village, implanté dans un fond de vallée sèche.

Quelques parcelles se distinguent par leur superficie importante ; elles sont alors associées à de grosses fermes à cour. Aujourd’hui, hormis ces exploitations agricoles et les terrains sur lesquels ont été bâti un peu plus tardivement des pavillons, le parcellaire en lanière reste majoritaire.

 

Lieux partagés et structurants

 

                Les limites du village : tour de ville et croix de chemin

 

                               Le tour de ville

 

Réseau de sentiers permettant d’accéder aux terres cultivées et aux pâtures directement depuis un portillon, le tour de ville dessine également une ceinture qui délimite la zone habitée du village de la zone cultivée. Son tracé est bien visible sur le cadastre dressé au début du XIXe siècle.

Ainsi, le tronçon ouest derrière la rue d’Amiens, la partie sud, derrière la rue du Beau Bois ("sentier de Léchat" au XIXe siècle) ou encore la section à l’arrière de la partie nord de la rue des Moines, sont conservés.

Un troisième cordon, plus éloigné des habitations toutefois, partait de la rue d’Amiens à l’est de Bonneuil, passait derrière l’église et le prieuré et rejoignait la rue des Clerfaux. Comme évoqué ci-dessus, cette partie a donné naissance à deux rues (rue de Croissy et rue du Bois de l’Église). Il reste une petite section (150 m environ) de cet ancien tour de ville à l’arrière des maisons aux n°4 et 6 de la rue aux Prêtres.

En outre, un chemin, nommé "sentier du Cyr à Mont", fait le tour du Sire Amont. Il est toujours praticable.

 

                               Les croix de chemin

 

Installées le plus souvent aux sorties des villages ou aux croisements de rues, elles sont des marqueurs spatiaux importants des paroisses. Elles servaient de stations pour les processions. Grâce à leur localisation sur le plan de l’ancienne route des Flandres au XVIIIe siècle, il est possible d’en faire remonter certaines à l’époque moderne. Les recherches de l’Association pour la connaissance et la conservation des croix et calvaires du Beauvaisis éclairent sur leurs origines et ont abouti au recensement de 11 croix sur le territoire communal.

 

                                                Les croix bornant les sorties du village

 

La première croix rencontrée depuis la route des Flandres, est dite "Calvaire Abraham". Son histoire est peu connue, mais elle a été restaurée en 1946 par George Lefebvre puis à nouveau en 1981.

La seconde croix se trouve sur la place du moulin à Wette (ou Woide, ou encore "guède"). Elle est visible sur le plan du XVIIIe siècle et matérialisait l’entrée orientale du village. La croix actuelle n’est pas celle d’origine bien que le socle semble ancien.

À l’extrémité de la rue de la Barre, au croisement avec un sentier du Bois des Carmes se trouve le Calvaire Lelièvre. Il est situé sur un monticule entouré de trois pins et a été restauré en 1948. Son nom est celui du charpentier qui a réalisé la nouvelle croix. Le Christ a été restauré par Joseph Delarue, maréchal-ferrant. Également rue de la Barre se trouve la croix dite "de la cavée de la Barre" au croisement avec le chemin du Sire Amont. Une croix se trouvait déjà à cet emplacement au XVIIIe siècle d’après la carte de la route des Flandres.

Dans la partie nord du village, une croix de mission est plantée à l’intersection entre l’ancien tour de ville (rue du Bois de l’Église) et le chemin du cimetière. Son ancien usage est matérialisé par la présence d’un bloc de pierre au pied des marches (ils étaient deux à l’origine) qui servait à poser le cercueil ou le brancard lors de processions. Son socle porterait les lettres gravées "LAMYT" d’après le relevé de l’ACCCCB mais son état actuel ne permet pas de vérifier l’inscription.

