Dossier d’œuvre architecture IA60005421 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Église paroissiale Saint-Nicolas et Notre-Dame
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Bonneuil-les-Eaux
  • Adresse rue de l'Église
  • Cadastre 2019 A 83

D’après Louis Graves (1843), une cure, sous le titre de Saint-Pierre, aurait existé avant le XIIe siècle, période d’implantation d’un prieuré dépendant de Breteuil. Une bulle du pape Léon IX datée de 1049 et retranscrite dans l’église sur un pilier entre la nef et le transept le confirme. Elle cite en effet "ecclesiae et altaris Sancti Petri de Bonolio" en confirmant les revenus que l’abbaye de Breteuil détenait alors sur l’église de Bonneuil. Gilduin, comte de Breteuil a en effet cédé la troisième partie de cette église à l’abbaye de Breteuil.    

À sa création au XIIe siècle, le prieuré intègre alors l’édifice et lui donne le nom de Saint-Nicolas. L’acte daté de 1119 de l’évêque Pierre de Beauvais retranscrit dans la nef cite les "chanoines de Saint-Nicolas" ("Canonicis Sancti Nicolai de Bonolio") ce qui semble confirmer la présence d’un établissement dont les religieux dits "chanoines" appliquaient la règle de saint Augustin. Dans le Pouillé de 1320 (registre dénombrant les bénéfices ecclésiastiques), "ecclesia de bonolio le plessiez" est bien rattachée au prieur de Bonneuil. Un édifice existait déjà au XIIe siècle comme le signale la présence d’une frise ornée d’étoiles sur la façade occidentale. Le service paroissial est exercé par le prieur mais se tient sur un autel distinct de celui du prieuré.

Le chœur semble être reconstruit au XIIIe siècle. Terminé par un chevet plat, il en subsiste aujourd’hui la travée sur laquelle est édifié le clocher, lequel conserve lui aussi sa structure médiévale. Cette travée est voûtée d’ogives et délimitée par des grandes arcades brisées.

L’église connait de grosses modifications à la fin du XVe et au XVIe siècles avec la construction d’un massif oriental à deux chœurs et une chapelle. Comme dans la plupart des paroisses voisines relevant de l’abbaye de Breteuil (Villers-Vicomte, Esquennoy ou Saint-André-Farivillers), c’est une architecture à la limite des styles gothique flamboyant et Renaissance qui est mise en œuvre.

La chapelle de la Madeleine est tout d’abord construite au nord. Elle intègre dans ses baies un vocabulaire propre au gothique flamboyant avec un réseau de soufflets et mouchettes dans le remplage des baies. Au centre, le sanctuaire principal dit Saint-Nicolas est ensuite prolongé par un chœur polygonal dont les voûtes reposent sur des culots sculptés ; enfin, le chœur Notre-Dame dédié au service paroissial est édifié au sud et achevé en 1553 comme l’indique une date gravée à l’extérieur sur l’un des contreforts. Cette partie de l’édifice est voûtée d’ogives à liernes dont les croisées sont ornées de clés pendantes figurées. Elle emploie le répertoire de la Renaissance : le dessin de la rosace, la forme ovoïde du remplage des baies, les voûtes retombant en pénétration, les chapiteaux cannelés de la première travée. À l’extérieur, la tourelle d’escalier surmontée d’une frise à pilastres cannelés, les contreforts à fronton triangulaire et la travée dont la partie au-dessus de la rosace est ornée d’un bandeau de coquilles, convoquent également le répertoire de la Renaissance. Un cartouche au-dessus de la porte de la tourelle d’accès au clocher indique la date de 1570.

La nef semble conserver sa forme originelle mais les différents remaniements qu’elle a connus à partir du XVIe siècle rendent difficile la lecture des parties anciennes. Le portail de la façade occidentale en anse de panier est caractéristique de la seconde moitié du XVIe ou du début du XVIIe siècle.

D’après Louis Graves, l’élévation septentrionale de la chapelle de la Madeleine est réédifiée en 1747. La sacristie semble contemporaine de ce chantier car sa construction a fait disparaitre le support du dais architecturé visible aujourd’hui contre le contrefort.

Certainement après la Révolution et la fermeture du prieuré, la porte qui permettait d’accéder directement à l’église depuis ce dernier est comblée. Son encadrement est toujours visible dans la dernière travée de la nef côté nord.

En 1826, l’une des cloches chute et détruit une partie des voûtes qui sont reconstruites. En 1839, le clocher, trop haut, est démoli et reconstruit moins élevé. Les pierres sont prises à la carrière du Haut des Vignes. Le devis est établi par Cyr Baticle, entrepreneur à Breteuil. Une rivalité entre la commune et la fabrique ainsi qu’un manque de ressources retardent les restaurations importantes nécessaires au milieu du XIXe siècle. En 1856 le desservant se plaint au sous-préfet du mauvais état dans lequel la commune laisse le presbytère et l’église. Le maire répond alors au curé que la commune n’a pas les ressources nécessaires contrairement à la fabrique.

