Dossier d’œuvre architecture IA80007410 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire, arrière-pays maritime picard
Ferme
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) SMACOPI

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes Ponthieu-Marquenterre - Nouvion
  • Commune Ponthoile
  • Lieu-dit Morlay
  • Adresse 4 rue de la Petite-Digue
  • Cadastre 1984 D3 382-383, 713-715
  • Dénominations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    abreuvoir, cour, grange, étable à chevaux, fenil, remise, four à pain, poulailler, pigeonnier, étable

Le linteau de la porte du logis présente la date de 1880. Le style de construction de cette ferme confirme cette date. Le cadastre de 1880 présente une exploitation dont le plan est en L, indiquant ainsi que d'autres bâtiments ont été construits ultérieurement (probablement peu de temps après d'après la couleur de la brique). Auparavant, l'accès à la propriété se faisait depuis la rue de la Gare. A la fin du 19e siècle, on y pratiquait la polyculture et l'élevage. On y élevait donc bovins (vaches à lait et boeufs à viande), chevaux boulonnais et moutons. Les vaches à lait étaient très peu nombreuses (sept ou huit). L'élevage était essentiellement consacré aux bêtes d'engraissement. En effet, le pays de Morlay était réputé pour ses pâturages riches. Le bétail était acheté dans le Centre (Charolais) et acheminé jusqu'à la gare de Noyelles-sur-Mer. Les bêtes étaient vendues après trois ans : la première année, elles allaient paître au sein du troupeau communal dans les molières (terres gagnées sur la mer, recouvertes par les hautes marées) et les deux autres années, à la pâture située derrière la propriété. En 1887, la construction du petit train vint diviser en deux cette prairie (longée à l'ouest par la digue sur laquelle a été édifiée la R.D. 940). Les pâtures étaient à l´origine ceinturées d´un rideau d'ormes qui fournissaient le bois de chauffage et de charpente. En 1957, une tempête arracha tous les ormes. Les pommiers, auparavant protégés par ceux-ci, ne survécurent pas à la tempête. C'est donc à partir de cette date que la ferme ne produisit plus de cidre. Toutes les semaines, la coopérative agricole venait collecter le lait et le beurre conservés dans la cave à crème, située sous la salle de séjour (accessible depuis la cuisine où était placée l'écrémeuse). La culture était essentiellement consacrée à la nourriture des animaux : avoine pour les chevaux, orge pour les cochons, foin, luzerne mais également blé et betterave. L'hiver, quatre employés (de Morlay) travaillaient à la ferme pour faire les litières et battre le blé. La batteuse municipale était empruntée tout au long de cette période. La propriété fut agrandie à nombreuses reprises. Les différents propriétaires exécutèrent des échanges de terrain : ils firent ainsi leur propre remembrement. La véranda donnant sur le jardin a été construite dans les années 1930 comme jardin d'hiver. D'après la propriétaire, il existait un puits dans le logis (pas d´eau courante jusque dans les années 1950) et un second dans la cour. Le four à pain semble avoir été utilisé jusqu'en 1927. La Seconde Guerre stoppa l'élevage de moutons.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1880, porte la date