Enfin, la sortie sud-ouest du village est marquée par le "calvaire du Mont Soyez", au croisement de la rue d’Amiens et de la rue du Mont Soyez. Son emplacement était déjà occupé par une croix comme l’indique le plan de la route des Flandres levé au XVIIIe siècle. Celle qui est visible aujourd’hui est une croix à fuseaux en fer forgé et fonte, avec un Christ, une Immaculée Conception et deux anges adorateurs aux pieds du Christ. D’après son style, elle a pu être érigée autour de 1900.

 

                                                Les croix au centre du tissu urbain

 

D’après la tradition, lorsque l’évêque de Beauvais Nicolas Choart de Buzenval est parvenu à arrêter la propagation de la peste en 1671, il a fait ériger une croix à l’entrée de la rue de la Barre, là où les personnes contaminées étaient mises en quarantaine. Elle est figurée sur le plan du XVIIIe siècle et se trouve encore aujourd’hui au croisement des rues de la Barre et des Moines, bien que la croix d’origine ait été remplacée.

Les deux dernières croix sont en lien avec le prieuré et l’ancien cimetière puisqu’elles sont implantées autour de l’église. La première se trouve contre l’élévation sud de celle-ci tandis que la seconde semble être l’ancienne croix du cimetière. Entourée de quatre tilleuls, elle se trouve derrière le chevet et a été remise en place en 2006.

 

                                                Les croix de Montplaisir

 

Deux se situent au lieu-dit Montplaisir. Le "calvaire Grajon" a été élevé après la mort accidentelle d’Henri Grajon, né en 1857 et mort en 1888 comme le rappelle l’inscription aujourd’hui difficilement lisible. Le "calvaire de la ferme de Montplaisir" [IA60005426] a été érigé par Armand Cannesson, ancien occupant de la ferme qui a guéri d’une maladie. Cette croix a été restaurée en 2005 par André Geneste.

 

                Gérer et partager l’eau : puits et mares

 

Si le village était traversé par un ruisseau, "le ru de Bonneuil", et alimenté par une source, ces points d’eau se sont ensuite taris, probablement dès le Moyen Âge - car le plan du XVIIIe siècle n’en représente aucun des deux. En revanche, des mares existent dès cette période puisque six y sont affichées. Elles sont encore plus nombreuses sur le cadastre du début du XIXe siècle : treize peuvent être dénombrées. En 1902, la Notice descriptive et statistique du département de l’Oise n’en recense plus que dix. Aujourd’hui, deux existent encore : celle de la place du beau Bois et celle de la rue d’Amiens, à la sortie ouest du village (elles étaient elles aussi déjà visibles sur le plan du XVIIIe siècle). Ces mares permettaient de stocker l’eau, pour les troupeaux et en cas d’incendie. Elles servaient également à contenir les eaux de ruissellement en cas de forte pluie, ce qui était d’autant plus nécessaire qu’une grande partie de Bonneuil se trouve en fond de vallée.

Les puits sont également des points d’approvisionnement importants dans un territoire aux sols secs et crayeux. Il fallait parfois creuser jusqu’à 80 m de profondeur pour trouver l’eau. Ainsi, ces équipements étaient principalement communaux car les habitants mettaient en commun leur réalisation et leur entretien. En 1902, la Notice descriptive et statistique en mentionne 13. Les habitations pouvaient être en outre équipées de citernes afin de récupérer l’eau de pluie (51 sont citées dans ce document).

Le travail de relevé de terrain a permis de comptabiliser cinq puits qui ont entièrement ou partiellement conservé leurs maçonneries constituées de larges dalles de pierre disposées sous la forme d’un édicule architecturé. Le premier se trouve dans la rue d’Amiens, en face du n°1 ; un second a été repéré dans la rue du Beau Bois au n°9 ; un troisième est implanté dans la rue d’En Bas (en face du n°32) ; un quatrième à l’intersection de la rue de la Ville et de la rue Dufour ; un cinquième dans la rue des Clerfaux (au niveau du croisement avec la rue du Duc). Ils sont tous visibles sur le cadastre de 1952 mais celui de la rue de l’Église a disparu (en face du n°4). Un puits aujourd’hui disparu existait au hameau de la Folie (il est réparé en 1907 d’après les documents de la série O des Archives départementales de l’Oise).