Des travaux urgents sont réalisés sur la couverture en 1867. En 1872, le conseil municipal vote des réparations sur le pignon sud et au faîtage du clocher. La date "1873"» peinte sur l’une des clés de voûte de la chapelle de la Madeleine indique des travaux de maçonnerie ou de décoration sur cette partie de l’édifice à cette époque. La couverture connait des réparations dans le premier quart du XXe siècle (1912, 1920, 1922). La charpente et la couverture du chœur de Saint-Nicolas sont reconstruites en 1950 après un bombardement lors de la Seconde Guerre mondiale. La sacristie a été restaurée vers 1995.

L’édifice est inscrit au titre des Monuments historiques en 1997 (PM60000003).

Les ardoises de la toiture ont été progressivement remplacées ces dernières années (avant 2024).

  • Période(s)
    • Principale : Milieu du Moyen Age , daté par travaux historiques
    • Principale : 3e quart 16e siècle , porte la date
    • Principale : 2e quart 18e siècle , porte la date
    • Principale : 3e quart 19e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1553, porte la date
    • 1570, porte la date
    • 1747, daté par travaux historiques
    • 1873, porte la date
  • Auteur(s)

L’église Saint-Nicolas et Notre-Dame se situe dans la partie centrale du village dans la rue de l’Église qu’elle surplombe. Traditionnellement orientée, elle est entourée de l’ancien cimetière au sud, à l’est et à l’ouest tandis que l’ancien prieuré et son parc étaient accolés à l’élévation septentrionale. Son plan consiste en une large nef, un transept dont la travée de croisées supporte le clocher carré et trois chœurs polygonaux à trois travées. Le chœur le plus étendu est celui de Notre-Dame, côté sud, dédié à la paroisse, suivi de celui de Saint-Nicolas au centre puis de la chapelle de la Madeleine côté nord.

L’aspect monumental du chœur sud dédié à Notre-Dame est relevé par une composition architecturale de style Renaissance. Elle comprend de larges baies au remplage ovoïde et un plan polygonal. De plus, la première travée du transept, flanquée de la sacristie, est soulignée par un pan de mur largement ajouré par une rosace soutenue par quatre petites lancettes. Au-dessus se déroule une frise sur laquelle alternent pilastres cannelés et coquilles. Sur le pignon est sculpté un cadran solaire. La tourelle d’accès au clocher flanque le pan occidental. Elle est percée d’une porte en anse de panier surmontée d’un cartouche indiquant la date de 1570 (difficilement lisible mais connue par des travaux historiques). L'escalier à vis, dans-œuvre, est en pierre.

La façade occidentale n’est ornée que d’une frise faite de rosaces et d’étoiles. Elle comprend trois baies brisées : deux de part et d’autre du portail d’entrée inscrit dans un arc en anse de panier, et une troisième surmontant ce dernier. La nef possède un autre accès dans la troisième travée du côté sud : une porte inscrite dans un arc en anse de panier et surmontée d’une baie en arc brisé.

Outre la première travée du transept nord qui est en brique, l’ensemble des maçonneries est en moyen appareil de pierre calcaire.

L’édifice est épaulé de contreforts représentatifs des différentes campagnes de chantier. Ainsi, ceux de la nef sont en faible saillie et sans ornement, tandis que ceux du chœur Notre-Dame sont couronnés de chaperons ; celui du second contrefort côté sud porte la date de 1553. Enfin, ceux de la tourelle et de la première travée du transept sud sont surmontés d’un fronton triangulaire.

Les toitures de la nef sont à longs pans et croupe côté occidental. Celles du transept sont à deux pans et pignons découverts. Les chœurs et la chapelle sont dotés d’un toit à deux pans prolongé par une croupe polygonale. La tourelle d’accès au clocher est surmontée d’un toit conique, le clocher d’un toit à deux pans et croupes. L’ardoise couvre toutes les toitures ainsi que l’essentage du clocher.

À l’intérieur, la nef est couverte d’une fausse voûte lambrissée en berceau plein cintre. Le transept et les chœurs sont voûtés en pierre d’ogives ou d’ogives à liernes pour les travées méridionales. Une tribune soutenue par une structure en charpente délimitée par des garde-corps sculptés en bois est accessible depuis l’entrée occidentale par des escaliers.