Cet ensemble agricole de taille regroupe des bâtiments, isolés les uns des autres, distribués autour de trois côtés d'une cour trapézoïdale. La propriété est close, sur la rue du Moulin, d'un mur en brique, galet et silex couvert d'un enduit à base de terre. Deux piliers en brique supportent le portail d'entrée. Son pendant, à l'est de la propriété, de l'autre côté de la cour, permet l'accès aux terres et à la ferme voisine. De plain-pied, le logis en brique, de sept travées de long, est orienté au nord. La porte d´entrée est située dans l'axe de l´habitation. La façade est scandée de chaînes et de bandeaux saillants. Le rez-de-chaussée abrite deux caves éclairées de petites ouvertures présentes dans le solin : la cave à cidre au sud-ouest et celle à vin au nord-est. Le toit à longs pans en ardoise accueille un comble à surcroît souligné par une corniche moulurée. Les pignons sont pourvus d'un essentage d´ardoise. Un trottoir longe le logis sur cour. Les deux souches de cheminée indiquent la position intérieure des foyers. La distribution intérieure se présente ainsi : l'entrée se fait dans un couloir traversant, donnant accès au jardin (au sud) par la véranda. A l´ouest, se trouve la cuisine, restée intacte, avec son four à pain voûté à briquettes. La pompe à bras a disparu. Les solives ainsi que les poutres (de 7 mètres de long, traversant la maison sur toute sa largeur) sont en chêne. Dans le prolongement de la cuisine, se trouvait la salle de réception. La salle commune, encore aujourd'hui pourvue de sa cheminée picarde à double foyer (signée A. d'Ochancourt, construction, Abbeville) est située à l´est du couloir d'entrée. Les chambres occupent l´extrémité orientale. Un couloir longeant l'arrière de la maison permettait la distribution des pièces. Celui-ci fut ajouté tardivement. Aucun aménagement n´est ici réservé au personnel (couloir, chambre, pièce de vie) puisque chacun habitait le village. Le logis est flanqué de deux bâtiments en brique, tous deux pourvus d'un toit à deux pans en ardoise : à l'ouest, une petite remise et à l´est, les écuries. Le grenier était accessible depuis une trappe située dans la première annexe. L'écurie est divisée en trois boxes : le premier pour l'étalon, le deuxième pour les chevaux de voiture et le troisième pour les boulonnais. Le grand bâtiment situé en fond de cour au nord-est, en retour d'équerre du logis, tient lieu d´étable, de poulailler et de volière. Il est augmenté d´un pigeonnier octogonal en brique au centre. Occupant tout le côté occidental de la propriété se trouvent les écuries, augmentées du fenil. La grandeur de ce bâtiment en brique permet d'imaginer le nombre d'animaux. Les portes à deux battants verticaux ainsi que les ouvertures verticales (distribuées de manière régulière composant quatre modules) en permettent l´aération. Les trois fenêtres perçant le surcroît facilitent l'engrangement. Les cloisons intérieures sont composées de pans de bois hourdés au torchis sur solin de brique ou d´un blocage de galets avec chaînes en briques et ouvertures également en brique. Les portes trouvent leur pendant sur le mur gouttereau oriental, permettant l'accès aux pâtures. Les auges sont encore en place. Le pan postérieur du toit, plus bas, abrite les écuries. Une grange en occupe le prolongement au nord. La grange, longeant la rue de la petite Digue sur huit travées de long, était auparavant plus basse et couverte d'un toit de chaume. Elle a été surélevée d'un surcroît de brique lors du changement de matériau de couverture. Elle est, comme à l'origine, composée d'un blocage de galets sur solin de galet surmonté de deux rangées de briques. Chaque travée est flanquée d'un contrefort en brique. La charpente semble être en chêne. Les tenons d'ancrage passants sont visibles de l'extérieur : de taille relativement imposante, ils laissent deviner l'ampleur de la charpente. Le système de maintien a été renforcé par des fers d'ancrage en I. Un pigeonnier est percé dans la première travée sud. Une porte en bois occupe la cinquième travée sur toute sa hauteur et sa largeur. Le bâtiment est couvert d'un toit à longs pans en ardoise, observant un léger coyau. Les pignons sont couverts d'un essentage de planches. Deux appentis (l´un au nord, l´autre à l´ouest) constituent un abri pour les tracteurs. Une grande mare ou pédiluve occupe le centre de la cour. Les pâtures (quatre en tout) sont accolées à la ferme au nord-ouest.

  • Murs
    • brique
    • silex
    • terre
    • torchis
    • essentage d'ardoise
    • essentage de planches
    • galet
    • pan de bois
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, comble à surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
    • flèche polygonale
    • noue
    • pignon couvert
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Par l'ampleur des bâtiments, les matériaux utilisés, le pragmatisme dont ils ont fait l'objet, cette exploitation pourrait tenir lieu de ferme modèle.

Documents figurés

  • Morlay, par Noyelles-sur-Mer (Somme) - Ferme de M. Blondelu - Moutons de Prés salés de la Baie de Somme, carte postale en noir et blanc, d'après Poitly - Mabille éditeur, début 20e siècle.

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) SMACOPI