 

                Équipements publics du XIXe siècle

 

                                Mairie et écoles

 

                                                Une école à Bonneuil au début du XIXe siècle

 

Les documents de la série O conservés aux Archives départementales indiquent qu’une école de filles et garçons existait au début du XIXe siècle. En 1823, le curé demande d’installer une cloison entre les filles et les garçons à la suite de l’ordonnance de 1816 instituant cette séparation. Dix ans plus tard, il est décidé de reconstruire cette école en raison de son mauvais état. En 1835, elle est donc réédifiée en torchis et pans de bois par l’entrepreneur en bâtiments Denis Frémond.

 

                                                L’école de filles

 

Au milieu du siècle, l’école de filles, fondée par le curé, se tient dans une maison louée dans la rue de l’Église. En 1863, la commune décide de louer une autre propriété plus grande pour que l’institutrice ait un logement décent. Une visite de l’inspecteur de l’enseignement primaire en 1867 signale l’insuffisance de la salle de classe : elle contient 60 élèves alors qu’elle est censée n'en accueillir que 30. De plus, des problèmes sanitaires se posent : située à côté des écuries, des émanations passent à travers la cloison et les latrines sont situées contre la paroi de la classe. Enfin, la cour est trop étroite, n’est pas close et est adjacente à un marchand de fromages. Dans le même temps, les religieuses abandonnent l’enseignement des filles.

Il est alors décidé d’intégrer l’aménagement d’une nouvelle école de fille au projet de construction d’une école de garçons avec logement de l’instituteur et salle de mairie. C’est à cet emplacement que se trouve l’actuelle mairie (voir plan en ill.). En 1874, un devis est réalisé pour construire un logement pour l’institutrice. L’école de filles est finalement déplacée dans l’ancienne école de garçons (dans la rue aux Prêtres). Le logement de l’institutrice est construit en brique entre cour et jardin et la classe est installée dans le bâtiment aligné sur la rue (voir plan en ill.). Ces bâtiments sont toujours visibles aujourd’hui.

En 1912, l’école de filles est trop étroite et il est décidé d’y installer la classe des tout-petits et de transférer celle des filles dans l’école des garçons.

 

                                                La mairie-école (de garçons)

 

En 1868, la commune se met à la recherche d’un terrain pour y construire une école de garçons avec salle de mairie. L’année suivante, le devis et les plans sont réalisés par l’architecte d’arrondissement B. Weil. Ils prévoient également la construction de latrines, d’un bûcher et d’une buanderie. Les maçonneries sont constituées de brique et de pierre pour les soubassements, les chaînages et les encoignures. La couverture est en ardoise. Le terrain est acheté à monsieur Lefranc en 1870.

Au rez-de-chaussée se trouvent la salle de mairie d’un côté, avec une entrée directement sur la Grande Rue, le salon et la cuisine de l’instituteur de l’autre. À l’étage deux classes sont aménagées : une pour les petits, l’autre pour les plus grands. Chacune a son entrée séparée avec quatre fenêtres. De l’autre côté l’instituteur a trois chambres. Afin de financer ce projet, la commune a dû lever une imposition extraordinaire, vendre de vieux bâtiments communaux ainsi que plusieurs constructions qui existaient sur le terrain. Enfin, un emprunt à la caisse des écoles a été contracté.

Les travaux sont suivis par l’architecte Ferdinand Jérémie Sauval et menés par l’entrepreneur d’Esserteaux, Clovis Candillon. Ils sont réceptionnés en 1878.

En 1884 un préau et un gymnase sont élevés en moellons de pierre et brique. L’année suivante, deux citernes sont implantées afin de récupérer les eaux de pluie. En 1932, monsieur Pétigny, charron à Breteuil, fabrique 37 tables deux places pour les écoles.