Des blochets, des clés pendantes des voûtes à liernes et des culots aux retombées des voûtes sont sculptés. Des inscriptions sont peintes sur certains murs du transept. Des lambris de demi-revêtement couvrent les murs de l’édifice.

  • Murs
    • calcaire moyen appareil
    • brique
    • essentage d'ardoise
  • Toits
    ardoise
  • Couvrements
    • fausse voûte en berceau plein-cintre
    • lambris de couvrement
    • voûte d'ogives
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à deux pans croupe polygonale
    • toit conique
    • toit à deux pans pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis en maçonnerie
  • Techniques
    • peinture
    • sculpture
    • vitrail
  • Précision représentations

    Les vitraux sont étudiés dans le dossier de présentation du mobilier [IM60001764].

    SCULPTURE

    Des clés pendantes polychromes figurées ornent les croisées des voûtes du chœur méridional. L’une représente un Couronnement de la Vierge, angelot tenant phylactère "AVE", angelot. Ces personnages sont inscrits dans des édicules architecturés. Les autres clés sculptées rassemblent frises végétales, coquilles, cabochons, rinceaux, feuilles, spirales.

    Deux blasons décorent les croisées d’ogives de deux travées du chœur Saint-Nicolas.

    Les croisées des voûtes de la chapelle de la Madeleine sont ornées de deux médaillons : gerbe de blé entourée de grappes ; date "1873".

    Des culots sculptés sont visibles dans le chœur Saint-Nicolas (deux figures humaine, des initiales IHS) et dans la travée du clocher (figures humaines).

    Deux blochets sculptés garnissent la poutre sablière de la travée nord du transept : figure masculine ; crosse avec deux fleurs de lys (armoiries du prieuré Saint-Nicolas).

    Un blochet sculpté est exposé à l’entrée de la sacristie (figure humaine tenant une grappe de raisin, peut-être saint Vincent).

    INSCRIPTIONS GRAVÉES

    Deux plaques gravées en pierre sont incrustées dans les piliers de la dernière travée de la nef, à l’entrée du transept :

    - La première est une copie d’une bulle du pape Léon IX émise en 1049 confirmant la donation de l’église de Bonneuil à l’abbaye Notre-Dame de Breteuil.

    - La seconde reprend deux actes, l’un de 1118 émis par Valéran de Breteuil, l’autre de 1119 émis par l’évêque Pierre de Beauvais qui confirme que Valéran lui a restitué la cure de Mormaison. Il l’a ensuite donnée au prieuré Saint-Nicolas de Bonneuil.

    PEINTURE

    Dans la nef, une croix monumentale est peinte sur le mur septentrional.

    Des inscriptions peintes entourent la travée qui supporte le clocher : "LAUDATE EUM OMNES STELLAE / […] ARCTURUM ET ORIONA ET HYADAS / STELLAE VOCATAE SUNT ET DIXERUNT ADSUMUS / CREAVIT DEUS CAELAM".

    Inscription sur le plafond du transept sud : "REGINA CAELI SINE LABE ORIGINALI CONCEPTA ORA PRO NOBIS".

    Inscriptions qui se trouvent sur le mur du transept nord dans une baie peinte à deux lancettes au remplage gothique : "JOSEPH VIRUM MARIAE DE QUA NATUS EST JESUS / SURGE ET ACCIPE PUERUM ET QUATREM EJUS ET FUGE EGYPTUM / ECCE PATER TUUS ET EGO DOLENTES QUAEREBAMUS TE / DOMINE HIC EST FABRI FILIUS DOMINE HIC EST JESUS".

    Inscriptions sur le pan sud de la chapelle de la Madeleine : "ITE AD JOSEPH ECCE FIDELIS SERVUS ET PRUDENS QUEM CONSTITUIT DOMINUS SUPER FAMILIAM SUAM / VENEZ À JOSEPH IL EST LE SERVITEUR PRUDENT A QUI LE SEIGNEUR A CONFIÉ SA FAMILLE".

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Référence MH

Documents d'archives

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 28371. Bonneuil-les-Eaux. Église (An XII-1922).

Bibliographie

  • ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. Pouillés de la province de Reims, publiés par M. Auguste Longnon. 2 volumes. Paris : Imprimerie nationale ; C. Klincksieck, libraire, 1908.

    p. 492.
  • CAPPRONNIER, Jean-Charles. Note sur l'église Saint-Nicolas de Bonneuil-les-Eaux (Oise). [s.l.] : [s.ed.], [s.d.].

  • VERMAND, Dominique. Églises de l’Oise. Oise picarde. Breteuil, Froissy et Crèvecœur. Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Syndicat Mixte de l’Oise Picarde, 2005.

    p. 11-12.

Périodiques

  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Breteuil, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1843.

    p. 40-44.
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.