La campagne de travaux suivante est conduite en 1938-1939. La cour d’école est réaménagée : les murs de soutien de la cour d’école, jusqu’alors surélevée, sont abattus. Le jardin est nivelé et une grande cour est créée (voir plan en ill.). J. Martin, entrepreneur à Breteuil a réalisé les travaux formulés par l’ingénieur monsieur Reynaud à Amiens.

 

                                Le presbytère

 

D’après un plan visible dans la série O des Archives départementales de l’Oise, le presbytère se trouvait dans la rue aux Prêtres, au niveau du virage (actuel n°8). Il a été restauré en 1812 par le maçon Joseph Defransure et le charpentier Jean-Baptiste Delarue. La porte charretière a été reconstruite à cette occasion.

En 1819 le conseil municipal décide de construire un fournil. Un bûcher est ajouté en 1838, ainsi qu’un mur de clôture en 1860.

Le presbytère est aujourd’hui une maison. Le passage charretier visible sur le plan ancien a toutefois disparu.

                                La poste

L'agence postale se situe encore aujourd'hui au n°5 de la rue de la Ville. Les documents de la série O des Archives départementales de l'Oise indiquent que cette maison a été acquise en 1910 afin d'y installer un service postal. Une remise en état a été nécessaire afin que le facteur puisse y loger.

  • Typologies
    vallée sèche

Documents d'archives

  • AD Oise. Série J ; sous-série 49 J : 49 Jp 12. Bonneuil-les-Eaux. Inventaire des croix et calvaires. Archives de l'association pour la connaissance et la conservation des calvaires et croix du Beauvaisis, 2006.

  • AD Oise. Série M ; sous-série 6 M : 6 Mp 101. Bonneuil-les-Eaux. Recensements de population (1820 à 1936).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 28364. Bonneuil-les-Eaux. Dossier commun à plusieurs bâtiments (1845-1936).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 28365. Bonneuil-les-Eaux. Écoles et mairie (1823-1882).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 28366. Bonneuil-les-Eaux. Écoles et mairie (1884-1940).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 28372. Bonneuil-les-Eaux. Presbytère (1812-1932).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 28368. Bonneuil-les-Eaux. Postes (1892-1937).

Bibliographie

  • Bonneuil-les-Eaux. Bonneuil-les-Eaux : Histoire et culture de Bonneuil, 2005.

  • DELATTRE, Daniel. Le canton de Saint-Just-en-Chaussée : 84 communes, 84 lieux incontournables. Grandvilliers : éditions Delattre, 2020.

    p. 66-74.
  • DELETTRE, André (Abbé). Histoire du diocèse de Beauvais, depuis son établissement au IIIe siècle jusqu'au 2 septembre 1792. Beauvais : Impr. de A. Desjardins, 1842-1843

    p. 63.
  • LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).

    p. 73.
  • Notice descriptive et statistique sur le département de l'Oise. Paris : Imprimerie du du service géographique, 1902.

    p. 231.

Périodiques

  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Breteuil, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1843.

    p. 40-43.

Documents figurés

  • Bonneuil-les-Eaux. Plan de la route de Flandre par Amiens, [seconde moitié du XVIIIe siècle] (AD Oise ; plan 1336/1).

  • Bonneuil-les-Eaux. Cadastre napoléonien, [premier tiers du XIXe siècle] (AD Oise ; Pp 4753).

  • Bonneuil-les-Eaux. Cadastre rénové, 1952 (AD Oise ; 1964 W 21).

  • Bonneuil-les-Eaux. Cadastre rénové, 1978 (AD Oise ; 1964 W 21).

  • Bonneuil-les-Eaux (Oise). La Folie, carte postale, éd. Saguez, coll. Duquenne, Saint-Just-en-Chaussée, 1938 (AD Oise ; 19 Fi 173).

Annexes

  • Les activités anciennes des habitants et habitantes de Bonneuil-les-Eaux
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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